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Poésie libre
Donaldo75 : La route
 Publié le 09/02/24  -  8 commentaires  -  1616 caractères  -  105 lectures    Autres textes du même auteur


La route



La route scintille en milliers de feux dans ses éclats de bitume. Le soleil démarre son inexorable déclin vers la nuit. Les rares nuages blancs quittent la scène, ouvrant la voie à la sublime divinité sélène. Un théâtre de jour va laisser place au spectacle nocturne.

Mes yeux brillent tels des constellations,
des étoiles et du gaz,
une nuée de comètes,
les souvenirs hantés
de nos nuits ensemble.

Les crotales arrêtent enfin de sonner. Les cactus frémissent sous les ondes encore chaudes du désert. Au loin, un coyote hurle son chant de désespoir. L’immensité égrène sa musique pour les scorpions, les insectes et les herbes folles.

Mes mains serrent fort le volant,
une roue dentée à cinq branches
sans arbre ni repère,
juste l’impression futile
de te rejoindre très vite.

Le vent soulève des vagues de poussière, des atomes de plaine, les restes des anciennes cités. Il souffle sa mélopée lancinante comme si des fantômes chantaient en continu des incantations aux vivants. La chaleur se dissipe dans un ciel toujours plus clair, presque cristallin.

Je te vois dans ton champ d’osselets,
les bras croisés sur la poitrine,
un sourire plein de dents
occulté par ton regard vide
où je n’existe plus.

Le décor orangé mange le pare-brise poussiéreux. L’habitacle sent le cuir réchauffé, le plastique fondu et le parfum éventé. Un cercueil à quatre roues s’enfonce à toute vitesse dans un enfer désertique où les crotales dansent avec les scorpions sous la mélodie des coyotes hurlants.


 
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   Damy   
27/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
La route mène à la déroute après la traversée du désert. L’amour est morte.

J’aime la puissance et la profondeur métaphoriques de ce poème qui prend à la gorge ou époumone. Ce ne sont pas des larmes de deuil mais un cri d’horreur pourtant si délicatement émis. Le poème est un grâcieux oxymore en soi : stupeur délicate ou affreuse élégance comme "la mélodie des coyotes hurlants". Il m’a profondément ému.

Merci beaucoup.

   Eki   
30/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Une scène de film où l'on pressent un destin secoué par l'éclair...
Tout semblait tranquille comme un crépuscule qui tend sa toile.
L'inexorable déclin du soleil tirait pourtant son signal d'alarme.
Est-ce le chant du désespoir du coyote qui a enclenché ce processus de fin ?
Une silhouette de femme comme cicatrice de la mémoire...
Puis, son effacement dans cet enfer désertique...

Il y a ces derniers mots légers comme une poignée de sable pour enterrer la voix de la gravité :

où les crotales dansent avec les scorpions sous la mélodie des coyotes hurlants.

   Provencao   
9/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Donaldo 75,

Ce passage ci:"Le vent soulève des vagues de poussière, des atomes de plaine, les restes des anciennes cités. Il souffle sa mélopée lancinante comme si des fantômes chantaient en continu des incantations aux vivants. La chaleur se dissipe dans un ciel toujours plus clair, presque cristallin"
ce passage m'a bouleversée tant par ce vent des blessures qui crée toute une série de douleur et de gangrène mémorielles, et cette chaleur qui dissipe...

Et la route scintille....

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   jeanphi   
9/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Très beau, le va et vient entre vers et prose emporte le lecteur dans ce road trip.
Il y a quelque chose de très parlant, de très sensuel au sens premier et de la puissance de l'être et de l'instant.
Espoir, contemplation et urgence d'un drame, une espèce de beauté tragique. L'heure paraît grave et exquise à la fois.

   Eskisse   
10/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Salut Don,

Un poème très noir construit sur un paysage état d'âme.
Comme une fuite en avant vers un passé qui revit dans l'espace du désert. L'être aimé fuit comme fuit la voiture vers une disparition. Il est évoqué en filigrane: " champs d'osselets" ," sourire plein de dents" comme si le locuteur emportait avec lui le secret de ce fantôme.
" Juste l'impression futile
de te rejoindre très vite." On pense à l'au-delà. Au suicide...
Un poème tout en oppositions : jour / nuit, grands espace/espace intérieur, infiniment petit ( atomes, poussières) / infiniment grand
Un crépuscule de l'âme .
Un poème sur la perte de l'être aimé qu'on aurait peut-être aimé voir se dessiner dans des contours plus nets. Mais je suppose que c'est un choix d'auteur.
Ce qui ressort de ma lecture est le désert comme lieu de l'immense solitude du locuteur.
Merci du partage

   Robot   
10/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Trés cinématographique comme le final d'un western tragique.
On voit cette voiture cercueil s'enfoncer dans le désert et on peut imaginer le mot fin apparaître en surimpression sur l'image des crotales, scorpions et coyotes qui participeront au suicide annoncé.
Une mort volontaire pour un amour perdu dans ce lieu désolé ou s'exprime la solitude et dont on ressent la brulante atmosphère.
Mais pourquoi ?
La réponse nous est donnée dans la strophe finale en vers:
Le vide du regard ! Puisqu'hélas on n'existe qu'au travers du regard de l'autre.
C'est ma vision de ce texte.

   Skender   
10/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,
J'ai beaucoup apprécié ce poème qui à sa manière peint un tableau, chacune de ces formules poétiques fortes dont le texte est truffé agissant comme une touche de couleur vive et intense. On ne sait pas vraiment où va nous mener cette errance mélancolique à travers le désert mais cela n'importe pas, tant qu'on roule et que la route continue à se dérouler devant nous comme se déroule en parallèle le film de nos souvenirs.
"Le vent soulève des vagues de poussière, des atomes de plaine, les restes des anciennes cités." Merci pour m'avoir transporté avec vous dans ce voyage. Skender.

   Raoul   
27/2/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Bonjour,
J'aime bien le thème et les images qui illuminent la narration.
J'aime aussi le contraste développé - et par la forme, et par la vision cosmique - entre l'humanité réduite à un homme dans un " bolide" et l'aridité du monde.
J'aime le crâne souriant et le squelette éparpillé de l'amour mort.
Je suis moins séduit par le style et la phrase artificiellement allongée (lourdeurs et manque de précisions, on est à mon goût, parfois à la limite du pléonasme avec des qualificatifs...) dont les articulations sont un peu maladroites.
Il n'en demeure pas moins que c'est un texte incarné, habité et cinématographique.
Au final, j'aime plutôt, assez, l'ensemble. Merci pour cette lecture.


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