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Poésie en prose
cielsmonloup : La petite fille
 Publié le 13/08/08  -  7 commentaires  -  1513 caractères  -  36 lectures    Autres textes du même auteur

Et voilà, j'ai 46 ans et aujourd'hui je pleure.
Je pleure mes vieilles larmes de petite fille.
Et j'ai froid.


La petite fille



Elle a trois ans la petite fille.
Elle est sur le pas de la porte, debout, les yeux sur le coin de la grange, là où la voiture vient de disparaître. Elle ne pleure pas.
La petite fille reste droite, pétrifiée, le regard fixe, scotché sur l'angle de pierre.
Plus rien n'existe, que le vide, le manque, l'absence, l'espace entre le mur et elle, là où il n'y a plus de voiture.
Elle ne comprend rien, la petite fille.
Rien à dire

rien à faire

rien à pleurer

Car rien n'est dit,
pas un mot

pas un geste.

Ça n'a pas de sens.
Juste la voix de la grand-mère « Pars donc, Papa maman ! »
Coup de balai sur une faiblesse coupable.
Tristesse interdite, souffrance niée.
Alors, la petite fille, elle ravale sa salive, elle serre les dents, et puis elle se retourne, tout d'un bloc, le regard vide.
Elle entre. Elle n'entend pas les mots qui mordent.
Elle erre, les yeux à hauteur de la grande table vide, vidée, désertée.
Elle tourne autour du poêle, tend la main pour chercher la chaleur. Mais il fait froid. C'est tout !

Elle est petite mais elle doit être grande.
Alors elle obéit, elle passe à table, elle mange sa soupe et va se coucher, normalement, car tout est normal, il ne s'est rien passé. Rien.
Elle ne sait même pas qu'elle souffre, la petite fille. Alors elle ne souffre pas. Elle fait ce qu'il faut faire, voilà tout !

C'est comme ça.


 
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   Anonyme   
13/8/2008
C'est un texte émouvant et fort, mais je ne vais pas le noter. Comment faire ? La forme, chose secondaire, n'est pas au service de l'histoire, elle manque de force, mais elle est impécable, il n'en va pas de la syntaxe, loin de là, elle n'est pas forte comme l'histoire et de fait ne la sert pas. Mais l'histoire, elle, est somptueuse. Ne change rien : je préfère mille fois le coeur à l'orfèvrerie.

   Melenea   
13/8/2008
Hé bien moi, je l'ai relu deux fois, et je ne suis pas entrée du tout dans l'histoire... j'ai cherché la poésie, mais plus vu un récit avec de l'émotion... cette petite fille que l'on laisse chez sa grand mère...
Bref pas emballée pour le coup

Mél

   TITEFEE   
14/8/2008
histoire en dedans. Histoire à la hauteur même de cette petite fille qui doit grandir trop vite.

J'ai aimé bien que j'ai trouvé un peu court le texte.

et que j'aurai mis plutôt "regard" à la place des yeux sur le coin de la grange, dans la deuxième phrase.

   Anonyme   
15/8/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ciel ! Mon loup ! ( je n'ai pas pu résister )
Tu as un regard avisé sue la petite enfance et sur ses déchirures, ses traumas, ses défenses, et tu le dit avec une indéniable poésie.

"...pétrifiée, le regard fixe, scotché sur l'angle de la pierre" : tu déclines le minéral dans sa vie relative, j'aime assez, mais c'est un peu agaçant à mon oreille, il aurait peut-être plus de distance entre les deux mots.

"elle ne comprends rien, la petite fille" : J'aurais enlevé cette phrase, un peu lourde à mon goût. Je préfère de loin "ça n'a pas de sens" et encore plus loin "tristesse interdite, souffrance niée
"Car "rien n'est dit", dis-tu, alors inutile de dire que la petite fille ne comprends rien.

hum, je me demande si je me fais bien comprendre, moi, du coup...
Ca prend un peu aux tripes, dis-moi, c'est dur avec le café du matin. :)
Bravo.

   cielsmonloup   
6/9/2008
Melenea, vous avez bien senti ... quand j'ai écrit ce texte, je n'étais pas dans un projet d'écriture, mais dans un geste d'expresion. c'est une vieille douleur qui sortait ... j'ai fait une erreur d'adressage en le présentant sur ce site. merci de votre remarque.

   Anonyme   
10/10/2008
Beaucoup d'émotions.
Si, il y a un style. Un style simple, avec les mots de l'enfant, qu'elle ne met pas encore sur ce qui se passe, peut être??
(me comprend on?? ça reste à voir)

   Anonyme   
3/10/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Et, "la petite fille" est bouleversante, devant l'enfance abîmée, le cœur bondit, circonstance de la vie qui vous fait grandir à pas de géant, d'un coup "Elle est petite mais elle doit être grande."

Un retour sur image qui se fait lorsque l'on avance dans le temps, le vécu se veut libérateur, et l'histoire de sa vie se dévoile quelle qu'elle soit, ce qui était enfoui, resurgit étonnamment comme si c'était un passé récent.

Je retiendrai cette phrase tellement forte :

" Elle ne sait même pas qu'elle souffre, la petite fille. Alors elle ne souffre pas. Elle fait ce qu'il faut faire, voilà tout ! "

Les expressions, "c'est tout", "c'est comme ça", démontre à quel point les enfants ont une force d’adaptation hors du commun. C'est peut-être ce qui les sauve.


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