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Poésie en prose
Donaldo75 : Le jardin
 Publié le 04/07/25  -  2 commentaires  -  1901 caractères  -  51 lectures    Autres textes du même auteur

"Blow, winds, and crack your cheeks! rage! blow!
You cataracts and hurricanoes, spout
Till you have drench’d our steeples, drown’d the cocks!"

(William Shakespeare - King Lear)


Le jardin



Le jardin hoquète, halète, se tord dans un espace instable où le haut et le bas changent constamment de place. Les trèfles palpitent, leurs pupilles noires s’ouvrent sur un monde nouveau. Les chardons hérissés d’aiguilles murmurent un oratorio dans ce langage ancien, acide et presque chantant du temps où l’air se consumait dans le feu au rythme de la terre et de l’eau.

J’avance pieds nus sur ce sol moite dont chaque brin d’herbe semble vouloir me parler, me raconter son histoire.

Le ciel se dissout en nuées visqueuses à la couleur de bile douce. Ses larmes de pollen aux souvenirs déformés brillent comme des fragments d’étrangers voulant prendre racines sous ses paupières irradiées. Au loin résonnent les derniers mots du créateur, diffractés par l’eau, diffusés par de longues vagues, les véhicules sémantiques d’un désir morbide de pureté.

Je me souviens de jadis, du temps où le jardin ressemblait à mes livres.

Un prêtre s’introduit dans cette fresque mouvante, par un vitrail brisé où se superposent les feuilles, les visages fanés, les drapeaux inconnus, les constellations de spores. Accompagné d’un lombric autour d’une tulipe noire, il récite lentement des psaumes à l’envers, tenant dans sa large main une machine oblique comme un cœur de fer prêt à dévorer la cacophonie végétale.

Je lui dis « liberté » mais le mot fond dans ma bouche comme une neige sale. Je lui dis « fraternité » mais les racines bistre s’étranglent dans la terre.

La machine gronde alors telle une bête et crache une affreuse lumière verte. Les trèfles rient, les chardons crient, les limites explosent dans ce jardin d’avant devenu une jungle mentale, un théâtre cosmique, une guerre des rêves. Et quelque part au loin, la terre continue de se battre, avec l’eau, l’air et le feu, pas vaincue mais juste en attente de la prochaine fois.


 
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   papipoete   
4/7/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
bonjour Donaldo
15h06, toujours pas de commentaire ? alors j'y vais du miens !
- dis ciel, te rappelles-tu de notre jardin, quand les fleurs se courbaient sous le poids du bourdon, faisaient la révérence devant Maman qui se baissait pour humer leur parfum...
Au jourd'hui, ne reste qu'une herbe rase que le soleil grille, et des ombres en plein jour, projettent des personnages effrayants et cette machine qui crache sa lumière verte comme un fiel... qui ne comprend pas, ne saisit rien même mes prières
liberté
fraternité
NB non, point d'Eden en France ou ailleurs, mais ce que à quoi pourrait ressembler notre planète, quand des apprentis-sorciers peroxydés, se seront succédés à la tête de pays, durant combien de décennies, avant de porter le coup de grâce... à la vie.
Je pense que le héros parle " d'outre tombe ", car ce tableau peut être une Pierre de Rosette, où l'on découvrait l'Avant, le Pendant, et plus de Futur.
Un thème que Spielberg pourrait imprimer sur une toile.
Le prêtre et ses psaumes pas très catholiques, me fait sourire ( jaune )

   Provencao   
5/7/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Donaldo75,

"J’avance pieds nus sur ce sol moite dont chaque brin d’herbe semble vouloir me parler, me raconter son histoire."

Le titre de cette poésie " Le jardin" fourvoie le profil et gangrène ses douleurs. Il s’accapare de verbes et les maltraite, en détourne le sens, les échancre et leur aboule une charge instinctuelle, brusque et brutale.

Une réflexion forte sur l'abîme et le coup du sort.

Au plaisir de vous lire,
Cordialement


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