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Poésie libre
solinga : Sans donner la faveur à l’ombre [concours]
 Publié le 31/03/23  -  7 commentaires  -  5451 caractères  -  66 lectures    Autres textes du même auteur

(Composé en suivant insoucieusement les différentes doublures et épaisseurs de sens de ce beau vocable d'ombre, et quêtant, en contrepoint depuis la ville, quelques accents de lumière.)


Sans donner la faveur à l’ombre [concours]



Ce texte est une participation au concours n°33 : L'ombre et la lumière
(informations sur ce concours).





Dans la confrontation sans âge
entre l’ombre et la lumière
(l’une étant en proie à l’autre, avant renversement périodique),
l’avantage revient
de nuit
nécessairement
à l’ombre.
L’ombre pourtant, somptuaire, omniprésente,
ne vit que par ses scintillements divers
d’altérité,
clins d’œil de celle qui suivit, petite sœur, la sente de l’exil, delà l’horizon se refermant.


En ville, avec une coupable inconséquence il faut dire,
on prit depuis longtemps (et compte non tenu de la lune)
le franc parti de mettre la lumière en tubes et en capsules,
de la suspendre.
Rayons rompus et capturés,
lueurs qu’on calcule
et qu’on enserre
et qu’on sertit en de savantes congélations.
Lumière ainsi encapsulée, lumière étroite mise en prison, sous camisole de verre. Façon cachot.


Pauvrette, ça me fait froid pour elle.


Pourtant ce soir c’est décidé
je ne déplore pas
mais je me perds
(en négatif ou frisson de moi-même,
sans savoir si je m’éclipse ou m’éclaircis)
au nuancier
nocturne
de mes ruelles.
Je chemine aux pavés ensommeillés.


Et je rejoins une autre vallée d’ombres, facile,
la rivière, l’opacité fluente.
Par parenthèse (c’est dire par ombre portée),
à son tour, à sa suite,
l’ombre de cette ombre, serait-ce
le fond sableux où les songes de cité s’absorbent ?
Ou bien son seul reflet concevable, à l’eau de moire,
son chiasme, serait-ce
un face-à-face au ciel ?
une ombre peut-être à lire en verticale,
sorte de symétrie interrogative
en dégradé de ténèbres ?


Quoi qu’il en soit, les ombres communiquent,
la céleste et la marine
s’entr’échangent
à qui mieux mieux
leurs froufrous pailletés de confidences.
La lune joue à la marchande avec la rive,
tendant ses paniers à reflets,
et l’anse couleur de joyau pâle redouble le dessin du pont.
Sa monnaie pastelle, fausse et blanche, court le long des quais,
avec le froid qui fait ses entailles dans la nuit
et enferme les doigts glacés au fond
des poches suppliant encore, encore, d’être raccommodées.


Il n’y a plus
de question qui tienne
puisque le soir est ouvert
comme un grand iris opiniâtre et violet,
puisque les péniches s’arquent de longs bercements,
mes pas glissant à l’unisson des eaux domestiquées.


Plus de question lorsque les obscurités se conjoignent, défont les pliures du visage,
lorsque les lignes du souci lèvent le siège, que le cœur se défronce.


Souple le soir s’étale et découpe ses profils dupliqués
juste sous les orteils, redevenus doués de sens, comme aux années premières ;
le soir mon soir à moi il feule à l’approche des voies routières
et griffe si je me dégante ;
il disperse les souvenirs en rêves et libère tous les temps conjugués,
futur menteur, ingrat présent, passé délité,
conditionnel (si, si, si…)
et l’imparfait
aux quatre vents.


Tout se fonce ou bien s'estompe, désormais ; on ne lit plus les palimpsestes.
Qu’est-ce que j’y peux ?
La nuit est une boîte :
c’est la cale de notre embarcation de vie
et l’aube en est la voile,
que le vent peu prévoyant trame à sa musculeuse envie.
De ses ombres l’or est loin d’avoir été extrait.


Sur un bastingage en surplomb, un chien blanc immense
continue sa marche au-dessus de mes cils ;
ce n’est plus lui mais en deux dimensions son double gris
venu laper un peu de lune au rebord de la Saône.
Je vois sa truffe qui effleure, aventureuse humide, l’anneau d’amarrage d’une péniche bleue.

Des rêves s’engouffrent
entre les bras des ponts et entre mes sourcils
– arches jumelles, arceaux qui se souviennent, puisqu'ils détiennent les clés des coffres à chapitres –
et les lumières continuent leurs chuchotis de fées ondines.
Tout se fait indice, je bois l’or aux lueurs riveraines, ferments de kaléidoscope.
Le chien disparaît.


Il fait plein jour à quelques encablures, dans une péniche longiligne :
c'est un grand astre mis sous verre
qui interpelle.
J’en vois, moi de dehors, les occupants qui s’apprêtent à dîner,
comme un musée aquarium ou vitrine ;
ils font exprès
d’exhiber leur salon
avec revêtement d’une toile incongrue,
figurant des sortes de coquelicots – quatre usurpés des champs, d’autres soleils.


Peu d’intérêt pour la lumière en bocal.
Mes pas ralentissent. Tout s’épaissit. Temps de rebrousser chemin.
Derrière mes épaules, l’air mis en appétit s’est fendu d’un sourire
tandis que tombent les degrés
qui transpercent les quais de réverbérations froides,
mais l’heure prochaine
je sais cela
je me rendrai à tes bras, avec tout plein de désirs qui brillent,
et nos corps au mur se souvenant
tamiseront de nouvelles ombres.


 
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   Marite   
31/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Curieusement ce très long poème est le seul présenté pour ce concours que j'ai réussi à comprendre et lire sans pouvoir m'en détacher. Une ballade nocturne en ville avec de très belles images poétiques si bien présentées que je m'y suis retrouvée aussi, flânant sur les quais le long de la rivière en me laissant capter par la succession des tableaux qui se présentaient à mon regard.
Passage qui me séduit beaucoup :
" Des rêves s’engouffrent
entre les bras des ponts et entre mes sourcils
– arches jumelles, arceaux qui se souviennent, puisqu'ils détiennent les clés des coffres à chapitres –
et les lumières continuent leurs chuchotis de fées ondines.
Tout se fait indice, je bois l’or aux lueurs riveraines, ferments de kaléidoscope ..."

   David   
31/3/2023
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
Bonjour,

Je comprend qu'il s'agirait d'une simple promenade, de nuit, à l'ombre de la planète elle même, peut-être pour chasser des idées noires. Le poème démarre sur une idée de conflit avec la "confrontation" et le titre a aussi il me semble une certaine dimension guerrière, dans les développements cependant, l'ombre, qu'elle soit figure de la nuit ou des états d'âme, aurait plutôt le sens d'écrin pour sublimer les lumières bien réelles, ou des pensées plus solaires que lunaires.

Il y a quelque chose de journalistique ou d'éditoriale dans le style, qui donne cette longueur au texte il me semble. Je ne l'ai pas trouvé trop pesante, d'autant que de part les vers, ça ne doit pas en fait être si long que ça mis bout à bout. Par contre, j'ai trouvé le ton monocorde, sans intensité particulièrement sensible.

Je ne me suis pas senti transporté au final, je n'ai pas trouvé de surprises, de gouffres ou d'horizons à découvrir, j'en reste un peu là.

   Lebarde   
31/3/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
N'est-ce pas un peu alambiqué tout cela?
Si, sans doute un peu à mon gout, tant et si bien que le fil de ma pensée finit par disparaitre dans ce dédale d'ombres et de lumières dont l'accumulation devient pesante et lancinante au fur et à mesure de la lecture de ce long, sans doute trop long poème.

Bien sûr il y a beaucoup de belles images et des remarques croustillantes bien trouvées (" le franc parti de mettre la lumière en tubes et en capsules" ou "La lune joue à la marchande avec la rive,
tendant ses paniers à reflets,") et puis cette écriture travaillée, ce rythme apaisant qui créent une atmosphère poétique qui peut séduire le lecteur.
Oui mais il me manque ces sursauts, ces surprises, ces coups de cymbales qui pourraient me tenir en éveil jusqu'au bout de l'histoire.

Oui je le répète: trop long et trop "ronronnant" pour m'enthousiasmer totalement.

merci et bonne chance pour la suite.

Lebarde

   Eskisse   
31/3/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Cette balade nocturne comporte des passages qui m'ont plu :
"Je chemine aux pavés ensommeillés."
"Des rêves s’engouffrent
entre les bras des ponts et entre mes sourcils
– arches jumelles, arceaux qui se souviennent, puisqu'ils détiennent les clés des coffres à chapitres –
et les lumières continuent leurs chuchotis de fées ondines.
Tout se fait indice, je bois l’or aux lueurs riveraines, ferments de kaléidoscope."

Mais ma lecture a aussi été entravée par par ce que j'ai ressenti comme une sorte d'abstraction comme ce passage :
"L’ombre pourtant, somptuaire, omniprésente,
ne vit que par ses scintillements divers
d’altérité, clins d’œil de celle qui suivit, petite sœur, la sente de l’exil, delà l’horizon se refermant. "
Cette impression ne m'a pas permis de réellement recevoir l'impact du poème. La longueur effaçait parfois ce que je lisais comme si ma mémoire me faisait faux bond.

Un poème plus resserré aurait, je pense, créé une impression plus forte.

   jeanphi   
31/3/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Je suis très d'accord avec Marite. Tous les textes du concours sont de très bonne facture jusqu'à présent (hormis un seul) et tous assez égaux en hermétisme (en dehors de Carré des indigents qui est une perle), mais, aujourd'hui on s'amuse à entrer dans le déchiffrage !
Le décorticage vaut la peine, plus je creuse plus je m'émerveille.
Le paragraphe débutant par ''souple'' qui traite des cauchemards et peurs du noir enfantin.e.s m'a demandé le plus d'efforts, j'y trouve un petit côté L'opéra du pauvre de Léo Ferré, à ce paragraphe. Une intention ? Je suppose que non.
Merci du partage.

   Yavanna   
2/4/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Très beau ! Ce texte est dans mon top deux jusqu'à présent !

Je suis cueillie par le rythme de l'écriture, qui épouse parfaitement celui de cette balade nocturne entremêlée d'intériorité et de quelques effleurements plus "philosophiques" que descriptifs. Le rythme est hypnotique, parfois réveillé par ces parenthèses qui viennent lui insuffler un vent d'ailleurs et que j'aime beaucoup.

Je n'ai pas grand chose d'intéressant à dire, les commentaires techniques ne m'intéressent que peu. Juste que j'ai trouvé une grande cohérence entre l'écriture et ce qui y est décrit, quelques somptueuses métaphores et un vocabulaire riche et varié qui m'a enchantée.

J'ai la sensation que l'auteur ne compose pas, ne fait pas dans la recherche technique... il sent la musique de son texte, de ses mots, et il en accouche en beauté.

Bref, je suis en résonance. Merci.

   Errances   
7/4/2023
Je n'ai pas réussi à rentrer dedans.
La longueur et la langueur des mots sans doute. Je suis un fait néant, né un après-midi après la sieste, alors vous voudrez bien m'excuser.
Pourtant, j'y suis retourné deux fois, puis trois. Non, je décroche. Si cela est un peu votre fait, cela est beaucoup ma faute.
Je comprends les autres commentaires qui vous applaudissent.
Je ne mettrais donc aucune notation puisqu'il n'y a pas d'opinion neutre.


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