Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie libre
Pouet : Rétrospective [concours]
 Publié le 31/03/23  -  5 commentaires  -  1531 caractères  -  181 lectures    Autres textes du même auteur

« Je me redresse avec effort et je regarde :
il y a trois lumières, dirait-on.
Celle du ciel, celle qui de là-haut
s'écoule en moi, s'efface,
et celle dont ma main trace l'ombre sur la page.

L'encre serait de l'ombre. »

Philippe Jaccottet


Rétrospective [concours]



Ce texte est une participation au concours n°33 : L'ombre et la lumière
(informations sur ce concours).





Contre toile,
dressées en avant-jour,
trois têtes en forme d'œuf posées à fleur de corps.

Une perception ovale, des crânes sans visage.
Nulle expression ni de près ni de face ;
invraisemblances lisses, physionomies étales.

À l'enfant somnambule
d'inventer un sourire
ou un déni d'espoir
sur ces planes coquilles ;
un écho chamarré,
une gaîté noir et blanc.

Le symbole sachant naître en dehors de l'esquisse,
la lumière s'abandonne sous le calque de l'ombre.

Silhouettes multiples assises sur un rocher
du ciel en pente douce
où les sapins s'éteignent.

Mais la neige attendra ce soleil permanent.

Bariolées d'indigo,
de nues aigue-marine,
sableuses sur glacis
elles s'encrent de rayures.

Elles tiennent leurs propres mains,
aiment tenir des mains,
même si celles des autres ne sont qu'ailes broyées.

L'envol s'entreprend.

Devant un paysage surplombent la sépia,
s'obstinent à transvaser.
Se remémorent-elles des gouffres éclatants ?

L'exposition du vide
n'a lieu

qu'une veille sur deux.

Les couleurs en discutent à l'abri du miroir.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Vincente   
24/3/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Le titre annonce une "rétrospective". Il s'agirait donc là d'évoquer une exposition de sculptures, de tableaux.
L'écriture se voue à une représentation scripturale des œuvres disponibles à l'appréciation des visiteurs.
Si bien que leur état originel, depuis leur matièrisation graphique établie comme objective se trouve dans le poème revisité et devient subjective. Nous lecteurs nous trouvons à devoir redessiner les œuvres et de reconstruire leurs arguments. C'est assez déroutant. Mais la formulation aide et participe généreusement à cette démarche, car elle est abondante dans ses indications, ses images, ses représentations. Belle écriture donc, très avenante, et il la faut, car sinon chacun pourrait aller où bon lui semble, et devrait se satisfaire de son seul propre chemin trouvé.

Ce passage participe avec bonheur de cela, il m'a beaucoup séduit :

"Le symbole sachant naître en dehors de l'esquisse,
la lumière s'abandonne sous le calque de l'ombre.
"

Comme dans ce final très ouvert qui passe du vide à la coloration d'un néant qui se trouve ainsi contesté.

"L'exposition du vide / … / Les couleurs en discutent à l'abri du miroir".

   Eskisse   
31/3/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
A l'ombre de l'encre, une genèse. Celle d'un dessin d'enfant en train de naître sous nos yeux.
Un poème sur la création qui distille une réflexion sur l'art, l'interprétation et sur la vie " l'envol s'entreprend" ou avec la précision sur les ailes broyées qui peut s'interpréter de mille manières. Souffrances passées, handicap, maladresse du trait....

On pourrait même parler d'une mise en abîme car le dessin représente des têtes en forme d'oeuf, l'oeuf étant lui aussi en devenir.

J'ai beaucoup aimé ces passages :
"À l'enfant somnambule
d'inventer un sourire
ou un déni d'espoir
sur ces planes coquilles ;"
ou
"Le symbole sachant naître en dehors de l'esquisse,
la lumière s'abandonne sous le calque de l'ombre."

En revanche, j'ai été empêchée de trouver le sujet de :
"Devant un paysage surplombent la sépia,
s'obstinent à transvaser."

Mais l'ensemble fait naître l'émotion par ce zoom sur les couleurs de l'art, sur les ailes broyées et les " sapins ( qui) s'éteignent" .

Le texte traite subtilement le thème par son angle d'attaque ( encre-ombre) sans en faire des tonnes sur le lexique ombre-lumière.

Merci du partage

   Cyrill   
1/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Ce poème m’a touché. Je me trouve devant trois ovales qui ne demandent qu’à devenir visages, et ces visages m’apparaissant porteurs d’émotion comme celui qu’Emmanuel Lévinas étudie. Dans ce poème, l’enfant est là pour offrir à ces ébauches la pensée et le regard sur le monde, la vie. Naissent les couleurs, les formes, les mouvements, les intentions : l’humanité, en somme. Dans ce don de vie, j’ai été particulièrement ému par : « Elles tiennent leurs propres mains, /aiment tenir des mains, / même si celles des autres ne sont qu'ailes broyées. »
Plus loin l’auteur se questionne et nous questionne sur la mémoire. Les « gouffres éclatants » seraient-ils une entité contenante d’avant l’accès à la pensée de ces silhouettes ? Je ne saurais y répondre, ni décrypter ce vide évoqué ensuite.
Le vers de fin est d’une bien belle douceur poétique, qui me laisse penser que l’humain qui adviendra de cette silhouette n’est pas le maître de ses couleurs.

   Geigei   
3/4/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Le titre, "Rétrospective". Un retour dans le temps. Je lis.

Les 3 premières strophes me disent qu'on a préparé des oeufs à peindre.
C'est Pâques ! C'est de la poésie. Je ne chicane pas sur "planes coquilles", ni sur "un écho chamarré, une gaîté noir et blanc".

Un distique suit, qui rappelle le sujet de façon assez hermétique. Mais le petit texte de Jacottet est là.

Des silhouettes apparaissent dans un tercet un peu désordonné, sur un rocher, en hauteur.
J'ai adoré la fin.
C'est la partie surréaliste où les silhouettes peintes sur des oeufs (ou la toile...) prennent leur envol au dessus du vide, des gouffres, surplombant la sépia (le temps). J'ai pensé à Jean-Michel Folon.
"L'exposition du vide
n'a lieu

qu'une veille sur deux." Le mot "exposition" résonne avec le titre. "Veille" pour insomnie.

"Les couleurs en discutent à l'abri du miroir." Le miroir est le présent. Il ne doit pas intervenir dans cette rétrospective. C'est de la poésie. De la toute bonne.

   Errances   
7/4/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
n'aime pas
Il a quelque chose que je n'arrive à saisir dans cette suite.
Si le titre est la clé, alors tout s'éclaire ?
Pas pour moi. Votre procédé est osé cependant. J'en comprends le challenge.
Qu'en ressort-il ? Je n'ai pas pris le plaisir que vous avez eu à composer.
Seul résonne en moi le dernier vers.


Oniris Copyright © 2007-2023