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Aventure/Epopée
vinvigneron : El Condor
 Publié le 06/12/09  -  15 commentaires  -  13275 caractères  -  150 lectures    Autres textes du même auteur

Un condor, de l'enfance à la vieillesse, découvre la cruauté humaine et la bonté humaine, comme les deux versants antagonistes d'une cordillère.


El Condor


« Une seule chose est nécessaire : la solitude. La grande solitude intérieure. »

Rainer Maria Rilke



J'ai été un oisillon coléreux et c'est ce qui m'a sauvé.


Je ne saurai jamais pourquoi ma mère, Bolivienne qui vivait en paix dans le parc national d'Amboro, a traversé la frontière pour venir me pondre sur une corniche ventée du Huayna Pichu, face aux ruines de la grandiose citadelle. Peut-être sur les conseils de mon père, l'Apu, le vieux sage ?


Chaque jour, elle allait, au loin, chasser sur les rives du Titicaca, là où les Indiens Aymaras élèvent des centaines de canards sur leurs îles flottantes. Dans cette colonie grouillante, l'habileté maternelle pourvoyait toujours à notre dîner. Elle rentrait, éreintée, et me laissait manger la meilleure part. Dans la fraîcheur de l'aube, elle repartait en quête de fourmis congas, ces géantes dont les mandibules contenaient encore des graines de lin ; infatigable, elle m'en ramenait des bouquets. Je m'en gavais et leur dois ma santé.


J'étais seul ce matin-là. Sous les brouillards d'altitude qui argentaient les plumes de mon col de mille gouttelettes froides, j'attendais son retour. De temps en temps, je piaillais pour l'appeler. Je patientais en regardant, en contrebas de mon perchoir, un vieux couple de péons travailler la terre sur les terrasses du Machu Picchu. Quelques poules suivaient les talons de la vieille dont le bâton fouisseur arrachait des tubercules en même temps qu'il libérait des vers gras et rouges. Ils étaient nos uniques et silencieux voisins, descendants des survivants de la fureur ibérique. Ils vivaient, isolés et paisibles, sur cet éperon invisible de la vallée, sur le site où, jadis étaient recluses les Vierges du Soleil, prêtresses sacrées.

Les ombres commençaient à s'étirer sur les cimes et ma mère n'était toujours pas revenue. Je m'égosillais en vain. Un bruit de gravillons éboulés vint distraire mon attente. Je penchai la tête au-dessus de la corniche. De la vallée, un raidillon menait à mon repaire ; suivies d'un mulet, deux fourmis humaines y progressaient difficilement. Quand la lune se leva, blanche et glacée comme une hostie, j'entendis le souffle des hommes tout proches. Aux premiers rayons de l'aube, ils se trouvaient sur un surplomb juste en dessous de mon aire. À travers les coulées de brume, je vis ces barbares – sûrs alors de ma capture – arroser leur mulet d'alcool et le décapiter à coups de machette, puis le faire rouler dans l'abîme où il se perdit dans les eaux mousseuses de l'Urubamba.


Le vieux, la main au-dessus des yeux, désigna du bout de sa houe la paroi qui leur faisait face. Sa colère était triste et résignée : « Ces braconniers viennent voler notre dernier oisillon de condor royal ! Non contents de leur rapine, ces brutes assassinent le mulet qui nous aurait été si utile ! Ce malheureux cheval me fait songer à notre confiant roi inca, massacré par les envahisseurs espagnols... » Puis, mâchant son mécontentement, il se tut pour de longs jours. Sa femme secoua sa tête chenue et se remit à trier ses pommes de terre.


Pressentant que ces hommes amenaient le malheur avec eux, je piaillai jusqu'à l'enrouement pour appeler ma mère. Parvenus à mon berceau, ils nouèrent une corde à une saillie et la déroulèrent neuf cents mètres plus bas. Une main brutale tenta de me saisir le bec mais j'arrachai aussitôt un morceau de chair sur la joue de mon agresseur. Je l'entendis rire de contentement : la férocité qu'il m'attribuait le ravissait pour quelque raison inconnue. Un sac de toile fut jeté sur ma tête et l'on me ficela là-dedans. Mes piaillements assourdis ne parviendraient plus jamais jusqu'à l'ouïe maternelle. Mon voleur m'arrima sur son dos et le courant d'air qui traversait la toile usée me fit comprendre que la corde lui servait d'ascenseur. Il sentait la crasse, la coca et les vomissures ; son compère et lui ricanaient bruyamment et leurs rires bestiaux voltigeaient, amplifiés, de paroi en paroi. Je sentis bientôt leurs pieds toucher le sentier et longtemps je fus ballotté ainsi, cou ployé et serres ligotées, au rythme de leur marche. Un balancement soudain m'indiqua que mes ravisseurs traversaient un pont de fibres tressées, instable et suspendu entre deux rives. Vers midi, alors que le soleil tapait fort à travers la toile, j'entendis des flûtes, des ocarinas et des vivats d'enfants qui saluaient notre arrivée. L'envoûtement causé par leur musique angélique apaisa ma rancune. On libéra ma tête de son sac et je me retrouvai aussitôt dans un enclos grillagé derrière lequel des visages vinrent m'examiner. Je me jetai contre le treillis, cherchant à en cisailler les mailles, mais les plumes blanches de mon col, bientôt rougies, modérèrent ma colère.


Pendant dix longs mois, des hommes m'élevèrent avec soin et sans brutalité, tâtant mes muscles, brossant mes plumes, me nourrissant de viande crue dont le goût trop ardent n'était pas naturel. Puis vint ce jour funeste – quoique celui de ma libération – de leur fête annuelle, le jour de la Yawar fiesta. Le grand jeu de cette fête consistait, après m'avoir fait avaler un brouet enivrant, à m'attacher sur la nuque d'un taureau bondissant afin que, rendu fou par mes chevilles entravées et les bonds qui fatiguaient mes ailes d'équilibriste, je martèle du poignard de mon bec la nuque et les yeux du malheureux bovin, victime, tout comme moi, de la cruauté humaine. Sous l'anémique soleil hivernal de juillet et jusqu'au crépuscule, l'infortuné taureau sauta et sauta pour se libérer de mon poids. Chacun de ses bonds enfonçait, inévitablement, mes serres crispées dans sa chair tandis que, déséquilibré en avant, les coups de mon bec l'aveuglaient. Quand son mufle percé se mit à gicler comme un robinet ouvert, il ploya les genoux pour ne plus se relever. Moi-même je gisais, effondré sur son flanc et pareil à un paquet poisseux. La joie barbare de la foule ajoutait à mon accablement. Le tempo lancinant des tambours redoubla d'intensité et mes geôliers vinrent enfin me délivrer tandis que les villageois dansaient autour du bovin agonisant. La nuit était perforée d'une telle abondance d'étoiles que le moindre brin d'herbe semblait maquillé d'argent.


Après cette angoissante journée, mon gardien, dilaté de bière de maïs, tout en chaloupant dangereusement, me ramena à mon enclos. Sa bienheureuse ivresse lui fit oublier de mettre le crochet à ma porte restée aimablement entrebâillée. Malgré une patte foulée et des ailes gluantes et alourdies par le sang séché, je n'eus aucun mal à m'évader. Sans m'attarder davantage, je pris un envol maladroit et ankylosé mais qui me rendait au ciel dont j'étais le rejeton royal. À grands coups de rémiges douloureuses, je m'élevai graduellement pour retrouver l'altitude qui était la mienne. L'œil rivé sur les constellations familières, je rentrai chez moi ; étrangement, je ne ressentais aucune fatigue, l'allégresse de la liberté retrouvée me portait. Avant l'aube j'atterrissais dans mon lit déserté et couvert de mousse spongieuse. Le cri du coq de mes voisins me sortit de ma torpeur. J'ébrouai mes ailes fiévreuses. J'aperçus le péon gardien fidèle du Machu Picchu, toujours très matinal, qui était assis sur le seuil de sa maison à demi-éboulée. L'instant d'après, projetant une pluie de graviers alentour, je me posai gauchement près de lui. Sa peau était d'un brun violet, couleur due aux soixante années passées à subir les vents violents de la Puna proche. Était-il l'apparence du triste Manco Capac, dernier roi inca victime de Pizzaro, car à travers ses haillons je vis un bracelet d'or ciselé et serti de turquoises luire à ses deux poignets. Lui-même de son chaleureux sourire édenté me signifiait-il qu'il me connaissait – ou reconnaissait ? Crut-il que j'étais Kon, le Dieu-Condor revenu, qui régnait sur le débit des sources et arrosait la terre assoiffée de ses larmes amères ? De ses doigts sales aux ongles terreux, il préleva dans l'écuelle posée sur ses genoux une boulette de quinoa. La céréale la composant avait macéré dans quelques gouttes de pisco, alcool capable de réveiller un mort. De mon bec couvert de croûtes sanglantes, j'engloutis cette nourriture étrangère dont mon estomac vide apprécia le feu. Le bonhomme alluma un maigre feu de bouses de lamas et dans un couvercle cabossé fit fondre une mixture graisseuse qu'il étala sur un chiffon autour de l'os dévié de ma patte ; des fibres de balsa très serrées la tinrent rigide. Il massa longtemps ma nuque raide y faisant circuler une énergie nouvelle, de ses ongles, il écailla mes ailes miteuses, m'épouilla si bien que je m'endormis sous ses mains bienveillantes. Au réveil gisaient près de moi deux poussins sans vie. Je retrouvai vite les forces de la jeunesse.


Je m'habituais à la voix rocailleuse de mon compagnon. Sa langue m'était obscure mais ses sentiments limpides. Ses silences m'apprirent que sa femme avait rejoint la niche de ses ancêtres, taillée dans les grottes funéraires à flanc de montagne.

Je remarquais un éclair heureux dans son regard délavé quand, rentrant de mes chasses errantes, je laissais tomber à ses pieds le cadavre d'un lièvre. Nous nous suffisions et la paix régnait sur les ruines de notre citadelle délivrée des humains, fléaux provisoires qui ne montaient pas jusqu'ici, les canons hostiles décourageant la curiosité. Seuls les fantômes amicaux du peuple décimé hantaient les pierres la nuit venue. Sans rien troubler, leurs ombres passaient, gracieuses, telles des vapeurs dansantes et vite dissoutes.


Ce matin-là, le désir me prit de voir le pays de ma génitrice. Le temps n'était pas propice. La saison des pluies allait commencer et d'énormes nuages gris et jaunes, tout enflés de colère, coiffaient les cimes environnantes. Profitant des vents porteurs, le voyage était aisé, longue glissade sur la moelle des souffles. Lorsque je parvins sur l'Altiplano et survolai le lac aux colères imprévisibles, mon ombre élargie, noircissant les eaux, affola les flamants qui pataugeaient dans la vase des berges. Vu de mon altitude, leur brusque décollage me sembla une éclaboussure sanglante. Plus loin, ayant repéré des cadavres de lézards, je plongeai dans la cuvette d'une mare desséchée où la tourbe ancienne gardait, imprimée et nette comme une calligraphie, l'empreinte aussi large que la roue d'un camion géant, d'un lointain dinosaure. Je n'osais plus espérer revoir ma mère. Le ciel était un désert dans lequel les voiliers de ma race se faisaient rares. De loin en loin, j'apercevais un nandou au plumage noir et blanc dont le galop, plus rapide que celui d'un pur-sang, soulevait un nuage de poussière. L'impuissance de ses ailes l'avait transformé en sprinter.


Je revins par les étroites vallées andines. Les éléments malfaisants firent tomber la nuit d'un coup. Les vents froids des Andes et ceux brûlants de la forêt se rencontraient ici.

Je dus traverser, ballotté à travers l'orage, les secousses de leur querelle. Dans les ténèbres absolues, seuls les éclairs illuminaient, par instants, ma route aveugle. Quand l'orage, assouvi, s'éloigna et que les vents eux-mêmes eurent épuisé leur rivalité, une pluie violente prit la relève. Quand j'atterris enfin sur une terrasse du Machu Picchu, la respiration de la nuit caressait les ruines et y pleurait comme dans les ouïes sensibles d'un violon. Quelques étoiles, enfin, pâles lumignons, clignotèrent. Je cherchai le vieillard en lançant mon cri d'appel auquel il savait répondre. Je le trouvai, ses pommes de terre éparses autour de lui, allongé dans son champ. Sa main crispée tenait encore le soc d'acier de sa houe terreuse.


Ma vie reprit son cours dans une solitude interminable. J'étais dans la force de mon âge et de ma puissance mâle. Oubliant bien souvent de me nourrir, je patrouillais jusqu'à l'épuisement à la recherche d'une compagne. Une seule fois je croisai l'un des miens, grand vieillard déplumé avec lequel je volai de concert un moment. Le quittant, je remarquai son regard sénile, déjà trouble et tout englué de tristesse. Ce que je crus y lire me glaça d'effroi et me fis revenir sur mon sol natal pour ne plus le quitter. Je m'installai près du corps lentement momifié de mon compagnon humain et les saisons, maîtresses des heures, passèrent à leur rythme immuable. Dans les champs de tubercules les rongeurs ne manquent pas. Me prenant pour quelque pierre levée, rats et viscaches étaient si aimables qu'ils venaient batifoler entre mes serres. Mes ailes désapprirent le vol et les douleurs de l'oisiveté s'y installèrent. Au crépuscule, j'apercevais sur les lointains plateaux la silhouette des souples vigognes dont la laine vaporeuse flottait derrière elles, pareille à des voiles de diva déployés par le vent de leur course. Puis la nuit et son linceul froid revenaient.


La cravate blanche de mon col devint grise et mitée et mes conquérantes caroncules, décolorées et exsangues. Bientôt la poudre de mes os ira rejoindre celle de l'ami dont il ne reste près de moi que des lambeaux de vêtements. Et, comme tout être vivant, je rendrai l'obole de ma vie à Pachamama, mère universelle. En attendant, je suis El Condor, le solitaire, statufié sur le sol de la Puna, veilleur désolé qui règne sur les terres farouches du dernier roi inca.


 
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   Anonyme   
6/12/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

Beaucoup de poésie et de tristesse dans ce texte à l'écriture élégante et précise, sur la beauté d'un monde qui disparaît, sur la cruauté de certaines traditions. Tu es aussi à l'aise dans la description des actes que nous qualifierons, avec nos vues d'occidentaux "civilisés", de barbares que dans celle des paysages que survole le condor.
La première phrase m'a un peu gêné, sur la colère salvatrice de l'oisillon. Ce n'est pas elle qui a amené les braconniers à aller le chercher et cela veut-il dire qu'il n'aurait pas été retenu pour la fête annuelle si moins combatif (vu la raréfaction des condors royaux j'ai quand même un doute).
Le paragraphe où le peon réagit à la capture du condor me parait incohérent avec le reste du récit où seul le condor parle. Le fait de passer au point de vue du paysan, à ce seul moment, m'a laissé sceptique, comme pour amener la référence au roi inca et donc j'ai trouvé ça un peu maladroit et inutile (surtout que cette référence, tu y reviens plus tard...). Tu aurais à mon sens pu faire l'économie de ce passage où le traiter différemment, tjs sous l'angle du condor.
J'ai une question de simple curiosité : pourquoi tuer le mulet (là je vois bien que tu as dû te documenter donc je remets pas en cause la cohérence, c'est juste que je voudrais savoir). Une bête doit quand même avoir une certaine valeur dans ces contrées. Est-ce parce que la pente escarpée aurait nécessité trop de temps pour redescendre ou cela fait-il aussi partie du rite qui accompagne la capture de l'oiseau ?
La dernière partie est très descriptive, poétique aussi, mais elle manque peut-être un peu de force, comparé aux différents événements de la première partie. Le voyage de l'oiseau à la recherche de sa mère aurait pu peut-être être plus mouvementé. Là, on sent que ce départ est plutôt prétexte à découvrir la mort du péon à son retour...
Bon, j'ai l'air très critique, mais c'est parce que ton texte m'a intéressé, vraiment.
Bonne continuation.

   jaimme   
6/12/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une nouvelle superbement documentée et très intéressante. Vinvigneron ici a su ici maintenir mon intérêt du début à la fin. Et ça, pour moi, c'est essentiel.
Le style est très soigné. J'ai été heurté, de loin en loin, par un excès de préciosité, mais d'une façon générale je reste admiratif de l'écriture (le seul mot qui m'a un peu choqué, c'est cette "vieille" que je perçois comme péjoratif).
Cette histoire est emplie de majesté et de douleur.
Quant à la "nécessité" dans l'exergue. Elle me fait froid dans le dos.
Merci vinvigneron.

jaimme

   Myriam   
6/12/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte magnifique, qui m'a emportée sur ses ailes et m'a laissée mélancolique et comblée.
Écriture ciselée et poétique, qui fait de chaque phrase un petit bijou et incite à la relecture, histoire majestueuse et triste, qui dit la solitude et la liberté dans un cadre assez dépaysant pour capturer l'intérêt, émotion enfin, de lire les mots dignes et fiers de ce "personnage" hors du commun, que je n'oublierai pas.
Merci de ce beau moment.
Myriam.

   Lapsus   
6/12/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Inscrite dans son cadre grandiose, porteur de traditions, la nouvelle se veut à la fois pathétique et mythique.
Pathétique, car la souffrance du Condor est à la fois multiple et inéluctable. Mythique, car son sort scelle celui de tout un monde en voie de déliquescence.
Le discours est soigné, remarquablement documenté, l'histoire est forte et sa sentence laconique est sans appel :
« Une seule chose est nécessaire : la solitude. La grande solitude intérieure. »

   widjet   
6/12/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Deux textes (lire absolument « En mémoire de Gao Tippeng », si ce n’est déjà fait) et déjà la confirmation que nous avons là une des plus belles plumes du site. Le parfait dosage entre la simplicité et la richesse.

Certes, je n’ai pas été transporté par l’histoire (trop court peut-être ?) et l’émotion ne m’a pas étreint (j’ai du mal à avoir de l’empathie pour des animaux qui parlent ou pensent – même si on peut tout à fait transposer l’existence de ce grand vautour, à une personne tant les besoins (quête maternelle, relation amicale…) et les mésaventures (exploitation des hommes…) sont universels et applicables à tous), mais quand même une telle qualité d’écriture est rare dans nos contrées oniriennes.

Par moment, (et notamment lors de la scène cruelle) j’ai pensé « à la corrida » de Francis Cabrel, bizarre n’est-ce pas ?
Comme il a déjà été dit, c’est bien documenté et l’ambiance exotique est très bien rendue sans chercher à étaler.

J’ai bien aimé l’absence de manichéisme et toute l’ambigüité de l’âme humaine est dit avec d'un côté les chasseurs sans foi ni loi et le péon dont l’identité (et la mort) finalement restera mystérieuse. Quelques mots (« Nous nous suffisions ») suffisent à expliquer l’évidence et la pudeur de cette relation.

Un récit riche, précis et coloré, où il est question de légende et de sombre réalité, dans un cadre splendide.

Un bon texte, donc, mais surtout un beau texte.

Merci

W

   MissGavroche   
8/12/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
très belle nouvelle, très documentée, impressionante même, c'en devient presque un cours d'histoire géo!!!
L'histoire est merveilleusement écrite et décrite. On se laisse emporter par ce condor dans les cieux de l'amerique centrale et aussi par la colère face à la barbarie éternelle des Hommes

   Anonyme   
8/12/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime bien l'idée de départ, se mettre dans la caboche du condor. Par exemple "Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler" de Sépulveda demeure un de mes plus agréables instants de lecture. S'évaporer un peu de l'Homme, pour une fois, juste un peu, mais toujours y revenir, l'esprit animal nous étant inaccessible, par essence.
Une écriture vraiment très maîtrisée. Dire "un peu trop" serait-il sacrilège? J'aurai presque aimé plus de latitude, de "folie", de laxisme, d'imperfections presque, etc...
Mais un texte que j'aimé lire.

   Anonyme   
12/12/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le principe de l'oiseau prisonnier est un beau thème symbolique.
Mais en plus il ne s'agit pas de n'importe quel oiseau : el Condor !
La quête de la liberté se dispute à la douleur de la solitude tout le long du texte. Et tout le long nous sommes promenés sur le chemin de l'Inca d'un pas alerte...Les descriptions sont si bien faites qu'en quelques touches rapides nous nous retrouvons entre Bolivie et Pérou en des temps anciens ...
j'ai apprécié aussi le le style clair, simple (mais riche) et direct.
Durant le temps de l'oiseau prisonnier se crèe un réel suspens (il aurait pu peut être renforcé ...). La description de l'agonie du taureau est terrible.
Le temps de l'oiseau solitaire est triste et desespèrant..(trop peut être ..).
Bravo ...

   Selenim   
15/12/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Si le fond de l'histoire ne m'a pas transporté, je suis toujours aussi ébloui par la ce style étincelant.

L'auteure est une brodeuse de mots. Son écriture me fait penser à de la dentelle, qui subjugue dans son ensemble et enivre dans chaque détail.

Pour l'histoire, il y a cette mélancolie brumeuse qui habille tous les chapitres. Le travail de documentation est visible mais jamais ostentatoire. C'est tout un art de distiller l'Histoire dans l'histoire, l'auteure s'en accommode avec aisance.

Pour l'intrigue, je l'ai trouvée guère passionnante car elle ressemble trop à une foules de contes basés sur un rapport homme/animal.

En tout cas merci pour cette écriture éblouissante.

Selenim

   Anonyme   
15/12/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un texte qui me laisse un goût de trop peu dans la bouche.
J'ai aimé cette vie de condor, j'ai aimé la description des montagnes, des lieux, des traditions bêtes ou humaines.

Mais je n'ai pas aimé le tout. Parce que d'histoire il n'y en a pas justement, parce que c'est "survolé" (sans jeu de mot).

C'est dommage justement de ne pas détailler plus, de ne pas ancrer le lecteur dans le texte. C'est beau certes, mais il ne se passe rien d'attirant, de surpreant ou d'exhaltant. Et ça me déçoit justement.

La plume est belle, reste à lui trouver un texte à sa dimension.

   florilange   
22/12/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je crois que cette nouvelle sert de cadre à cette fête traditionnelle pour laquelle les villageois doivent justement capturer 1 condor, ce qui devient difficile, puisqu'il y en a de moins en moins.
Alors il me semble que vinvigneron a brodé autour.
Ce n'est pas 1 critique, au contraire. Intéressant, de s'être placé du point de vue de l'oiseau pour raconter, en même temps, cela lui a permis quelques belles descriptions & morceaux d'histoire, habilement glissés. J'ai beaucoup aimé.
Florilange.

   wancyrs   
25/12/2009
 a aimé ce texte 
Bien
C'est déjà difficile de penser à la place d'un homme, de là à imaginer une scène, une vie, vue par un oiseau, cela relève du phénomène.

La plume est légère, elle est belle lorsqu'il s'agit de décrire cet environnement, et la culture du milieu que l'auteur doit maîtriser à perfection, mais la notation du récit par rapport à un autre est assez difficile, car rien dans le monde virtuel ou réel n'accrédite une vision de l'existence par un animal, ce qui est dommage.

Néanmoins je me suis plu à lire cette spéculation ma foi assez bien écrite.

à un prochain texte.


Joyeux Noël

Wancyrs

   Pattie   
27/12/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Je n'aime généralement pas les histoires où un animal est personnalisé, ou alors il faut que le ton soit très décalé, mais je ne trouve pas que ce soit le cas ici. Au contraire, je trouve des clichés (des personnages un peu caricaturaux, par exemple).
Mais j'ai aimé cette nouvelle. C'est le ton qui la porte qui m'a plu, le style, et le décor (roche, poussière, aridité) est bien rendu. Et sans la personnalisation de cet animal, je n'aurais pas pu avoir ce point de vue sur le monde en train de changer.

   LeopoldPartisan   
15/3/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Vraiment beau et triste. Une nouvelle qui se veut autant réaliste que poétique. Pas de faux-fuyant ni d'artifice inutile. La dure loi de la nature y est hélas respectée et les passages sur la vieillesse et l'extinction programmée d'une race sont littéralement poignant sans être larmoyant. Il n'y a en plus aucune dérive anthropomorphe de l'animal parlant notre langage et celà à lui seul c'est une prouesse.
Bravo pour avoir aussi bien distillé dans ce récit l'érudition des sujets évoqués.

   Anonyme   
27/3/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un beau texte mais j'ai parfois été gêné par l'usage qui est fait de la ponctuation quelquefois excessive ou maladroite (de mon point de vue) ; on ne pense pas assez au point virgule qui induit une respiration plus harmonieuse.
Voilà une phrase un peu bancale surtout sur la fin :
Citation :
Ils vivaient, isolés et paisibles, sur cet éperon invisible de la vallée, sur le site où, jadis étaient recluses les Vierges du Soleil, prêtresses sacrées.

Je me permets humblement de la reformuler : Ils vivaient, isolés et paisibles, sur cet éperon invisible de la vallée ; sur le site où, prêtresses sacrées, jadis étaient recluses les Vierges du Soleil.
La langue aussi, un peu précieuse pour ce paragraphe (Ex : Le vieux... (et la suite surtout)) me paraît inappropriée.
Après, je me suis laissé envouter par le récit. J'ai fait un beau voyage, pas seulement dans ce pays, mais également en « histoire, mythologie » et métaphorique aussi (ex : longue glissade sur la moelle des souffles. Je dus traverser, ballotté à travers l'orage, les secousses de leur querelle...).


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