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Récit poétique
Donaldo75 : Là où le début et la fin ne se croisent jamais [concours]
 Publié le 09/05/22  -  11 commentaires  -  3364 caractères  -  131 lectures    Autres textes du même auteur

« Le temps mort
Et puis l'éternité. »


Là où le début et la fin ne se croisent jamais [concours]



Ce texte est une participation au concours n°32 : Le temps dans tous ses états
(informations sur ce concours).





La fille molle me regarde avec ses yeux de poissons morts. Elle n’entend pas le cri du papillon s’échappant peu à peu de mon corps. Des ombres se déplacent lentement dans les alcôves parisiennes. Je ne sais plus si je suis ici, là-bas, nulle part ou déjà trop loin de tout ce chaos.

« Quand je viendrai te chercher, tu sauras qu’il est temps désormais de te fondre avec moi et de rejoindre l’éternité où le début et la fin ne se croisent jamais. »

Cette voix me rappelle mon enfance quand le désert du Nevada ressemblait à la fin du monde avec ses cactus à perte de vue, ses enfants anémiques et ses nids de crotales. J’avais peur du serpent tapi dans le sable et prêt à me mordre de ses crochets acérés. Depuis j’ai chevauché ce dieu et gobé son poison au point de devenir moi aussi un reptile aux pupilles contractées. Le temps a défilé à une vitesse infinie et maintenant il va mourir dans mes bras comme une dernière étreinte après la cavalcade ultime. Je le sais et je suis préparé.

« Laisse le feu envahir tes veines, aspire l’air, bois l’eau et tu vas sentir la terre trembler avec toi et moi et tous les aspirants à l’éternité. »

J’entends des cris mais je ne sais pas d’où ils proviennent. Des poissons mous aux yeux de fille morte nagent avec moi dans une mer libérée où les méduses ressemblent à de gros mouchoirs pleins de larmes salées. Je sens mes écailles tressailler au contact de centaines de mains froides. La foule ne veut pas m’abandonner à mon destin et tente égoïstement de me garder en son sein comme si je lui appartenais pour toujours. Ma bouche essaie de leur crier mes plus beaux mots mais je n’ai plus de cordes vocales. Des phrases gelées entrent dans mes oreilles éclatées et je ne peux en capter le sens profond ou juste en ressentir la tonalité implacable.

« Tu, il, elles, nous, eux, vous, tous ensemble allons mourir avec le temps dans le feu de la terre où l’air et l’eau vont se mêler au plus profond de nos êtres. »

Ces paroles résonnent comme l’une de mes chansons. Je me souviens du public la réclamant sans cesse à la fin de chaque concert comme si j’étais pour eux une machine à rêves enrobée dans un beau paquet cadeau aux longs cheveux bouclés. C’était le temps d’avant quand tous ces poissons morts me regardaient béatement avec leurs yeux gris d’enfants martyrisés par leurs parents la police les voisins les juges et les vieux. Je me sentais Dieu parmi les mortels, un éternel au royaume des cactus venu leur délivrer des messages cryptiques dont le sens prendrait toutes ses couleurs un jour prochain. L’arc-en-ciel n’avait pourtant pas duré longtemps avant de se voir déchiré par la foudre et la colère des adultes ou des bien-pensants. J’ai depuis enfourché le roi serpent et je me suis repu de son sang avant de muter crotale à mon tour et de me mordre les bras. Je ne regrette rien. Ils ne sont plus là pour me voir plonger dans l’eau froide d’une baignoire écaillée quelque part dans la nuit parisienne. Je me sens bien. Je suis prêt. Le temps est mort et je dois partir avec lui.


 
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   Robot   
25/4/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Je suis ressorti de ce texte comme ébloui par tant d'images expressives. Un récit dont je ressens le poids de mystère qu'il recèle, un peu onirique avec ces scènes qui se succèdent comme si le narrateur se débattait entre la réalité et le rêve. Je suis probablement passé à côté de certaines métaphores, mais lire une telle composition c'est s'immerger dans la poésie, se baigner dans les mots jusqu'à se noyer dans le plaisir de la lecture.

   Cyrill   
25/4/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je suis peut-être à côté de la plaque, mais pas mal d’éléments de ce texte m’ont fait penser à la mort de Jim Morrisson. Les alcôves parisiennes, la baignoire où le narrateur semble être aux portes de la mort, les références à son passé de chanteur-dieu adulé par un public jeune et contestataire aux cheveux longs et bouclés. Plus je lis et plus je me représente ce gars là, qui s’est débranché du chaos pour rejoindre l’éternité dans le souvenir de ses fans.
Fille molle aux yeux de poisson ou vice-versa, on est plongé dans une ambiance onirique et glauque, comme un rêve poisseux de réminiscences dont on n’arrive pas à s’extraire.
J’ai bien aimé la conclusion : le temps est mort, qui prend au pied de la lettre l’expression du temps mort.
Un récit lugubre à souhait, avec ce devoir de partir qui enfonce le clou.
This is the end, beautifull friend.

   Anonyme   
9/5/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

C’est un texte intéressant qui recherche des images originales (le cri du papillon) Une fascination pour le poisson qui revient à plusieurs reprises, j’en cherche la symbolique. La fin est un peu fumette « J’ai depuis enfourché le roi serpent et je me suis repu de son sang avant de muter crotale. » Un peu compliqué de savoir si ça reste dans le thème imposé, d’autres plus qualifiés que moi en jugeront mais ce récit qui n’a finalement pas grand-chose de poétique, que je vois plus comme une micro-nouvelle dans mon esprit m’a plu par son ton et son audace.

Je vous souhaite bonne chance pour le concours

Anna

   papipoete   
9/5/2022
bonjour
Un récit où l'onirique tisse une toile, où l'on croise des personnages plus effrayants les uns que les autres !
Des souvenirs lointains qui remontent à la mémoire du héros, avant qu'il ne soit en face du crotale, avant qu'il ne devienne crotale lui-même...
NB un style qui devrait plaire à bien des poètes d'ici, sachant mêler et entre-mèler les images telles les " filles molles " qui me paraissent si envoûtantes et nagent dans des halos emplis de squelettes aux os flasques...
je plane trop à travers ce texte pour en goûter l'essence...

   Eskisse   
9/5/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
"Le temps a défilé à une vitesse infinie et maintenant il va mourir dans mes bras comme une dernière étreinte après la cavalcade ultime"

Je trouve cette phrase très belle comme d'autres de ce récit poétique très bien écrit qui est pour moi une représentation des limbes. ( Les poissons morts en signifieraient l'absence de christ?)

Se placer du point de vue du chanteur (J.Morisson donc puisqu'il a les cheveux bouclés aussi) qui se meurt, je trouve l'idée excellente.
Je suis loin d'avoir tout décrypté ( le serpent entre autres) mais le texte m'a plu notamment avec ses voix tentatrices qui font penser à des figures mythologiques comme les Erynies.
Petite remarque, j'ai un doute sur " tressailler"

   BlaseSaintLuc   
9/5/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je ne sais pas quel substance à pris notre auteur(e), mais c'était sûrement de la bonne!
Le serpent est sorti de son vivarium pour changer de peau ,
Il va peut-être se faire la peau du temps,par la même occasion , quelques redites, le texte exige une lecture attentive, c'est âpre comme un désert remplit de crotales acerbes.
C'est profond, mais qui à peur du grand méchant gouffre!

   Pouet   
9/5/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Slt,

ça sent la fin d'une rockstar, la plume trempée dans le LSD plutôt que dans l'encre.
Il y a une ambiance poisseuse, glauque dans le sens de verdâtre, saumâtre ou écailleuse peut-être, en tout cas il y a une ambiance.
L'humanité ou la drogue à portée d'embrassement universel.
Il y a cette fameuse communion.

L'ensemble laisse une impression après lecture, signe que le texte est vraisemblablement réussi.

   Polza   
10/5/2022
 a aimé ce texte 
Bien
À la fin de ma lecture, je me suis aussitôt écrié « I am the lezard king ! ».
Pour moi, et je me trompe peut-être, ce poème rend d’une certaine manière hommage à feu Jim Morrison que j’écoutais chanter en boucle adolescent.

Le cri du papillon faisant surement écho au livre « The scream of the butterfly ».
Puis « le début et la fin », comment ne pas penser à « The end » et son « chevaucher le serpent »

Peut-être les phrases entre guillemets sont-elles des traductions de paroles, il faudrait que je révise mes classiques pour le savoir.

Et puis aussi ce délire hypotonique et psychédélique qui ramène aux cactus évoqués, le peyotl en particulier !

Sans compter la baignoire écaillée (jolie trouvaille et jeu de mots au passage) où Jim Morrison aurait fini ses jours, les versions sont divergentes sur ce point précis.
Ce qui est sûr c’est que bien des années après, la tombe de Jim Morrison est encore l’une des plus visitées au Père-Lachaise.

Mais je m’égare et m’éloigne du sujet, c’est-à-dire commenter votre texte.
Bah pour moi dans l’ensemble ça le fait plutôt pas mal. « ressemblent à de gros mouchoirs » J’aurais préféré une autre description de mouchoirs que simplement « gros ».

« leur crier mes plus beaux mots » J’ai trouvé l’image assez banale pour quelqu’un qui veut crier ce qu’il a au fond de ses tripes ou de ses cordes vocales et que rien ne veut sortir. J’aurais souhaité une image plus poétique et mieux décrite que « mes plus beaux mots ». Après, il me manque un petit supplément de je ne sais quoi pour complètement apprécier ce poème. Si en fin de compte j’ai aimé, je ne me suis pas dit ouaouh quelle claque non plus.

Merci pour le voyage en tout cas et bonne chance pour le concours !

   Vilmon   
11/5/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,
La fin et le début ne se croise jamais…. Vraiment ?
Pourtant, j’ai plutôt senti un cycle où le début devient la fin.
Aussi, l’enfant devant le serpent devient le serpent lui-même, le début (enfant) et la fin (mort par poison du serpent) se fusionnent et se transforment. Le poisson, les yeux, la fille molle, reviennent en cycle dans le texte. Si le début ne rencontre pas la fin, je me serais attendu à un texte rectiligne, qui ne reprend pas les mots ou les images cités avant. Il y a un retour en arrière au souvenirs, encore une fois, la fin croise le début. C’est un texte en cycloïde, une série de boucles qui va vers l’avant puis se retourne vers l’arrière pour revenir vers l’avant. L’éternité après la mort ou l’éternité de la mort ?
Vilmon

   Donaldo75   
27/5/2022

   wancyrs   
25/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Hey Don,

Je laisse le mystère de ce texte pour mieux me délecter de la forme. Il y a quelque chose d'envoûtant dans la façon de raconter qui me séduit énormément. Au final je ne sais pas qui est quoi, et où commence l'aventure pour finir où, mais il reste cette impression d'avoir assisté à quelque chose de magique : et seulement ça vaut son pesant d'or ; Merci !

Wan


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