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Poésie en prose
Daemon_Desanges : Le fleuve noir
 Publié le 27/11/13  -  6 commentaires  -  2037 caractères  -  211 lectures    Autres textes du même auteur

Il est un endroit, si lent et délicieux, où portée par l'écume l'encre des poètes se dilue. Un endroit magnifié, au sombres heures de la nuit, par le reflet agité des candélabres immobiles.


Le fleuve noir



C'est au creux de ce fleuve, qui sait si bien conserver les noyés, que je vis pour la première fois l'ombre de mes peurs s'agiter.
Sais-tu au moins qui tu es ? me dit-il, alors que je tentais de me débattre. D'où viennent tes souvenirs et où s'en vont tes péchés ? Inutile de te battre, ton apnée ne sert à rien. Ici le temps est immobile, ouvre simplement tes mains. Les parallèles que tu traces sont des univers incertains où tes souvenirs sont des projets et ton présent reste antérieur.
Tandis que les courants m'invitaient à sombrer plus profond, je croisais dans ce lit l'ombre d'un soupçon. Je ne remonterais plus : je resterais au fond.
Pris dans la vase immobile et millénaire, je vis les ailes des soldats et les armes des cygnes décapités. Saisis dans le temps comme à l'heure de leur trépas, ces carcasses si légères m'indiquaient la voie. Plus le temps passait et plus la lumière augmentait. Au début simple rayon, fissurant l'obscurité, jusqu’à obséder tout l'espace sans matière ni relativité.
Il y a des mondes ailleurs mais il faut les mériter, me dit le fleuve, me forçant à regarder ma mort sans que cela ne m’émeuve. Au-delà de ton cœur, dans les tréfonds de ton âme, se dissimule un univers que tu n'as jamais exploré. Il est temps de démarrer, en silence et sans vagues, l'introspection finale, c'est là qu'est le grand voyage. Sans voiles ni bagages laisse-toi juste aller. Je sombrais sans retenue, jusqu'à ce que la profondeur m'enivre. Depuis longtemps mon cœur ne battait plus, pourtant je me sentais revivre.
Je fouillais dans l'étrange, soulevant les strates. Une à une les couches, lourdes et tombales. Exsangues sont les peaux sur les routes infernales, je les arrachais sans pitié, je tapissais mon terrier. Après des siècles d'effort, je me vis récompensé par l'aube d'un nouveau monde qui restait à explorer.
Je me hissais tant bien que mal comme au jour des nouveau-nés...mais la naissance finalement n'est qu'un détour par où transiter.
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   Pascal31   
28/11/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un court récit assez perturbant. L'auteur nous embarque dans un univers glauque, dépeint dans un décor apocalyptique, tout en rassurant le lecteur avec beaucoup de lumière et une conclusion pleine d'espoir : la mort n'est que le début d'autre(s) chose(s), d'autres univers...
Un poème qui laisse un arrière-goût étrange, parfois dérangeant (les "ailes des soldats et les armes des cygnes décapités", brrr !), en abordant un thème qui nous touche tous (qu'y a-t-il après la mort ?)

   Anonyme   
28/11/2013
Texte sombre, bien sûr, au regard du fond.
Une réflexion personnelle sur la mort et son après:" le grand voyage "
Des images volontairement abruptes.

" mais la naissance finalement n'est qu'un détour par où transiter"
D'aucuns parleront de résurrection, d'autres réincarnation ou karma ...

   Pepito   
29/11/2013
Bonjour DD,

"ton apnée ne sert à rien"... "ouvre simplement tes mains." désolé mais là, j'ai bien rigolé.
" ton présent reste antérieur. " aïe, le rappel de grand-mère

"jusqu’à obséder tout l'espace" j'ai aimé, mais "sans matière ni relativité. " est pour moi en trop.

J'ai aimé aussi :
"Saisis dans le temps comme à l'heure de leur trépas
"mais la naissance finalement n'est qu'un détour par où transiter"

Bon, ben de là à me "transporter là ou seul vous je ne serais jamais allé" il y a un poil d'exagération ;=) mais c'est pas mal du tout.

Bonne continuation.

Pepito (moqueur)

   hanternoz   
30/11/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une Belle écriture fluide et rythmée qui nous emporte vers un fleuve qui n'est pas dénué d'une certaine profondeur ...
J'ai beaucoup apprécié cette lecture ,
Bravo!

   Anonyme   
2/4/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Force des mots libérés sans que l'on puisse en présager la portée : l'image du fleuve où l'on plonge est forte.
On suit l'auteur aisément dans cette description de plongée vers la mort -ou un autre soi- et une autre lumière.

   Anonyme   
1/11/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
C'est ici une lecture qui ne peut laisser indifférente, un texte très bien écrit, qui dès les premiers mots vous emmènent dans l'univers étrange, profond et mystérieux, quelque peu dérangeant.

Je ne suis pas sans me poser des questions à la suite de cette lecture, surtout que j'ai failli, un jour, me noyer. Votre écrit m'a quelque peu perturbé, il énonce les éléments troublants de ce ressenti lorsque survient l'état où l'on se débat pour ne pas périr.
Je n'irai pas plus avant dans la description de ce vécu.

J'en reviens à votre écrit, et j'en retiendrai d'emblée cette première phrase "C'est au creux de ce fleuve, qui sait si bien conserver les noyés, que je vis pour la première fois l'ombre de mes peurs s'agiter" ...


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