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Poésie contemporaine
Donaldo75 : Le repas
 Publié le 10/08/21  -  11 commentaires  -  1825 caractères  -  201 lectures    Autres textes du même auteur

La faim est mauvaise conseillère.


Le repas



J'ai faim, dit ma voisine, en me mordant la main.
Nous sommes douze à table, en attendant le pain,
Promesse d'un barbu, le leader de la fête,
À des âmes sans terre, avec ma pomme en tête.

Mange ta propre main en guise de repas,
Je dis à la goulue, en retirant mon bras.
Nous sommes affamés, nullement je le nie,
Au point de regretter le ciel de Somalie.

Mes frères et mes sœurs, commence le Jésus,
Ne soyez pas déçus, je ne suis pas Crésus,
À festoyer sans fin, dans un monde illusoire,
La farce du plaisir, du manger et du boire.

Tu nous prends pour des cons, rugit mon gros voisin,
On veut juste bouffer, se biturer au vin,
Non subir tes discours, cette quête impossible,
À tendre l'autre joue à tout Romain pénible.

Tu ne m'as pas compris, toi mon ami Judas,
Rien ne sert de courir dans l'ombre de mes pas,
Je clame seulement, en usant du symbole,
Une belle harmonie, amour et parabole.

Nos estomacs grognent, une rébellion,
Un petit bout de fin, comme une illusion,
Jésus contre Judas, le parleur ou l'avide,
Notre dernier jeudi, la faim et puis le vide.

Je vais manger ma main, je n'ai pas d'autre choix.
Les mots résonnent creux dans ma tête de noix.
Rêver le lendemain, se dérouter du centre,
Tout ça pour un barbu, ne remplit pas le ventre.

Ma voisine me lâche, elle a du trouver mieux,
Un plus faible que moi, déjà promis aux cieux.
Judas nous a quitté, fustigeant l'inutile,
Les dangers du prophète, une troupe servile.

Jésus offre son corps, quelle cruelle erreur,
A nos crocs animés d'une belle ferveur.
Nous le dévorons tous, d'une seule mâchoire,
Son ultime repas, le début de l'Histoire.


 
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   Miguel   
27/7/2021
 a aimé ce texte 
Pas
Ce mélange surréaliste de Cène, d'eucharistie et de ripaille ne sonne pas bien à mon oreille. La tonalité de l'ensemble jure grossièrement, quand on connaît la splendeur des récits évangéliques, qu'on les tienne pour mythes ou pour vérités. On est un peu perdu. Dans la vraie Cène il ne peut y avoir de voisine puisque les apôtres sont tous des hommes. Et si ce n'est pas la Cène fondatrice du christianisme, alors quel est ce Jésus? Ce Judas ? Ce gros qui veut se biturer ? C'est bien flou pour moi, tout ça. Ça ne m'emballe pas.

   Anonyme   
27/7/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

La cène vue par les yeux des affamés... quelle ambiance !

Je trouve que les narrateurs ont tendance à se mélanger, ou c'est le lecteur qui se mélange les pinceaux : est-ce Jésus qui parle, ou un des apôtres ? Ce n'est pas clair. À la réflexion, je crois que ma lecture est mauvaise, je suis trop habitué aux guillemets, mais il s'agit ici de poésie classique, peut être seraient ils malvenus dans l'exercice.

Tous ces ventres criant famine, qui, selon l'expression consacrée 'mange ta main, garde l'autre pour demain', préfèrant goûter au corps de celui qui deviendra le messie... on pourrait évoquer également 'ventre affamé n'a point d'oreille'. Je trouve que l'auteur(e) manie le mariage de ces deux expressions avec humour !

Une réserve toutefois sur la rime "Jésus/Crésus", qui écorche mon oreille. Sans cela, ce serait très bien joué...

En EL.

   Provencao   
10/8/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
" Tu nous prends pour des cons, rugit mon gros voisin,
On veut juste bouffer, se biturer au vin,
Non subir tes discours, cette quête impossible,
À tendre l'autre joue à tout Romain pénible. "

J'ai trouvé trés fort, très vertigineux, très osé mais ô combien original " ces voisines, cette goulue, ces cons" qui deviennent non pas les figurants, mais la " Cène " en action.

Ce sont ces mots " bouffer, se biturer..." qui font leurs entrées et sorties, qui fendent la poésie et deviennent les comediens sur la Cène.

" Jésus offre son corps, quelle cruelle erreur,
A nos crocs animés d'une belle ferveur.
Nous le dévorons tous, d'une seule mâchoire,
Son ultime repas, le début de l'Histoire."

Cette strophe, à mon sens, contient cet antagonisme entre « cruelle erreur» et « ultime repas» qui harcèle le lien de l'ineffable et de l’esprit dans le culturel de la Cène.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Cyrill   
10/8/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un Jésus lyonnais, de toute évidence, dévoré par des apôtres hauts en couleurs et prenant au pied de la lettre les injonctions célèbres.
La Cène revisitée ici ne manque pas de mordant, oserai-je.
J’adhère à ce ton irrévérencieux. L'uchronie se profile et je me plais à penser une suite à ce début d'Histoire.
Merci Don, pour le partage (du corps)

   papipoete   
10/8/2021
 a aimé ce texte 
Un peu
bonjour Donaldo
la cène revisitée à la sauce contemporaine, autour de cette table où se côtoient la misère d'un côté, et l'opulence de l'autre.
Coluche disait " les riches auront de la nourriture /// les pauvres de l'appétit "
NB trop de personnages à mon goût dans cette scène de la cène, dont cette voisine venue de Somalie... bien qu'à la droite de Jésus l'on supputât que cet apôtre fut une femme ? et je me perd dans ce film façon Ferreri, une " grande bouffe " qui me laisse sur ma faim...

   Anonyme   
10/8/2021
Je pointe ici trois mésusages de la langue, en en proposant les corrections, sera-ce encor ôté ?
elle a dû : l'accent ne coûte pas grand-chose
nous a quittés : nous pouvant parfois être singularisé me semble ici très pluriel
À nos crocs : les majuscules accentuées ne sont pas l'usage de tous, bien que recommandé et agréable à mon sens ; ici, c'est la seule occurrence d'une absence d'accent pour une majuscule alors que les autres sont présents — cela fait tache, et tâchons de moins tacher.

Quant au poème, il n'est pas de mon goût pour l'instant, mais n'ayant rien d'intéressant à en dire, j'y reviendrai peut-être. Il ne me semble pas que montrer des fautes graphiques soit parfaitement inutile et qu'il faille modérer ces propos pour manque d'argumentation…

   hersen   
10/8/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
La Cène.
Une excellente version, qui n'exclut rien ni personne.
Faut manger. Passe à ton voisin.

Il n'y a pas de Crésus des ressources, oublions le petit Jésus en sucre et ne comptons sur nous-mêmes, ogres les uns envers les autres.

Un texte "mordant", mais qui me rassasie bien, Dieu veuille que l'on (s')économise.
C'est pas gagné, et vient le temps où l'on est réticent à tendre notre main.
Ce texte est pour moi jubilatoire, sa force est de partir de la Cène, aimez-vous les uns les autres, et vogue la galère, loin des belles idées, il nous emmène dans la réalité de ce que nous sommes.
Car autant la religion que la politique sont le résultat de ce que nous sommes, et on en fait un petit frichti chacun à sa manière, l'essentiel étant de se rassurer, pour bien dormir en conscience.
C'est vrai, quoi, pour bien dormir, faut bien digérer.

merci de ce pain.

   Myndie   
10/8/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Donaldo,

Excellent ! Voilà qui sort des sentiers battus. J’applaudis l’inspiration et la loufoquerie.
C’est provocateur et cynique – et je comprends que cela puisse faire grincer certaines dents – mais c’est drôle, avouez !
Au 1er vers, j’ai cru halluciner : «  J’ai faim, dit ma voisine en me mordant la main » (« De quoi, c’est quoi, mais de quoi on parle ? »):-D
Et puis j’ai immédiatement "mordu" à l’hameçon de cette mise en bouche qu’est la première strophe.
Thème atypique et ton rabelaisien : votre poème m’a évoqué l’univers artistique du groupe Ange et je le verrais bien mis en musique et chanté avec cette même gouaille et ce même mordant.

Enfin, puisqu’il me faut commenter, je ne me prends pas la tête avec le travail d’écriture, la mise en rimes, pas plus qu’avec le ou les sujet (s) abordé (s). Je dirai simplement que je me suis régalée avec cette lecture jubilatoire.

Merci pour le partage.

   Corto   
10/8/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Je dirais volontiers: 'ô iconoclaste, sers nous encore quelques plats.'

Malgré le ton jubilatoire, je me suis immédiatement senti transporté à Amboise dans la dernière demeure de Léonard de Vinci ou trône la réplique de la célèbre fresque "La Cène".
L'auteur a ainsi exploré cet événement biblique avec humour, ironie, irrévérence, et a trouvé le chemin de l'actualité humaine ("le ciel de Somalie") sans pour autant en faire des tonnes.
Il y a de la virtuosité dans ce style.
Bravo.

   Recanatese   
10/8/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Donaldo,

votre texte est jouissif. Le style est brillant, les différents registres de langage s'y mêlent avec bonheur pour démythifier la Cène, démythification annoncée d'emblée dans le titre.

Sur le fond, cela m'a rappelé quelques passages mémorables des "Mystères Bouffes" de Dario Fo. Notamment "Les noces de Cana", où un ange souhaitant raconter l'épisode de la transformation de l'eau en vin selon les canons traditionnels se fait virer par un ivrogne qui donne sa version. Résultat: une scène où tout le monde se pète la tronche et la célébration du partage et de la joie de vivre.

J'ai, en revanche, buté sur "Nos estomacs grognent, une rébellion". Non pas que je sois un puriste des vers classiques, (ma culture en la matière étant relativement limitée) mais les premiers quatrains m'avaient invité à une lecture ciselée, harmonieuse, avec césure à l'hémistiche. Je ne suis d'ailleurs pas certain d'avoir compris le reste de ce quatrain...
Quoi qu'il en soit, j'ai beaucoup aimé ce texte très vivant et irrévérencieux à souhait!

Au plaisir de vous relire.

Recanatese

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16/8/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce poème m'évoque pas mal de choses.
J'ai l'impression ici d'une fête décadente où l'on rejouerais pourquoi pas la Cène. J'imagine très bien le leader de la fête en hipster qui se la joue Jésus. On est ici dans l'excès, le grotesque et la bouffonnerie que l'on peu retrouver chez Burroughs (sans les vers) et "La grande bouffe" de Ferreri.
Au delà de ça, il est bien question ici d'une "fin"; d'un paroxysme où l'on continuerait à jouir et se baffrer dans un monde effondré et où même affamés nous demanderions encore du spectacle.
Je trouve en somme que ce poème résume bien l'époque actuelle dans son aspect excessif et outrancier qui nous mènera peut-être à notre perte. Quitte à nous bouffer entre nous.


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