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Poésie en prose
Donaldo75 : Musique de nuit [concours]
 Publié le 01/10/23  -  7 commentaires  -  1561 caractères  -  181 lectures    Autres textes du même auteur


Musique de nuit [concours]



Ce texte est une participation au concours n°34 : De l'un à l'autre
(informations sur ce concours).





C’était l’heure où la nuit commençait à égrener sa petite musique. La lune éteignait les derniers feux d’un soleil parti en lambeaux derrière l’horizon. Les oiseaux se taisaient, laissant les arbres bruisser une mélodie flûtée. Le vent soufflait sur nos nuques découvertes. Toi et moi, nous et eux, tous ensemble nous marchions dans les pas de nos aînés sans vraiment savoir où nous allions. Seules les étoiles semblaient nous guider.

J’aimais cet instant. Le ciel se fondait enfin avec la terre. Le feu reposait tranquillement en nous. L’eau scintillait le long de nos pores, comme une traîne dans les tréfonds de la Voie Lactée. Nous n’étions plus ce tueur silencieux dont tous les animaux craignaient le terrible courroux. Eux et moi, ils et elles, des ombres nocturnes en file indienne, nous devenions un tout à l’unisson des autres âmes perdues dans cette immensité.

La colonne avançait lentement le long de son rail de miséricorde. La voûte céleste se parait d’un bleu cendré annonciateur d’une nouvelle éternité. Les nuages flottaient en notre compagnie dans l’éther infini. Le sol vibrait de ses milliers de morceaux de vie primordiale. Nous et vous, toi et eux, je ressentais tous les éléments de cette procession silencieuse. Ma vie suivait enfin le fil tendu des ailes vagabondes.


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   papipoete   
13/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
prose
Nous avancions en colonne sans bruit, qu'égayait le bruissement des arbres ; les oiseaux nous regardaient passer, comme si nous étions leurs égaux sans fronde ni glu assassine...
En route vers la voute céleste, nous allions heureux retrouver, marchant dans leurs pas, ceux qui avaient emprunté le même chemin sans retour...
NB je ne sais si je suis dans le bon train, que vos lignes inspirent à cette " traîne dans les tréfonds de la Voie lactée " ?
Peu importe, je vous suis tout-au-long de ce périple, dont les mots m'enchantent.
Plus poétique me semble difficile pour interpréter votre " musique de nuit ", qui me berce comme la sérénade de Mozart.
Je ne préfère pas de passage particulier, tant chaque phrase m'est jolie !
papipoète

   Eki   
17/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Métamorphose nocturne où se mêlent les destinées.
Il y a à la fois un engloutissement, un glissement dans une forme de sérénité qui s'achemine vers la liberté. Tout cela est bien décrit.

Je trouve que ce texte est assez impersonnel, il n'y a qu'à la fin "Ma vie"...qui lui donne un peu de consistance...Je reste un peu dans le vague.

Ether infini...en même temps, vous le dites joliment.
L'eau comme une traine dans les tréfonds de la Voie Lactée...
bleu cendré annonciateur...joli !

La voute céleste se parait ? du verbe paraître...non ?

Tout cela ne reste que mon ressenti.

   Cyrill   
1/10/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Quand ciel et terre se confonde, c’est la ligne d’horizon. Or il est bien ici question d’horizon vers lequel tend cette procession. Un futur qui ne diffère pas de celui des aînés, puisqu’elle va dans leurs pas.
Je suppose que cette scène se passe dans un futur fictionnel où l’homme a abandonné ses instincts de chasseur pour vivre dans la fraternité des espèces et à l’unisson de la terre et des éléments.
On peut aussi voir ce récit – et je préfère cette hypothèse - comme un recommencement à partir de la soupe primordiale vers laquelle la procession est retournée, là où rien n’est encore joué ; tout, donc, peut être sauvé. Une petite dystopie qui fait du bien par où qu’ça passe, quand on sait ce qui attend notre humanité.
Un style "évangéliste" avec cette formule déclinée en plusieurs variations : « Toi et moi, nous et eux » qui scande et structure le propos.
Le « rail de miséricorde » m’a fait de l’effet aussi.
L’imagerie est un peu lisse, trop, mais c’est stricte affaire de goût. Sans avoir rien à reprocher à l’écriture que j’ai trouvé équilibrée et sachant ménager ses effets, je n’ai pas totalement emboîté le pas de cette colonne néo christique.
édité pour remonter ma notation après relecture.

   Cristale   
1/10/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Comme une grande aspiration de l'Univers de tout être vivant sur Terre vers un monde nouveau inconnu.
"ce tueur silencieux dont tous les animaux craignaient le terrible courroux. Eux et moi, ils et elles, des ombres nocturnes en file indienne, nous devenions un tout à l’unisson des autres âmes perdues dans cette immensité."
Une énième chance de sauver la planète.
Une belle "Musique de nuit" très poétique avec la voix de Dame Utopie pour une douce entrée dans le monde des rêves.

   Louis   
2/10/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Ce poème en prose nous présente une fantasmagorie nocturne, concentrée en un point de densité : un « instant », celui particulier d’une union mystique qui abolit toute altérité entre l’un et l’autre.

Nous assistons à une « procession » de nuit. Un défilé humain. Une avancée nocturne vers un avenir incertain, une destination tout aussi incertaine : « sans vraiment savoir où nous allions ». Scène d’une humanité en exil, errante, pour laquelle il n’est plus possible de demeurer sédentaire ; une humanité en quête d’une habitation nouvelle de la terre ; à la recherche aussi de sa régénération dans un Homme nouveau.

Toute la fantasmagorie se concentre sur un instant particulier, qui apparente cette nuit à une « Nuit mystique », une « Nuit obscure » dans la lignée des poèmes de Jean de la Croix.
Cet instant correspond au moment éprouvé d’une unité, quand s’efface la pluralité, dans une fusion extatique entre « l’un et l’autre ».
Dans la colonne processionnaire, chacun des êtres humains constitue une unité distincte, un être singulier inséré comme élément d’une file parmi la multitude des autres qui le précèdent ou le suivent ; la colonne s’apparente à une grande ligne géométrique constituée de points, d’une infinité de points humains. Mais la particularité de l’instant tient dans cette sensation, ou plutôt cette intuition selon laquelle les points se fondent les uns dans les autres en une fusion, une continuité d’indiscernables. En cet instant s’évanouit la multiplicité, s’efface le nombre d’une multiplicité, s’instaure l’unité de "l’un" et de "l’autre", de « toi et moi », de « nous et eux ». Toute distance se trouve ainsi abolie entre l’un et l’autre :

« Nous devenions un tout à l’unisson des autres âmes perdues dans cette immensité »

Ce n’est pas seulement l’altérité interhumaine qui s’estompe, mais aussi celle entre l’humain et le cosmos, entre l’humain et les autres êtres vivants.
« Seules les étoiles semblaient nous guider » : une dimension cosmique, en effet, est introduite. L’humain se sent en convenance, en parenté avec le tout immense, infini, de l’univers.
Et « Le ciel se fondait enfin avec la terre ».

D’autre part, l’Homme a perdu son côté prédateur, destructeur de la vie animale, et de tous les autres habitants de sa planète : « Nous n’étions plus ce tueur silencieux dont tous les animaux craignaient le terrible courroux ».
Ainsi l’altérité du vivant se trouve elle aussi abolie. L’humain ne fait qu’un avec toute vie. Et toute vie se trouve en union avec l’infinité du cosmos.
Il n’ y a plus l’un "et" l’autre, mais "l’un-l’autre", sans distance à parcourir de l’un vers l’autre, de l’un à l’autre.

Cette union mystique de tous dans l’infini se traduit, non par des paroles, toutes absentes du poème, en dehors de celles de la narration, mais par une « musique ».
Cette musique, si elle semble d’abord le bruissement des arbres : «…laissant les arbres bruisser une mélodie flûtée », est constituée avant tout, plus profondément, par un accord, une harmonie : l’harmonie universelle qui s’instaure dans le moment mystique, entre les uns et les autres, entre l’un et toute altérité : « un tout à l’unisson des autres âmes ».
La procession, en des accents bibliques, paraît une nouvelle traversée du désert par l’ensemble des humains, un nouvel exil d’une humanité qui cherche une "terre promise". Promise par nul prophète, mais fruit du désir humain et universel, celui de persévérer dans l’existence.
Il a fallu à l’homme qu’il se perde, pour qu’il puisse se retrouver.

L’humanité vagabonde en quête d’un nouveau "monde" à établir et habiter autrement que dans le désaccord et la dysharmonie, la discorde et le conflit ; dans la réduction de ce qui sépare l’un de l’autre, et conserve l’Un, et conserve l’autre avec ses singularités et différences, mais sur fond d’identité commune d’un accord fusionnel.

Dans ce temps de pérégrination d’une humanité désorientée, la nuit se présente comme un dénuement, un abandon, une perte de tout ce qui faisait la vie et les croyances des hommes ; une humanité abandonnée des dieux, en proie à une déréliction. Mais le moment mystique y répond.
Le narrateur éprouve le sentiment, dans une passivité, d’être conduit sans savoir où ; d’être mené, dans un sentiment d’abandon de toute volonté, à la suite de ces « aînés » dont non ne sait qui ils désignent précisément ; dans l’impression que les « étoiles », ces grands idéaux célestes, sont les seuls véritables guides, astres significatifs d’un ordre cosmique constitutif d’un salut.

L’humanité se traîne errante sur des « ailes vagabondes », elle poursuit en apparence son long chemin, sa longue errance, alors que son but est déterminé, ce que suggère sans doute le narrateur, par le moment particulier, mystique, en cours de route. Le sens du chemin est indiqué par l’épreuve du cheminement dans sa ligne continue, en passage par un moment de mysticisme fusionnel.

Où va-t-on, idéalement, selon cette fantasmagorie allégorique ? De l’un à l’autre, de telle sorte qu’il n’y ait plus ni l’un ni l’autre. Dans le sens d’une fusion, en vérité toujours déjà là, « éternelle », où il n’y a plus que compréhension mutuelle, solidarité, connivence, douce harmonie, « música callada, soledad sonora », comme disait Jean de la Croix.

   Vincente   
4/10/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Superbe premier paragraphe. J'aime la part de mystère sur ce qui précède en non-dits mais qui, visité dans cette "heure où la nuit [commence] à égrener sa petite musique", est à la fois pleine de poésie et lourde de la tension de l'exode qui se déroule là, "eux et moi, ils et elles, des ombres nocturnes en file indienne". Que ces personnes en "rail de miséricordes" soient des exilés, des migrants ou des nomades en déshérence n'a pas besoin en effet d'être précisé, cela donne un côté plus universel à ce phénomène ou ce moment de fuite vécu.

J'aime beaucoup le choix d'un narrateur qui est dual, avec sa compagne/compagnon dont il est le porte-parole, mais aussi son "association narrative" au groupe dont il fait partie, comme un ensemble indissociable, lié par un événement, une situation qui les dépasse, tout comme les dépassent "la voûte céleste", "l'éther infini" ou même ce qui est appelé puissamment "la vie primordiale".

La dernière phrase est d'une très belle force et inspiration, elle conclut à merveille le propos, avec une ouverture pleine d'espérance, mais aussi humble, pleine de modestie ; à nouveau cette suggestion de relativiser notre importance individuelle au regard d'une groupe auquel nous appartenons et au milieu où nous existons.

Beaucoup de choses donc dans ce discret et court texte qui en font un ouvrage d'une belle profondeur, modeste sans conteste. L'écriture sait ne pas se faire remarquer, discrète dans sa pertinence, elle aussi.

   Skender   
10/10/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour, j'ai beaucoup apprécié ce texte et les images qu'il conjure. Cette procession nocturne vers une sorte de fin du monde transpire cependant une grande sérénité, il y a un côté apaisant qui est renforcé par les variations sur la même formule ("Toi et moi, nous et eux" puis "Eux et moi, ils et elles" et enfin "Nous et vous, toi et eux"). Un vers marquant bien que loin d'être le seul: "La voûte céleste se parait d'un bleu cendré annonciateur d'une nouvelle éternité" avec ce paradoxe de la "nouvelle éternité" qui colle bien à l'ambiance du poème. Une très agréable lecture.


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