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Poésie libre
Arielle :  Arthur
 Publié le 22/05/17  -  16 commentaires  -  1341 caractères  -  280 lectures    Autres textes du même auteur

J’ai imaginé un message qu’aurait pu adresser Verlaine à Rimbaud vers 1886 alors que ce dernier commerçait en Éthiopie sans se soucier du recueil des « Illuminations » qui venait d’être publié par les soins de son vieux compagnon. Verlaine évoque leur séjour à Londres entre 1872 et 1873.


Arthur



Toi l’enfant-loup
âpre oxymore
piéton de l’air et paysan
poings d’écorcheur à l’œil faïence
caricature d’innocence

Dis, qu’as-tu fait de ta jeunesse
des tumultes de ton front pâle
plein d’éminences
et de promesses ?

Sous ta tignasse d’ange triste
à l’étroit jusque dans ta pipe
crapotant un faux cresson bleu
ta piètre panoplie d’artiste
m’attendrissait

Je m’enchaînais à ton sillage
dans l’enfer glauque des tripots
où tu prétendais écumer
la quintessence de tes rages

Dans les brouillards de la City
où nous battions de la semelle
tu soulevais
du pavé gras
tant d’étincelles de génie
que sous tes pas
Londres flambait

Vil cabotin pétri d’injures
tu ne retins que l’amertume
de la Beauté
t’ayant élu
pour le cagneux de tes genoux
qui lui avaient brûlé le cul

Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?

cette saison de noire ivresse
qui te vit roi

Tu as vomi tes sortilèges
dont je vénère des copeaux

Aigri fiévreux
sans nul répit
tu cours
à t’en rompre les os
loin de nos anciens parapets
loup qu’affame une folle errance
les crocs cloués sur ton silence


 
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   Alcirion   
11/5/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Des clins d'oeil bien placés :

Piéton de l'air (le surnom de Rimbaud, trouvé par un ami du lycée : l'homme aux semelles de vent)
Le faux cresson bleu (Le dormeur du val)
Dis, qu'as tu fais... (Le ciel est par-dessus le toit, Verlaine)
Saison de noire ivresse, et au-delà un choix de vocabulaire collant bien à l'ouvrage de Rimbaud.

Tu as vomi tes sortilèges
dont je vénère les copeaux
Allusion au fait que Verlaine s'est occupé très tôt de promouvoir l'oeuvre de son ami, parti au bout du monde (enfin, pas si loin en fait) ?

Bref, il y a de bonnes trouvailles, une belle connaissance des deux oiseaux et un rythme cohérent.

C'est sur le fond que je suis plus réservé. Le ton est mélancolique, navré, mais Verlaine, dans sa paranoïa et son alcoolisme, gardait également un certain ressentiment contre Rimbaud : il avait été l'ouragan qui avait dévasté sa vie. Alors que c'est quand même lui qui lui a tiré dessus, et que des deux, c'était lui qui était sensé être l'adulte. Il fut une victime tout à fait consentante à mon sens. Donc il manque un peu de l'aigreur et du ressentiment qui a marqué sa fin de vie épouvantable ("Verlaine, ivre, était formidable." dira un jour Gide qui le visita à l'hôpital à l'âge de dix-huit ans).

Donc au final, un sentiment plutôt agréable, le texte présente un aspect épuré, décharné, qui correspond bien à l'ambiance. Et puis, après tout, chacun sa lecture !

   troupi   
22/5/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Superbe, j'ai aimé : la construction verticale, la ponctuation supprimée, le rythme, une multitude d'expressions imagées que je ne vais pas citer il y en a trop.
Assurément une bien belle écriture.
C'est assez gonflé comme expérience d'imaginer une lettre de Verlaine à Rimbaud mais je trouve l'exercice réussi.

Edit : ha ha !!! Arielle je t'assure que je ne t'avais pas reconnue.
Bonne journée.

   Anonyme   
22/5/2017
Bien que le sujet soit inhabituel chez toi, en Espace Lecture j'ai instantanément reconnu ta patte assurée, discrète ; un velours glissant sur un tapis de soie... Et c'est bien le problème en l'occurrence, à mon avis : le message est d'Arielle à Rimbaud sublimé, non de Verlaine au Rimbaud qu'il a connu et sur qui il tira un coup de revolver.
Leurs relations étaient plus orageuses qu'un "âpre oxymore".

Alors, tout coule, tout est pair est beau, on a certes des poings d'écorcheur, le faux cresson bleu fait un clin d'œil, les tripots promettent un enfer glauque, le pavé est gras (quel cliché !), l'ivresse noire... Tout cela est bien trop sage à mon avis, peine malgré le rappel du "vil cabotin pétri d'injures" à exprimer la violence, le sordide, le désespoir, qui marquaient ces deux êtres s'efforçant d'arracher la Beauté de sa boue.

Quelques vers que je trouve fort beaux, malgré le pavé gras :
tu soulevais
du pavé gras
tant d’étincelles de génie
que sous tes pas
Londres flambait

S'ils se posaient en contraste avec du chaotique, du pénible, de la douleur, je les porterais aux nues. Mais tout le poème est à mon sens beaucoup trop univoque pour son sujet, trop lisse. Et c'est grand dommage parce qu'en soi il a beaucoup, beaucoup d'allure !

Il m'est impossible de dire comment je l'aime : je le trouve très beau et très inadapté. Je m'abstiens donc d'évaluer et espère que tu ne m'en voudras pas de t'exprimer sans fard mon ressenti. C'est la marque du grand respect que je te porte.

   Bidis   
22/5/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Hormis une restriction que je fais ci-après, je trouve ce poème splendide mais surtout, surtout, il ne trahit pas, à mon estime, les poètes évoqués et là se trouve la gageure.
Pourtant, la première strophe a failli me faire abandonner ma lecture. Sans doute, ce "poings d'écorcheur à l'oeil faïence" m'a-t-il tout de même interpellée et bien heureusement, car ensuite j'ai été empoignée. Mais je trouve "enfant-loup" un peu banal, un peu cliché, pour "oxymore", je dois aller consulter le dictionnaire, et je trouve "caricature d'innocence" totalement faux : Rimbaud poète était l'innocence même, en tout cas certainement pas sa caricature et surtout pas dans l'esprit de Verlaine.
Sans cette première strophe, j'aurais augmenté mon évaluation.

   papipoete   
22/5/2017
bonjour Arielle,
Qu'il est grand dommage pour moi d'être si peu lettré ; cela me permettrait de goûter à la richesse de votre poème !
Mais je laisse à d'autres le plaisir de savourer vos vers ; je ne doute pas qu'ils se régaleront !

   Pouet   
22/5/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bjr,

Très très beau. Impressionnant, n'ayons pas peur des mots. Je parle des images, du rythme, de la force évocatrice. Pour le fond je sais pas trop n'ayant lu ni Rimbaud, ni Verlaine, (ni Baudelaire d'ailleurs...) Et ne connaissant rien ou très peu à la relation entre les deux poètes évoqués ici. Il me semble, mais cela n'engage que moi, que cette "lettre" pourrait aisément être celle d'un ami, d'un amant, inconnu.

Ce poème est puissant.

Un très grand plaisir de lecture, pas envie d'en dire plus ni de citer quoi que ce soit.

Merci.

   Anonyme   
22/5/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'ai beaucoup d'admiration et de fascination pour Arthur Rimbaud, poète surdoué qui choisit de se taire et de se transformer en voyageur-aventurier à l'âge de 20 ans. Et Verlaine, dans un registre fort différent, est aussi un poète hors normes.
C'est donc pour moi une très bonne idée d'avoir imaginé Verlaine s'adressant à Rimbaud, exilé en Afrique.
Beaucoup de beaux vers dans ce texte :

"Toi l’enfant-loup
âpre oxymore
piéton de l’air et paysan"

ou encore :

"tu soulevais
du pavé gras
tant d’étincelles de génie
que sous tes pas
Londres flambait"

et les derniers vers

"loin de nos anciens parapets
loup qu’affame une folle errance
les crocs cloués sur ton silence"

Et l'enfant-loup s'est tu, définitivement...

   Proseuse   
22/5/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Arielle,

Votre poème est très beau et j' ai eu grand plaisir à le lire, quant au fond, sans doute êtes vous dans une proche hypothèse de "leurs" réalités , mais les relations entre ces deux poètes devaient être tellement complexes et fougueuses qu' il m' est bien difficile d' avoir un avis juste sur le contenu du poème, je l' avoue !
En tout les cas, le moment passé à vous lire fut un régal poétique, merci !

   Anonyme   
22/5/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Arielle,

Je ne sais pas si le contenu de ton histoire est plausible, car je ne me suis jamais vraiment intéressé d’aussi près à ces deux oiseaux. Mais ce portrait de Rimbaud me parle un peu comme l’image d’Epinal qu’on retrouve dans les résumés de sa vie et de son oeuvre. Heureusement ta plume sublime les états d’âme d’Arthur. C’est un texte narratif de grande qualité, qui ne s’encombre pas de recherche poétique très poussée, mais qui révèle un talent sûr d’observatrice. Tu as su caractériser le poète avec de jolis mots, malgré un premier degré apparent.

Et puis je suis heureux de te lire à propos de Verlaine et de Rimbaud. C’est pour moi une belle consolation. Je suis resté bloqué au niveau du CE, sur mon dernier texte refusé, mais écrit un peu dans le même esprit narratif que le tien. J’y évoquais quelques poètes disparus. Voici la strophe qui leur était consacrée :

Dis-moi dans le cresson du val
Lèches-tu si souvent l’œillet
De poète dont tu raffoles
Comme les sanglots de séné
D’un zutique vissé
Sur ton aîné Popaul


Le tien est tellement plus romantique :) Ça me permet de tourner la page avec le sentiment de n’avoir pas tout à fait travaillé pour rien.

Merci à toi

Ludi
Caca boudin

   Robot   
22/5/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ce poème en forme d'adresse supporte des expressions fortes et originales qui conviennent bien au thème évoqué dans la présentation.

   emilia   
22/5/2017
Un texte percutant et bien documenté sur les amours tumultueuses de ce célèbre couple poétique, à la fois amants infernaux et ennemis jurés, mais, ayant partagé des moments d’osmose créatrice sublimant la part sombre de leur vie privée dans celle plus lumineuse de leurs œuvres inoubliables évoquées en pointillés…( « Le ciel est par-dessus le toit… », écrit par Verlaine lors de son emprisonnement après avoir tiré sur Rimbaud, ainsi que « Le rêve familier » avec ce caractère obsédant de la quête de l’Idéal et de la réciprocité face aux « moiteurs de (son) front blême » … ; puis en parallèle Rimbaud et son « Bateau ivre » confronté à « l’amère Beauté d’une « Saison en enfer » où il se désigne lui-même comme « un ange dispensé de toute morale »… ; merci à vous pour cette évocation avec juste un petit bémol (si vous me permettez de donner mon avis) concernant le « piéton de l’air » que je trouve moins poétique que « l’homme aux semelles de vent »…

   Anonyme   
22/5/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir Arielle... Je ne suis pas expert concernant l'un ou l'autre de ces protagonistes mais je retrouve tout de même ici, à travers tes images, un condensé de leur vie tumultueuse... et le mot est faible !

Parmi d'autres, j'aime bien ces quatre vers...

Dis, qu’as-tu fait de ta jeunesse
des tumultes de ton front pâle
plein d’éminences
et de promesses ?

Sachant que Rimbault n'aura véritablement écrit que durant deux ans... c'est une bonne question !

Conclusion, ce poème est un exercice périlleux, sans filet et sans ponctuation, et moi qui suis "plutôt" classique, j'y ai tout de même trouvé le plaisir de la lecture et de la redécouverte de ces deux Grands de la poésie française.

Bravo et merci !

   funambule   
22/5/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'aime cette façon de respirer les mots de sauter la ligne plutôt que ponctuer... et forcément le sujet m'émeut de tant de déclinaisons dont il fut l'objet. Et pour ce qui est du ton, de l'orientation, le fait de ramener à plus de réalité, juste à côte des fantasmes forgés par la légende me semble une option tellement plus "humanisante" que je ne peux qu’adhérer à ce regard doux et fin... fut-il subjectif... ou pas ?

   Arielle   
24/5/2017

   luciole   
25/5/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce que j'aime dans ce poème c'est le jeu savant des rimes et assonances internes, la musique de l'octosyllabe et les images bien trouvées comme " à l'étroit jusque dans ta pipe" par exemple.
J'aime bien aussi Londres qui flambe sous les pas du poète et beaucoup d'autres choses.
Bravo.

   Anonyme   
2/6/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Bonsoir,

La "carrière" de Rimbaud après qu'il a renoncé à écrire est des plus énigmatiques, donc des plus fascinantes : tandis que Verlaine vivotait, connaissait des moments de transfigurations et des rechutes les plus noires, avant de mourir sordidement parmi les prostituées les moins recommandables, "l’homme aux semelles de vent" était soldat, déserteur, trafiquant, à des milliers de kms de paris et de Londres.

J'ai bien aimé les images qui abondent dans ces strophes nostalgiques et amères, quoique j'eusse préféré que votre Verlaine chantât dans un style qui se rapproche plus du sien : en strophes rimées, nuancées et ultra mélodiques.
Sans cela, on entend votre chant à vous, Arielle, et non le sien. Un chant qui reste, je l'ai dit, très agréable à entendre.

A.


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