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Poésie néo-classique
Annick : Ne pleure pas...
 Publié le 26/09/21  -  10 commentaires  -  1474 caractères  -  161 lectures    Autres textes du même auteur

« Les fantômes, ce n'est que ça, des souvenirs qui persistent. »
Frédérique Martin. Écrivain.


Ne pleure pas...



Sur le bord d'un chemin, par un froid rigoureux,
J'attends, dans le couchant, mon fidèle amoureux.
La neige étend son drap sur mon épaule nue,
Une étoile poudroie et file sous la nue.

Il parvient jusqu'à moi, léger, le pas flottant,
M'enlace avec douceur puis tout en m'embrassant,
Me parle tendrement : « Ne pleure pas, cher ange ! »
Bientôt, sa voix s'éteint d'une manière étrange.

Il porte un capuchon qui cache son regard,
La lune sur son front verse un rayon blafard,
Soudain, un tourbillon révèle son visage,
À la place des yeux, un trou me dévisage.

Le fantôme hideux se dissipe en rampant,
Mes bras n'étreignent plus que le néant, le vent
Qui me brûle les mains, et les yeux et la bouche.
Il me semble sentir qu'il m'attire et me touche...

Je ne sais si je dois adorer ou haïr,
Entretenir ce feu, le laisser dépérir.
Dois-je conclure un pacte indigne avec le diable
Pour vivre encore un soir l'étreinte inoubliable ?

Je me bats vivement contre les faux-semblants
Mais ne peux m'affranchir de ces divins élans.
Ce que je crains si fort, souvent je le demande,
Ce qu'ardemment je veux, toujours je l'appréhende.

Ce rêve récurrent me tourmente la nuit
Quand le froid de l'hiver attise mon ennui.
Cet homme que j'aimais, à tout jamais me hante,
Son souvenir m'envoûte autant qu'il m'épouvante.


 
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   Anonyme   
13/9/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Ambivalence très féminine de l'homme désiré mais effrayant ; le sujet est brodé plutôt que traité, car on ne sait pas vraiment la raison de ce positionnement. Vous me direz que les trous à la place du regard devraient suffire. L'adjectif de "fidèle" est sûrement l'information la plus étrange donnée par le poème ; le drap de neige sur l'épaule nue suggère que la poétesse est clouée sur place, comme dans les cauchemars.
Un coach en dp fringant lui dirait d'aller prendre contact avec cet homme mi-figue mitigé.

   papipoete   
16/9/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
néo-classique
Son souvenir me hante, la nuit surtout quand se fait le silence.
Toi, mon ange au regard si doux, qui m'enlace comme lorsque tu vivais, m'aimais autant que je t'aimais...mais soudain, je découvre caché en toi, à travers toi, le Diable en personne ! ce n'était qu'un affreux rêve...
NB un scénario terrible, car cet être qui se révèle démon, apparait comme un ami, cet amant disparu aux nues, et laisse croire qu'il est revenu ! sinistre dilemme !
Le film commence si tendrement, avant de basculer dans l'horreur, et chaque strophe brille autant que les autres ! la 5e qui évoque cette question est ma préférée !
la dernière est une page que nous vivons tous, un jour ou l'autre quand le visage d'un cher disparu revient dans la nuit...
de la tendresse, de la peur, tout y est dans ces dodécasyllabes sans faute ! la forme " classique " n'était vraiment pas loin !
papipoète

   Donaldo75   
16/9/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Voici un poème qui coule bien à la lecture et exprime bien ce que l’exergue promet, le tout dans une belle tonalité. Les rimes ne pèsent pas des tonnes, bien au contraire elles apportent une forme de musicalité à l’ensemble, un peu comme dans une pièce de Arnold Schonberg du genre « la nuit transfigurée » où la mélodie hante l’auditeur. Du coup, cette musicalité rend le poème plus incarné et permet au lecteur de lui-même rentrer dans le thème même s’il ne lui est ni familier ni récent. C'est cela, la beauté de la poésie, cet art qui emmène le littéraire vers le sensitif, qui tangente la sensibilité propre à la musique ou à la peinture.

   Vincendix   
26/9/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un texte cauchemardesque qui, paradoxalement se lit avec plaisir tant il est bien écrit, avec des mots justes et un déroulement fluide.
Plusieurs vers confirment ce paradoxe et notamment le dernier.

Vincent

   Miguel   
26/9/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce texte, fort bien écrit, aux vers fluides et mélodieux, ne me convainc pas entièrement, car je ne pense pas du tout que les fantômes soient des souvenirs. Cette allégorie de la mort en lieu et place de l'être aimé me semble, même dans un rêve, un peu étrange. Le souvenir, c'est la permanence de ce qui fut, ce n'en est pas une transformation. Quand je rêve de mes morts, je ne vois pas des squelettes, je vois les visages que je regrette. Mais peut-être raisonné-je trop en face de l'irrationnel ; sous le rapport de l'esthétique du poème, en tout cas, il n'y a rien à redire.

   EtienneNorvins   
26/9/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Pour reprendre l'expression de Vincendix, un cauchemar lucide, d'un rigoureuse fluidité, ce qui ajoute à la déchirure de cette 'confession'...
Le 4ème quatrain suggère la fatalité d'un amour interdit, l'avant-dernier vers, l'empreinte indélébile de quelque premier grand amour qui empêche d'en vivre d'autres...
Mais au fond qu'importe : les fantômes ne sont pas que des souvenirs - ce sont des morts qui ne veulent pas mourir, ou qu'on ne veut pas laisser s'en aller, ce qui ne peut se faire qu'aux dépens des vivants.
Car le premier quatrain évoque irrésistiblement, par le dénuement de la 'narratrice' en plein hiver, la petite marchande d'Andersen, qui meurt de trop croire aux visions qui semblent jaillir des flammes...
Merci pour ce partage,
Respectueusement,

   jfmoods   
26/9/2021
Le poème débute sur une tonalité lyrique ("J'attends [... ] mon fidèle amoureux", "Il [... ] / M'enlace avec douceur", "tout en m'embrassant, / Me parle tendrement") avec l'image subliminale du voeu qui s"accomplit ("Une étoile poudroie et file sous la nue"). Un couple se retrouve dans une apparente félicité.

Cependant, l'ambiance glaçante du cadre spatio-temporel, qui fixe un paysage état d'âme ("Sur le bord d'un chemin", "dans le couchant", "par un froid rigoureux", "La neige étend son drap sur mon épaule nue"), met en lumière l'âpreté de la perspective et impose l'image du mauvais rêve qui se déploie.

Deux éléments attirent immanquablement l'attention. D'abord, le caractère pour le moins diaphane, inconsistant, du partenaire ("Il parvient jusqu'à moi, léger, le pas flottant", "sa voix s'éteint d'une manière étrange"). Ensuite, le passage du bonheur aux larmes chez la locutrice (prosopopée : "Ne pleure pas, cher ange !"). L'Autre est le fruit d'un imaginaire réinvesti, un de ces "fantômes" qui vous hantent et que mentionne l'entête.

Les strophes 3 et 4 vont mettre en scène cette apparition fantastique. Le mystère premier de l'identité ("un capuchon qui cache son regard") prépare un dévoilement progressif ("La lune sur son front verse un rayon blafard", "un tourbillon révèle son visage") qui aboutit à une vision d'horreur ("À la place des yeux, un trou me dévisage", "Le fantôme hideux"). Le mauvais rêve atteint son paroxysme, se mue en cauchemar. Cette rencontre amoureuse est un leurre, une traumatisante illusion (verbe pronominal et complément de manière : "se dissipe en rampant", locution restrictive : "Mes bras n'étreignent plus que le néant", assonance plaintive : "néant" / "vent", rythme ternaire avalisant la destruction de la charge affective : "me brûle les mains, et les yeux et la bouche", personnification passablement délétère : "il m'attire et me touche").

Construites sur un jeu filé d'antithèses ("adorer ou haïr", "Entretenir ce feu, le laisser dépérir", "me bats vivement contre" / "ne peux m'affranchir de", "je crains si fort" / "je le demande", "je veux" / "je l'appréhende", "m'envoûte" / "m'épouvante"), les trois dernières strophes illustrent l'impitoyable combat de la locutrice contre elle-même, l'inextricable lutte d'une femme contre ce passé amoureux obsédant qui l'empêche de se porter résolument vers l'avenir. D'un côté, le désir dans toute sa densité mémorielle ("vivre encore un soir l'étreinte inoubliable", "ces divins élans", "ardemment") ; de l'autre, l'effroyable torture d'un coeur journellement martyrisé ("Ce rêve récurrent me tourmente la nuit", "le froid de l'hiver attise mon ennui", "Cet homme que j'aimais, à tout jamais me hante").

Merci pour ce partage !

   Cristale   
26/9/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Voilà que je soupçonne un diablotin d'essayer de prendre la place de l'homme aimé décédé en venant la nuit jouer de son charme satanique mais qu'est ce qu'il est maladroit ! Il sait que la narratrice est fragilisée par le deuil et ne peut tenir longtemps le rôle de l'amoureux transi, son naturel diabolique de pervers revient au galop.
Mais non chère narratrice, n'aie pas peur, ce n'est qu'un cauchemar qui traduit une grande crainte de la mort et le désir de retrouver le cher souvenir laisse la place aux pires rencontres, sauf celle souhaitée.

Après cette analyse, dont je doute qu'elle fasse de l'ombre à celle de Jfmoods ^-^, je peux dire que j'ai aimé le rythme et la fluidité des vers dont le naturel du discours m'est fort agréable.

Peut-être que nous ne sommes pas en "classique" mais j'ai apprécié la variété des mots en fin de vers alternant noms, verbes, participes, adjectifs et tout le toutim à la rime :) ainsi que la musicalité des assonances; une attention particulière quand, de même nature, ils ne présentent pas le même nombre de syllabes, ça me plaît ainsi.
J'aime aussi le contraste presque cinématographique entre les deux premiers quatrains et les deux les suivant.

S'ensuivent de longs questionnements accompagnés d'incertitudes mais aussi, et surtout, beaucoup de craintes dont moi, lectrice, je ne puis dire si elles sont infondées, ou non, si le récit est romancé ou non.
Pourrait-on imaginer un variant du syndrome de Stockholm ?

Bravo et merci Annick.
Cristale

   Provencao   
28/9/2021
 a aimé ce texte 
Bien
De fait, " Ne pleure pas" comme instrument providentiel de " Une étoile poudroie et file sous la nue." nécessaire à votre révélation., me delivre à la lecture de votre ecrit, deux faces, sans contradiction, une étreinte inoubliable et une volonté sortie de sa propre souvenance.

Le mystère du souvenir reste entier, n’étant lui-même rien d’autre que le fantasme en personne et son ambiguïté.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Doute   
30/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je commente ce poème un peu en retard.
Tout d'abord, de belles images qui (certains ne seront peut-être pas de cet avis là) m'ont beaucoup plu :
"Une étoile poudroie et file sous la nue"
"La neige étend son drap sur mon épaule nue".
En revanche la rime avec "nue" répété à un peu coincé pour moi.
Enfin le thème, que l'ai trouvé bien traité. L'attirance mêlée à une sorte de répulsion pour un être aimé/détesté est très bien exprimée.


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