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Poésie contemporaine
Cyrill : Murmure… murmure
 Publié le 11/10/22  -  11 commentaires  -  1610 caractères  -  192 lectures    Autres textes du même auteur


Murmure… murmure



Quatre murs et la brume autour
dont les liserés silencieux
passementent des plis spécieux
en déroulant leur blanc velours.

Quatre murs étouffés de lierre
de vœux et de caricatures.
Âcres relents de confiture
dans la profondeur de la pierre.

Quatre murs sur tapis de givre
érigés en vaillant volume
acquis sur un pâté de plume
funeste. Mais il faut bien vivre.

Les saisons griment les péchés.
Les embrasements d’un visage
cèdent aux travers de l’usage
– une mouche sur la psyché.

Une maison, quatre fenêtres
découpées par les courants d’air.
Grince un volet, point un impair
rideaux béant sur le paraître.

Demeure que perce une porte
escamotant hommes et leurres.
Se peut-il pourtant qu’on y meure
comme cette chimère avorte

de phraséologie sans chair
qu’un balai flanque à l’extérieur ?
Une brise puis ne demeurent
que des nuées dans le ciel clair.

Quatre murs, une cheminée
d’où fument les accoutrements
d’un mariage. Un enterrement
suit en volute inopinée.

Murmures, fin mot de l’histoire
soufflée par un foehn infamant
qui désempara deux amants
dans le fourbi de la mémoire.

D’aucuns ont aperçu son châle
onduler dans l’épaisse brume
et ses cheveux mêlés d’écume
dansant autour de ses yeux pâles.

Certains présument d’un augure
on se blottit dans son calvaire
on n’entend plus rien à l’affaire.
Sait-on ce que taisent les murs ?


 
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   Anonyme   
26/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'apprécie le mystère qui imprègne votre poème comme d'
Âcres relents de confiture
dans la profondeur de la pierre.
(Ces vers sont les premiers qui m'ont fait soupçonner que je n'allais pas bien comprendre de quoi il était question.)

Ma lecture me laisse dans un entre-deux, des limbes. Je me représente une maison en ruines, ruinée de lierre, mais s'agit-il d'une demeure concrète (je ne crois pas), de l'allégorie d'un amour perdu comme m'incitent à le penser les accoutrements d'un mariage suivis d'un enterrement en volute et les deux amants désemparés, voire de l'évocation d'une ambition littéraire avortée ? Je ne saurai pas, et un tel flou, ce côté auberge espagnole de l'ensemble, pourrait m'agacer, mais l'ambiance me charme.
D'autant que vous ne débutez pas systématiquement les vers par une majuscule et que je trouve que cela ajoute au feutré, au mystérieux du propos. La brume règne, y compris dans ma tête. L'avant-dernier quatrain me fait penser à une histoire de fantôme et le dernier vers du poème me confirme que ce n'est pas la peine d'envisager une conclusion.

Malgré l'impression de fourre-tout conceptuel qui me reste après lecture, je retiens aussi une unité esthétique, quelque chose d'abouti. Il n'y a pas vraiment de moment qui ressorte me semble-t-il, je me crois devant l'eau lisse d'un étang en pleine forêt, immobile, à la profondeur inconnue ; un lieu serein, pourtant éveillant en moi un début d'inquiétude. Et baigné de brume, bien sûr, mais aussi d'un soleil pâle.

   papipoete   
11/10/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
bonjour Cyrill
C'en est du " Cyrill " avec ses vers plein de sous-entendus, ses murs où se passa ici d'étranges choses...
L'on y vécut, des pots de confitures, du mobilier de chaises et autres pauvre lit en attestent ; on y mourut car nul feu de cheminée, ni feu de coeur humain ne brûle désormais.
Mais si vous tendez l'oreille, vous entendrez les rires d'un mariage, les soupirs de nuit de noce... mais par la fenêtre, le seul murmure se hasarde entre ces quatre murs.
NB comme de coutume, l'auteur sème poétiquement des petits cailloux blancs, illustre une charade où chaque ligne parade et le lecteur doit trouver les clés de son inspiration !
Sans aller plus loin, la première strophe est ma préférée, toute douce comme du velours. le dernier vers lève un coin du mystère qui entoure cette sinistre demeure.
Mais du début jusqu'à la fin de ce " long " poème, il ne faut pas chercher absolument le " mais c'est bien sûr ! "... c'est du " Cyrill "
au 3e quatrain, l'enjambement " plume/funeste " est délicat à dire
Tel papipoète, l'auteur écrit en octosyllabes, mais la comparaison s'arrête là...

   Lotier   
12/10/2022
J'y vois une chambre mortuaire, les murmures compassés, mais je n'ai pas tout compris
(« Quatre murs sur tapis de givre
érigés en vaillant volume
acquis sur un pâté de plume
funeste. Mais il faut bien vivre.).
Ça a des allures d'église, de vieille maison familiale, de morgue, je ne sais pas trop. Le chiffre quatre revient comme dans l'apocalypse.
Je ne suis pas resté longtemps entre ces quatre murs.

   Provencao   
11/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Cyrill,

J'aime ces quatre murs, qui permettent de connaître le murmure-qui-est...

Une manière d'être proche :"Certains présument d’un augure
on se blottit dans son calvaire
on n’entend plus rien à l’affaire.
Sait-on ce que taisent les murs ?"
Comme une empreinte. Une belle inspiration presque divine qui se produit.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   pieralun   
11/10/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bjr Cyrill,

Sait on ce que taisent les murs? Et depuis combien de temps?

Les clôtures en pierre d’une maison changent d’aspect selon les saisons, la brume, le givre, le lierre, la confiture?

Les maisons anciennes étaient montées de pierres, alors ses murs là en ont encore vu bien plus….

Parfois la lecture est difficile par endroits, ça ne coule pas, mais l’ensemble possède la poésie du mystère.

   wancyrs   
12/10/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Salut Cyrill,

Ton texte est mystérieux à souhait ; j'imagine que tu l'as voulu ainsi, et c'est ainsi que je l'ai perçu. On se croirait dans un film d'horreur tant l'atmosphère est sinistre. Ici les répétitions accentuent le coté morbide de l'ensemble, et les mots choisis donnent froid dans le dos : Les fenêtres découpées, les portes percent, les volets grincent... etc. Pas étonnant que ces murs cachent bien de chose qu'on ne veut pas nécessairement connaitre...

Wan

   inconnu1   
12/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

J'aime beaucoup et pour beaucoup de raisons : les octosyllabes, les rimes embrassées féminines (ce sont les plus belles), les anaphores, le mystère qui plane entre ces quatre murs. Nul besoin de tout comprendre dans un poème, du moment que l'on fait confiance à l'auteur

Bien à vous

   Miguel   
12/10/2022
Je n'ai rien compris. Cette maison qui semble ouverte à tous les vents est pour moi hermétiquement close. J'arrive à sentir vaguement que tout cela n'est pas joyeux, mais "Pourquoi ? Mystère", comme dit Arletty dans, je crois, "Les enfants du paradis". Ce mystère semble séduire les lecteurs. Il me laisse froid. Je sais bien que le poème n'est pas publié en classique, mais quelle que soit la section, les exigences de l'esthétiques sont les mêmes, et, à mon sens, le manque d'alternance de rimes masculines et féminines nuit à la mélodie.

   Anonyme   
14/10/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Un poème où l'ambiance mystérieuse à souhait engendre à chaque relecture des ouvertures sans fin, comme si entre l'anaphore des quatre murs s'éveillaient des échos lointains chargés de mémoire !

Rien de glauque dans cette ambiance, que du sang chaud qui coule des profondeurs insoupçonnables en rampant sous la terre, fascinantes racines au galop où rien ne s'explique mais tout palpite de vie.

Une poésie vivante et vibrante, parfaitement réussie ! La preuve, elle emballe mon inspiration !

PS : j'envie votre écriture ! (sourire)

   Cyrill   
15/10/2022

   Eki   
23/8/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Murmure dans le silence des pierres dormantes...

Les traces d'un passé restitué pour contrer toute ruine de celui-ci...Ici, la vie battait...C'est bien le message de votre récit.

J'aime l'idée, les êtres qui perdurent, le souvenir après le dépérissement, la lumière qui revient après l'ombre.
Témoigner de la vie antérieure, garder le sensible, le regard aimant...Briser la main de la mort, la toiser avec la part du merveilleux qu'apportait la vie.

J'ai puisé tout cela dans vos mots.

Joli texte empreint de votre poésie que j'aime !


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