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Poésie classique
Cristale : Leitmotiv
 Publié le 19/09/23  -  25 commentaires  -  787 caractères  -  627 lectures    Autres textes du même auteur


Leitmotiv



Dans une boîte en bois le petit cowboy dort
Veillé par un Indien chapeauté d’une plume ;
Le planeur doit rêver d’un grand aéroport
Suspendu par son fil au plafond sans bitume ;
Un pantin tricoté semble aimer son confort.

Blotti dans la pénombre un ourson s’accoutume
Aux rais de jour luisants comme des feux follets ;
Tous les bruits de la rue ont baissé le volume
Et le silence crie à travers les volets.

L’odeur du chocolat, des bonbons de la foire,
Du savon au lait miel, dispersent les reflets
Des parfums éternels d’une trop courte histoire.

Chacun des souvenirs apporte un réconfort,
Mon front sur le lit froid j’écoute leur mémoire ;

Dans une boîte en bois le petit cowboy dort.


 
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   Jemabi   
3/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Un poème de forme classique mais original dans sa construction qui va du quintil au monostiche. Il est agréable à lire et à ressentir, puisqu'il trouve un écho en chacun de nous. Qu'on soit parent ou non, on a tous été enfant et donc éprouvé l'importance des liens familiaux, et parfois le désarroi quand ils se brisent. Ici, le ton léger l'emporte bien heureusement, sans jamais tomber dans la facilité du sentimentalisme, et encore moins dans le piège de la puérilité. Ce qui n'empêche pas une sourde émotion d'affleurer.

   Geigei   
3/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
ababa,bcbc,dcd,ad,a

Une Gérardine ? Des vers classiques pour une forme "moderne".

J'ai ressenti le double effet Kisscool :

- l'effet "Mistral Gagnant" au début, diablement efficace ;
- le twist à la fin du vers 12 : "une trop courte histoire". Pas vu venir. Pas comme ça. Pourtant, en lisant "le silence crie", j'ai senti qu'un commutateur venait d'être activé, comme dans un Hitchcock. On voit une main. La nuit. Le silence, ici. Je me suis fait cueillir quand même, par une émotion autre, venue écraser la première en me demandant de me taire pour une minute de silence, de celles qui permettent de commencer le match. Parce que la vie must go on.

Je me tais donc.

   Lebarde   
3/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un sujet récurrent ("leitmotiv") éternellement douloureux pour l'auteur(e) qui cette fois puise l'émotion dans la chambre de ce "petit cowboy "où tous les jouets dans leur caisse, tous les objets, tous "les bruits de la rue", "tous les rais de jour", toutes les odeurs sont autant de souvenirs ramenant à sa mémoire:
" Chacun des souvenirs apporte un réconfort,
Mon front sur le lit froid j’écoute leur mémoire;"

Ces vers magnifiques sont porteur d'une telle charge émotionnelle que ma gorge se noue.

Quelle poésie, quelle pudeur, quelle élégance, quelle sobriété, quelle simplicité, quelle finesse dans l'écriture pour évoquer une aussi indicible douleur.
"Dans une boîte en bois le petit cowboy dort."

Un superbe poème, un des plus beaux que j'ai pu lire dont on connait la signature et pour lequel, une fois encore et plus que jamais peut-être, les superlatifs me manquent.

Bravo pour ce moment d'émotion et de grâce poétique ... si j'osais je vous prendrais la main pour vous dire ma compassion et mon admiration.

Merci
En EL

Lebarde tout retourné

   Ornicar   
4/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Je ne sais comment se nomme cette forme de poème en 5,4,3,2,1 vers, le dernier vers reprenant le premier. Mais j'aime bien. La forme autant que le fond.

Le fond justement. On a l'impression que le narrateur fait l'inventaire d'une chambre d'enfant. La pièce est calme, les jouets du garçonnet dorment, comme lui sans doute. Rien ne trouble leur sommeil, ni la quiétude de la première strophe. Au fil de la lecture pourtant, comme une musique légère et plaisante passant du mode majeur au mode mineur, l'inquiétude étend son ombre diffuse et menaçante au vers 7 avec la présence de ces "feux follets", au vers 9 ensuite ("Et le silence crie à travers les volets"), au vers 12 avec la mention de cette "trop courte histoire", enfin au vers 14 avec ce "lit froid". Le dernier vers alors, strictement identique au premier, ne résonne plus de la même façon et signifie peut-être tout autre chose.

Ce poème, tout en esquisse et en délicatesse, n'en dit jamais trop, mais suffisamment pour qu'il soit sujet à plusieurs interprétations de la part du lecteur. C'est ce qui fait sa richesse. On peut ainsi imaginer que le narrateur, adulte, retrouve chez ses vieux parents sa chambre d'enfant et se laisse aller aux souvenirs d'une enfance heureuse trop vite passée. Le poème revêt l'habit et les couleurs d'une douce et tendre nostalgie. On peut aussi envisager le pire, car rien n'est pire pour un parent que la perte d'un enfant. Le "petit cowboy dort" alors d'un sommeil éternel. Et le dernier vers nous assassine.

   embellie   
4/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Ce poème appelle en nous nos propres souvenirs d’enfance.
La première strophe me fait penser à « La révolte des joujoux » que me chantait ma mère quand j’avais cinq ou six ans. La personnification des objets évoqués donne la poésie nécessaire à l’énumération de ces souvenirs. Comme bien souvent dans ce cas, les odeurs et les couleurs se manifestent, faisant naître l’inévitable émotion :
« L’odeur du chocolat, des bonbons de la foire,
Du savon au lait miel, dispersent les reflets
Des parfums éternels d’une trop courte histoire. »
Des parfums dont on se souvient toute la vie, et l’histoire de l’enfance, trop courte si on a eu la chance qu’elle soit heureuse. Cela semble être le cas de l’auteur(re) : « Chacun des souvenirs apporte un réconfort ».
Je ne résiste pas à faire un rappel trop facile, qui s’apparente au cliché, la madeleine de Proust, si souvent sollicitée !

   papipoete   
4/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
classique
Ah, une gérardine !
Sans prétention, je crois en être ( je pense ) l'un des premiers à l'avoir proposée ici en juin 2014 ( je marche comme ça )
Bref, j'aimais cet exercice à forme fixe, et m'arrête ainsi dessous.
Dans une boite en bois, un cowboy dort alors qu'un ourson bien sage, attend d'être pris dans des bras câlins.
Mais dans cette chambre, règne un silence... où se mêlent des parfums de bonbons, de chocolat...
NB dès le début, je comprend qu'ici où jouait un petit, il n'y a plus de vie ; l'enfant aux siens fut repris et son lit froid semble se confier, à une maman, à un papa...
Je voudrais me tromper et apprendre que cet enfant a simplement quitté le nid... devenu grand !
la seconde strophe est comme un avis sur la porte " privé ; on n'entre pas ici ! " tel un leitmotiv ; si l'on déroge il en coûtera bien des larmes !
le distique est si affectueux, et on pourrait poser notre main sur cette épaule de " qui a le droit... " " ça te fait du bien ? "
la première strophe et ce planeur que pilote " un pantin tricoté " est mon passage préféré.
Classique sans faute où je retrouve avec bonheur cette " façon ", à laquelle je ne m'attaque plus !
papipoète

   Myndie   
7/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Je suis surprise de trouver ce poème présenté en classique ; cette gérardine ne devrait-elle pas être classée dans la catégorie « poésie contemporaine » ?
Quoi qu'il en soit, ce beau et douloureux « leitmotiv » est un travail d'orfèvre.
Le risque pourrait être, en choisissant d'écrire dans le respect des contraintes imposées par la gérardine, d'accumuler les poncifs ou d'étouffer l'émotion sous la versification maîtrisée. Il n'en est rien.
La poésie s'éploie avec naturel et simplicité, ne laissant rien transparaître du travail en amont.
Tout comme se déroulent avec naturel, simplicité et une douceur/douleur infinie l'histoire, le drame, que l'on devine en filigrane.
Pas de fioriture inutile mais de la pureté, le vocabulaire propre au monde de l'enfance et de l'innocence.
Et au milieu de tout ça, l'élégance d'un langage poétique ciselé :

« Aux rais de jour luisants comme des feux follets ;
...
Et le silence crie à travers les volets. »

« Mon front sur le lit froid j’écoute leur mémoire;

Dans une boîte en bois le petit cowboy dort. »

C'est un texte très fort, qui réussit l'exploit de nous asséner sa détresse avec une placidité trompeuse.

Bravo à vous

   Mokhtar   
8/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
« Dans une boîte en bois le petit cowboy dort ».

Terrible phrase à double sens. Et texte à émotion, ayant pour cadre ces chambres sanctuaires figées dans le culte du souvenir et de la persistance du lien.

J’aime beaucoup la troisième strophe, et les expressions confondant les sens : « le silence crie », « les reflets des parfums », « j’écoute leur mémoire ».

J’aime moins la comparaison entre rais de lumière (fixes) et feux follets (virevoltant). Et surtout ce plafond de bitume bien trop prosaïque.

Ce texte attendrit et apitoie. C’est donc que son écriture sait se montrer efficace.

   Cyrill   
19/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Cristale,
Pour une scène de deuil, le ton est anodin et joueur, à hauteur d’enfant. De ce point de vue le poème est réussi. Seul l’avant-dernier vers apporte une nuance vraiment tragique et je pense que c’est suffisant. Il est d’ailleurs encadré de deux vers qui semblent avoir pour fonction d’étouffer la douleur qui point.
L’évocation des jouets accompagnant le « cowboy » agit comme un plaisir consolateur. Je remarque, au vers 5, un ton très neutre pour le pantin alors que les deux vers précédents engagent davantage la tendresse de la narratrice. L’ourson, ami de l’enfance par excellence, me fait ici l’effet d’être son alter ego, pour qui la narratrice espère le meilleur : les derniers rais de lumière venant de la vie avant que le cercueil soit recouvert. Une accoutumance plutôt que la souffrance. Une possibilité de communication.
Certaines formules toutefois ne m’ont pas emballé. J’ai du mal à imaginer comment une seule plume peut chapeauter l’indien. « le silence crie » : du trop souvent lu.
« les reflets / Des parfums » me sont difficiles à imaginer, ‘des embruns’ serait plus juste. Affaire de goût tout personnel, un mélange des sens pouvant tout à fait se justifier poétiquement parlant.
C’est dans les bons poèmes qu’on remarque le plus facilement le détail qui gêne, aussi ne m’en veuillez pas de les avoir soulignés.
Inutile de préciser que celui-ci m’a ému. Si ?
Merci pour le partage.

   fanny   
20/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Je serais tentée de calquer mon commentaire sur celui de Geigei, je n'ai rien vu venir, dans un bref survol en El je crois même avoir failli décrocher entre le cow-boy et le planeur tant la douleur essaie de se fondre dans la neutralité et l'accoutumance.
Ce n'est qu'une fois la porte de la chambre refermée que l'on prend la mesure du poème et de sa crue réalité.
Des feux follets qui crient un peu trop fort, une histoire un peu trop courte, un lit un peu trop froid, un leitmotiv qui une fois de plus s'exprime avec beaucoup de subtilité, accroché au fil d'un plafond sans bitume qui pèse des tonnes sans pour autant que le poème s'en ressente.
Hé oui, c'est du travail et du talent.
Bravo Cristale.

   Corto   
19/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Cristale,
Plus je lis votre poème, plus je le trouve mélodieux. Je veux dire qu'il pourrait donner naissance à un chant lent et raffiné, vous enveloppant d'une nostalgie, une attente, un doute de souffrance, pour éviter de trop affronter le chagrin.

Chaque vers assume son image, participe à un tableau d'émotion, à un cheminement jusqu'à cette image obsédante "le petit cowboy dort".

Avec ce beau vers:
"Mon front sur le lit froid j’écoute leur mémoire",
on sent que l'émotion est à son comble.

Bravo.

   Marite   
19/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Que dire ??? tout est si bien décrit et écrit que je crois que chacun peut se retrouver dans ce leitmotiv ... ces instants où l'on ouvre la porte aux souvenirs heureux de l'enfance, cette "trop courte histoire" inscrite dans nos mémoires.
" Chacun des souvenirs apporte un réconfort,
Mon front sur le lit froid j’écoute leur mémoire ;"

   Pouet   
19/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Slt Dame Cristale, que voilà un poème, un cri étouffé.
une mise à nu d'une grande tristesse et en même temps d'une mélancolie "joyeuse" quand la mémoire s'invite dans cette chambre d'enfant désertée de bonheur et de joie de vivre. C'est très émouvant. Je n'ai pas vraiment les mots à vrai dire.
J'ai envie de retenir ce vers : "Mon front sur le lit froid j'écoute leur mémoire " qui m'a rappelé mon vers préféré de vous : "Mon front contre la vitre un jour dure cent ans" L'ensemble m'a réellement beaucoup touché et je ne sais rop qu'ajouter d'autre.

   ferrandeix   
19/9/2023
trouve l'écriture
très perfectible
et
aime un peu
L'idée du poème est vraiment excellente: la description d'une chambre d'enfant mort en son jeune âge. Situation propre a émouvoir, d'autant plus qu'elle n'est évoquée qu'indirectement. C'est le lecteur qui doit comprendre. Malheureusement, la réalisation me paraît dissiper cette potentialité. L'assimilation de l'enfant au cow-boy, à mon avis, détruit plutôt l'empathie. Pour le reste, la description de la chambre ne s'accorde pas non plus avec l'argument. Et trop de sonorités qui se heurtent. C'est un exemple de poème où l'euphonie aurait pu ajouter une dimension. c'est l'inverse. Dommage. Donc, avis final partagé.

   Miguel   
19/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
L'écriture est impeccable, d'un classicisme parfait; les vers sont extrêmement mélodieux et envoûtants. Mais il y a là un petitt aspect surréaliste qui me gêne, un peu d'hermétisme quand même. Souvenirs de l'enfance du locuteur ? Jouets d'un enfant mort dont le petit cowboy serait la représentation ? Ces petites obscurités entravent ma lecture; si encore il y fait un exergue éclairant.

   Louis   
20/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
La première strophe, la plus longue du poème, comporte cinq vers.
Elle nous situe dans une chambre d’enfant, et dans toute la longueur de la strophe se trouvent présents des jouets, mais l’enfant est absent. Tous les jouets « parlent » de lui, le re-présentent, manifestent sa présence absente.

Le premier vers laisse entendre un BB, une allitération en B : « boîte en bois », « cowboy », en un babil enfantin.
Tout bée ainsi vers une absence, en quête d’une présence.

La boîte en bois n’est pas sans vie, elle recèle un jouet toujours prêt à s’animer ; elle contient le sommeil, le « cowboy » y dort, prêt à s’éveiller, prêt à se battre encore pour sauver sa peau.
Pas un cowboy solitaire, non pas un Poor lonely cowboy, mais celui-là, entouré, aimé, capable d’affronter les ennemis de la vie.
Non, il n’est pas seul, mais « veillé par un indien ».
L’indien veille sur son sommeil, prêt au jeu dans lequel on meurt, on s’effondre, et l’on se relève ; le jeu pour lequel la mort n’est qu’un semblant, jamais "pour de vrai". Pan, pan t’es mort, mais il n’ y a pas de mal, on se remet debout pour courir encore, pan, pan, la vie toujours au bout du fusil, seule vraie, et la mort toujours "pour de faux".
Pan, pan, et la vie toujours dans cette chambre d’enfant, se trouve en suspens, et du plafond pend « le planeur » qui vole dans les airs, le planeur suspendu au plafond ouvert « sans bitume », ouvert sur le ciel.
« le planeur doit rêver d’un grand aéroport » : planeur-rêveur cherche où se poser, dans un bel et grand aéroport, parce qu’il vole au ciel du grand voyage, et finira bien par atterrir là où la vie se poursuit, là où les cowboys poursuivent pour toujours les indiens «chapeautés d’une plume ».
Tout est en suspens, y compris le « pantin ». Il trouve là son «confort », en attente pourtant d’une ré-animation.
Tout est là en attente : l’indien attend le réveil du cowboy, le planeur attend l’aéroport, le pantin une animation.
La 1ère strophe s’avère donc pleine de vie, une vie en suspens.

La deuxième strophe, plus courte, perd un vers.
En son milieu, quelque chose se brise.
Les deux premiers vers se situent dans le prolongement de la strophe précédente : un ourson est en attente.
Il attend « blotti dans la pénombre », dans l’effort d’une accoutumance à la lumière.
Dans l’ombre, il attend le jour, ses feux, le "follet", la folie d’un jour nouveau improbable, une merveilleuse, mais illusoire, nouvelle venue au jour.
Vaine attente.
Brusquement, survient la douleur, et surgit l’angoisse, dans un passage de la lumière au silence ; dans un « cri ».
Se produit comme un effet d’anacoluthe ( sans présence de la figure de style ).
Le silence qui se produit n’est pas celui d’un calme qui s’instaure, celui d’un apaisement, ou d’une paix, non, un trouble naît et « le silence crie ».
Le silence peut être expressif. Il « crie » et signifie avec force l’absence des bruits de la vie qui s’en vont mourant, et toutes ces rumeurs d’une activité vivante, qui s’éteignent.
Le cri silencieux est une béance, comme dans un tableau pictural une bouche grande ouverte, une béance d’un monde où la vie n’est plus, mais où se manifeste l’angoisse d’un vide.
La vie en attente, la vie en suspens, tout à coup perdue, dans un hurlement de silence.
La deuxième strophe prolonge donc la première ; la vie en suspens s’y poursuit pour s’interrompre brusquement, dans un passage de la lumière, non pas à l’obscurité, mais au silence, un silence angoissé qui ressemble déjà à une nuit sans vie.
Cette deuxième strophe s’est rétrécie, elle a perdu en longueur. Un mouvement de "décroissance" a commencé.

Celui-ci se poursuit dans la troisième strophe qui ne compte plus que trois vers.
Si les sensations, visuelle et sonore, étaient dominantes dans les strophes précédentes, la sensation olfactive s’impose désormais : « odeur du chocolat, des bonbons de la foire / du savon au lait miel », toutes ces odeurs d’enfance.
Ces sensations olfactives interviennent sans doute parce que plus adaptées à l’idée désormais prégnante de ce qui se « disperse » ou se dissipe plus aisément.
Se dispersent « les reflets / Des parfums éternels d’une trop courte histoire »
Les sons ont leur écho, les choses visuelles leurs reflets, mais dans le domaine de l’odorat, nul mot pour désigner ce qui répète une odeur, ou la redouble. Ni "effluve", ni "exhalaison", ni même "arôme" ne pourraient convenir. Il a fallu donc emprunter au domaine visuel, par analogie : « reflets de parfums ».
Pas de paradoxe, si les « reflets de parfum » se dispersent et se dissipent, les parfums eux-mêmes ont un arôme d’ « éternité », en laquelle rien ne passe, rien ne se disperse. Cette éternité, à son tour, n’entre pas en contradiction avec une « trop courte histoire », celle bien sûr, de l’enfant trop tôt disparu. L’éternité, en effet, est au-delà de la durée, ni longue ni courte, malgré les plaisanteries de Woody Allen ( « L’éternité c’est long, surtout vers la fin »). Il est ici un irrévocable : la vie de l’enfant fut courte, mais elle fut, sans que rien ne puisse l’effacer, pas même l’oubli. Courte histoire, oui, mais éternelle dans cette vérité qu’elle fut.

Au sein de cette strophe, la vie enfantine n’apparaît plus prête au retour, à l’éveil, mais en dispersion de mémoire, en considération lucide sur sa brièveté, sur sa fin comme un long sommeil sans réveil.

La quatrième strophe, amincie encore, laisse place aux souvenirs.
Chacun des jouets est parlant, chacun est porteur de mémoire, et la locutrice se tient à leur écoute : « j’écoute leur mémoire ». C’est dire que les jouets parlent à la mémoire de la locutrice, qu’ils racontent, diserts, la vie d’autrefois. Silencieusement, ils content les moments vécus évanouis.

La dernière strophe se réduit à un seul vers et, dans un mouvement cyclique cette fois, reprend le premier vers.

Au-delà de la forme fixe d’une "gérardine", le mouvement d’ensemble du poème semble très significatif.
Il est celui d’une décroissance du nombre de vers, d’une réduction de longueur de leur dimension, à mesure qu’ils se succèdent.
Mais comment pouvait-il en être autrement ? comment le poème pouvait-il croître, ou rester fixe, quand la vie de l’enfant, si courte, n’a pu croître, n’a pas connu de croissance ? L’enfant n’a pas pu grandir, et le poème si entrelacé à sa mémoire, ne le peut pas non plus.
Il ne croît pas, mais au contraire décroît. Comme un compte à rebours : 5,4,3,2,1. Peut-être l’enfant a-t-il disparu à l’âge de cinq ans, et que chaque strophe célèbre l’étape d’une vie qui s’est éteinte
Mais le mouvement de décroissance semble aussi envelopper le mouvement de la mémoire, une mémoire d’abord si vive, dans un rapport à l’enfant qui le retient vivant, juste endormi, prêt à s’éveiller, puis faite de souvenirs qui se « dispersent », se dissipent, et reconnaissent dans un processus de deuil que l’enfant ne s’éveillera plus.
Ce mouvement de décroissance s’insère encore dans un autre mouvement, cyclique cette fois. Quand le deuil semble accompli, tout revient en mémoire vive, et tout reprend selon les étapes du poème qui égrènent à nouveau ses strophes décroissantes. Le cycle semble perpétuel, sans que la locutrice puisse en sortir. Là, dans ce perpétuel retour, se situe le « leitmotiv ».

Merci Cristale pour ce texte particulièrement émouvant.

   Curwwod   
20/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Une très jolie évocation des souvenirs d'enfance et de ces petits objets porteurs de mémoire qu'on retrouve parfois par hasard lors d'un passage au grenier. C'est alors toute une vie qui refleurit avec son goût doux amer, car tous ces bonheurs ou chagrins d'autrefois sont rejetés hors du temps présent. Toujours une très belle écriture, un sens aigu de l'image poétique et une émouvante discrétion dans l'expression de l'émotion.
Juste une remarque à propos de "sans bitume" que je n'ai pas trop aimé même si c'est une allusion au tarmac des aéroports.

   jfmoods   
20/9/2023
L'élément central du récit, ce ne sont pas les objets. C'est la chambre, espace à arpenter en tous sens, espace clôturé qui fait écho à la clôture du poème sur lui-même. L'intériorité de la chambre, c'est celle du coeur (des émotions et des sensations) assurée par un jeu filé de personnifications. On mesure bien ici, par l'affichage des contrastes ("pénombre"/"rais de jour", "Tous les bruits"/"le silence"), la distance qui s'établit entre le monde du dehors, intrusif, et celui - recueilli, investi sur la perte et sur la cristallisation - du dedans.

Merci pour ce partage !

   Annick   
21/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
"Mon front" et "j'écoute" révèlent un point de vue interne. C'est le-la narrateur-trice qui prend part en tant que personnage à ce récit, ce terrible  événement.

Quand on lit le début du poème, tout semble si apaisant, si sécurisant. On s'attend à découvrir le petit enfant dormant dans son lit.

Mais tout est à double sens :
"Dans une boîte en bois le petit cowboy dort
Veillé par un Indien chapeauté d’une plume ;"
représente l'enfant parti trop tôt. Il n'est jamais évoqué directement. Tout est dans la symbolique : connotation d'enfermement et de repos éternel.

La suite de la strophe paraît toute aussi normale. Chacun des jouets  personnifiés semblent cependant confinés : le planeur rêve d'espace, le pantin semble apprécier son confort et l'ourson est blotti dans la pénombre. Double sens encore. Il est glaçant. C'est un espace fermé à jamais.

Et puis, le ton change : les choses se dévoilent explicitement dans leur vérité cruelle : "feux follets", "le silence crie" comme un chagrin que l'on garde pour soi ou qui ne peut s'exprimer tant il est immense.

De l'espace fermé de la chambre, on perçoit, on entend les souvenirs des jours heureux du dehors, le monde des vivants. Le mot "éternels" fait référence aux souvenirs indélébiles et en même temps au repos éternel.

"Mon front sur le lit froid, j'écoute leur mémoire." Ce vers évoque l'absence définitive par le toucher. Dans ce poème, on voit, on entend, on sent, on touche. Presque tous les sens sont sollicités. Comme une douleur morale et charnelle.

Le poème rétrécit comme pour montrer que la vie s'est réduite à un fil puis plus rien. Après le dernier et unique vers, le néant.

La répétition du premier vers à  la toute fin du poème rejoint le titre : leitmotiv.

En conclusion, la chambre, lieu clos, représente l'enfermement à jamais et le chagrin du locuteur intériorisé. L'extérieur, les souvenirs des plaisirs de la vie.
Tout gravite autour de l'univers de l'enfance : jouets, foire, lait...

C'est un poème très touchant. Il n'y a pas réellement d'effets esthétisants. Tout est dans le fond.

J'ai été émue en lisant et en commentant ce beau poème qui traduit bien l'absence, la séparation, la douleur, le réconfort dans le souvenir.

Merci Cristale.

   Eki   
21/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Tout semble suspendu.
Le lecteur ouvre la porte avec les yeux. Ici, on ne touche rien. On respire l'odeur des mortes années.

Les vielles douleurs savent très bien ne pas tomber dans l'oubli.

Cet émouvant poème nous parle de la présence absente, d'un enfant perdu, étreinte dans la douceur d'un souvenir.
L'absent si présent enlacé dans la douleur du vide abyssal que rien ne comble malgré cette chambre "encombrée" de jouets, d'ours.

On cherche encore une consolation, un semblant de recueillement, un ciel aussi bleu qu'avant...mais tout a basculé.

On voudrait retrouver la candeur de l'innocence, de l'enfance brisée dans cette chambre où tout nous parle de ce petit être parti trop vite.

Se souvenir, retrouver de quel côté brillait le soleil, retrouver le chemin qui conduisait à la lumière...un peu comme si on venait abriter sa peine "Mon front sur le lit froid..."
Respirer la vie d'avant lorsque le bonheur et la douceur emplissait cette chambre d'enfant.

Ce poème m'évoque ces vers de Charles Baudelaire :
"Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille"
"Entends, ma chère, entends la douce nuit qui marche"

Poétique, délicat, émouvant !

   Raoul   
22/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,
J'aime beaucoup celle mélodie de vers parfaits où des jouets, des souvenirs, des sensations extrêmement subtiles, mais aussi la mort, rôdent.
Cet inventaire, tout en juxtapositions et équilibres instables est prêt à évoquer l'atelier d'un marionnettiste.
Délicat, retenu, ultrasensible et pudique, je trouve ce poème superbe de bout en bout. Bravo !
Merci beaucoup pour cette lecture.

   Dimou   
23/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjouw Cwistale,

Nous avons bien weçu, éw nous vous en wemewcions, votwe pwoposition de scénawio pouw Toy Stowy 6.

Vous êtes une scénawiste twès inspiwée et vos idéew nous ont convaincuw.


"Dans une boite en bois le petit cowboy dort" : Woui, excellent, Woody pouwwait commencéw dans un cimetièwe, et êtwe un zombiw, c'est une twès bonne idéew, cela fewa penséw aux enfants que la môw les guête â tout instant, twès bon.

"Un indien / suspendu par son fil" : Bwilllante idéew Cwistale, la camewa commencewait pointéew suw le cewceuil de Woodyw, éw ensuite fewait un mouvement suw un awbwe et ôn vewwait un indien venant de se pendwe â une bwanche, il sewait entwain de bougéw puiw il wendwait sôn dewnier souffle, c'est twès bon. Ici chez Pixaw nous faisons wever les enfants mais sans leuw cachéw la vewité suw le monwde.

"Bitume / son confort" : Gènial Cwistale, Woody pouwwait êtwe un zombiw sdf dans le film, passéw sa vie â ewwer sans espoiw de saluw, peut-êtwe cewtains enfants qui vewwont le film voudwons empwunter le mêwme chemin ?

"Un ourson / aux rais / luisants" : Faiwe weveniw Lotso, l'ouws de Toy Stowy 3, est une twès bonne idéew. Il finissaiw attachéw â l'avant d'un camion pouwbelle dans Toy Stowy 3, mais il pouwwait wevenir donnéw des conseils dans le nouvôw film, il auwait apwis plein de techniques de sdf en vivant dans une dechawge, éw elles pouwwaient êtwe utiles à Woody. "Rais luisants" ? "Raie" vous vouléw diwe ? Oui c'est supew, il auwait des pwoblémes de twanspiwation, et Woody et Lotso iwaient dans un magasinw pouw achetéw du talc. Le talc fait penséw â la cocaïne, twès bônne wéféwence pouw la jeunêsse.

"La rue / à travers / l'odeur" : Pawfait Cwistale, il faut faiwe wessentiw la puanteuw de la wue aux enfants, nous mettwons déw flâques de vomiw suw le chemin de Woody et Lotso. Le vowmi âmuse beaucouw les enfants. Je n'en aiw jamaiw fait l'expewience, môn enfant est môw de faim â 8 moiw j'avaiw oubliéw de le nouwwiw pendant 2 semaines mais je saiw qu'ils sônt fwiands de ce genwe de blagues.

"Du lait / dispersent / histoire / sur le lit" : Ouiw une scene de sêxe, tout simplement uwne conclusion idéale ôw film. Entwe Woody et Lotso ? Vous avéw de la suie dans les idéew Cwistale, moi aussiw, j'aime çaw.


Ici en amewique, pays qui inspiwe le monde entiéw et appowte aux autwes la lumièwe, nous aimons l'audawce, les idéew pouvant sewviw les genewations futuwes, éw votwe scénawio en est fowtement pouwvu Cwistale.

Nous westons, Madawme, à votwe dispowsition pouw negociéw vôs émowluments afin d'acquewiw ce scwipt.

 bientôw.


( Je le regrette déjà celui là mais tant pis il est écrit je le livre. Bravo pour ce poème Cristale c'est du grand art. )

   Eskisse   
23/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Cristale,

Avoir choisi ce lexique sobre, avoir privilégié la pudeur, avoir construit le poème sur la perte en faisant disparaître les vers pour n'en garder plus qu'un, tout cela fait de ce poème une grande réussite.
L'absence est suggérée dès la première strophe avec le sommeil et le rêve...
Je regrette presque l'oxymore " le silence crie" qui "casse" cette sobriété, et " ont baissé le volume" ( je ne sais pas pourquoi!)

Mais encore une fois, je félicite l'auteure pour cette recherche de la simplicité lexicale au regard du thème de l'enfance, simplicité qui lui va bien.

   Catelena   
3/10/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Ici, ce sont des joujoux familiers qui prêtent avec délicatesse leur douce abondance à la perte de l'enfance, comme pour mieux raviver le chagrin de l'absence.

Il se dégage de ce poème, avec une force émotionnelle d'autant plus visuelle que l'essentiel se lit entre les lignes, une forme de fatalité écrasée d'impuissance. Un sanglot coincé plein de dignité qui étouffe sans bruit.

Le double-sens de la phrase d'entame reprise à la fin, serre à pierre fendre mon cœur de maman.

C'est beau d'arriver à transcender ainsi la pire des douleurs.
C'est beau, et si triste à la fois.

Je n'ai pas envie de dire merci...
Des bisous doux, Cristale.


Cat (Elena)

   Cristale   
6/10/2023


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