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Humour/Détente
Yannblev : Croc-en-jambe
 Publié le 01/10/24  -  5 commentaires  -  9405 caractères  -  45 lectures    Autres textes du même auteur

« La loyauté et la jalousie font la grandeur des chiens et le malheur des saints. » (Lao She)


Croc-en-jambe


Je n’en ai jamais vu tomber mais ce qui dégringole ce soir ressemble bien à des cordes.

Lourde et régulière, jamais finie toujours égale, c’est une de ces pluies qui donnent envie d’aller se pendre dans la lumière brouillée du premier réverbère.

Je me suis ramassé sous une porte cochère et me suis secoué des quatre membres pour faire tomber la flotte qui à présent me touche l’os. Une odeur de chien mouillé monte jusqu’à mes narines mais ce n’est que lorsque je me débarrasse des dernières gouttes que je m’aperçois que c’est moi qui dois sentir ça.


Je suis mal.

Ça fait presque un mois qu’elle m’a foutu à la porte. Presque un mois que je rôde, ne parvenant pas à quitter cette ville où chaque rue que j’emprunte me ramène invariablement à passer sous sa fenêtre à un moment ou à un autre. Je ne l’ai pas revue et aucun signe, aucun rideau qui tremble, aucune lumière, encore moins d’ombre, derrière la vitre, n’a jamais pu me réconforter de l’éventualité de sa présence que je pourrais alors imaginer.

Invisiblement elle n’est pas là, elle n’est plus là, et je me demande bien ce qui peut me pousser depuis presque quatre semaines à venir passer par là, mû par quelques forces étrangères à ma raison, pour m’assurer du vide, du rien, qu’elle a laissés, comme si ce constat avait le pouvoir de confirmer une absence, qu'obstinément irrationnel, je ne parviens pas à admettre.

Presque un mois que je ne sais plus où j’allais, où je vais, où j’irais, où j’étais ni où je suis. Je reste parfois un bon moment sur le trottoir d’en face. Je guette sans accorder la moindre attention aux passants, puis je repars en rasant les murs pour ne déranger personne avec le fardier de mon âme en peine, continuant à marcher vers d’où je viens pour en revenir toujours.


Nous nous sommes rencontrés en septembre sur un coup de foudre. Le même éclair aveuglant nous brasa dans une sorte de soudure pour un alliage inconnu. Alchimie instantanée de la rencontre où chacun pénétrant l’autre virtuellement mais intensément, du regard et de tous les sens, perçoit que le seul silence qui les sépare encore est déjà de l’or. Parce que c’était elle, parce que c’était moi, nous ne pouvions plus être autrement que « nous ».


Elle fut la première – elle est la seule – que je pus regarder pendant des heures sans me lasser. Mes yeux la suivaient partout : de la chambre au salon, de la cuisine au bureau, quand elle allait et venait. Pas un de ses gestes ne m’échappait. L’un après l’autre fixés sur ma rétine. Telles les images rapprochées d’un film qu’on lit à même la pellicule je les contemplais comme autant de poses simples et majestueuses d’un tanagra. Parfois elle s’arrêtait et me demandait :


– Mais qu’est-ce que t’as, toi, à me regarder toujours comme ça ?


Puis aussitôt elle se précipitait vers moi, me passait lentement la main dans le cou et venait y remuer son nez. Son souffle tiède, ses bécots sonores, me tiraient des soupirs.

Ce que j’avais à la reluquer comme ça, elle le savait pertinemment : ça s’appelle l’amour. Cette chose que l’on peut bien taire mais qu’on ne parvient jamais à cacher. Indubitablement elle aimait que je l’aime et cela m’encourageait à l’aimer davantage.


M’aimait-elle aussi ? Je ne voulais pas en douter et si je l’avais voulu, je n’aurais pas pu et même n’aurais pas su. Parce que je suis comme ça, incapable de douter en rien de ceux que j’aime ; même devant l’évidence de leur improbité je leur reste éternellement et foncièrement fidèle pour demeurer fidèle à mon propre sentiment.


Nous avons vécu ensemble tout cet automne et l’hiver à suivre dans cette sorte de béatitude où il semble que le temps qui passe ne nous affecte pas. Les heures où le quotidien nous séparait pourtant s’inscrivaient comme des parenthèses dans notre vie, des instants que nous oubliions sitôt que nous nous retrouvions.


Nous avions pris ce parti de longues balades le soir sur la grève, quand le jour peu à peu rentre dans l’eau. Rien, ni les pluies de novembre, ni la neige la veille de Noël, ne nous avait jamais retenus à la maison. Nous arpentions le sable jusqu’à ce que la dernière lichette de lumière ait sombré dans l’eau noire.

Nous avions cet autre parti pris, déjà une habitude, de ne jamais nous endormir que l’un contre l’autre tout du long. Elle tournicotait lentement du bout des doigts les petits poils très fins qui tapissent ma poitrine, puis progressivement je sentais son petit manège ralentir, s’arrêter et sa main se poser enfin à plat. Il me semblait alors que son souffle prenait de l’ampleur et de la régularité comme le diésel d’un navire ayant trouvé son allure : elle dormait. Ce n’était que lorsque j’en étais parfaitement sûr que je la quittais des yeux en les refermant doucement.


À la mi-mai il y eut un orage du tonnerre ! elle rentra un peu plus tard que d’habitude et comme pour couper court à mon inquiétude je l’entendis rire alors qu’elle était encore dans l’escalier. Elle est entrée en riant toujours et l’autre était juste derrière elle.

Mon regard s’était-il assombri ? Toujours est-il qu’en venant m’embrasser elle s’écria aussitôt :


– Tiens, je te présente Paul… un collègue du travail… il est venu m’aider à boucler un dossier.


J’ai senti tout de suite que je n’aimerais pas Paul et ses allures de jeune premier.

Quand ils m’ont planté devant la télé pour s’enfermer dans le bureau, j’ai flairé quelque chose de louche. Ce prétentieux cabot de Paul me préparait-il un sale tour ?

Il était bien tard lorsque Paul reprit son dossier sous le bras et regagna ses pénates. Après une collation sur un coin de table nous nous sommes endormis l’un contre l’autre tout du long. Mais elle ne frisotta pas les petits poils fins de ma poitrine et son souffle s’éteignit d’un coup comme une chandelle qu’on mouche. Cette nuit-là je n’ai pas refermé les yeux.


Paul est revenu quinze jours plus tard, pour l’apéritif et a priori sans dossier à boucler. Puis il revint encore avec son attaché-case à la main. Bientôt un soir par semaine, puis deux sur trois, puis tous les soirs sans jamais me calculer vraiment. À présent elle s’endormait souvent sans m’attendre mais je n’ai rien dit, je n’ai rien fait. Plus je détestais cet abruti plus je l’aimais, elle… mais plus je l’aimais elle, plus je détestais cet abruti.

J’étais jaloux, c’était la moindre des choses. C’est aussi la pire. Avec la jalousie les catastrophes sont inévitables.


C’est à la fin juillet alors qu’elle préparait les bagages pour les vacances que j’ai commis l’irréparable. J’avais vu Paul garer sa bagnole devant la maison et venir par l’allée gravillonnée. Il portait fringant un short et un polo blancs immaculés qui me firent voir rouge. Comme d’habitude il fit mine de ne pas me voir alors j’ai fait mine de ne pas le reconnaître et quand il s’aventura à grimper l’escalier du perron, j’ai bondi comme un novillo sur la muleta et je l’ai saisi à la gorge. J’aurais voulu le tuer mais il était costaud. En hurlant comme une bête qu’on assassine il parvint à se dégager de mon emprise et frappa violemment du pied contre la porte close. Je le rattrapai là. Nous roulâmes emmêlés sur la terrasse et sans réfléchir je mordis violemment son mollet quand sa jambe droite passa à bonne hauteur à ma portée. Je serrais, il défaillait. Je sentais le dur de l’os sous mes dents et aurais voulu le broyer. En pivotant du torse il me tapa des deux poings sur le crâne, il hurlait toujours mais je tins bon.


Quand la porte s’ouvrit, elle hurla à son tour en marchant dans le sang répandu sur le perron. Je la regardais en serrant de plus belle. L’air éperdu de son visage, ses cris, me la faisaient aimer davantage et j’ai serré encore et encore plus fort pour lui faire plaisir. Mais elle se saisit du grand râteau à feuilles mortes oublié contre le mur. À bout de bras elle le leva au-dessus de ma tête et l’abattit de toutes ses forces sur mon dos à trois ou quatre reprises. Puis elle se mit à pleurer alors j’ai lâché ce jarret qui se retourna flasque et tomba comme une escalope sur les tennis rougis de monsieur Paul.


Bien plus tard quand le toubib fut reparti je les vis enfourner l’un après l’autre les bagages dans la bagnole de l’autre abruti qui marchait avec une patte raidie par un gros pansement. Il faisait chaque fois un large détour pour m’éviter puis il alla s’asseoir au volant en se tenant la jambe.

Enfin elle vint vers moi et je me rapetassai devant elle, rattrapai ma langue pendante, m’arrêtai de respirer sans la quitter du regard, attendant un mot, un son de sa bouche. Elle ne dit rien et agrippa mon collier pour me tirer jusqu’au portail sur la rue. Sur le trottoir elle l’ôta de mon cou, en arracha la médaille et le balança ardemment, aussi loin que possible dans le caniveau. D’instinct j’ai deviné que ce n’était pas pour jouer et me suis retenu de courir pour le lui rapporter. Elle referma le portail à clef et rejoignit la voiture sans se retourner. Je l’ai suivie des yeux, assis sur mon cul, jusqu’à ce qu’elle tourne au fond à droite de l’autre côté de notre chemin qui mène à la grève. Et puis j’ai attendu.


Elle n’est pas revenue. Les vacances sont finies. Ce qui tombe ce soir augure d’un triste automne. Ça ressemble à des cordes dans la lumière brouillée du réverbère. J’ai bien envie d’aller m’y pendre mais je l’aime toujours et je l’attends encore puisque lorsqu’on aime encore on attend toujours…


 
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   Mokhtar   
16/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Remarquable texte. Assurément parmi ce que j'ai lu de mieux sur ce site.

Tout d'abord, et peut-être avant tout, il faut louer le haut niveau d'écriture. Le style est impeccable, très recherché. Mais aussi très malin. Ce n'est qu'à la relecture que l'on saisit avec quelle habileté l'auteur entretient l'équivoque.

Pour ma part, ce n'est que par l'attitude "cavalière" de Paul à l'égard du narrateur que j'ai commencé à avoir des doutes.
Pourtant, au début : "secoué des quatre membres", odeur de chien mouillé...Rien vu...

Je crois aussi que la description de l'état amoureux de l'animal, très humanisée, et ce jusqu'à la dernière phrase, est pour beaucoup dans " l'entortillage du lecteur". D'ailleurs le sort de l'animal émeut Au point que l'on ne comprenne pas, de prime abord, le classement en "humour-détente".

Un dernier mot pour le titre, joli jeu de mots astucieux.

Texte de haut niveau, qui chez moi suscite un enthousiasme sans restriction.

   Dameer   
1/10/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Hello Yannblev,

Assurément un mauvais titre "Croc-en-jambe" (même s’il fait allusion à la morsure dans le mollet de Paul) qui ne reflète pas le contenu, et un mauvais choix de catégorie : ni humour ni détente dans ce magnifique texte, mais une folle passion, de l’adoration amoureuse, ce sentiment exclusif pour une femme qui mène légitimement à la jalousie, et presque jusqu’au meurtre.
Et puis ce personnage, ce "je" qui en dépit de tout revient soir après soirs, sous la pluie, hanter les lieux de son amour perdu, espère au-delà de tout espoir, et rumine des envies de suicide.

Je me suis bien amusé à ces cordes de la pluie auxquelles il voudrait se pendre : intraduisible dans toute autre langue que le français ! (Seul passage qui mériterait la classe "humour" mais c’est plus une délectation linguistique qu’autre chose.)

J’ai tout aimé dans ce texte, et la phrase de conclusion, qui joue sur les nuances de sens entre toujours et encore, ne déçoit pas : "mais je l’aime toujours et je l’attends encore puisque lorsqu’on aime encore on attend toujours."

   BlaseSaintLuc   
1/10/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Moi non plus, je n' ai rien vu venir, magnifique récit qui manipule le lecteur, le biais c'est une histoire d'amour et de jalousie,pour l'amour ok , pour la jalousie peut-être, un cabot
Possessif ?
C'est l'amour chien, ça mord dans l'âme !
L'écriture est parfaite, l'histoire originale, le suspens excellent . Enfin ce n'est pas vraiment du suspens, plutôt, une barque dans laquelle on monte pour être promené joliment ! Bravo!

   Cleamolettre   
1/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

Pas de surprise pour moi à la lecture, j'avais compris dès : "Je me suis ramassé sous une porte cochère et me suis secoué des quatre membres pour faire tomber la flotte qui à présent me touche l’os. Une odeur de chien mouillé monte jusqu’à mes narines mais ce n’est que lorsque je me débarrasse des dernières gouttes que je m’aperçois que c’est moi qui dois sentir ça.". Sans doute aidée par le titre et la citation.

Pour autant ça n'a pas du tout gâché ma lecture, au contraire, je me suis délectée de voir comment l'auteur avait employé le vocabulaire adéquat pour parler de l'amour chien tout en entretenant le flou sur le fait que ce soit un amour d'homme. J'ai ainsi beaucoup apprécié, entre autres, le "prétentieux cabot de Paul". C'est bien écrit, à la fois souriant et émouvant, tout ce que j'aime dans le rire : quand les larmes pointent dessous.

C'est très bien écrit, fluide et plaisant à lire. Et cet amour pur, intense, entier et sans condition ne peut pas laisser de doute, il ne peut être qu'animal !

J'ai un petit bémol sur la fin, je ne suis pas certaine de la crédibilité quant au fait d'attendre que le toubib soit parti et la voiture emplie de bagages pour jeter la médaille et éconduire l'amoureux aux mordantes canines ! Je pense que ça aurait dû se passer avant, d'abord le mettre dehors, éloigner le danger pour Paul et marquer la rupture (l'abandon), et qu'il ne voit la suite que de dehors, déjà errant dans la rue, l'âme en peine.
En vrai de vrai, il y aurait même sans doute fourrière et euthanasie mais les histoires d'amour fou collent mal à la réalité donc je comprends le choix de la liberté et de l'agresseur de mollet livré à lui-même.

   Cox   
3/10/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
n'aime pas
Je vais aller à contre-courant de mes prédecesseurs puisque, malgré mon respect pour une très bonne plume, j'ai trouvé en l'occurence le texte un peu raté dans sa construction, et il n'a pas réussi à m'accrocher.
À vrai dire, c’est seulement vers la moitié que je me suis rendu compte de l’effroyable vérité : l’auteur croyait ménager un effet de surprise quant au fait que le narrateur est un chien ! En fait, pour moi, il l’avait annoncé noir sur blanc dans le premier paragraphe et ça ne m'avait pas traversé l'esprit que ce point soit censé être un mystère. On voit souvent passer des textes qui reposent entièrement sur un effet de surprise ruiné par trop d'indices, mais d'ordinaire je sens bien que j'ai "deviné" le truc et que ce n'était pas voulu. Ici, il m'a vraiment fallu longtemps avant de comprendre que je n'étais pas censé savoir que c'était un chien et je n'en suis d'ailleurs pas encore tout à fait sûr. Si c'est bien l'intention, je pense que ce premier paragraphe serait vraiment à revoir pour que le texte fonctionne comme prévu, ou alors il faut compter sur un lecteur très pressé qui passe en diagonale sans trop se poser de questions.
Du coup, ma lecture s’est résumée à une liste d'attributs classiques des chiens. Leur fidélité, leur amour inconditionnel, etc… Sans l'effet de surprise, je peine à trouver quelque chose de particulièrement accrocheur dans la nouvelle.

D’autre part : le style est très bon, ce qui est apparu pour moi comme un défaut d'écriture. Je m’explique : on sent une expression travaillée et réfléchie, qui ne colle donc pas du tout au personnage. Encore une fois, cela est rendu d’autant plus pénible que la nature canine du narrateur est établie dès les premières lignes. Du coup, je passe toute la nouvelle à lire un chien philosophe qui a plus de maturité analytique que la plupart des humains que je connais et qui a des sorties du genre « Le même éclair aveuglant nous brasa dans une sorte de soudure pour un alliage inconnu. Alchimie instantanée de la rencontre où chacun pénétrant l’autre virtuellement mais intensément, du regard et de tous les sens, perçoit que le seul silence qui les sépare encore est déjà de l’or ».
Je n'ai pas pu faire abstraction de ce style peu adéquat qui ne fait pas l'effort de s'adapter pas aux capacités cognitives du protagoniste. Je le sais parce que je l’ai fait lire à mon chien qui m’a répondu qu’il « s’insurgeait des sempiternels portraits animaux souillés par l’anthropomorphisme obsessionnel de bipèdes narcissistes qui pensent pouvoir réduire l'infinie diversité des façons d'appréhender ce monde à leur système conceptuel propre - qu’ils imaginent évidemment supérieur ». J’ai pas tout compris mais je suis d’accord par principe parce qu'il est grave mignon.
Bien sûr, verbaliser les pensées d’un animal aura toujours un côté artificiel, mais il est possible d’adapter le registre, ou tout au moins le niveau de réflexion pour avoir un minimum de cohérence. J’ai supposé après coup que c’était un peu de « tricherie », pour entretenir un suspense dont je n'ai malheureusement pas pu profiter.
Bref : dans l’absolu, le style est bon. Dans le contexte, il relève pour moi de la maladresse d’écriture puisqu’il est complétement hors-sujet pour un narrateur canin. Dans un style d’humour, on pourrait se permettre un animal philosophe, mais dans ce cas il faudrait plus forcer le trait pour que l’aspect comique ressorte à mes yeux : qu’il se mette à citer Kant (ou son chien), qu’il parle dans un registre académique, qu'il flagelle la bêtise humaine, etc… Pourquoi pas, ça en deviendrait assez rigolo même si c’est un peu déjà-vu. En l’état, je ne vois pas trop de trace d’humour. Pour que ça soit plus intéressant, il serait bon aussi que le chien montre une certaine distance avec la pensée humaine, plutôt que de réfléchir exactement comme nous : c’est un procédé qui offrirait un autre angle de réflexion, un peu à la manière des lettres persanes.
Les animaux brillants, c’est un thème qui a du potentiel dans un registre humoristique/décalé et qui a déjà été exploité avec talent, notamment en BD (Kador, le chat du rabbin…). Mais ici, je trouve qu’il manque tous les ingrédients qui font la force de cette idée. On se retrouve dans un entre-deux pas vraiment comique mais pas vriament cohérent non plus: juste un esprit humain assez littéraire dans un personnage de chien. Ça ressemble à un auteur qui parle directement au lieu de faire parler son personnage.
Pour relever quelques autre points de cohérence qui m'ont fait tiquer, difficile d’imaginer un chien sauter à la gorge d’un humain avec lequel il est familier sans qu’il n’y ait eu agression/traumatisme… Étonnant aussi que la fourrière n’ait pas été alertée et qu’on laisse un animal clairement dangereux et potentiellement létal errer dans les rues ?

À cause du manque de surprise qui donne un récit relativement plat, et à cause d'un style peu adapté dont l'humour n'émerge pas clairement, le texte est malheureusement tombé un peu à plat pour moi. Je reflète malgré tout dans ma notation le fait que la plume est fine, même si dans le contexte ça m'est apparu détrimental.
Il sén serait fallu de peu peut-être que j'aie une lecture complètement différente, dommage!

Cox


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