Les lames sans ardeur de l'ample ramoneuse
Se succèdent de près, sur un rythme assidu,
Caressant tendrement l'épaule sablonneuse
Qui démange l'îlot – fantasque individu.

Dans un songe d'azur, un matin narcotique,
L'onde dépose là, face aux contours sableux,
Un paresseux nageur de l'abîme aphotique
Qui se tord sans décence au bout des longs bras bleus.

L'homme indolent finit, suite à ses longs périples,
Par se figer enfin sur le chaud lit doré,
Drapé dans le varech et les saveurs multiples,
Il y retient son souffle, en baigneur honoré.

Un grand cormoran gris lui cajole l'orbite
Qu'il a vide et profonde – autrefois fier château
De l'âme aventureuse à la passion subite
Qui le fit s'engager sur un vaillant bateau.