Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie libre
Aconcagua : L'inceste
 Publié le 03/02/20  -  12 commentaires  -  1583 caractères  -  230 lectures    Autres textes du même auteur

Des mots pour l'indicible.


L'inceste



Je voudrais enfouir ma tête
au creux des câlins,
sentir les arômes de pain d’épice
et de pomme du tablier de ma mère,
accrocher son regard
comme un tableau sur un mur
pour ne jamais l’oublier

Je voudrais vider
mes poubelles de cauchemars,
effacer les monstres souriants
qui sentent la sueur et le désir,
assassiner les apparitions
qui harcèlent mes nuits
avec l’obsession d’un tic-tac.

Mais non, mon père est là,
souriant et doux,
avec ses grosses mains indiscrètes,
avec son souffle endiablé
qui étreint le mien,
avec le poids de son corps
pour tout présent,
avec la fleur malsaine du secret,
avec son regard qui chavire
dans les abysses du poteau noir.

Alors dans ces moments-là,
je déserte mon corps,
je ne sens plus rien,
que le vide et la béance,
mon corps est là-bas,
coincé dans l’inexistence des morts,
je le regarde
avec le dégoût de l’amertume,
il est souillé, noyé dans l’indicible,
perdu dans la violence de la douceur.
Cette guerre des caresses
n’est pas pour moi.

Je voudrais enfouir ma tête
au creux des câlins.
Ma mère ne sait pas,
ma mère sait peut-être.
Je voudrais qu’elle me protège
avec sa chair généreuse,
avec la tiédeur primitive de ses bras,
avec ses mots qui cicatrisent,
avec ses yeux qui me grandissent
ou m’attirent au chaud,
dans l’infini de son ventre.
Ma mère sait peut-être.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   papipoete   
24/1/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
libre
Si terrible est le sujet, que je vous lis avec appréhension et chaque vers est lourd de larmes, pèse telle une enclume sur le coeur et le corps de l'héroïne.
Tout son déroulé est poignant et la fin ( retourner dans le ventre de la mère, pour ne pas naître, pour ne pas être, plutôt que vivre cette infamie ) est si fort !
NB c'est si bien écrit en la matière, que j'imagine l'auteure la victime de cet inceste ; une marque au fer rouge comme un numéro à Auchwitz...
Comment peut-on...
papipoète

   Stephane   
24/1/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Un sujet terrible que je ne m'aventurerai pas à commenter tant l'inceste me fait frémir. Je ne sais pas quoi dire, mise à part une écriture travaillée et éloquente pour décrire l'indicible.

   Anonyme   
3/2/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Bonjour

Un sujet délicat à traiter en poésie. L'auteur s'en sort plutôt bien
même si personnellement, j'aurais raccourci le texte pour le rendre
plus fort encore.
Des expressions qui marquent comme mes poubelles de cauchemar
ou le dégoût de l'amertume, entre autres.

Au final, un texte dur et d'une difficile réalité qu'un esprit naïf
comme le mien n'imagine même pas que cela puisse exister,
et pourtant...

   Cristale   
3/2/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Non, on imagine même pas parce qu'une mère a confiance en son mari, le père de ses enfants de même qu'envers les autres membres de la famille, les oncles, les grands-pères, les frères... et pour répondre au poème, non la mère ne sait pas parce que, pour elle, c'est inconcevable.

Et pourtant...

Ces criminels monstrueux portent le masque des "honnêtes gens" : insoupçonnables.

Un poème terrible. Extrêmement bien écrit, ce qui justifie ma notation.

   Anonyme   
3/2/2020
Bonjour,

Un sujet difficile, trop peut-être pour que je puisse évaluer.
La forme n'est pas ma tasse de thé, bien que l'ensemble soit bien écrit.
Quand au fond, c'est délicat d'en parler mais nécessaire pour ne pas oublier que ces horreurs existent.

   Michel64   
3/2/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Bonjour,

Un sujet si difficile à traiter en poésie que pourtant vous avez très bien su aborder. Vous avez choisi l'enfant comme narrateur et cela ajoute encore au drame. Bravo vous avez réussi l'exercice, avec ce poème poignant.
J'ai beaucoup aimé :
"Je voudrais ...
...
accrocher son regard
comme un tableau sur un mur
pour ne jamais l’oublier"

Mais l'ensemble est vraiment très beau et si triste.

Un seul bémol avec ce "poteau noir" qui me parait être une erreur bien qu'elle n'ait pas été relevée il me semble. Je pense que vous faites allusion au "pot-au-noir". Ou alors j'ai raté quelque chose.

Merci pour votre écrit.

   Lebarde   
3/2/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Je ne suis pas concerné par ces comportements qui me font horreur!
Cela va de soit bien sûr et vous me croyez sur parole, je le saurais quand même!
Eh oui!

Vous non plus et vous autres là-bas non plus vous n'avez pas le profil pour cela. Si c'était le cas, On vous aurait repéré et peut être même dénoncé!!!
J'ironise mais en ai-je vraiment le droit?

Et pourtant ils existent partout ces monstres et ne sont pas si rares que cela.
Mais où sont ils ces malades? Pourquoi donc les innocentes victimes restent elles si souvent muettes?

La surprise est toujours tellement grande quand ils sont découverts, sans compter tous ceux qui ne le sont jamais!
Horreur, horreur.!!
Les enfants sont tellement démunis et impuissants devant ce genre d'agissements insupportables.

Comment peut on concevoir ces horreurs et trouver des gens pour les justifier et les excuser.
Mais ne baissons pas les bras

Merci Aconcagua d'avoir osé écrire ce magnifique poème et d'avoir traité ce douloureux sujet avec un "tact aussi percutant".
Merci.

Je ne commente pas le texte, tout a été dit et tellement bien dit.
Rien à ajouter Bravo.

Lebarde ému

   Vincente   
4/2/2020
Le parti pris de l'auteur pose une volonté assumée de raconter l'horreur de la relation incestueuse depuis la voix, à la première personne, de la victime. Le titre "L'inceste" ne laisse aucun doute ; dès lors, le récit ne se perdra pas en faux-fuyant, et si l'on devait remarquer quelques difficultés dans l'expression, elles seraient à mettre sur le trouble que déclare l'exergue "Des mots pour l'indicible".

À partir de ce préalable, celui qui se voit en amont de la lecture du texte lui-même, l'on entre dans le propos de plein fouet.

J'ai trouvé la première strophe, et la dernière, qui d'ailleurs démarrent avec le même vers, dès mon premier passage, très touchantes, bien écrites, et inspirées en particulier autour des senteurs, des sensations physiques dans le rapport rassurant à la mère et de l'image d'elle dont le "regard" serait accroché "comme un tableau sur un mur".

Entre ces deux extrémités, tout le "déroulé" de l'évocation m'a semble celui de l'adulte remontant à la source de son trouble, ses troubles traumatiques, ou celui d'un adulte qui se projetterait dans l'esprit perturbé d'une jeune fille (ou garçon) abusée. Je pense que l'enfant violé n'aurait ni la conscience ni les mots pour s'exprimer de la sorte. Il me semble ainsi qu'il y a une empathie profonde de l'auteur envers son narrateur, mais il n'y a pas d'authenticité directe dans la formulation.
Quand l'auteur prévient qu'il tentera l'indicible dévoilement, on le croit, mais dans ce texte, j'ai un peu l'impression (croyez m'en désolé si ce ne devait pas être le cas) que l'on entend un répétant, psychologue, policier, journaliste, prononçant en les imaginant pour l'aider les non-dits de l'enfant, mais donc en les reconstituant.

L'expression, depuis ce parti pris initial s'articulant autour d'une authenticité, me semble dérangeant, non par ce qu'il raconte d'odieux (il fait œuvre utile indéniablement en ce sens), mais par son côté "reconstitution documentaire". L'emploi du "je" aurait pu l'éviter, mais alors la formulation aurait dû être plus adaptée.
Ce sujet "de société" est nécessaire mais s'il doit s'avérer aussi "sujet à caution" mélodramatique, c'est un peu gênant. Je pense ainsi qu'avoir recours à la forme d'une poésie demande une adéquation particulière de l'expression qui ici ne me semble pas assez tenue ; je préfère donc ne pas évaluer un ensemble dont seul un pan me semble abouti.

   Anonyme   
3/2/2020
Bonjour Aconcagua
Je ne suis pas capable de mettre une évaluation.
Le sujet est lourd et les commentaires un peu vain.
Rien à dire sur la qualité de l'écriture.
J'aurai aimé un texte plus court et des évocations plus fortes encore sur la destruction de l'enfance mais l'essentiel est dit.
Je salue le courage et la portée des mots.
Merci

   Hiraeth   
3/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très beau poème, puissant et bien écrit. Pas grand chose à ajouter aux commentaires là tout de suite ; j'aurais cependant aimé un peu plus de non-dit, de suggestion plutôt que d'explicitation. Peut être pourriez-vous commencer par remplacer "mon père" par le pronom "il" ? Pour rester dans le thème de l'innomable et mieux pénétrer dans cette conscience traumatisée qui sait trop bien de quelle personne elle parle et n'a pas besoin de la nommer.

   poldutor   
5/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Aconcagua
Parmi les choses ignobles, parmi les saloperies que l'homme peut faire, l'inceste est certainement la chose la plus répugnante qui soit...
Cette poésie est un vrai cri de détresse, de souffrance, poussé par un(e) enfant. Abuser de "sa" chair, quelle horreur, avec parfois la complicité muette ou aveugle de la mère...
Le dernier couplet est vraiment déchirant.
J'espère de tout mon coeur que vous n'êtes que le narrateur de cette poésie.
Très belle page de vie (horrible) mais hélas de plus en plus fréquente.
Votre écriture est toute en retenue et sans mièvrerie, superbement évocatrice. Un bémol cependant, vouliez-vous parler du "pot au noir" redouté des navigateurs ?
Cordialement.
poldutor

   Lariviere   
13/2/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Aconcagua,

Un texte fort que j'avais remarqué en lecture de comité de publi et qui avait déjà retenu mon attention par la justesse et la force d'impact de son écriture sur le fond comme sur la forme.

Tout est bien posé ici, l'ambiance, la souffrance indicible derrière les mots, les mots bien choisis, les situations parfaitement évocatrices, sur le plan du réel sordide et de la psychologie du personnage.

Pas de regret non plus pour le choix de le première personne qui me semble le plus adapté ici pour créer l'empathie et la qualité de l'axe du traitement... en revanche, vu le sujet, le tout flirte dangereusement avec le pathos qui n'est pas ma came poétique spécialement... notamment par les excellentes images et par la description très réussie des tourments du personnage, déchiré et ambivalent devant cet effraction de son être par ceux là même qui devait le protéger naturellement... j'ai trouvé ca très fort en fait, et je ne vais pas vous reprocher de savoir trop bien écrire et trop bien communiquer les émotions, mais j'aurais peut être vu par moment un peu plus d'équivoque ; les évocations sont très bonnes mais certaines trop développées et trop explicites selon moi, appesantissent le texte déjà bien plombant sur le thème sans utilité :

"Mais non, mon père est là,
souriant et doux,
avec ses grosses mains indiscrètes,
avec son souffle endiablé
qui étreint le mien,
avec le poids de son corps
pour tout présent,

avec la fleur malsaine du secret,
avec son regard qui chavire
dans les abysses du poteau noir."


Ce passage est superbe, pourtant les passages en gras pour moi sont de trop.

Enfin, je pense que dans le déroulement l'identité du père pourrait arriver plus sur la fin que sur le début pour renforcer l'impact de lecture tout en étant moins direct ^^

Sérieusement, sinon, quand c'est maîtrisé comme ici, il ne reste que la dure réalité des faits et la légitime émotion devant toute l'horreur "humaine", tapi parfois dans le foyer et "les grosses mains indiscrètes" ou dans les "tablier des "mamans" au parfums de pains d'épices et de pommes vertes" (réf à Hansel et Gretel des contes de Grim lol ?)

Merci beaucoup pour cette poignante lecture et bonne continuation !


Oniris Copyright © 2007-2023