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Poésie néo-classique
Ascar : Retour des courses
 Publié le 25/03/24  -  10 commentaires  -  1502 caractères  -  173 lectures    Autres textes du même auteur

Poème noir.


Retour des courses



Les lanières du sac me compriment les veines.
Je garde le dos droit tout en serrant les dents
Évitant le chemin des plus vieux résidents
Qui mène au bâtiment des existences vaines.

Qu'est-ce qui pèse tant (aussi lourd que des chaînes)
Qu'à chacun de mes pas, je frôle l'accident
Comme si, de mon corps, j'étais un dissident :
Le ciel gris, le pack d'eau ou bien de sombres peines ?

Avec leur petit cœur plus léger que du liège,
Les enfants, dans la cour, semblent vraiment heureux.
Ils subliment l'instant ignorant qu'au fond d'eux
L'œuf éclos de la mort a libéré son piège.

Attendant le feu vert en bon mouton qui bêle,
J'observe cet ado qui traverse en courant.
Me mordant les lèvres d'être entré dans le rang,
Je me souviens du temps où j'étais plus rebelle.

Enfin à la maison ! J'entrebâille la porte
Et retiens le museau de mon cocker grognon.
Il me reste, du cœur, un semblant de trognon.
Je le garde pour lui car son amour me porte.

Voici déjà le soir qui abaisse son ombre.
Je saisis mes cachets pour trouver des couleurs
Et repeindre ces sens trop empreints de noirceurs.
Une fois avalés, je m'attaque au concombre.

Fourbu d'avoir couru, mon chien dort sur sa couche.
Me glissant sous les draps, je croise son regard.
Qu'il est beau son portrait réalisé sans fard !
Chaque nuit je pleure qu'un jour on se retouche…


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Gemini   
7/3/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Bon poème sur la grisaille de ces vieux jours où l'existence V4 prend le pas sur la vie. On constate à regret l'étendue du désastre V5,6,7 en sachant que la sanction nous attend tous V12 , et que les beaux jours sont derrière à jamais V16.

Dommage ces quelques légères fautes d'orthographe et de prosodie (dont une facilement réparable) qui font buter la lecture (le début est très réussi).
Pour le sens, j'aurais mis « rouge » au "feu vert" (du point de vue piéton on traverse au feu rouge), et surtout, j'ai eu un mal de chien à saisir le dernier vers en me demandant s'il ne fallait pas lire "le" au lieu de "se".
De plus, la finesse du tiret ne m'a pas paru évidente. Retoucher le portrait ? Se re-toucher dans la mort ? Déçu de n'avoir pas compris.

Dommage, parce que la petite vie de cet homme et de son chien bien-aimé (on visualise bien la tête d'un cocker), dans sa banalité, est bien décrite. On pourrait même dire que ce texte les sort de leur banalité ! On se prend de sympathie pour ces deux êtres qui coulent leurs vieux jours en passagers stoïques du naufrage.

Assez bien écrit, simplement, sans fioritures ou recherche de style, et avec un ton posé (mi-résigné, mi-désabusé) et un regard lucide, qui conviennent bien à ce narrateur dont les courses (bon titre) semblent être l’activité principale de la journée.

   GiL   
7/3/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
J’aime beaucoup le ton de ce poème qui s’attache à une séquence ordinaire de la vie quotidienne, relatée sans prétention et qui resterait prosaïque si chaque observation faite, chaque situation rencontrée ne donnait lieu à une réflexion existentielle désabusée, une petite échappée poétique… Par exemple : « Qu'est ce qui pèse tant… Le ciel gris, le pack d'eau ou bien de sombres peines ? ». Dans cet esprit j’adore le troisième quatrain.

Les vers, plutôt bien tournés, se déroulent sans anicroche, les rimes embrassées sont parfaitement classiques, mais… Mais, cher poète, le poème n’est pas classique car l’alternance M/F n’est pas respectée d’un quatrain sur l’autre (de plus le v8 comporte un hiatus et le v15 une césure lyrique).
Quelques coquilles vous ont échappé à la relecture : majuscules en début des v3 et 4, orthographe au v8 et au v11.

Un mot à propos de la chute du poème : l’idée exprimée est excellente mais, à mon avis, la formulation n’est pas à la hauteur de l’idée, je pense que si les trois derniers vers étaient mis à la deuxième personne, la chute y gagnerait beaucoup ; enfin, le dernier vers est pénalisé par la trivialité de l’expression finale (pourquoi ne pas terminer sur le mot bouche ?).

Merci pour cet agréable moment.

GiL en EL

   Lebarde   
8/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Passons directement aux quelques petites rares et insignifiantes broutilles qui font pourtant tâches en classique auxquelles il sera peut-être possible de remédier avant publication, si elles sont évasivement signalées:
Dans l’ordre:
- les majuscules à mettre là où elles sont nécessaires,
- la confusion orthographique ( trop souvent faite) entre le fond du trou et le fonds de commerce …et aussi entre le mariage ou accord européen et celui d’eau ou de rugby…
- le hiatus de la sixième strophe.

Sur le fond j’aime assez bien cette énième façon de traiter la vieillesse et ses affres, à travers les difficultés à assurer les tâches journalières et à porter les courses en “évitant le chemin des vieux résidents/qui mène au bâtiment des existences vaines”( belle trouvaille si je comprends bien ) pour parler de l’Ehpad dans lequel on veut retarder d’entrer.
Les pas toujours plus lourds qui pèsent “comme des chaînes”, et la vision nostalgique: “des enfants dans la cour qui semblent vraiment heureux” et de l’ado qui traverse en courant au feu rouge…alors que j’attends en bon mouton,qu’il passe au vert…
“Je me souviens du temps où j’étais plus rebelle”.

Il y a bien le chien le compagnon fidèle de tous les jours, qui lui aussi est fourbu d’avoir trop couru…

Tout est si bien dit avec une pudeur touchante, une retenue pourtant suggestive, dans une écriture métaphorique, légère et délicate.
Bravo pour ce joli “poème noir”, dont la lecture ne manque charme.

En EL
Lebarde

   Ornicar   
16/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Voilà un poème bien ancré dans le réel jusque dans le choix du titre ("Retour de courses") qui tourne autour du quotidien pas folichon de son narrateur vieillissant. On ne peut faire plus basique. Il est donc inutile et vain de chercher de belles images qui font "pôôôésie", encore moins de l'onirisme, ce serait totalement déplacé. Pour autant, ce texte ne manque ni de sensibilité, ni de ressorts narratifs. L'ambiance est grise, terne à souhait et l'horizon, étroitement circoncis ou bouché. De jolies formules disent avec éloquence et force les maux de la vieillesse : "bâtiment des existences vaines" - "comme si de mon corps, j'étais un dissisdent" - "il me reste, du coeur, un semblant de trognon".

Seule la chute avec ses deux derniers vers ne m'a pas semblé claire. Il a fallu m'y reprendre à deux fois pour tenter de comprendre la situation. Je vous livre donc mon hypothèse. Je pense que le gentil coker, contrairement à ce que nous donne à voir la strophe 5, est bel et bien mort puisqu'il ne s'agit que de son "portrait" et que son maître "chaque nuit (le) pleure". Si cette hypothèse est confirmée, cela ajoute encore une dimension dramatique au texte. Celle de la solituide puisque même l'animal de "compagnie" est mort. Vraiment touchant, ce vieil homme.

Je me suis également interrogé à propos du vers 12 ("L'oeuf éclos de la mort a libéré son piège"), qui ouvre, il me semble, une réflexion sur la condition humaine. Dans une interprétation étroite, je vois là une métaphore "classique" de la vieillesse, antichambre de la mort. Dans un sens plus large, j'y vois l'absurdité de la condition humaine puisque aussitôt nés, tirés du néant, nous sommes condamnés à y retourner. Quand on donne la vie, dans le même temps on donne aussi la mort.
Un texte plus profond qu'il n'y paraît au premier abord.

   Pouet   
25/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Slt,

le contraire de retour de courses ça pourrait être aller au pas.
Dans ce poème j'ai bien aimé la fausse légèreté qui s'en dégage, un peu cynique. Tout ce qui est dit entre les lignes, c'est ça qui me plaît. Une profondeur qui ne s'impose pas.
J'ai particulièrement apprécié le cinquième quatrain.
Un texte qui semble évoquer le quotidien, la vacuité, les apparences.
Une certaine solitude aussi, noyée dans un paysage urbain.
J'apprécie le ton qui crayonne noir sans trop appuyer sur le fusain, il y a des touches très présentes de réel qui allègent le sac de courses existentiel.

   papipoete   
25/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
bonjour Ascar
heureusement, j'ai mon chien qui m'attend !
sur ce chemin, mes pas pèsent une enclume de tristesse et je fixe mon regard sur ces enfants qui jouent, et courent sur ce trajet de vieux, qui avancent d'un pas lent, jusqu'à l'Epad là-bas,
moi, j'ai mon chien qui m'attend, sans jamais faire la gueule, devant ma mine grise comme toujours, depuis que tu n'es plus là... mais je prendrai mes cachets de toutes les couleurs, et ça ira ! je ferai comme si tu devais rentrer... à la maison
NB voilà ce que votre texte me dicte comme scénario, que je ressens à travers vos mots...
la dernière strophe ainsi, selon mon scénario, a ma préférence.
je vois des dodécasyllabes bien ordonnés

   Eskisse   
25/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Ascar,

J'ai bien aimé le ton qui nous fait sourire en pensant à nous-mêmes et la pesanteur, la mécanique du corps ( "dents", "corps" , "veines" ,"pas"), hyper présente qui illustre bien la définition du rire de Bergson: " mécanique plaquée sur du vivant". L'image du protagoniste "dissident" de son corps est drôle et bien trouvée.
Une dérision qui fait mouche, une vie lasse de regrets.
Un poème qui touche à l'universel.

   Provencao   
26/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Ascar,


"Enfin à la maison ! J'entrebâille la porte
Et retiens le museau de mon cocker grognon.
Il me reste, du cœur, un semblant de trognon.
Je le garde pour lui car son amour me porte."

J'ai particulièrement aimé ce quatrain, où même les clichés profondément épuisés font force de maîtrise. Il paraît malheureusement de ne plus posséder que des semblants de trognon, mais ce n'est pas ne plus rien avoir, c'est " je pleure qu'un jour on se retouche"

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Ascar   
29/3/2024

   Yannblev   
2/4/2024
Bonjour Ascar,

La question est éternelle : l’alexandrin et la rime à son bout sont ils bien suffisants pour faire d’une évocation un poème ? peut-être bien, mais pour être « poésie » ça semble moins évident.

Cette tranche de vie que vous rapportez ici avec un réalisme évocateur et bien écrit, aux images assez parlantes et des suggestions, réflexions, poétiques pour le coup, suffisent indubitablement à percevoir le poème cinq sur cinq. Mais, (et ceci ne concerne que mon ressenti qui ne veut pas dire grand-chose) le choix du prosaïsme avant tout pour décrire les sentiments que génère une situation banale et inévitable, la vieillesse et ses ordinaires, ne me semble pas obligatoire.
Faute de « merveilleux » quelque part, pour éloquent qu’il soit un poème au fond manque quand même un peu de poésie.

Aragon prétendait que lorsque la jeunesse s’est enfuie,
« Il fait beau à n'y pas croire
Il fait beau comme jamais
Quel temps, quel temps sans mémoire
On ne sait plus comment voir
Ni se lever ni s'asseoir
Il fait beau comme jamais »

Souhaitons que le « beau temps » ne nous manque jamais trop.

Merci du partage.


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