Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie néo-classique
Cox : La statue
 Publié le 22/03/24  -  5 commentaires  -  730 caractères  -  170 lectures    Autres textes du même auteur

J’aime voir les grandes gloires passées s’éclipser derrière nos petites insignifiances vivantes.


La statue



Il est grand, il est grave et grotesquement beau
Cet aigle, ce géant de bronze et d’arrogance.
Ses ailes déployées portent avec prestance
La gloire de ces lieux, comme on lève un flambeau.

Un étourneau perché, véritable nabot,
Dandine de la croupe en bafouant la décence
Pour dédier au colosse une superbe offense :
Cette fiente qui coule en de visqueux lambeaux.

Depuis le banc, je lance un regard amusé
Et tes lèvres ponctuent mon rire d’un baiser,
Ta main dans mes cheveux, sous ta jupe la mienne.

À nos pieds, chiffonnée : la Chanson de Roland.
Car la froideur d’airain de ces gloires anciennes
Le cède à la chaleur mutine des vivants.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Gemini   
4/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Un carpe diem doublé d'un bras d'honneur au passé.

On sent l'insouciance de la jeunesse sur cette place des grands hommes, et je trouve que cet hymne au présent (seul temps du texte) la dévoile plutôt bien. L’argument m’apparaît exposé avec des mots, francs, sans trop de nuances, mais sans doute plus sincères qu'arrogants.

Il faut du temps pour comprendre que sans l'Histoire nous ne serions pas là. Nous en sommes le fruit. Ainsi, il est aussi pénible de remercier les hommes préhistoriques qui nous ont apporté le feu, que ses propres parents de nous avoir donné le jour. On va pas leur faire une statue pour si peu !
À un certain âge, on prend tout ce qui nous entoure comme un dû, et nous avons tous vécu cette période avec cette confiance en soi inébranlable qui fait voir le reste du monde comme futile, et ceux qui le peuplent comme inintéressants, voire inutiles.
Quant à ceux qui l’ont peuplé… que des gens qui ont eu le tort de mourir ! (j’ai bien aimé le choix du mot "éclipser" dans l’exergue)
Dans le même style qu’après moi le déluge, avant moi… que m’importe !

J'aurais préféré que l'auteur/narrateur, dans les tercets, prenne plus l'angle de l'Amour grand A pour créer cette séparation des mondes (les gens qui s'aiment ont leur monde à eux. Je cite Sheller).
Chez ces "petites insignifiances vivantes" (exergue), il ne me semble deviner qu'un flirt : amour léger, passager, éphémère ("chaleur mutine") pour narguer et se moquer de cette "gloire passée" : l'aigle, symbole des symboles, qui se fait chier dessus.
L'Amour m'aurait paru faire plus force d'abstraction pour ignorer cette statue, en l’opposant à des sentiments plus forts que sa présence. Le seul fait d'exister me semble un argument moins humain. C'est celui de l'étourneau.
Cela (l'Amour) viendra sans doute plus tard ; il faut bien que jeunesse se passe.

J'ai trouvé bien écrit avec la mise en opposition de l'aigle a minuscule, (désigné coupable de son histoire ?) figé dans le bronze de sa gloire, et de cet étourneau venu en couler un supplémentaire sur son dos, en symbole des insouciants qui se moquent de lui.
Première opposition qui se rapporte à une seconde, finale, "froideur d’airain" / "chaleur des vivants" qui ne manque pas de contraste.
Le choix de "la chanson de Roland" est peut-être d’origine prosodique (une rime en « an » ) ? Sinon elle révèle qu'on a bien affaire à deux étudiants.

   papipoete   
23/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
bonjour Cox
les amoureux qui s'bécotent sur les bancs public, regardent cette gloire qu'une fiente d'oiseau s'en vient ridiculiser.
une statue d'un personnage illustre trône là, et pendant ce temps-là les enfants jouent, et les amoureux s'bécotent...
NB ce sonnet est bien joli, avec ce premier tercet qui fait oublier, que sur la Terre on tue l'homme, même ces enfants dans une discothèque,
" qui s'bécotaient... "
clin-d'oeil à l'auteur, je ne vérifie pas si les Diérèses furent respectées !

   Lebarde   
25/3/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Bonjour Cox

Pourquoi si peu d'intérêt pour ce sonnet qui présente pourtant bien des atouts pour être apprécié?
Un thème original et plaisant qui évoque l'indifférence envers les grandes gloires passées surtout si elles étalent trop ostensiblement leur arrogante puissance, un ton un tantinet humoristique avec cet irrespectueux sansonnet qui me convient, cette allusion amusée aux amoureux sur le banc public qui préfèrent se bécoter, une prosodie réussie si on ne regarde pas certaines rimes et les hiatus qui s'installent dès le premier vers, une lecture agréable et fluide.

Au bout du compte j'aime bien.

Lebarde

Ed: Hiatus, hiatus qui a dit hiatus? pas plus dans le premier vers qu'ailleurs. Encore une fois complètement à coté de ses pompes Lebarde.
Mille excuses à l'auteur pour cette remarque sans fondements!

   jfmoods   
23/3/2024
"Pour la douceur de vivre
Et pour le fun
Puisqu'on est jeunes..." ("Week-end à Rome", Étienne Daho)


Dans la première strophe, l'apparence grandiose de la statue ("Ses ailes déployées portent avec prestance", "comme on lève un flambeau") se voit implacablement écornée par le poète ("grotesquement beau", "géant de bronze et d’arrogance").

C'est que la trivialité s'est insidieusement invitée sur ce décor qui devait imposer une admiration sans bornes au spectateur. La provocation est totale, elle s'étire au fil de la deuxième strophe ("véritable nabot", "en bafouant la décence", "une superbe offense", "Cette fiente qui coule"), et demeurera impunie. Le déboulonnage des idoles est une source inépuisable de jubilation, de jouissance (comme le mettra en évidence le vers 9). Il nous fait quitter les sphères irrespirables du sublime pour nous renvoyer à notre quotidien le plus banal, à notre condition - si imparfaite - d'être humain.

À leur manière, les tercets reproduisent les quatrains à une autre échelle. Le sublime est ici figuré par le poème épique "La chanson de Roland", ouvrage probablement au programme des études de lettres du couple présenté ici. Or, le couple en question se comporte avec la même désinvolture que l'étourneau, manquant singulièrement de respect vis-à-vis de l'oeuvre ("À nos pieds, chiffonnée"). C'est que l'héroïsme à hautes doses est étouffant avec ses personnages surhumains, inaccessibles à l'humanité la plus commune ("la froideur d’airain de ces gloires anciennes"). Il appelle à une révolte salutaire, à un retour obligé sur la terre ferme, à la sensualité comblante du couple ("tes lèvres ponctuent mon rire d’un baiser", "Ta main dans mes cheveux, sous ta jupe la mienne", "la chaleur mutine des vivants").

Merci pour ce partage !

   Ioledane   
6/4/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
La gloire éternelle et figée des anciens, contre la joie éphémère des vivants ... J'ai bien aimé votre façon d'amener le sujet, avec un premier quatrain emphatique à souhait (ne serait-ce le mot "grotesquement" qui annonce un peu la couleur), suivi d'un second soudainement gouailleur et espiègle (jolie, la "superbe offense") qui fait furieusement relativiser l'admiration potentiellement suscitée par le précédent.
Puis s'ensuit un tercet nous ramenant aux humains du moment, pleins de vie et de rires. Que faisait-elle là, cette chanson de Roland ? Dommage de l'avoir chiffonnée ;) Je trouve qu'elle n'ajoute pas grand-chose au thème, on avait déjà compris. Mais pourquoi pas.
J'ai bien aimé ma lecture en tout cas.


Oniris Copyright © 2007-2023