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Poésie libre
Chlo : Stone Butch Blues
 Publié le 06/11/23  -  11 commentaires  -  939 caractères  -  269 lectures    Autres textes du même auteur

À Bonnefoy autant qu'à Feinberg.


Stone Butch Blues



Peut-on dire
Le désir d'une pierre d'être caressée
Cependant qu'elle écrase
Cependant qu'elle extirpe un souffle d'une gorge
Et les amours déçues

Peut-on dire
Que le cœur de la roche au ruisseau qui coule
Aussi brûlante soit sa source
Reste froid que le cœur de la roche
Est une tombe

Peut-on dire
Le vœu du minéral de ne pas être aride
Le vœu d'être fusion d'être liquide d'être lave
D'éruption d'incandescence
Et sans contrôle

De tout emporter tout d'être fleuve
À son tour et de répandre sans détruire
Une sève de feu comme l'épine
Blesse le doigt qui tente de la tordre
Pour mieux tapisser le sol de la pinède

Peut-on dire
Enfin dire vraiment la pierre le silence
Le lit que le courant creuse avec elle
Et le pêcheur qui la regarde sous la vase
Comme un très long et douloureux recueillement


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Gemini   
24/10/2023
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
Je commente parce que personne pour l’instant ne s’est lancé, et qu'il est dommage de laisser un texte sans commentaire.

Tout d'abord, il faut dire que les textes sans recherche de rimes, de métrique et sans ponctuation se classent généralement en catégorie libre.
Ensuite, le titre, une fois la recherche effectuée, renvoie à un livre que tous les lecteurs n'ont peut-être pas lu (faut-il le lire pour commenter ?). Sans sujet, difficile d'avoir un avis.
J'ai été un jour disqualifié d'un concours pour avoir mis en titre celui d'un film des années 60, alors que mon texte n'avait aucun rapport avec le thème du film.
Je ne sais pas dans quelle mesure ces emprunts sont permis sur le site (il existe des droits d'auteur sur les titres).
Enfin, je n'ai pas lu tout Bonnefoy (malgré l’avoir suivi sur France Culture), pour pouvoir proposer un avis éclairé sur ce texte.
Je veux donc dire que je vais le commenter sans savoir du tout de quoi il s'agit.

Les strophes donnent une série de questionnements : "Peut-on dire". Je crois que questionner de la sorte le lecteur le pousse vers un sentiment d'injustice. Mais pourquoi pas ?
Dans la lecture, on découvre la métaphore filée d'une roche ("Stone" sans doute, symbole de dureté ?) au milieu d'un ruisseau. Mais à l’aune de ma petite compréhension, je n’ai pas deviné le parallèle. J'ai relu plusieurs fois les vers en tentant d'en deviner les images ; "sève de feu comme l'épine", "le vœu du minéral… de ne pas être… sans contrôle", "la pierre (Stone, peut-être une fille) que le pêcheur regarde sous la vase", une à une, essayant d’en déduire une idée directrice, mais j'avoue m'être perdu. Cette "Stone" dans le flot (l'opinion publique ?) m’échappe. Faute d'avoir lu le livre sans aucun doute.

J'avais lu un jour qu'un blues ne se décline qu'à la première personne du singulier. Rien de cela ici.
J’espère pour l’auteur que d’autres commentateurs auront lu le livre.

Avec le net sentiment d'être passé à côté, désolé.

   Vincent   
6/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Chlo

J'ai été particulièrement touché par la beauté de votre texte

Je peux dire qu'il en ressort une touchante réserve qui me fait vibrer au plus haut point

J'aime tellement ressentir en un poète un désir profond de faire passer sa sensibilité sans emphase avec mesure


Bravo et merci

   Cyrill   
6/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Chlo,
J’ai trouvé à ce poème une grande force d’évocation, avec une montée en puissance sur chaque strophe à la construction en reprises et sans ponctuation, comme ici : « Le vœu d'être fusion d'être liquide d'être lave ».
Je me suis senti comme un lien de parenté avec le minéral pour lequel le locuteur ou la locutrice prend fait et cause et auquel il ou elle souhaite accorder un "cœur", en quelque sorte. J’aurais aimé en apprendre un peu sur les personnes citées en exergue, peut-être cela m’aurait-il aidé à contextualiser ces vers. À défaut, je les prends tels qu’en leur sens propre : peut-on décider à la place d’une pierre ce que désire une pierre ? La question me semble suffisamment métaphorique pour me parler et le poème recèle en lui assez de passion pour m’emporter.
Attendons donc – peut-être – que l’auteure dévoile un peu son inspiration.
NB : En première lecture, je n’ai pas vraiment réussi à adopter ce « Peut-on dire », il ne reste plus rien de cette gêne.  
Merci pour ce premier partage.

   Corto   
6/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Chlo,
Ce "Peut-on dire" qui se répète force les portes de la défense individuelle pour installer une introspection audacieuse. C'est osé mais efficace.
Se pencher sur le destin et le désir d'une pierre est une superbe idée quand elle ouvre, comme ici, une réflexion infinie, avec des images, des évocations qui nous entrainent dans des destins et des interrogations sans fin.

Je ne saurais choisir une strophe plutôt qu'une autre, la construction est complexe et l'on s'y immerge.
Bravo.

PS: sans doute à cause du "Stone" du titre, j'ai aussi été, pour l'ambiance et l'introspection, renvoyé à la chanson de Maurane "Le monde est stone". Nos neurones sont décidément incorrigibles.

   papipoete   
6/11/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Bonjour Chlo
Première parution sur Oniris ; n'est-ce pas le rêve qui se réalise ?
Pour moi, la première et essentielle joie ;
être commenté, être apprécié... Toute autre histoire !
Comme je lis toute forme, me voici sous vos lignes, qui me font plisser les sourcils... ici, non point fable avec héron ou maligne corneille.
Peut-on dire qu'une pierre ; qu'une roche au fond d'un ruisseau ; qu'un minéral visqueux ; qu'une torve épine ; que l'ensemble peut avec dialoguer ( sans réponses ) avec l'homme ?
Personnellement, je peux le dire ; affirme discuter avec tout ce qui est, vit ou survit ; suffit d'être inventif et patient.
NB façon oxymorique, l'auteur ( e ) fait à ses héros se poser ces questions
- moi, pierre dure et pointue ; ne pourrait-on me caresser ?
- moi roche froide ; même au contact du geyser, ne pourrais-je tiédir ?
et ainsi de suite...
Une remarque pour ma pomme ( suis tombé sur les genoux, sur de méchants cailloux ; n'envisage pas sympathiser avec eux, pour l'instant )
La quatrième strophe me fait penser comme l'épine, à l'ortie piquante malgré qu'on l'effleure ; ne put-on en faire des amies ?
La dernière pensée me plaît bien, hormis son ultime ligne ; je peux regarder ce tableau, sans que ce fut un " douloureux recueillement "
Vous avez écrit " façon vers libre ", à laquelle je reprocherais ses enjambements systématiques, automatiques ; ne pûtes-vous point retenir ces vers " idée par idée "
En outre, il n'est point besoin de commencer toute ligne ( comme alexandrin ou vers rimé ) par une majuscule.
je pense que l'on aura l'occasion de vous relire, encore...

   Eki   
6/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Une entrée réussie sur Oniris...

Un poème minéral où chaque strophe distille son ru sensible.
Les vers sont délicats.
Quelques vers complexes que j'ai eu du mal à aborder, j'ai relu ce texte trois fois.
J'ai aimé ce questionnement comme si la pierre devenait un signe poétique.

Vous évoquez Yves Bonnefoy...peut-être parce, comme vous, il sait parler des pierres.

Par vos mots, la pierre est modelable, devient le sensible.
Nue, froide, différente ne ressemblant à aucune autre si on a le sens de l'observation, tremblante, dormante...si insignifiante parfois mais sachant se révéler aux regards, épouser quelques états d'âme en poésie...et miroir dans le reflet de l'eau...
Dans le fond, nul coeur de pierre !

Regarder au-delà du visible, accepter sa différence...c'est peut-être le lien avec Leslie Feinberg...

"Comme un très long et douloureux recueillement"...la fin apporte cette belle nostalgie à ce texte.

   Luz   
6/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonsoir Chlo,

Très beau poème. Je n’ai pas tout compris ni tout bien ressenti, mais les pierres, les rochers me parlent. Les eaux les rongent — angoisse de devenir terre aride. Je suis le pêcheur qui la regarde sous la vase.
La pierre et l’eau : la vie, nous.

Bravo et merci !

Luz

« Et la surface de l’eau n’est que lumière,
Mais au-dessous ? Troncs d’arbres sans couleur, rameaux
Enchevêtrés comme le rêve, pierres
Dont le courant rapide a clos les yeux
Et qui sourient dans l’étreinte du sable. »

Extrait du poème "La pluie sur le ravin" d’Yves Bonnefoy, dans son livre Les planches courbes publié aux éditions Gallimard.

   Eskisse   
6/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Chlo,

Je salue votre venue et me réjouis de l'originalité du sujet choisi.

Pour moi, ce "peut-on dire" questionne la possibilité de donner l'expression des /aux éléments;
Et ce poème, en cela, me renvoie davantage à Ponge qui se propose : "une rectification complète de (s)on expression...en faveur de l'objet brut".- La rage de l'expression

L'écriture du poème est fondée sur la répétition
-Peut-on dire
-cependant que
-que le coeur de la roche
qui participe, il me semble, de cette volonté de dire, de s'approcher, de traduire les éléments, de dire ce qu'ils ont à dire.

Je le répète j'ai aimé ce choix de tenir le lyrisme à distance dans un style épuré, vigoureux et presque factuel qui fait la part belle à la vie des choses ( le désir d'une pierre / le voeu du minéral / le voeu d'être fleuve) douées de sentiments et de volonté.

Le "enfin dire vraiment" vient ajouter cette idée d'approche " au plus près" et de vérité que l'auteur parvient à atteindre dans ce poème.

   Provencao   
7/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour et bienvenue Chlo,

J'aime beaucoup cette douceur, subtilité et raffinement dans votre poésie, plus particulièrement en cette strophe:
"Peut-on dire
Enfin dire vraiment la pierre le silence
Le lit que le courant creuse avec elle
Et le pêcheur qui la regarde sous la vase
Comme un très long et douloureux recueillement"

J'aime cette force du recueillement qui surmonte toute défaillance et la transforme en force.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   EtienneNorvins   
7/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Texte brûlant / brûlé de glace et de feu - minéral et magmatique,
d'une femme pour une femme - le titre, argotique, et la dédicace rendant ouvertement hommage à Leslie Feinberg...

Le lecteur est pris à témoin d'un affrontement, en même temps qu'une étreinte, de contraires : c'est âpre et tendre, brutal et délicat, direct et tout en nuance... Ma première réaction a été : pourquoi vers plutôt que prose - et puis cela fut résolu dès la deuxième lecture : pour la tension, le chaos, le désordre - en même temps que le lyrisme.

La seule issue semble être la fusion - à la fois volcanique et passionnelle... mais il faudrait pour cela 'pouvoir dire' - la destinataire ne semble pas prête à entendre, à recevoir ce flux qui voudrait tout emporter, déborder...

Et l'élan de chaque strophe, hormis celle du centre (le coeur du poème ?), finit par un échec - 'amours déçues' / 'une tombe' / 'tapisser le sol' (la pinède ayant sans doute un double sens ?...) / 'sous la vase
Comme un très long et douloureux recueillement'.

Pour finir, m'est venu en écho un peu d'espoir par deux vers de Bonnefoy à qui le texte est également dédié :

"Et, tard, je crie
Des mots que le feu accepte."

Merci de nous avoir fait partager ce déchirement intérieur.

   David   
8/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Chlo,

J'ai eu une impression de fraicheur en lisant le poème, mais pas dans son sens à lui, du poème je pense, de froideur, mais dans celui d'éveil, de renouveau.

Les vers me parle d'un état d'âme amoureux, une relation, avec une métaphore de la pierre et du torrent. Je pense lire à la fin, dans le rôle du pêcheur, une figure divine contemplant tout l'amour du monde, tristement. Un peu mégalomane, un peu naïf, mais joliment.

Dans la forme, que je trouve très riche, il y a d'abord beaucoup de choses ordinaires, pas dans un sens péjoratif, communes. Les cinq strophes du poèmes, les images du "coeur de pierre", du courant, du ruisseau, pour illustrer une rencontre. Des jolies mots de poésies, "amours déçues" avec son féminin pluriel, "caressée", "incandescence", "tapisser".

Il y a aussi son jeu de "question rhétorique", j'ai envie d'écrire, toutes les strophes commencent sur une forme interrogative qui ne trouvera jamais son point d’interrogation : les questions seront esquissés sans jamais être vraiment posées.

Je retiens du début ce qu'on peut lire en décomposant simplement : "Peut-on dire (... ) les amours déçues". C'est sans doute impliquer un "non", mais le poème va quand même le faire. Ça donne son corps au poème il me semble, sa poésie.

Il y a de la violence amoureuse, ce genre de violence sans réelle antagonisme, et même à contre pied, dans "caressée/Cependant qu'elle écrase", "extirpe un souffle d'une gorge".

Puis vient dans la seconde strophe cette passion qui semble intimement liées à la froideur de son objet, cette passion qui ne se révèlera pas "nécromancienne", capable de ramener ce qui est mort à la vie.

La troisième strophe est très jolie avec cette pierre qui rêverait d'être lave en fusion, ou se souviendrait de l'avoir été ? mais en tout cas, dans son "vœu", qui compatirait au chagrin du ruisseau.

La quatrième strophe est étrange mais plaisante aussi, c'est du sang que rêverait de répandre la pierre, c'est son rêve liquide après la lave, et c'est la que vient : "tapisser le sol de la pinède" dans une image en arabesque tortueuse mais pas illisible.J'aurais envie d'y lire l'image du tapis persan où on peut lire toute la vie de son ouvrière. C'est à dire plus ou moins le rêve de tout amour, l'éternité.

Et la dernière strophe avec son "silence", et même son :

"Peut-on dire
Enfin dire vraiment la pierre le silence"

Comme la chute d'un drame antique, c'est plein de majesté, de liberté même, à lire.


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