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Policier/Noir/Thriller
Xavier : Le bout du tunnel
 Publié le 06/10/08  -  3 commentaires  -  10732 caractères  -  14 lectures    Autres textes du même auteur

À la base, engager Gégé et Maxime pour un sale boulot était une très mauvaise idée. Pour Gégé et Maxime, l’accepter l’était encore plus.


Le bout du tunnel


À la base, engager Gégé et Maxime pour un sale boulot était une très mauvaise idée. Pour Gégé et Maxime, l’accepter l’était encore plus.

Ces deux-là comparaient leur existence "de merde" à un long tunnel au bout duquel ne brillait aucune lueur d’espoir. Mais là, ils étaient vraiment dans le pétrin.


Tout a commencé quand un type, qu’aucun ne connaissait ni d’Ève ni d’Adam, se pointa un beau jour en leur proposant un petit boulot. Une aubaine, les deux gars sortaient tout juste de prison où ils avaient passé trois semaines dans la même cellule à lier un semblant d’amitié sans vraiment faire connaissance. À vrai dire, c’était surtout leurs déboires et leur vision commune de la vie qui les alignaient sur la même longueur d’onde. Ils allaient enfin pouvoir mettre en commun leur expérience passée. Sans compter qu’ils avaient besoin de fric.


Le boulot en question consistait simplement à brûler une voiture. C’était dans leurs cordes, ça semblait presque trop facile. Les deux compères affichaient déjà un sourire ravi à cette idée, mais celui-ci s’éclipsa dès que leur employeur précisa qu’incendier la voiture représentait seulement une partie du boulot que ce dernier estimait être très risqué. Ça sentait les embrouilles à plein nez. Et en effet…


Le problème se situait dans le coffre de l’auto : le propriétaire, mort, avec un trou béant à la place du front.


Cependant, l’alléchante rémunération promise pour ce travail chassa rapidement l’indécision de Gégé et Maxime. Ils commençaient à apercevoir une petite lueur scintiller au fond de leur tunnel.

Les conditions étaient simples : faire croire à un accident de la route et s’assurer que la voiture prenne feu, histoire qu’on ait du mal à identifier la cause réelle du décès de la victime. L’employeur leur jura que s’ils suivaient ces consignes à la lettre, ça passerait sans problème, il le savait, il avait vu que ça se passait comme ça dans les films. Et si ce genre de combine bluffait les policiers américains, quel effet cela aurait-il sur des flics belges ?


- Débrouillez-vous, mais je veux que ça soit bien fait ! leur avait dit l’homme.

- Mais…, proposa Maxime qui aurait dû savoir que dans ce genre d’affaire un « mais » n’était tout simplement pas envisageable.

- Pas de MAIS, du travail propre et aucune merde ! Ok ?

- Ok ! avaient-ils répondu en chœur.

- Faites bien attention, si vous voulez être payés… sinon je serai obligé d’engager deux autres petites crapules dans votre genre pour cramer la bagnole qui transportera vos cadavres, c’est d’accord ?


C’était plus que d’accord. Sûr qu’ils étaient des petites crapules, tout à fait le style de gars qui passaient leurs vacances en prison. Pas vraiment parce qu’ils étaient de dangereux criminels, des sanguinaires, des violeurs d’enfants ou des cogneurs de vieillards en béquille. Non, leur créneau, c’était plutôt le vol à l’étalage et tous les petits trafics qui rapportaient peu. Mais bon, c’était surtout deux cons qui se faisaient choper à chaque fois.

L’homme acheva en leur dévoilant où ils trouveraient la voiture et leur dispensa quelques conseils afin que le plan se déroule comme prévu.


La voiture était garée entre le supermarché Champion et la gare de Luttre. C’était une Opel Vectra rouge immatriculée en Allemagne. Gégé avait la clé et Maxime portait à bout de bras deux jerricanes d’essence. Du sans-plomb, d’après Gégé, il paraissait que l’odeur était moins forte quand ça prenait feu. Les deux hommes s’approchèrent de l’Opel en prenant bien garde à ce que personne ne les vît.


- C’est bon ! chuchota Gégé. C’est mort, y a personne.


Chose relativement normale aux environs de trois heures du matin.


- On devrait peut-être vérifier ce qu’il y a dans le coffre, non ? Voir s’il y a vraiment un macchabée, demanda Maxime.

- T’es con ou quoi ? rétorqua l’autre. Dans ce genre de truc, ça marche à la confiance. Si tu fais pas confiance, tu te fais baiser ! Et puis il y a des règles, genre : pas regarder ce qu’il y a dans le coffre ! T’as jamais vu Le transporteur ?

- T’es sûr de ce que tu dis ?

- Mais oui ! De toute façon, on devra le sortir de là, ça fait partie du plan. Une chose à la fois mec, Ok !


Devant tant d’assurance et de professionnalisme, Maxime ne pouvait que s’incliner et laisser Gégé prendre les commandes. Évidemment, il n’aurait pas dû. Néanmoins, Maxime aurait dû se douter de quelque chose lorsque, avant même d’avoir démarré la bagnole pour l’emmener dans un petit coin tranquille, Gégé lui avait pris un des jerricanes et avait commencé à asperger abondamment tout l’habitacle.


S’asseoir sur des sièges trempés était une chose extrêmement désagréable, pensa Maxime. Surtout lorsque le conducteur, Gégé, enfonça l’allume-cigare parce que celui-ci ne trouvait plus son briquet pour allumer une clope (et plus tard la voiture).


- Non, arrête, t’es malade ou quoi ? Tu vas nous tuer avec tes conneries !


Gégé posa sur Maxime un regard en biais et sourit.


- C’est bien fiston, je vois que tu as l’œil vif… c’était juste un test pour voir si tu n’allais pas craquer au mauvais moment. Y a beaucoup de stress, de tension dans l’air, je le sens.


Maxime, lui, ne sentait que l’odeur de l’essence.


- Pourquoi ? T’avais déjà fait ça avant ? dit ce dernier.

- Non, jamais… J’ai mis le feu à un scooter, mais ça compte pas. Là, c’est du sérieux ! répondit Gégé très excité.


L’Opel quitta Luttre et fila en direction de Pont-à-Celles sur une route qui longeait le canal Charleroi-Bruxelles.


- Tu vois, l’endroit le plus simple dans le coin pour c’qu’on a à faire, c’est ici ! dit Gégé. Une route à côté d’un canal situé quelques mètres plus bas. Un petit coup de volant, un gros accident et le tour est joué.

- Le mec nous a dit qu’il voulait que la bagnole crame. Si elle va dans l’eau, elle ne peut pas cramer !

- Non, regarde, juste en dessous, entre la pente et la flotte…


Maxime vit plus bas, un chemin en macadam large d’à peu près trois mètres qui bordait le canal.


- En effet, je vois, remarqua celui-ci.


La voiture continua sur deux cents mètres avant de s’arrêter.


- C’est ici qu’on descend, fit Gégé.


Les deux hommes sortirent de la voiture.


- Bon, toi tu vas pousser la caisse, pendant qu’je cherche ce foutu briquet.


Maxime s’exécuta en regardant, amusé, Gégé qui fouillait les poches de son veston en effectuant des gestes amples avec les bras. Il ressemblait étrangement à une chauve-souris suspendue par les pieds qui essaierait de ne pas se mouiller en pissant, mais dans l’autre sens.


- C’est bon, je l’ai !


Gégé mit le feu à un mouchoir et le jeta sur le siège passager toujours imbibé de sans-plomb. Il courut ensuite derrière la voiture pour aider Maxime qui semblait n’arriver à rien tout seul et dont l’expression ne témoignait nullement de l’effort, mais d’une accusation à l’encontre de son compagnon d’infortune et qui pourrait se traduire par : « Tu paries que ce con a laissé le frein à main ! ».


Motivés, plus par la peur de se brûler que par le souci du travail bien fait, les deux hommes développèrent une force herculéenne et firent basculer la voiture vers le chemin jouxtant le canal.


Ce fut là qu’une équation de précipitation et d’erreurs humaines facilement prévisibles et évitables accoucha d’une conclusion problématique. Le plan avait été bâclé avec brio.


L’avant-dernière vision que les deux hommes eurent de l’Opel fut son coffre. « Logiquement, pensèrent conjointement Maxime et Gégé à cet instant précis, si le mec avait eu un accident non assisté, n’aurait-il pas dû être au volant plutôt que dans le coffre ? »


La réponse émergea dans l’esprit des deux abrutis qui échangèrent un regard perplexe signifiant : « Hum, toi tu songes à la même chose que moi ! Tu penses pas qu’on devrait faire quelque chose parce que là c’est mal barré, non ?»


Ils se précipitèrent alors en direction de la pente où ils eurent la toute dernière vision de l’Opel enflammée. Celle-ci dégringolait à vive allure, secouée par les nombreuses bosses de la descente. Elle continua habilement son hors-piste et arriva sur le petit chemin sans perdre de vitesse pour finalement s’enfoncer dans les eaux sombres du canal dont la surface troublée se recouvrait, maintenant, d’une brume de monoxyde de carbone s’élevant en larges volutes.


« Mais qu’est-ce qui a merdé ? », se demanda Gégé en regardant Maxime se ronger anxieusement les ongles des pouces.


- Bon, elle n’a pas brûlé comme prévu, mais ça ressemble quand même à un accident de la route, si on exclut le type dans le coffre… Avec un peu de chance personne ne la retrouvera ! s’exclama Gégé.

- J’en doute, répondit Maxime en pointant du doigt l’étrange forme qui venait de remonter à la surface et qui se dirigeait paisiblement vers Bruxelles en suivant le courant. J’en doute vraiment.

- Putain, j’le crois pas ! Le cadavre est sorti du coffre ! Merde ! Faut, faut vite le récupérer bordel de merde ! Attend ‘ttend ‘ttend ‘ttend…J’ai une idée !


Maxime regarda son compagnon sans comprendre où celui-ci voulait en venir.


- On le rattrape à la nage et on le ramène sur la berge ! Ensuite, faudra le décapiter pour qu’on retrouve pas sa tête, on sait jamais, au cas où il y aurait encore des éclats de balles logés dans ce qui lui reste de cervelle. Comme ça on rejoint le plan d’origine, effacer les preuves !


L’incompréhension de Maxime se mua en désarroi.


- Bah quoi, rajouta Gégé. Il aurait pu la perdre dans l’accident, faut juste que la coupure soit pas trop nette sinon ça pourrait éveiller les soupçons… t’as pas un truc qui coupe, par hasard ?


Plusieurs mimiques défilèrent sur le visage de Maxime, passant de la terreur au dégoût pour finalement s’arrêter sur une profonde incrédulité. Une chose était sûre : Gégé avait perdu les pédales.


- Le plus dur après ça, ce sera de remettre le corps dans la voiture. Tu sais, je veux dire, assis sur le siège du conducteur. Ouais, ça va le faire !


Mentalement, Maxime se figura une nouvelle fois sa vie comme un long tunnel au bout duquel s’effaçait maintenant la lueur d’espoir qui semblait illuminer son existence ténébreuse. Puis la lueur disparut en crépitant comme une ampoule de 40 Watts qui aurait grillé au fond d’une cave humide plongée désormais dans une obscurité irréversible. Il courut le plus vite possible. Il devait fuir, disparaître, sinon c'était son corps sans vie qu’on repêcherait d’ici quelques jours dans le canal.

Gégé fut abandonné, seul, à la réalisation de son plan dangereux, n’imaginant pas que le canal allait accueillir dans sa vase une deuxième victime.


Maxime, lui, s’enfonça dans la nuit en se laissant guider par la lueur fade des lampadaires.



 
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   Anonyme   
6/10/2008
 a aimé ce texte 
Bien
L'histoire est amusante. Le texte commence bien. Les dialogues sont vivants.
Un petit bémol, le paragraphe de fin n'est pas à la hauteur de l'ensemble.
Il gagnerait à être plus court, plus ironique , plus percutant.

   Menvussa   
8/10/2008
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
C'est plaisant à lire il y a de très bons gags, la logique de Gégé fait frémir et Maxime n'est peut-être pas, en effet, le plus con des deux.
Mais j'ai trouvé l'histoire un peu trop délayée. Peut-être trop d'explications.

   Anonyme   
14/10/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'aime bien cette histoire l'enchainement des dialogues est fluide et dynamique. On se laisse porter par l'histoire mêlant "horreur" et "humour".


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