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Poésie contemporaine
Edgard : Cerf-volant
 Publié le 15/12/13  -  8 commentaires  -  2234 caractères  -  145 lectures    Autres textes du même auteur

Pâques : saison des cerfs-volants, en Haïti. Les enfants les fabriquent, avec des éléments trouvés ici et là. Une belle photo, de loin. De près : la faim, la violence… la misère, qui vous prive de votre humanité. À eux que je connais si bien et à tous leurs petits frères oubliés que je ne connais pas.


Cerf-volant



Du petit vent railleur
Esquivant le ciseau,
Quel es-tu bel oiseau
De frisson de couleur,
Violant les altitudes
Des fins nuages blancs,
Qui flottent en rêvant
Dans les incertitudes ?

Enivré de zéphyr,
Laisses-tu s’envoler,
Magicien aux cent tours,
Alcyon de pacotille,
Une plume d’amour
Qui se pourrait glaner,
Ou s’en viendrait feuillir
De ce côté d’Antilles ?

Et qui promènes-tu
Au bout de ce long fil ?
Marionnette éphémère,
Si fluet si gracile,
Dans l’ombre d’une rue,
Il danse et s’évertue,
L’enfant, dans sa poussière,
À poursuivre les nues.

Les circonvolutions
De la fine voilure
Créent des cris de crécelle,
Par moments un murmure…
Peut-être l’intention,
Comme une âpre griffure
Dans le profond du ciel,
D’une inquiète écriture…

Quelle moire immobile
D’étoiles auréolée,
Habillée de lumière,
Ce long cordon fila ?
Vers quelle douce mère,
Ariane ou Nona,
En dévidant le fil
L’enfant veut-il voler ?

Au gré des filandières
C’est son bonheur qui erre.
Le fier voilier de feu,
Au-dessus des misères,
S’amuse, ondoie, sinue,
Dans la houle des cieux ;
L’enfant, en bas, se tue
À déranger les dieux.

C’est le vent de la mer
Au temps des cerfs-volants
Qui porte sa folie ;
Les enfants de Bel-Air (1)
Jettent leur âme au loin
Face aux esprits errants,
Jusqu’à frôler le sein
De l’ardente Ezilie. (2)

Le nez dans le soleil,
« Voici des enfants sages ! »
L’étranger s’émerveille.
Lit-il dans ce mirage
Ce qui s’écrit sans haine ? :
« Ce n’est que mon miroir,
Tu devrais mieux y voir
Une figure humaine. »



Notes sur le texte.
1Bel-Air est un quartier très pauvre et dangereux de Port-au-Prince (Haïti).
2Ezilie (Erzulie). Lwa (esprit) vaudou, féroce protectrice des femmes et des enfants. Belle mulâtresse, parfois représentée tenant un enfant sur son sein et un couteau dans l’autre main.


 
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   Robot   
15/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Toutes ces images sont d'une grande beauté évocatrice.
Moins apprécié "de ce côté d'Antilles" dont l'approximation jure avec le reste de la strophe et l'inversion "d'une inquiète écriture" qui pouvait être évitée puisque le poème n'est pas rimé en classique.
Par contre, je me suis régalé de la sixième strophe, la plus réussie de l'ensemble à mon goût.
Cette image des enfants d'Haïti, au delà de la misère, nous apporte par sa pudeur évocatrice, une forme d'espoir pour l'avenir de ce pays.

   Arielle   
15/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Beaucoup de grâce et d'élégance dans la danse fragile de ce cerf-volant qui tente d'échapper à la misère du monde terrien.
L'ensemble du poème paraît s'articuler autour de la troisième strophe particulièrement touchante.
Je trouve cependant la conclusion affaiblie par son image : Le reflet que renvoie un miroir n'est-il pas l'exacte réplique de la réalité ? Il me semble que vous la sous-entendez trompeuse, la légèreté du jeu aérien ne correspondant pas à la lourdeur du quotidien de ces enfants, c'est du moins ce que j'ai compris grâce à l'exergue et le reste du texte.

   Miguel   
15/12/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Quelques belles images et une tonalité un peu mélancolique qui convient bien au fond du sujet. Mais pour évoquer la danse céleste du cerf-volant cet hexasyllabe étriqué manque par trop de souffle. C'est dommage.

   Anonyme   
15/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bien joli tableau !
Ce " bel oiseau de frisson de couleur " qui symbolise le rêve de quitter une condition misérable " L’enfant, dans sa poussière,
À poursuivre les nues."
De fort belles images, légères comme ce cerf-volant en quête de l'inaccessible.
" En dévidant le fil
L’enfant veut-il voler ? "

   Anonyme   
15/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Edgard. Les cerfs-volants d'Haïti après ceux de Kaboul (de Khaled Hosseini) traitent en fait du même sujet... Un moyen pour des gosses d'échapper momentanément à leur sombre quotidien, à la misère comme à la guerre, par le biais de ces oiseaux de couleur et de liberté que représentent ces "Alcyon de pacotille"...
J'ai lu de nombreux articles sur la Cité Soleil mais j'ignorais Bel-Air, en fait deux noms ô combien poétiques qui cachent une triste réalité.
Pour en revenir à votre poème, beaucoup de belles images, un développement bien mené et une chute qui nous interpelle. Merci !

   leni   
15/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Edgard
Une poésie réaliste triste imagée
Une plume d’amour
Qui se pourrait glaner,
Ou s’en viendrait feuillir
De ce côté d’Antilles ?

ce passage me plait particulièrement:
Le fier voilier de feu,
Au-dessus des misères,
S’amuse, ondoie, sinue,

L'expression est sobre elle touche d'autant plus

Terminer par figure humaine est un joli choix
Bravo et merci salut cordial Leni

   hanternoz   
20/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
De jolis mots pleins de sens.
Une belle lecture !

"Il danse et s’évertue,
L’enfant, dans sa poussière,
À poursuivre les nues."

Comme ces enfants qui jouent au foot avec une boite en ferraille.

J'ai aimé la fluidité de ce poème, sa sonorité.

Cordialement
Hz

   senglar   
21/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Edgard,


Classieux !

Où l'on assiste à l'envol des âmes, où le texte et son vers court épousent la virevolte de ces âmes dont on sait que le fil ténu ne se brisera pas, protégé par Ezilie, mais où "L'étranger" est appelé à ne pas rester un simple touriste égoïste.

Il y a de la vie là.

Brisons les appareils photos ! Et aidons à conduire les cerfs-volants !

Merci pour le message :)

Brabant


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