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Poésie contemporaine
Cyrill : Stances d'ivrogne
 Publié le 17/09/23  -  15 commentaires  -  610 caractères  -  376 lectures    Autres textes du même auteur


Stances d'ivrogne



Ah ! que demain le sort m’étreigne,
que dans ses fils je reste coi
plutôt qu’envisager pour quoi
tant il finasse et me dédaigne.

Que la mort à l’instant m’empoigne
et laisse mon corps mais transi,
jusqu’au petit orteil moisi
sans qu’une main douce me soigne.

Faut-il que j’aboie, que je saigne
et vocifère comme un fol
pour qu’on m’arcpince par le col
ou m’épate telle une teigne ?

Misère de partout m’encoigne,
du moindre sou suis dessaisi.
Pivois me fait blair cremosi,
clignots chassieux, qu’Enfer témoigne !


 
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   Ornicar   
4/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
"Misère de partout m'encoigne, / du moindre sous suis déssaisi". Ben oui ! Si tu buvais moins aussi, mon pauv' gars ! "Stances d'ivrogne". Je ne sais si des "stances" ce poème en a la forme, mais il a le bon goût d'avoir celui du vin mauvais qu'écluse cet ivrogne.

J'aime observer la gradation du vocabulaire au fur et à mesure que les canons défilent d'une strophe à l'autre épousant ou prenant le contre-pied de la dégradation de l'état du narrateur, déjà bien émêché au départ. Comme s'il nous disait : moins j'ai les idées claires, plus je suis lucide. Comme si ses propos, de plus en plus décousus, réssuscitaient à la surface de sa conscience et de la notre tout un vocabulaire oublié, vieilli, argotique mais ô combien savoureux et finalement poétique. M'évoquant de loin, en moins aboutie bien sûr, toutes proportions gardées, une inspiration sous influence : celle d'un Jean Richepin par exemple. Ce qui n'est déjà pas si mal. Il y a tant de moins nobles sources où s'abreuver.

Ca ne va peut-être pas très loin, ça ne dépasse guère l'horizon obscurci du prochain verre, et pour finir, du trou noir. Mais ça se laisse volontiers boire. Tournée générale donc. Cul sec !

   embellie   
5/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Ce poème, par son vocabulaire aux allures médiévales me fait penser à François Villon. Je le trouve à la fois tragique, le personnage appelle la mort, et humoristique par la légèreté du langage argotique : m’arcpince, m’épate, m’encoigne, pivois, blair, clignots chassieux …
Difficile de prendre au sérieux celui qui appelle la mort avec un tel langage, et c’est tant mieux (c’est pour de faux comme dirait Renaud).
Malgré ce langage amusant, judicieusement choisi par l’auteur(re), le poème renferme un fond de vérité.
On peut très bien concevoir qu’un individu, submergé par une dépendance, veuille sincèrement s’en défaire, la dernière strophe montre bien à quel point cette dépendance au vin ( pivois en l’occurrence ) est devenue insupportable, comparable à un Enfer.
Mais le lecteur peut ne pas y croire. Le titre aurait pu être « Serment d’ivrogne ».

   Mokhtar   
7/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Venant de donner dans le genre, je ne peux qu’être séduit par ce truculent poème dont le vocabulaire haut en couleur me ravit au plus haut point.

Même si la terminologie me paraît plutôt 17 siècle, voir postérieur, l’âme de ce texte est franchement « villonesque » par la complainte du pochard en souffrance qui appelle ses « frères humains » à la commisération.

Je pense que le sens l’expression « en laisser… mais » est à rapprocher de : « n’en pouvoir mais » (vers 6 ).

Petite réticence sur le vers 8 où l’on ne ressent pas très bien l’élision du sujet («pour m’épater telle une teigne ? »).

Le dernier quatrain est somptueux de gouaille picaresque, avec un festival de termes au jargon fleuri.
« Pivois me fait blair cremosi » : je me marre… et des larmes de rire coulent de mes clignots.

C’est probablement la diérèse dans « chassieux » qui fait que le règlement onirien sort ce texte de la zone classique : c’est le règlement qui a tort.

C’est sans hésitation que je lève bien haut mon verre à la gloire et au talent de l’auteur de ce texte jouissif.

   Lebarde   
7/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Une poésie contemporaine, à la lecture ma foi, plaisante et fluide, dont le titre ne reflète peut être pas le ton enjoué et bien vivant du propos.
Les rimes répétitives en “…eigne, oigne” et même en “si” donnent une belle poésie au texte que je savoure.
Un peu moins certaines maladresses dans la deuxième strophe dont les vers centraux “pèsent”un peu.
Un ressenti tout personnel vous le comprendrez.

Le néologisme “arcpince” n’était pas à mon avis indispensable, d’autant que très difficile à prononcer, il “accroche” et crée une rupture inutile dans le rythme de la lecture.
J’ai essayé de me délier la langue, sans véritablement réussir, même à jeun, alors imaginez un “ivrogne” avec une bouche pâteuse.

Néanmoins une poésie bien enlevée qui me plait bien.

En EL
Lebarde

   fanny   
17/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Ho le bel ivrogne que voilà, quels jolis clignots illuminant un charmant blair qui flaire ses orteils moisis, hab bah c'est sûr, pour pécho une main douce avec de tels atouts c'est pas simple, y'a plus sexy. Vu son état de délabrement on se demande même comment il arrive encore à écrire une poésie si bien construite, qui se lit aussi facilement qu'on avale un verre de vin et qui a l'avantage de ne pas tacher.
Heureusement d'ailleurs, car sinon ce serait vraiment très ragoutant, qu'enfer témoigne.

Bien que tel un bon alcoolo, notre ivrogne insiste un peu pour laisser croire qu'il est le sujet principal du poème et qu'on s'intéresse à lui : des "je, m', me" en veux-tu en voilà, ce sont néanmoins les ravages de l'alcool dans toute leur splendeur qui sont traités ici avec humour, tout en laissant apparaître très justement la gravité de la problématique.

J'avale donc l'ensemble cul sec moi aussi et j'en reprendrais bien un autre, mais compte tenu de votre état, il est hors de question qu'on s'en jette encore un p'tit, surtout que vous n'avez même plus de quoi m'offrir une chartreuse. Quoi ? Que je vous serve un verre de génépi ? Non mais vous rêvez mon ami, plutôt une infusion détox pour vous décrasser un peu. Quoi ? Non j'ai pas parlé d'absinthe, et en plus vous êtes sourd, franchement, tous ces poètes que vous fréquentez, je ne sais pas si c'est très bon pour vous.

Quoi ? on disait quoi au fait ? Ha oui, Tchin Tchin !!! Y reste des sucres ?

   Eki   
17/9/2023
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aboutie
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aime bien
Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse...On pourrait aisément détourner ces mots en vous lisant, Cyrill.

Enfin, ce n'est pas non plus l'apologie de la soûlerie ici !

L'alcoolisme peut être un adversaire dérisoire mais il est trop souvent une addiction qui mène les êtres à leur perte.

Mais vous avez choisi de donner libre cours à votre plume ivre pour nous conter avec fantaisie ces stances d'ivrogne.
Et ce n'est pas du gros rouge qui tache déversé ici.

Au fur et à mesure des coups absorbés/des vers que vous vous faites boire...vous traduisez l'humeur joyeuse de l'ivrogne qui dérive immanquablement vers un déséquilibre des sens avec toute la gravité que cela comporte comme le socialement incorrect...

On est loin du coma idyllique mais c'est tout de même un ivrogne poète que vous nous dépeignez...du verre au vers, à la source des mots/maux...Le propos n'est pas si aberrant.

Au plaisir de vous retrouver autour d'un vers !

Eki ne refuse pas un petit verre de Jurançon ou de Quincy....avec modération.

   Pouet   
17/9/2023
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très aboutie
et
aime beaucoup
Slt,

Je lis de stance que c'est un poème lyrique, religieux ou élégiaque. Je me demande lequel à choisi notre poivrot. Le vocabulaire est très soigné, presque daté, j'ai d'ailleurs appris le mot m'arcpince et je ne me souvenais pas non plus du pivois pour qualifier le jaja. Et cremosi aussi, y- a-t-il une difference avec cramoisi ?

En tout cas j'ai beaucoup aimé le ton de cet ivrogne pour le moins au fond du trou (normand). Ce que j'apprécie surtout c'est Ion vilipendé l'alcool et ses dégâts, in n'y a aucune pointe de jovialité ou de Sainte ivresse. On est dans le crasseux,dans la blatte, le désespoir., l'orteil mousi, le chicot déchaussé

Bref j'ai aimé la forme avec ses mots peu usités et la fond qui pour le moins ne fait pas l'apologie de l'alcool .

   papipoete   
18/9/2023
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aboutie
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bonjour Cyrill
Je l'ai vu ce poème en lecture aveugle, mais ne m'y arrêtai pas, à cause du douloureux souvenir qu'il m'évoque.
Ce jour, le voilà qui parait, aussi pour ne point délaisser son auteur ( que j'admire ) j'y poserai dessous quelques lignes.
- j'ai bien trop provoqué la mort, pour qu'un jour elle me dise " tu veux, ou tu veux pas ?
- c'est décidé, mon bagage est prêt et je fais le premier pas vers Elle...
- mais, par pitié ne lésine pas ! ne minaude pas, je veux que ça finisse et que surtout l'on ne me pleure pas ! Que le Diable me prenne par la queue, surtout pas de Paradis !
NB le héros est pour le moins en pétard ; pour une fois après toutes ces bordées de gueulantes ( après les autres, la société, ce bon samaritain l'aidant à se relever après une énième cuite ) tel un Cyrano le voir défier la Faucheuse :
- approche, tu ne me fais pas peur !
je sais bien que l'ivrognerie ne prend pas pour mari qui picole, sans dramatique raison ; mais ça fait si mal quand on doit être celui... qui essuie les plâtres, accoure au secours !
Je n'aurais jamais imaginé mettre le nom de l'auteur, au bas de ces vers ?
à part la non-alternance des rimes ( masculin/féminin ) de strophe à strophe, je ne vois pas ce qui s'oppose à des octosyllabes néo-classique ?
le côté " tirades " façon vieux françois, est ici bien utilisé.

Je reviens ce matin 18 septembre revoir votre métrique :
Vos avez écrit " chassieux " à prononcer en synérèse ( seul mot qui put se dire en diérèse ) ce qui en néo-classique est permis chez Oniris, du moment qu'il soit appliqué à d'autres mots tels, mais il est le seul !
donc, je ne vois toujours pas le déclassement en " contemporain "... à moins que vous présentâtes votre poème sous cette forme ?

   Provencao   
17/9/2023
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très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Cyrill,

J'aime beaucoup ce don sans pareil, cette ivresse fort bien écrite. Je la reçois comme une " misère " qui excède dans son emprise toute prise. Elle l'excède par la déprise de soi qu'elle engendre immédiatement. C'est un don, le don de l'ivresse : en ce qu'i inhibe tout discernement, il se sent perdu...il ne répond plus de soi..."Faut-il que j’aboie, que je saigne
et vocifère comme un fol
pour qu’on m’arcpince par le col
ou m’épate telle une teigne ?"

" qu'enfer témoigne " abandonné à ce don, le vertige de l’ivresse ne lui donne plus la possibilité de...

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Edgard   
17/9/2023
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très aboutie
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aime beaucoup
Coucou!
C'est au pauvre Rutebeuf que ça me fait penser... en poème contemporain...soit.
En tout cas c'est très bien torché, avec toutes ces incursions dans le langage d'un autre temps, plutôt bien vues...il fallait aller les chercher. (quelques libertés avec le Français des siècles d'avant, mais ce n'est pas vraiment gênant pour qui aime les poètes d'avant.
Bravo, mister Cyrill. A la vôtre.

   Robot   
17/9/2023
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aboutie
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aime bien
Un peu dans le style de Villon renforcé par des éléments de vocabulaire ce poème d'ivrogne est plus désabusé que joyeux. Un cri pour exprimer une impossibilité de sortir d'un vice qui a poussé à la misère.
Car la question demeure de tous les temps posées:
Devient-on ivrogne à cause de la misère, ou sombre-t-on dans la misère suite à l'ivrognerie ?
Mine de rien, ton texte exprime indirectement une question quasi-philosophique.

   ferrandeix   
18/9/2023
Le sujet est original: un ivrogne qui appelle la mort, ce qui lui communique un certain héroïsme, une certaine exceptionnalité malgré (mais en réalité grâce) à son ivrognerie qui se trouve transcendée par la poésie. Le paradoxe crée l'effet. Le second aspect intéressant du poème est naturellement le langage riche de tours médiévaux. On songe immédiatement à toute une littérature de poètes hors normes de cette époque (Villon, Rutebeuf...). La référence érudite et intellectuelle ajoute subtilement un cachet, justement par contraste avec l'ivrognerie, censée être normalement négative selon la morale traditionnelle. Et, avec ce type de poème, les cacophonies sont même bienvenues.

   Miguel   
19/9/2023
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très aboutie
et
aime beaucoup
J'ai tout de suite pensé aux poètes du moyen âge, et je vois que je ne suis pas le seul. Il y a quelque chose de la danse macabre, de la délectation morose et du désespoir tout à fait bien rendu par ces vers, ces rimes, ces sonorités. On croit voir des figures de maître Jacques Collot. Bravo.

   Cristale   
24/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
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Le troubadour picole ! Heureusement pour ses lecteurs, il garde une belle maîtrise de l'écriture et dévide ses vers aussi bien qu'il vide ses verres.
Joli langage, jolie musique, histoire souriante peu loin du délirium tremens.

   Cyrill   
28/9/2023


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