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Poésie néo-classique
Arielle : Du côté des écluses
 Publié le 13/11/10  -  20 commentaires  -  931 caractères  -  606 lectures    Autres textes du même auteur

Le long de quais que ronge infiniment l'ennui...


Du côté des écluses



Mouette médusée par l’eau grasse qui luit,
Cognant au ventre lourd des péniches recluses,
J’ai longtemps tournoyé du côté des écluses,
Le long de quais que ronge infiniment l’ennui.

Alors que je frôlais, gracile, d'un coup d'aile,
La lente digestion des gros chalands repus,
Leur torpeur ampoulée, ces déités mafflues
Ignoraient les échos de mon cri-sentinelle.

Lessives alignées comme une allée de sphinges
Leurs plus folles lubies empestent le mazout
Et bercent mollement leurs manches qui s’égouttent,
Mornes chaos pincés sur une corde à linge ;

Car ces monstres piégés aux mailles des canaux,
Rotant dans le courant le trop-plein des cambuses,
Courbent au ras de l’eau leur étrave camuse
Et ne lèvent jamais le nez vers les oiseaux.


 
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   framato   
3/11/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
J'adore le dernier vers qui me fait penser à "quand on a des visières, on ne regarde pas le ciel" de Maxime le forestier. (il est vraiment sublime !)

Avant ça, je trouve le texte assez pompeux et verbeux, abusant de manque de simplicité. La recherche à outrance de la rime le rend assez "forcé" (genre recluse / écluses). Plus loin, gracile me semble plus essentiel à la métrique qu'au sens. Digérer des chalands, pourquoi pas, mais l'image m'échappe. Les lubies me donnent la même impression d'un mot choisi parce que sa métrique conduit au mètre, sans que son sens ne soit primordial.
Les péniches passent et ça pue le mazout, mais c'est aussi le linge qui sèche sur des fils de soleils. De belles choses, par moment.

Assez mitigé au final, mais non d'un chien que ce dernier vers est beau !!!

   ristretto   
6/11/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
interessant ce thème
contraste entre ces belles (oui tout de même belles - en fait j'adore les peniches) joufflues , lentes et impassibles, parcourant les canaux et semblant hors du temps et cet oiseau libre léger virevoltant où bon lui semble

de belles sonorités,
bien aimé cette lecture et je retiens "ampoulée" :-) cela leur va à ravir
merci

   bulle   
13/11/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'aime énormément l'atmosphère de ce texte.

Cette sobriété apporte beaucoup de puissance.
Une belle harmonie, des sonorités subtiles.

Un effet vague à l'âme s'en échappe et se distille dans toutes les lignes.

Le vers final est un must que j'apprécie particulièrement.

   Anonyme   
13/11/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Arielle ! Voilà une mouette dotée d'une bien jolie plume... J'aime beaucoup ce poème teinté de mélancolie comme j'aime les péniches et chalands au fil de l'eau ; ceci explique sans doute celà ! J'ai retenu ce passage que je trouve très beau :
J’ai longtemps tournoyé du côté des écluses,
Le long de quais que ronge infiniment l’ennui.

Pour l'avant dernier vers j'aurais bien vu " leurs étraves camuses", juste pour la liaison "leurs é", plus douce à la lecture.
Je rejoins les commentaires précédents, le dernier vers octroie à ce poème une superbe chûte
Bravo l'artiste ... Alex

   pieralun   
13/11/2010
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Je suis certain d'avoir déjà commenté ce texte en aveugle, et il mérite d'être à nouveau commenté.
Je rejoins Framato, le dernier vers est sublime! et il est tellement rare, même chez nos grands anciens, de vibrer autant sur un vers qui porte à lui seul l'essence de la poésie dans sa simplicité, que je comprends mal son appréciation.
La première strophe est parfaite, sobre, lourde malgré le vol de l'oiseau engoncé dans ces écluses noires où pèsent les péniches; pas de couleur.
J'aime la seconde strophe, sur un thème identique elle oppose à la légèreté de l'oiseau et de son cri à l'indifférence et la lenteur des bateaux au ventre lourd.
La dernière strophe est le chef d'œuvre qui clos le poème, et je ne sais qu'elle appréciation j'aurai pu donner si cette malheureuse troisième strophe, dont le poème se passerait aisément, n'était présente.
Je comprends que l'auteur ait voulu aller plus loin dans la description de la vie sur les péniches, mais celle-ci est totalement en marge de l'oiseau qui disparait brutalement, les vers sont moins fluides, et la rime " mazout - s'égouttent " est mauvaise à tout point de vue.
Alors Arielle, si je ne retiens que 1-2-4 que j'ai lus et relus à haute voix, compte tenu que plusieurs très beaux vers ( 3, 4, 6, 14, 15 et le magnifique 16) m'ont emporté, que le thème qui oppose l'oiseau aux bateaux lourds m'a enchanté par la simplicité de son traitement, la rigueur des mots utilisés qui relèvent la beauté de l'ensemble, je ne pense pas avoir lu plus belle poésie classique sur Oniris et je te remercie pour ce moment magique.

   widjet   
13/11/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Et bien moi, j'applaudis !

Il est bon de se dire que certains utilisent avec savoir faire toute la richesse et la diversité de notre langue. J'aime cette personnalisation des objets (chalands) et l'humanité sous-jacente qui se dégagent (de la mouette en l'occurrence), le tout parsemé de mystère et de mythologie. Le dosage est parfait pour créer ce sentiment de regret.

J'aime surtout la mélancolie qui se dégage de ce texte, il y a quelque chose comme une démystification ; la fin d'une relation entre les hommes (personnalisés par les bateaux) et la nature qui ne prennent plus de le temps de se parler, de s'écouter, de se voir (beau dernier vers à ce titre), bref cette non-communication.

L'approche est subtil et le récit touchant, il y a une beauté sombre et triste (élégiaque pour être aussi délicat que l'auteur) dans ces vers. Je ne suis pas client de poésies, mais celle ci me parle, me touche. Arielle avec son style et son regard singulier est à mes yeux une des grandes poétesses de ce site.

Pour s'en convaincre, lisez et relisez ce texte et aussi La Beauté

Très grand bravo

W

   Raoul   
13/11/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Voilà un texte qui me parle de voyage immobile.
J'aime le léger balancement de ces vers réguliers comme des clapotis, la richesse sans pédanterie du vocabulaire, ce goût pour le mot juste, délicieux.
Et cette idée de plume mouette… Pas de facilités.
Le dernier vers, le meilleurs, vient parachever le tout avec une délicatesse… Chapeau!
Enchanté de cette lecture.
Merci beaucoup.

   Flupke   
14/11/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Arielle,

superbe, le point de vue d'en haut de cette mouette sur les artefacts des humains. Jolie valse des mots, délicieusement subjectif.
Monstres rampants prisonniers égocentriques contre mouettes légères et libres, le contraste est fort bien rendu. Bravo.

Amicalement,

Flupke

   Anonyme   
15/11/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai été vraiment séduit par ce texte aux accents nobles et formidablement classiques où la musique s'invite royalement. Le champ lexical est judicieusement choisi. Je relève, entre autres : "j'ai longtemps tournoyé du côté des écluses; le long des quais que ronge l'ennui" mais aussi : "Courbent au ras de l'eau leur étrave camuse, et ne lèvent jamais le nez vers les oiseaux" (très beau). Merci pour cette lecture qui fera date sur le site.

   Arielle   
16/11/2010

   Lechat   
16/11/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Arielle,

La personnification des bateaux sous forme de "deités mafflues" "au ventre lourd" en regard du vol de la mouette est une très belle image magnifiquement mise en mots.
La métaphore est développée tout au long du texte pour terminer sur l'image de "l'étrave camuse" qui ne relève pas le nez.
Superbe.

   LeopoldPartisan   
17/11/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Toujours épaté par ce savoir faire dont je dois le reconnaître, le format m'est trop restrictif. Dès lors lorsque parfois et hélas rarement je découvre des petites perles de vers comme ce poème en recelle, je me pâme devant elles, comme un enfant devant son premier sapin de noël...

C'est pour cela que les deux derniers paragraphes me paraissent vraiment excellents, vocabulaire, images, tournures stylistiques.

Lessives alignées comme une allée de sphinges
Leurs plus folles lubies empestent le mazout
Et bercent mollement leurs manches qui s’égouttent,
Mornes chaos pincés sur une corde à linge ;

bravo

   David   
25/11/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Arielle,

Drôle de rêve pour un oiseau d'attirer l'attention des ces bateaux poussifs, alors même que le ciel est à lui. Il y a une mélancolie des éléments dans ce lieu où ils se rencontrent "du côté des écluses". Et le lieu est "sans âmes", les guillemets pour l'expression, ça ne vient pas du texte, mais c'est bien un autre de ces contrastes.

C'est très jolies ces rimes en "use" : recluses/écluses/cambuses/camuse" mais c'est le côté un peu loufoque de la troisième strophes, pour l'image de a corde à linge ou bien le son aussi, et le sphinge, c'est le monstre à l'énigme ! Mais pas de devinette il me semble, juste un paysage passé à des couleurs tristes et gaies à travers des personnages "mouette médusée", "étrave camuse", à la fois grotesques et tendres.

   Anonyme   
29/11/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Dans les deux derniers vers , une chute à la manière des trophées de Hérédia .Mais , à mon avis, pour le rythme d' ensemble, il aurait fallu deux tercets à la fin et non deux quatrains, c' est à dire faire un sonnet.

   Anonyme   
22/12/2010
Bonjour Arielle, mes félicitations pour ce poème, la dernière strophe est particulièrement réussie. C'est le premier vers qui a polarisé mon attention, d'abord j'ai bien failli rester, moi aussi, médusé et ne pas poursuivre la lecture. "Mouette médusée" , avancé ainsi sans préposition, m'a fait penser à une technique de kung-Fu ou encore à Hecate, devant une marmite bouillonante, lançant mouette médusée entre deux pattes de poulet. Et puis ce vers que je trouvais insurmontable, j'ai fini par l'apprécier, d'une part parce qu'il fige les mouettes autant que le lecteur, d'autre part, sa valeur semble se mesurer eu égard au dernier vers. La structure du poème est remarquable, l'opposition entre la légéreté et la lourdeur parcourt le fond autant que la forme. Le choix des comprés est aussi audacieux pour la péniche que judicieux pour l'oiseau ( un peu convenu). Toute la description des péniches me plaît beaucoup, notamment "leur étrave camuse" et les grosses joues. ces deux métaphores apportent de l'humour qui allège un peu la gravité du champ lexical"cri-sentinelle" "morne chaos" "monstres piégés". Quant au sens si confortablement installé dans l'opposition symbolique, il s'est dévoilé pour moi au dernier vers. Au début, je pensais lire un de ces textes où l'auteur s'infatue de son acuité spirituelle et sensible. Poète surplombant la masse ...
Pour ensuite découvrir un discours plus universel, peut-être politique, peut-être écologique, surtout poétique.

Cette troisième strophe ? Ces sphinges ?
??? Je passe, c'est pourquoi je ne laisse pas d'appréciation.

   Anonyme   
31/12/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
je me suis promenée du coté de ces écluses avec un sentiment infini de mélancolie, mais avec grand plaisir.
En effet, l'atmosphère d'ennui lancinant, d'incompréhension, de désespoir presque, est rendu à merveille.
L'idée de voler à hauteur de mouette m'a beaucoup plu, et le vocabulaire, choisi, est pour moi un régal.
Merci pour ce moment.

joceline

   Anonyme   
21/1/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bien troussé, et belle musique. Cela coule avec langueur comme le font les canaux.

Je passe sur l'excellence pour dire ce qui aurait mérité une reprise.

" J’ai longtemps tournoyé du côté des écluses,
Le long de quais que ronge infiniment l’ennui. "
Cet " infiniment " à prononciation saccadée, casse un peu le rythme lent qui s'écoulait jusque là.
Que pensez-vous alors et tout simplement de : " lentement " ?

" Mornes chaos pincés sur une corde à linge ; ". Cette " corde à linge " me dérange un peu : peut-être aussi pour une question de rythme, ou parce que, alors que nous naviguions sur des mots-poésie, cet accessoire ménager nous rappelle à une réalité domestique.

En passant : " Ignoraient les échos de mon cri-sentinelle. " me fait penser à la beauté de certains textes de Léo Ferré.

Enfin, pour la fin : " Et ne lèvent jamais le nez vers les oiseaux. "
J'aurais préféré lire : " Et ne lèvent jamais le nez pour voir les oiseaux. " Cela aurait rendu "ces monstres pièges " plus humains.

C'est la première fois que je critique ici un texte, c'est un exercice délicat surtout pour une oeuvre de cette qualité.

Bonne continuation.
jarola

   luciole   
25/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un poème riche d'images plus belles les unes que les autres. Si je devais les relever, ce serait tout le poème que je recopierais. C'est très fort.
ça me donne envie de peindre

   troupi   
25/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Arielle.

Je ne sais si j'avais déjà lu ce poème, le néo-classique te va comme un gant et je suis content qu'il soit remonté des profondeurs d'Oniris.

"Le long de quais que ronge infiniment l’ennui."
"Et ne lèvent jamais le nez vers les oiseaux. "

Ces deux vers me plaisent nettement plus que les autres qui sont pourtant à la hauteur de ton talent.

Cependant j'ai une préférence pour ton écriture d'aujourd'hui car elle est plus épurée.

   jfmoods   
13/8/2017
Ce poème en alexandrins, composé de quatre quatrains à rimes embrassées, suffisantes et riches, majoritairement féminines, s'inscrit dans la tradition baudelairienne.

Une ligne de force sépare le monde de l'air et celui de la terre. L'oiseau, léger (adjectif qualificatif : "gracile"), libre (complément de manière : "d'un coup d'aile", verbe de mouvement : "J’ai longtemps tournoyé"), métaphore du poète, plane au-dessus du port. Le lieu survolé, image d'une société asservie par ses instincts (personnifications avalisant les suites d'un repas trop copieux : "au ventre lourd", "La lente digestion des gros chalands repus", "Rotant dans le courant le trop-plein des cambuses"), se trouve confiné dans l'assoupissement, l'inertie (oxymores : "leur torpeur ampoulée", "ces déités mafflues"), dans une quotidienneté abêtissante matérialisée par les tâches ménagères (image de l'évier après la vaisselle : "l'eau grasse qui luit", comparaison entérinant le lavage mené à terme : "Lessives alignées comme une allée de sphinges", métaphore du séchage : "Mornes chaos pincés sur une corde à linge"), dans l'inéluctable aliénation des consciences (personnification : "les péniches recluses", animalisation : "ces monstres piégés aux mailles des canaux"). Englués dans le temps (allégorie : "Le long de quais que ronge infiniment l’ennui"), les individus, l'imaginaire en berne, sont incapables de s'élever au-dessus du sol, de rêver leur vie (complément de lieu : "au ras de l'eau", personnifications : "leurs plus folles lubies empestent le mazout", "bercent mollement leurs manches qui s’égouttent", "leur étrave camuse"). Stagnant dans un abrutissant prosaïsme, dans le cycle des contingences matérielles, ils ne peuvent entendre le message salvateur, libérateur, envoyé par le poète (personnifications : "les échos de mon cri-sentinelle", "ne lèvent jamais le nez vers les oiseaux").

Merci pour ce partage !


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