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Poésie en prose
AnGer : Quand la vie s'édite...
 Publié le 02/07/08  -  4 commentaires  -  3026 caractères  -  36 lectures    Autres textes du même auteur

Les brouillons des années obscures s'effacent quand on trouve les mots pour le dire.


Quand la vie s'édite...



Sur le parvis de l’hôtel de ma complaisance, ma vanité s’est drapée dans les voiles de soie pour s’acoquiner avec ma suffisance. Au doigt de mon égocentrisme, brille ce diable de bijou d’orgueil, que je n’ai pu me contraindre à retirer malgré ma vie soudain mise à nue tandis que le soleil épuisait à se coucher pour me plonger dans mon ombre personnelle.

Je m’accapare les ornements, me sangle délicieusement sous les apparats de cette chimérique apparence de paon. Qu’importe demain, qu’importe les heures de noir vêtues, ce soir je suis dans la lumière de mes aveux, je scintille du feu que mes yeux reflètent dans le miroir de la nuit.

Laissez-moi emporter dans mes rêves à venir, cette image lourde de contentement de soi, m’asseoir dans le fauteuil orgueilleux qui trône sur ce sommet de montagne que je n’avais jamais osé attaquer de mes pas effrayés. Éverest jamais conquis par ma fragile personne, mais que j’ai gravi en courant, au rythme effréné d’une femme qui a tout perdu, et qui sait que plus rien n’a de valeur, si sa propre valeur n’est pas conquise. Que je taquine encore la mesure de mon acte, pour sentir naître ses fourmillements délicieux d’avoir osé. Cette bataille de moi à moi, de moi pour eux, je la glorifie, à faire gonfler mon rire au fond de mon cœur, pour venir le faire crever sur le bord de mes lèvres.

Nul ne peut s’étendre sur les marches de l’échafaud de la vie, prêt à sentir la corde de la vie se nouer toujours plus fort contre nos râles, souffles de rancœur qui nous immobilise, et nous retranche trop près des suffocations de nos petites morts certaines mais indéterminées.

Ne pas gâcher le contrat à durée déterminée que nos mères ont signé en nous expulsant hors de leurs ventres. Nous en aller crécher, loin du cœur qui rythmait nos éveils de minuscule à petit corps plein de vie.

Je t’ai combattu « vie », à t’avoir trop souvent détestée, te houspillant, te déshabillant de tes couleurs, tandis que tu crachais tes saisons sur mes années d’enfance, mettant du parfum sur mes écrits d’hiver, glaçant ma plume sur mes amours d’été, froissant mes souvenirs comme ces pages que je noircis.

Ne souris pas « vie », ne m’épargne pas, allez, donne-moi enfin ce que j’ai toujours refusé. Je me livre à toi, pleine de dignité, dans ma camisole faite d’arrogance, tu le sais bien, que dans mes querelles perpétuelles, de ces pugilats infernaux qui m’opposaient, j’ai enfin compris ce soir, avec fierté que tu n’es pas mon adversaire. J’ai passé toutes ces années à me battre contre moi, et ce soir, mon exuvie prend fin, je rentre dans la danse de tes saisons, ma peau apprécie la douceur du soleil et je n’ai plus envie de me cacher dans l’ombre de mes souffrances, car elles sont restées sur le parvis de l’hôtel de ma renaissance, ce soir je me suis mariée avec ma vie et je lui ai murmuré « oui ».

Le brouillon des années obscures s'efface lorsque l'on peut méditer sans honte sur ses erreurs...


 
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   Anonyme   
2/7/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
"Quand la vie s'édite"... Se mettre à nu pour publier? C'est ça ou pas du tout... Puis, l'orgueil qui en découle... Arghh, écueils des plumes humides et des coeurs secs. Rester soi-même, unique "solution" pour parvenir à écrire, un reflet trop glorieux fait fuir l'inspiration.
Sinon toujours cette belle prose poétique. Je lis à chaque fois tes textes avec plaisir.

   strega   
2/7/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Oui, pour moi aussi c'est toujours un plaisir que de te lire AnGer. J'ai beaucoup aimé la remise en question, le réalisme sur soi-même. Cette sorte de concession faite aux lecteurs me plait vraiment.

Le style en lui-même m'a un peu, non pas déçu, mais étonné, un peu moins fluide que les autres fois à mon goût. Mais ça reste ceci dit assez impressionnant quand même.

   Fattorius   
3/7/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Surpris aussi par le style, très imagé - j'ai eu, au début, l'impression d'un exercice de style. Ca se lit, cependant, même si on n'y entre pas comme dans du beurre; c'est souvent bien trouvé, donc oui.

Merci pour l'instant de lecture!

   Anonyme   
31/8/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Au fil de la lecture, l'écrit révèle toute sa profondeur, j'ai été happé par vos mots de plus en plus présents, ils me deviennent très parlants " Je t’ai combattu « vie », à t’avoir trop souvent détestée, te houspillant, te déshabillant de tes couleurs, tandis que tu crachais tes saisons sur mes années d’enfance, mettant du parfum sur mes écrits d’hiver, glaçant ma plume sur mes amours d’été, froissant mes souvenirs comme ces pages que je noircis."

Je n'aurais pas su le dire de cette manière, mais je l'ai ressenti étonnamment, le ton est bien plus que juste, la franchise dans votre écriture, est époustouflante, vous Êtes ... Je vous suis mots après mots.

Que dire de ces mots-là :

" je n’ai plus envie de me cacher dans l’ombre de mes souffrances, car elles sont restées sur le parvis de l’hôtel de ma renaissance "

Lorsque enfin on en arrive à écrire ainsi, on sait maintenant que la partie est gagnée, que l'avenir est bien là, plus de compromis, de faux-semblants.

Je me retrouve par instant dans votre phrasé, il ne m'est pas inconnu, mais bien sûr avec le talent d'écriture en moins.


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