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Poésie libre
CLouise : Sous la nuit
 Publié le 15/09/19  -  11 commentaires  -  1319 caractères  -  324 lectures    Autres textes du même auteur

"J'ai la nostalgie d'une de ces vieilles routes sinueuses et inhabitées qui mènent hors des villes..."

Thoreau


Sous la nuit



Attends-toi au passé
Celui qui resurgit quand l'aube noire s'allume
J'ai la nostalgie d'une maison que je ne connais pas
D'un homme inconnu au regard aux abois
D'un homme perdu et fourbe dont le cœur est de glace
J'ai la nostalgie d'un chemin inconnu
où chaque rire ou larme
résonne dans la pierre
d'un chemin sinueux, boueux jusqu’à la lie
Nostalgie d'une femme qui porte une pierre d'ange
à son cou famélique
orgie d'une nuit dense
orfèvre chimérique
J'ai la nostalgie lourde et dure et froide et lasse
d'une époque embaumée avant de voir l'aurore
Aurore crue et morte, humide et dégueulasse
Aurore de mes jours noirs de suie
Aurore est froide
As-tu vu ce regard que m'a jeté le jour
Hirsute et menaçant
J'ai la nostalgie du regard vivant
Brûle-moi
paria ou poète
Disperse ma candeur
et ma fragile couche
Viole les cendres de mes jours sans toits
de mon corps sans vie
Brûle et crache
et scande à l'oubli
Mords la naine vierge
et le vendeur d'encens
Crache sur la mamelle
de la femme des saints
Tuons les blanches femmes
et leurs colliers d'amants
Brûle
Abscons humains
Hideux de tourments fourbes
Nostalgie du destin


 
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   Corto   
28/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Cette variation sur le thème de la "nostalgie" permet bien des audaces.

Dès le début on est interpellé par cet écart insolite "J'ai la nostalgie d'une maison que je ne connais pas". Mais ce n'est qu'un prélude.

On passe vite du prétendu paysage de l'exergue aux fantasmes, aux scènes vivantes ou cauchemardées: "D'un homme perdu et fourbe dont le cœur est de glace".

Le paysage s'anime autour de souvenirs ou d'imaginaires: "la nostalgie d'un chemin inconnu où chaque rire ou larme résonne dans la pierre".

Cette nostalgie devient un moteur pour une fureur vitale et agressive, "Brûle moi paria ou poète" ou: "Mord la naine vierge et le vendeur d'encens Crache sur la mamelle de la femme des saints".

Ainsi d'une nostalgie symbole du passé vient de naître une projection vers le futur, un lendemain impératif, furieux et violent décrit en trois mots par le vers final "Nostalgie du destin".

Une fort belle construction, pleine de hardiesse qui, du lointain, fait émerger des pulsions sans concession.

Remarque anodine: L'approche aurait sûrement été facilitée par une organisation en strophes, et quelque ponctuation.

Bravo à l'auteur.

   Miguel   
1/9/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un poème qui ne se laisse pas cerner facilement, mais dont le souffle amer et la tonalité mélancolique agissent puissamment sur l'esprit du lecteur ; on ressent plus qu'on ne comprend. Les jeux de mots ne prêtent pas à rire (pierre d'ange, corps sans vis, naine vierge) mais incitent plutôt à une méditation sur le langage, sur les rapports cachés entre les choses. On ne lit pas ce texte avec indifférence.

   Balita   
15/9/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai été emporté rapidement dans une expérience sensible et parfois intense au travers de ce texte.
Merci, j'aime le rythme qui varie comme un train de pensée, ou des vagues d'émotion littéralement.
"La nostalgie d'une maison que je ne connais pas" merci d'avoir mis des mots sur cette sensation, j'adore
"orfèvre chimérique" Tournure très habile je trouve
"Aurore crue et morte, humide et dégueulasse" C'est audacieux et ça marche fort pour moi
"Aurore est froide" Inattendu et poignant !
Bref, et j'en aime encore beaucoup d'autres !
Après quelques parties m'ont malheureusement parfois fait sortir du contexte, mais je ne suis pas un très grand littéraire (et peux manquer de concentration), alors au cas ou : Mea culpa !
"D'un homme inconnu au regard aux abois" la syntaxe me dérange un peu
"Nostalgie d'une femme qui porte une pierre d'ange" Je ne comprends pas pourquoi une pierre d'ange, l'image est belle cependant
"Viole les cendres de mes jours sans toits" je ne sais pas dire pourquoi celle-ci me dérange, peut-être que je ne la comprends pas.
"La femme des saints" je ne comprends pas pourquoi il n'y a qu'une femme et plusieurs saints.

Merci encore pour ce petit voyage !

Balita

ps : J'aurais dû lire les autres commentaires avant d'en écrire un

   hersen   
15/9/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un poème où la compréhension littérale, qui est assez hermétique, ne gêne en rien la poésie.
J'ai vraiment aimé lire ce poème, il me laisse au bord de quelque chose, je n'ai nulle certitude et pourtant j'ai lu n m'enfonçant dans une profondeur dont je ne sais rien.
Seul le dernier vers me libère
"Nostalgie du destin"

Voici un poème qui conforte l'idée que j'ai de la poésie, l'auteur m'offre un univers, je le prends sans savoir dans quoi je m'embarque.

Superbe impression !

   Anonyme   
16/9/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Ce texte est un cri. Peut-être le :
Remords d'une "courtisane".
Pour se sentir si sale, il faut avoir été à ce point méprisable qu'il n'est de possible pardon. Le chemin sinueux qui pourrait la ramener à l'enfance, à la candeur est obstrué par ses comportements immondes. La haine de soi est la punition.
Il m'a plu de l'interpréter ainsi
Notez que j'ai apprécié la formulation de la haine en crescendo.

   Pouet   
16/9/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bjr,

un texte que j'ai trouvé très inspiré. Peut-être est-il travaillé, mais il semble écrit sur l'instant, d'un jet, au fil des mots et c'est très appréciable.

Un texte qu'on ressent fort, douloureux, violent, lucide et prémonitoire.

Particulièrement apprécié ces deux vers:

"J'ai la nostalgie lourde et dure et froide et lasse
d'une époque embaumée avant de voir l'aurore"

Très bon titre.

   natile   
16/9/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un poème qui ne peut laisser indifférent partagé pour moi en deux parties : une douce et une autre plus angoissée et angoissante à partir de "aurore crue et morte". L'écriture est juste et permet ce passage entre deux formes de nostalgie. Sans cette maitrise de la forme on aurait pu avoir l'impression d'une cassure ou d'une incompréhension de ce que l'auteur veut nous faire ressentir. Mais j avoue avoir été plus touchée par les premiers vers où la nostalgie est plus rassurante.

   troupi   
17/9/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Quelquefois un texte est limpide mais manque cruellement de poésie, ici c'est le contraire.
Hermétique à souhait mais prenant.
Ponctuation ? 2 virgules comme une erreur, une distraction.
Après plusieurs lectures il me reste une impression d'un texte écrit dans l'urgence de l'imagination débridée, à la manière d'une écriture automatique presque sans retouche.
Je suis peut-être complètement à coté mais c'est mon impression.
Je suis tout à fait conquis par ce genre de poésie.
Merci pour cette lecture.

   Donaldo75   
18/9/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour CLouise,

Il y a de l'ostinato dans ce poème. "J'ai la nostalgie" scande ma lecture, même si dans la réalité ces trois mots n'apparaissent pas si souvent que ça. Je pense que c'est l'enveloppe du texte dont la matière est plus complexe, sombre, imagée, parfois violente mais toujours évocatrice.

C'est vraiment un poème réussi, et on sent le travail de l'auteur.
Bravo !

Donaldo

   Vincente   
3/2/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
L'on croirait à une scansion adroite tant elle est forte et imprégnée de conviction, et l'on la comprend de fait tout simplement habitée. La flamme qui anime le verbe lui offre à la fois l'énergie de l'inspiration et l'éclairage le clarifiant, car ce qui se prononce est complexe mais pourtant réaliste, pratiquement cru.

Je ne veux pas disséquer le corps gisant de ce poème encore brûlant de son passé douloureux, ambigu, dont le sang "réminiscent" n'en finit pas de relancer ses battements. Je dirais que le phrasé ardent parle de lui-même et convoque images fortes, formulations à double sens se dédoublant ou s'agglomérant à dessein.

Un très beau texte dont je signalerais simplement mes passages préférés pour leur force signifiante et émouvante :

"Attends-toi au passé" ; attendre ce qui est déjà advenu…
"Celui qui resurgit quand l'aube noire s'allume" ; un aube s'éclairant par-delà la nuit…
" Nostalgie d'une femme qui porte une pierre d'ange"…

" As-tu vu ce regard que m'a jeté le jour
Hirsute et menaçant
J'ai la nostalgie du regard vivant
Brûle-moi
paria ou poète
Disperse ma candeur
et ma fragile couche
"

Et ce final superbe, extatiquement prégnant :
" Crache sur la mamelle
de la femme des saints
Tuons les blanches femmes
et leurs colliers d'amants
Brûle
Abscons humains
Hideux de tourments fourbes
Nostalgie du destin
"

Sous le titre "Sous la nuit" semblait un mystère, dans le poème, il se révèle plein d'ombres anciennes, fluides pénombres qui tracent encore et toujours leurs marques douloureuses. L'espoir de la demande "Brûle-moi / paria ou poète…" suffira-t-elle à contenir l'insupportable passé, celui qui devrait pourtant bénéfiquement fonder le présent et l'avenir.

   Anonyme   
18/4/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour CLouise,

Ce poème semble être écrit " sous" une impérieuse nécessité comme s'il sortait, d'un trait, de votre esprit...

Cette nostalgie d'un passé rêvé nous embarque avec elle à l'instar de ces vers : " J'ai la nostalgie lourde et dure et froide et lasse / d'une époque embaumée avant de voir l'aurore" . D'autres vers sont plus sombres et surprenants tant ils inversent les connotations habituelles d' un mot : " aurore" justement devient " aurore crue et morte, humide et dégueulasse" .
La violence qui émane du poème est adossée à la beauté :
" Brûle moi / Paria ou poète/ Disperse ma candeur".

C'est très fort.


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