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Poésie contemporaine
Cyrill : Vague arrière
 Publié le 03/11/23  -  14 commentaires  -  999 caractères  -  382 lectures    Autres textes du même auteur

Un entretien avec Névrose.


Vague arrière



Quand le clac de la mandibule amorce un naufrage livide,
quand la vague arrière suicide un banc décadent de globules
dont l’œil torve à cornée putride, exacerbé de follicules,
se ferme comme un ergastule à mon ambition matricide,

je vois l’épingle pénétrant dans un papillon de Rorschach,
une gestante-canular qui dévore un petit enfant,
une pieuvre de cauchemar dont les appendices piaffant,
dont les rictus incohérents, s’écartèlent en nénuphar ;

j’entends le rire goguenard, comme échappé d’un oliphant,
d’un saltimbanque folâtrant au théâtre du traquenard
tel un esprit récalcitrant dans le corps infirme d’un couard,
telle l’encre sur le buvard escamote un seing triomphant.

Anéanti par la chimère et sa perse mansuétude,
je balafre encor l’interlude en m’arrachant à cette mère
dont le sein, lactescent prélude à mixture bien plus amère,
s’est asséché, source éphémère abdiquant toute latitude.


 
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   Lebarde   
16/10/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Une "Névrose" à coup sûr et sur ce point c'est réussi, conduisant à une "ambition matricide" ou peut-être, à cause de "cette mère/
dont le sein, lactescent prélude à mixture bien plus amère,
s’est asséché, source éphémère abdiquant toute latitude."

Un mal-être transpire de ce texte mais c'est bien l'objectif, ou peut-être ai-je mal compris?

En tous cas le sujet est bien sombre, bien tourmenté, bien cauchemardesque , pas tout à fait ce que, par lâcheté de ma part, je veux bien le reconnaitre, j'aime dans mes lectures.

Pour le reste ce poème contemporain est proposé en strophes aux vers longs à la métrique souvent bancale et à la syntaxe par moment critiquable, ce qui peut nuire à la fluidité du propos.

Par ailleurs, c'est une volonté de l'auteur(e) mais que pour ma part je ne sais si je dois l'apprécier ou le regretter, je note une redondance d'assonances ou de sonorités, en rimes ou dans le corps du texte, qui peut déranger.
Au fil de la lecture: le son "ule" quatre fois dans le premier quatrain, les sons "ar" (huit fois ) et "an/en" (dix fois) dans les quatrains suivants, et le son "mère" (quatre fois) dans la dernière strophe.

Bon on dira que ces répétitions créent l'atmosphère glauque recherchée.
Une dernière remarque: "mandibule" ne serait-il pas féminin? et "perse"?, plutôt perCe sans doute.

En EL

Lebarde pas nécessairement dans sa zone de confort.

   Gemini   
3/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
L'entretien a des airs de monologue interne ou plutôt d'une consultation (deuxième quatrain).

Les pensées (complexes) me semblent schizophréniques à souhait (je ne suis pas expert). Mais leur formulation relève de l'exploit. Comment expliquer avec une telle acuité et dans une forme aussi sophistiquée (mise en vers de 16 syllabes – pourquoi 16 ? - découpage en quatrains – alternance féminins/masculins - recherche de bonnes rimes – j’aurais appris la prononciation de Rorschach) ces visions aussi diverses qu'hallucinatoires ?
On trouve même des éclats de poésie surréaliste à la Eluard : "suicider un banc de globules", "balafrer l'interlude", "abdiquer la latitude", un invraisemblable "perse mansuétude", des emplois d'orthographe désuète ; 'oliphant" (qui rappelle que le nom vient de l'animal), "seing" ; bref, une maîtrise littéraire impressionnante qui, démontrant un désordre mental, cadre parfaitement avec le trouble freudien "ambition matricide"" du narrateur (sûrement trice pour Oedipe).

Seulement trois "je", ("je vois", "j'entends", "je balafre", mais pas "je suis" ou "j'ai") ce qui traduit à mon sens une absence de narcissisme
Difficile, voire impossible de déchiffrer toutes les images ou traduire la profondeur exacte des sentiments (ou plutôt ressentiments) qui sous-tendent le désordre, mais j'ai été embarqué dans cette psychose délirante (ou passionnée), et surtout séduit par sa conduite, peut-être la froideur de sa certitude, sa frénésie contrôlée. Sa version des faits.

Un titre bien recherché qui donne à penser qu'on n'est maître de rien. Sur une vague arrière on surfe, en cherchant seulement à garder l’équilibre.

PS 3/11 : Grâce aux remarques de Lebarde sur les sons, je découvre les rimes internes qui m'avaient échappé. Un bon point en plus sur la technique.

   fanny   
3/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Le moins que l'on puisse dire c'est que vous avez le goût de l'aventure dans l'écriture et que vous n'avez pas peur d'envoyer la balle rebondissante dans à peu près toutes les directions.
Dernier fronton en date : la mère, dans des mises en scène complexes où elle est source de culpabilités et de névroses.
Vague arrière, encore la mer et ses naufrages, le titre est particulièrement bien trouvé et plus clair que l'ensemble du poème qui fait bien état d'une puissante et amère confusion amené par cette névrose.
Œdipe, pas Œdipe, quand le rapport à la mère n'est pas simple, les vagues arrières sont multiples et leur écume fait tache d'encre sur toute latitude.
Je ne sais pas si cela a été difficile à écrire mais c'est difficile à lire, c'est dur, c'est juste, et il est temps que j'aille prendre l'air.

   Provencao   
3/11/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime bien
Bonjour Cyrill,

"j’entends le rire goguenard, comme échappé d’un oliphant,
d’un saltimbanque folâtrant au théâtre du traquenard
tel un esprit récalcitrant dans le corps infirme d’un couard,
telle l’encre sur le buvard escamote un seing triomphant."


Or ce rire goguenard n’est pas l’expression d’un optimisme béat ou satisfait. Il sait qu’il n’est possible que par une victoire gagnée sur la dépression, puisque, comme vous l'écrivez plus loin, chaque être, sorti du néant, semble " se balafrer encor l'interlude en s'arrachant à cette mère".
Ainsi, il me semble avoir compris, après plusieurs lectures, que chaque lucidité se confronte à tout instant à sa propre restriction.
J'ai aimé dans votre poésie cet abîme du cauchemar dès qu’il se sent limité à ses seules forces.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Cristale   
3/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bel amusement poétique avec ces rimes brisées internes, embrassées comme le sont celles des finales. Je sens la passion de l'écriture haute en décibels et riche en couleurs.
Le poème est comme ses rimes, construit en strophes embrassées, la première et la dernière en rimes féminines, la seconde et la troisième en rimes masculines.
Là je vois l'étau maternel matérialisé outre le fond mais aussi la forme de l'écrit.
Le titre dit bien cette "vague arrière", un retour utérin qui ne peut s'inverser qu'avec l'aboutissement mental de ce désir matricide. Le cordon fait le yoyo.
Dame Névrose a encore de beaux jours d'angoisses à vivre et partager.
Mais peut-être que le narrateur trouvera mes observations limite border-line.
L'écriture est riche, complexe mais plaisante.
Une voix poétique à se faire des noeuds aux hémistiches des synapses.
Vite ! Un lexiquomil :)

   hersen   
3/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Je salue ce poème plus par la recherche fort réussie de vocabulaire, par le rythme, et par ce qu'il laisse d'impression tenace (pour moi gage de réussite d'un écrit). Chaque vers recèle au moins une curiosité.
Ce travail sur les mots donne une richesse indéniable et les sons amplifie la dureté du propos. Il même parfois quasiment cracher le vers. (par ex, vers 3, vers 8)
Le fond ne me parle pas trop, peut-être fais-je partie des bienheureux dont le psychique a éclusé suffisamment de lait :))
Mais ce poème est très parlant des traces que laisse l'enfance.

merci de la lecture

   Geigei   
3/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Tous les voileux le savent, si une vague arrière menace, le risque de partir au lof est grand.
Il faut abattre.
Et pourquoi pas sa mère.

Quand Jérôme Bosch se met à peindre des marines.

"Ergastule". Certes. Se rapporte à quoi ? Qu'est-ce qui se ferme ? L'œil ? La mandibule ? Le banc ? Fermer le ban !

La lecture est fastidieuse. Mais on comprend.
L'intérêt du texte est le jeu des rimes. Un pied dedans, un pied dehors.

Les deux derniers vers pourraient confirmer mon idée que le matricide est salvateur car il autorise l'individuation et une créativité ludique et cognitive.
La créativité est là, mais la perte du sein, "source éphémère", installe une névrose d'abandon sévère.
Une chance que je ne sois pas devenu psy :))

   papipoete   
3/11/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
bonjour Cyrill
" accrochez-vous ; ça va tanguer ! "
Nous voilà embarqués dans un voyage, où chaque image se confronte à son contraire, ou bien joue à contre-sens ou appuyant fort sur sa signification...
NB je vois ici le réveil d'une nuit cauchemardesque, dont le pauvre dormeur tente de raconter, la trame de ses tourments nocturnes.
Je ne comprends rien à rien de ces lignes, si non la noirceur de ses horribles créatures, bestioles ou divagations vocabulairesques !
Je m'aventure sous toute écriture, alors rendu à la fin, Je serais tenté de dire que je n'aime PAS, mais l'ensemble fut sûrement un défi à relever ; aussi pour cela, je ne tomberai point trop bas.

   Marite   
3/11/2023
Bien complexe et un peu mystérieux cet entretien avec Névrose. Si les trois premiers vers m'ont fait penser à un avortement le terme "matricide" associé à "ambition" m'a fait renoncer à poursuivre dans cette direction et, après, j'ai vraiment perdu pied ... j'ai hâte de voir le forum qui sera ouvert par l'auteur (enfin j'espère) ce qui éclairera mon incompréhension. Difficile de mettre une quelconque appréciation ...
NB.- après lecture des commentaires, certains essentiellement orientés sur la forme de ce poème et ses diverses qualités d'écriture poétique, il me vient à l'esprit que peut-être il s'agit ici des conséquences psychologiques, la "vague arrière", provoquées par la découverte d'avoir été un enfant non désiré dont la mère n'a pas pu se débarasser.

   Eki   
3/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Des vers très ombrageux, enchevêtrés dans cette vague arrière..
La valise est bien lourde pour un voyage immobile...

Cette pathologie est bien décrite, décortiquée avec tous les aspects qu'elle peut comporter de l'obsession, de la phobie, de l'anxiété.
Beaucoup trop de locataires pour se confronter à un seul esprit...

Vous nous plongez dans le très noir, dans l'abîme de ce trauma psychologique avec des images choc et le poids des maux.

Un texte corrosif, torturé, complexe comme une névrose...
Un langage appuyé, riche...j'ai enrichi mon vocabulaire, merci !

Quelque chose de fragile tangue...

   Cyrill   
4/11/2023

   Catelena   
4/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Je constate qu'il me faut prendre de la distance avec des textes comme celui ci. Quelques jours à le digérer pour que me saute aux yeux sa quintessence. Pour m'apprendre à l'aimer comme il le mérite...

Des mots lourds, donc, ciselés à coups d'un burin effilé et précieux.

L'ambiance surie qui en résulte, lourde aussi, est menée au pas de charge, telle la vague arrière qui décoiffe.

Il m'aura quand même fallu passer par ton garage, et m'asseoir dans le fauteuil fatigué près du berceau, pour apprécier comme il se doit un pareil naufrage.

Merci, Monsieur le psychanalyste.
(Docteur Cyrill, j'ose pas encore)


Cat (Elena)

   Myndie   
5/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Salut Cyrill,

« Matricide », le mot est lâché.
Arrivant après tout le monde, il sera peut-être difficile d'exprimer ici tout ce que m'inspire cette « vague arrière », mais pour éviter de me laisser influencer, je m'abstiens en tout cas d'aller consulter le fil que tu as ouvert (un peu rapidement peut-être?) .

Alors voilà. D'abord bravo pour avoir osé aborder ici ce thème malaisant, voire tabou dont on ne trouve que de rares trace en littérature. Je n 'évoquerais pas pour ma part l'Oedipe mais plutôt Oreste ou Alcméron deux matricides de la mythologie grecque. La différence cependant, c'est que ces deux là ont tué leur mère pour venger le père, comme si le motif était une compensation ou suffisait à dédouaner ce crime de son horreur. En psychanalyse – puisque le texte est truffé d'allusions à cette science – on appellerait ça la censure.
Ici, nulle allusion à une quelconque vengeance, c'est juste l'aveu d'un amour/haine (un anamour comme disait joliment Gainsbourg).
Ce qui nous ramène à la psychanalyse qui verrait ton matricide comme un geste libératoire vis à vis de cette mère nourricière (« le sein lactescent ») mais castratrice (V.6-7), donc aimée et détestée, et nos rappellerait une fois de plus le caractère incestueux des rapports entre la mère et le fils.
Et qui du coup ne peut en rien atténuer la répugnance que tout un chacun, s'il est un tant soit peu normalement constitué^^, est censé éprouver face à ce crime abominable.

Quant à la forme, eh bien, je t'avoue que le thème est si riche et appelle tant de réflexions que je ne me suis pas attardée dessus ; à peine ai-je déploré l'âpreté de ton écriture qui demande au moins deux lectures (mais c'est bien, c'est justement bien en rapport avec la tourmente affective décrite) ; à peine me suis-je réjouie de découvrir le sens du mot « ergastule ».
J'ai vraiment beaucoup apprécié de surfer sur cette vague là.
PS : Dans la mythologie grecque, tout le monde tue tout le monde, les parents vendent leurs filles en esclavage ou offrent leurs enfants aux dieux... Peut-être un nouveau sujet d'étude poétique ?

Myndie,
qui craint de ne pas avoir été bien claire et qui va maintenant aller découvrir tes explications en forum

   Louis   
7/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
La première strophe hulule et "mod-ule" ses vers, par ses «mandibule», « globules », « follicules », « ergastule », de telle sorte qu’elle énonce, dans la plainte, les conditions dans lesquelles un fantasme va se produire.
Ces conditions semblent organiques, le terme « ergastule » est le seul à ne pas se référer directement au domaine corporel. Du somatique annonce donc un processus psychique.
Évidemment, on y verra du "psychosomatique".
Le fantasme devrait révéler, rendre conscient, un processus qui relève à la fois du somatique et d’un psychisme inconscient.
La formulation pourtant du processus s’avère déjà révélatrice.
En effet, le corps interne, là où se produit le mécanisme de rejet, s’avère déjà métaphoriquement assimilé à une mer ( avec le glissement signifiant à une « mère », évidemment).
"Naufrage livide" ; "vague arrière" ; "banc de globules" : tout ce vocabulaire renvoie au monde de la mer.
« L’amorce du naufrage livide » réfère sans doute à une nausée, à un rejet.
Les conditions somatiques annoncent donc un mal de mer, une nausée : un mal de mère.
Le corps semble vouloir régurgiter la mer, vomir la mère, la rejeter en dehors de soi.
« L’ambition matricide » est l’autre nom de ce rejet lui-même. Il correspond à la mort symbolique de la mère, par rejet. Ce qui présuppose qu’elle a été d’abord avalée, intégrée, incorporée.
Un enfant porte en lui une mère, qu’il cherche à expulser. Non à lui donner naissance, à lui donner vie, mais au contraire à l’expulser pour lui ôter, symboliquement bien sûr, la vie en un « matricide ». Cet enfant semble ne pouvoir être lui-même, ne pouvoir mener une vie autonome, qu’à la condition de se délivrer de cette mère envahissante, intrusive.
« L’œil… se ferme », il ne veut pas voir, reconnaître ce rejet.
Ce que l’œil "conscient" ne voit pas, le fantasme devrait le fait voir. Mais le fantasme analysé, tel qu'on le pratique dans un test de Rorschach.

On passe donc, dans la deuxième strophe, du rejet, de l’éjection au processus de pro-jection.
Or l’image projetée dans le fantasme se présente comme celle d’une « gestante-canular ».
Celle-ci recouvre forcément la figure de la mère.
Elle est enceinte, « gestante » par injection, par incorporation : «Elle dévore un petit enfant ».
La projection a laissé place à une introjection ; alors qu’était attendue l’image d’un enfant qui rejette une mère hors de soi, dans une projection fantasmatique, on se trouve face à une image inverse, celle d’une absorption de l’enfant par une mère.
Le rorschach fantaisiste et malicieux se prêterait-il au « canular » ?
L'expression : « gestante-canular » laisse entendre que se joue une "farce", mais surtout au sens où l’enfant dont la mère est grosse se présente comme ce qui la farcit, comme farce d’une mère.
La mère ainsi ne procrée pas, elle ingère, elle se "farcit" d’un enfant.
L’enfant et la mère sont donc considérés comme étrangers l’un à l’autre.
Enceinte par dévoration, par incorporation, la mère agit comme une « pieuvre de cauchemar ». L’enfant est enserré dans ses bras ou tentacules, et ingurgité. Il se trouve donc comme capturé, emprisonné par la mère.

Deux processus, symétriquement inverses apparaissent dans les deux premières strophes : l’expulsion de la mère hors de son enfant ; l’introjection de l’enfant dans le sein de la mère.
Tout cela ressemble à une farce, à un « canular », et la troisième strophe fait retentir un « rire goguenard », évoque un « théâtre du traquenard », une scène théâtrale trompeuse.
Là où l’on se « fait avoir ».
On croyait éjecter, on se trouve injecté.
Est pris celui qui croyait prendre, ou plutôt se déprendre.
La scène fantasmatique serait un jeu de dupe, selon le fantasme auditif évoqué dans la troisième strophe, qui accompagne le fantasme visuel de la deuxième. Bien que le visuel y soit aussi présent. Ainsi de « l’encre sur le buvard » qui rappelle le rorschach, et selon laquelle il y aurait tromperie sur le sens de l’expulsion de départ.

Pourtant, être intégré par la mère, ou repousser la mère après l’avoir intégré : pour l’inconscient sans logique, cela revient au même.

La dernière strophe revient à l’essentiel de ce mal de mère.
Fin du jeu de dupe. Pour le locuteur, la farce n’est pas une simple plaisanterie. Il s’agit de tirer un trait ( une « balafre ») sur «l’interlude » ; il s’agit pour celui qui est son enfant, de « s’arracher » à la mère, en laquelle il est retenu fermement, dans un rapport vécu à cette marâtre comme un enfermement ; il s’agit de gagner une délivrance.
Les images sont distinctes apparemment, mais le processus est le même, il ne convient plus de régurgiter une mère que l’on aurait avalée, dans un « matricide », mais de s’affranchir, de se délivrer de ses "griffes", des « appendices de la pieuvre » plutôt. Dans tous les cas, de se séparer de la mère.

Ce poème nous présente donc la pratique en quelque sorte d’une "psychanalyse sauvage ".
Elle peut présenter des aspects ludiques, mais il y va, en son fond, des conditions d’existence du locuteur : "ex-ister" comme l’indique l’ étymologie de ce verbe, c’est se tenir hors de… ici, en l’occurrence, hors de la mère.

Merci Cyrill pour cette expérience psychanalytico-poétique.


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