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Poésie néo-classique
Damy : Dévoilée
 Publié le 27/05/25  -  7 commentaires  -  2351 caractères  -  107 lectures    Autres textes du même auteur

À toutes celles qui, forcées, portent le voile et particulièrement à Mahsa Amini, Parestoo Ahmadi, Nadia Ajuman, Nika shahkarami… ainsi qu’à Jean Sénac.


Dévoilée



Sous l’absinthe et l’opium ma détresse s’affale.
Au tripot de l’oubli je vois flamber l’enfer
Qui brûle dans tes bras la blancheur virginale
Où tu cherchais l’Amour sans Dieu ni Lucifer.

Tes frères sont tombés quand ils se voulaient libres ;
Les printemps refleuris au jardin des espoirs
Parfumaient les humeurs, fragiles équilibres.
On a tiré sans loi. Tu battais les trottoirs.

On immola Fouad, toi tu blessais, en larmes,
Les sauvages unis pour exhorter le Ciel
De purifier vos peaux en brandissant les armes
Et tuer les oiseaux, les chants, le lys, le miel.

Sans onguent et sans fard ton âme resta seule.
Tu voilais tes beaux yeux, noirs comme le soleil.
Un grillage tendu, comme pour ton aïeule,
Enclavait leur éclat, clôturait ton sommeil.

Tu dévoilais ton sein à l’aveugle nubile ;
Tu dansais ventre nu dans l’intime boudoir ;
Les poèmes secrets de ta flamme subtile
Frôlaient l’étrangeté d’un nu dans le miroir.

Les ondes des cheveux inondant ton épaule
Arrosaient les désirs d’un amoureux rêvé
Qui voudrait étoiler la nuit de cette geôle
Où tu mourrais de soif, tout plaisir enlevé.

Jin ! Jiyan ! Azadî !* Les cris de tes révoltes
Se sont évanouis aux oreilles des sourds.
Tu penses les semer, la terreur tu récoltes.
Les morts déchirent l’air. Ô combien sont-ils lourds !

Alors tu t’embarquas en quête d’une rive
Où le sable brillant invite à s’allonger.
Un accueil sec et froid sourdant à la dérive
Refoula tout espoir ; les chiens doivent ronger.

Ton esprit s’éteignit, comme pour Ophélie**
La mort s’est engloutie au fond de l’océan.
Vivre nue et jouir n’est que pure folie.
Tu ne reverras plus la beauté d’Ispahan.

Au caravansérail sous l’opium et l’absinthe
Je bois l’errance au sein d’une fière catin.
Je ne suis pas un saint et tu ne fus pas sainte,
Je veux être nomade au désert, mon destin.


__________________________________
* Femme ! Vie ! Liberté !
** Personnage de légende, tombée folle sous les coups de son époux Hamlet et qui finit par se noyer. Elle inspira un poème à Arthur Rimbaud.


 
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   papipoete   
27/5/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Damy
Sous opium, et lapant un verre d'absinthe, je songe à toi, à vous mes soeurs que des barbares ont envoyées au Paradis des athées, mais leur faisant traverser l'Enfer sur Terre.
Grillagée, ce beau visage, ces yeux langoureux, mais pour un horrible vieillard barbu, aux doigts crochus, aux yeux de fiel, tu devais tout lui accorder, ne rien lui refuser !
Tu arborais comme tes soeurs, ces impudentes mèches de cheveux, ces vagues brunes flottant sur tes épaules... ces armes brandies chargées à blanc, mais qui révulsaient mollahs, et autres monstres.
Et dans la rue, tes amies criaient des chants de liberté, chantaient oh supprème offense à ces oreilles coranées coraniques iniques !
Tu es morte sous les coups, sous les viols...je n'oses imaginer ton pauvre corps !
Et je suis là sous opium, devant mon verre d'absinthe...
NB un texte vibrant qui nous transporte dans les rues de Téhéran, si loin de nos rues de Paris, de province, de notre France qui fait rêver des filles, des femmes, des cinéastes à Palme d'Or.
Chaque jour qui passe loin de chez nous, rallonge la liste des Droits de l'Homme, perdus ou en passe de l'être ; et des femmes avec quelques hommes luttent, pour reconquérir la Liberté, mais à aquel prix !
que vos quatrains sont lumineux, à travers leur Tragique ( 3e strophe )
que de superbes images illustrent cette poésie, que je voudrais que ces " dévoilées " puissent lire et rêver...
" Jin, Jiyan, Azadi " pouvons-nous crier, si fort que le vent l'emporte jusque là-bas !
Se trouvera-t-il une voix dissonante pour dire ici ; " tout est mensonge, vous croyez ce que les mécréants vous serinent "
- la femme d'Iran est heureuse et épanouie, et...
je suis ébranlé par ces magnifiquues alexandrins.

   Anonyme   
27/5/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Damy,

Je lis votre poème et je pense à ma lecture en cours ; Vie et destin de Vassili Grossman. Si poignant, si sombrement lumineux, si intemporel. Je le pose un instant.

En voici trois citations :

"La nature de l’homme subit-elle une mutation dans le creuset de l’Etat totalitaire ? L’homme perd-il son aspiration à la liberté ? Dans la réponse à ces questions résident le sort de l’homme et le sort de l’Etat totalitaire. Une transformation de la nature même de l’homme impliquerait le triomphe universel et définitif de la dictature de l’Etat, la conservation de l’instinct de liberté chez l’homme impliquerait la condamnation de l’Etat totalitaire.
Les glorieux soulèvements du ghetto de Varsovie, de Treblinka et de Sobibor, le gigantesque mouvement de résistance qui s’empara de dizaines de pays asservis par Hitler, les soulèvements qui eurent lieu après la mort de Staline à Berlin en 1953, en Hongrie en 1956 et ceux des camps de Sibérie et d’Extrême-Orient, les mouvements en Pologne, les mouvements étudiants pour la liberté de pensée dans de nombreuses villes, les grèves dans de nombreuses usines, tout cela a démontré que l’instinct de liberté chez l’homme est invincible. Il a été étouffé mais il a toujours existé. L’homme, condamné à l’esclavage, est esclave par destin et non par nature."

"Cette bonté privée d’un individu à l’égard d’un autre individu est une bonté sans témoins, une petite bonté sans idéologie. On pourrait la qualifier de bonté sans pensée. La bonté des hommes hors du bien religieux ou social."

"Cette bonté n’a pas de discours et n’a pas de sens. Elle est instinctive et aveugle. Quand le christianisme lui donna une forme dans l’enseignement des Pères de l’Église elle se ternit, le grain se fit paille. Elle est forte tant qu’elle est muette et inconsciente, tant qu’elle vit dans l’obscurité du cœur humain, tant qu’elle n’est pas l’instrument et la marchandise des prédicateurs, tant que la pépite d’or ne sert pas à battre la monnaie de la sainteté. Elle est simple comme la vie. Même l’enseignement du Christ l’a privée de sa force : sa force réside dans le silence du cœur de l’homme "

Quand toutes les femmes seront libres, les hommes le seront aussi. Quand la bonté aura remplacé l'idéologie du bien, quand la femme et l'homme se regarderont comme des êtres identiques, ni plus ni moins, des êtres de la nature, tout simplement, on habitera le monde de l'humain.

On pourrait dire que je m'éloigne du sujet en évoquant ce roman de Vassili Grossman. Lui n'a pas hésité a rapproché deux systèmes totalitaires, celui d'Hitler et celui de Lénine-Staline. Tout système totalitaire, religieux ou pas, toute idéologie qui écrase la liberté, qui anéantit l'individualité, les particularités de chacun, suit le même chemin, mène au même enfer.

Merci pour ce poème dont chaque vers résonne au plus profond de l'humain.

   Provencao   
27/5/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Damy,

J'ai aimé cette force littéraire de "Dévoilée" qui nous invite en situation de ressentir les émotions sur une culture autre. Une poésie , avec cette ecriture comme racine de sensations, de douleurs, de colère et de réflexions

Le "Tu" qui s'offre à nous, nous transporte dans un corps, une âme pour y sentir soi-même.

La lecture m'a été très douloureuse personnellement.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Cyrill   
28/5/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Ah ! Relire ce poème pour le seul plaisir, pour ce qu’il dégage de lyrisme fou, de romantisme exacerbé, puis enfin d’érotisme contenu.
Les convictions de l’auteur s’expriment sans jamais estampiller le texte d’une étiquette « engagé » ni être didactiques.
La beauté est plurielle : celle de la poésie, celle des femmes, celle de leur cause et celle de la colère animant l’auteur toutes pétries de sombre lumière sur une toile de fond évoquée presque en creux. L’esprit du lecteur est à la dérive, bercé et chahuté entre orient et occident.
Merci Damy et bravo !

   Boutet   
28/5/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime beaucoup
Dommage que ce poème fort et engagé commence par un vers de 13 syllabes même si cela n'enlève pas grand chose à sa force et son engagement.
Pas de grands changements non plus à attendre sous le soleil : l'asservissement de la femme demeurant
la puissance des faibles.

   Stuart   
6/6/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un superbe poème, évoquant avec beaucoup de maîtrise et une langue belle digne de la cause défendue,
le drame d'une jeunesse volée par de rances barbus pétris de haine pour l'humanité.
J'aime beaucoup ce texte qui exalte une saine révolte sans verser dans la grandiloquence... La référence à l'absinthe et à l'opium nous ramène à notre propre humanité d'enfants gâtés de l'occident, tiraillés entre le bien et le mal au sein d'un monde devenu bien peu compréhensible. Bravo et merci !

   Lau   
8/7/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
C'est un poème magnifique dont la dénonciation, les mots pointés sur la guerre, l'hégémonie des hommes, l'enfermement et l'invisibilité des femmes, le sort tragique des migrants est nécessaire à la littérature. C'est une respiration jamais suffisamment puisée par les artistes au nombre desquels vous comptez pour évoquer le parcours des opprimés. Le "je" était-il indispensable ? Q'apporte-t-il au poème ?


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