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Poésie néo-classique
Cendres : Le lac des corbeaux
 Publié le 24/10/12  -  7 commentaires  -  2132 caractères  -  118 lectures    Autres textes du même auteur

Allégorie lacustre, sombre et romantique.


Le lac des corbeaux



Elle fendait l’eau froide et le regard des dieux,
En mouvements soyeux, blanche naïade nue.
Désireuse à jamais des beautés de ces lieux,
Au lac noir, à minuit, elle était revenue.

Sur la rive éloignée où l’herbe avait connu
De ses virginités les plus douces détresses,
Indolente, elle avait du bout de son pied nu
Laissé choir ses habits pour d’obscures promesses.

Sa ferveur n’allait plus qu’à ce lac ombragé
Dont les doigts lui venaient déjà sur les épaules,
Glissant entre la nuque et les cheveux légers
Comme le fait le vent là où pleurent les saules.

Le désir froid des flots submergeait le vaisseau
De ses chairs, l’abîmant d’une étreinte profonde.
Mordant à pleine bouche aux plaisirs abyssaux,
Elle s’engourdissait du baiser d’outre-monde.

Dans l’ébat peu à peu l’eau aimante aspirait
Le filet de son souffle et bleuissait ses veines.
Cette mort lui rendait quelque parfum secret,
Le goût de souvenirs dont ses nuits étaient pleines.

Ainsi paisiblement son corps fut recouvert
Du drap vaste des flots. Sous la lisse surface
La promise sombra dans le trouble univers
Où l’ivresse jamais, plus jamais ne s’efface.

Dans le gouffre un autre être apparut. Des lambeaux
D’eau sableuse sourdaient par ses os et sa tête
Comme hors de bois touffus jailliraient des corbeaux.
Un cadavre attendait dans la flore secrète.

La belle des courants sentit choir un manteau
De courtoise douceur. Cette force légère
Lui rappela celui qui quelques ans plus tôt
L’avait aimée ici sur les bords d’une eau claire,

Cet homme qui eut d’elle au moment du départ
Un autre rendez-vous… que par folle infortune
Elle ne put tenir, du moins avant ce soir,
Dans ce lac où l’amour avait noyé la lune.

À jamais chaque nuit, dans le vaste tombeau,
L’eau sableuse fuira des creux de leurs squelettes,
Comme hors de bois touffus jailliraient des corbeaux
Dérangés par le chant de leurs amours secrètes.


 
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   Miguel   
8/10/2012
 a aimé ce texte 
Un peu
Les vers ont du rythme, de la classe, les images sont romantiques à souhait, l'atmosphère est tout à fait celle du romantisme noir, mais cela sent un peu, tant les éléments attendus s'y trouvent, son exercice de style.
Au reste, je suis plus sensible à "La blanche Ophélia flotte comme un grand lis" qu'à cette histoire de squelettes.
Le "jamais plus jamais" de vers 24 fait un peu cheville, et la longueur de poème même lui fait perdre de sa force.
"Apparut" ne prend pas ici d'accent, ce n'est pas l'imparfait du subjonctif mais le passé simple.

   kamel   
16/10/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

Un beau poème est en train de s'écrire en profondeur dans ce lac des corbeaux,une forte impression se dégage dans un style remarquable d'une histoire d'amour inédite.La lecture est inépuisable, plus on lit et plus on essaie de relire les mêmes strophes pour joindre les deux bouts,le signifiant et le signifié.Une fois encore l'auteur a réussi à faire part de ses sentiments à un large public par des mots pleinement chargés de sens. Métaphore ,allégorie sont utilisées pour exposer ce beau tableau qui dessine parfaitement ce lac.

   domi   
17/10/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
j'ai lu ce poème le souffle coupé par tant de beauté et... par la peur que la longueur ne le gâte :)
peut-être quelques longueurs objectives quand même..?
il s'agit d'une histoire, bien sûr il faut prendre le temps de la raconter, mais vraiment une telle beauté de style au début m'aurait ravie d'avantage dans un texte plus court, ciselé.
pour ne citer que ces quelques trouvailles poétiques :"de ses virginités les plus douces détresses", courtoise douceur", toute la 4ème strophe, etc etc... il y en a tellement, et si belles !
quelques ratés (dus à la longueur je pense) "Un autre être".."quelques ans plus tôt"
une faute d'orthographe ici : elle ne pu (il manque le T à puT).
en fait, toute la deuxième partie, "explicative", aurait peut-être gagné à être écourtée, ou "suggérée" ; c'est mon ressenti.
je suis impressionnée en tous cas !

   stellamaris   
24/10/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément
Une splendeur ! Je suis sous le charme...

Un rythme envoûtant, des images superbes, une lente progression vers la chute, un romantisme noir magnifique... J'adore !

Juste un vers qui, à mon sens, pourrait être amélioré : Le hiatus "l'eau_aimante" me gêne, non pour des raisons prosodiques - on n'est pas ici en poésie classique - mais à l'oreille. Pour ma part, j'aurais plutôt écrit "L'onde aimante"... Mais on est vraiment là dans le détail par rapport à tant de splendeurs !

Avec toute mon amitié.

   brabant   
24/10/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Cendres,


Du romantisme au 'gothisme' il n'y a qu'une brasse, une apnée ici 'funèbrallègrement' franchies. Je retrouve "Ophélia.../... couchée en ses longs voiles" traitée par un Jean Ray qui se serait pris pour 'Shakespearimbaud'. J'aime beaucoup la facture de ce poème ; c'est un orgue puissant qui résonne et vibre sur ce lac 'edgarbaudelairien' - que de références - macabre, où l'amour rejoint la mort en des noces de jais sous l'égide de corbeaux effarés.

"Au lac noir, à minuit..."


Merci pour ce poème !

   rosebud   
24/10/2012
c'est bien embarrassant de critiquer négativement le travail d'un auteur qui a visiblement mis tout son coeur à son oeuvre. Malgré tout, je reste sur une impression défavorable, surtout à cause des préciosités employées:
- de ses virginités les plus douces détresses (pourquoi virginité au pluriel?)
- obscures promesses
- là où pleurent les saules
- le vaisseau de ses chairs
- le drap vaste des flots
- un manteau de courtoise douceur
- folle infortune
- dans ce lac où l'amour avait noyé la lune

C'est, à mon sens, d'autant plus dommage que les très simples:
- l'eau aimante aspirait le filet de son souffle et bleuissait ses veines
ou
- des lambeaux d'eau sableuse sourdaient par ses os et sa tête
sont très beaux, mais trop rares.

   Anonyme   
9/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je pensais que ce poème long m'ennuierait, mais ce ne fut pas le cas. Au final dès la première strophe j'ai été captivé, j'ai suivi ce "Elle", tourmentée, dans ce décor sombre.

C'est une histoire fort bien contée, émouvante. Il faut bien tous ce phrasé intense et dense pour bien expliquer le pourquoi du comment.
Le texte est fluide, il laisse entrevoir à la fois des images douces puis dures. Mais cependant l'ensemble se lit bien plaisamment. Le dénouement nous conduit vers une fin :

" Cet homme qui eut d’elle au moment du départ
Un autre rendez-vous… que par folle infortune
Elle ne put tenir, du moins avant ce soir,
Dans ce lac où l’amour avait noyé la lune. "

Cela me rappelle un de mes écrits, les mots se ressemblent lorsqu'on parle des tourments, de la détresse amoureuse.

J'ai aimé lire et relire ce beau poème touchant.


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