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Poésie contemporaine
Edgard : "Madame Papillon est une saloppe"
 Publié le 02/11/13  -  10 commentaires  -  4053 caractères  -  153 lectures    Autres textes du même auteur

Fable.


"Madame Papillon est une saloppe"



À quoi tient le destin des êtres de ce monde !
L’aile du papillon y est encore féconde…
La science s’en inspire, scrutant le dérisoire ;
L’illustrer est aisé, entrons dans mon histoire.

La maîtresse régnait, ce dragon d’envergure,
Dans un ordre imparfait, sur toute créature :
Nul ne bougeait l’oreille et la classe au supplice
Illustrait le final du Jardin des Délices. (1)

Blouse grise et train-train, comme dans un pétrin,
Petit gardien de biques, s’ennuyait Bicalin ;
On l’avait traîné là et ainsi surnommé
Car il croyait pouvoir, comme font les biquets,
Bousculer l’univers avant d’avoir des cornes.
Il évitait le pire, du haut de ses six ans,
Sachant compter et lire, ce qui donnait le temps
De graver les pupitres, de tremper son buvard
Au fond des encriers, décorer avec art
Les pages des cahiers de lutins, de licornes…
Sur l’énorme tilleul il grimpait en esprit
(L’arbre était déjà là au temps du roi Henri).
Tandis qu’on rabâchait les tables infernales,
L’or fin des blés d’été envahissait son cœur,
La caresse infinie de la brise automnale,
Ou le parfum joyeux des églantiers en fleurs.

Or c’était un janvier de froidure et de blanc.
Bicalin admirait, dehors, les noirs nuages
Mais c’est à l’intérieur qu’éclata un orage !
Pour rêverie il fut puni. Injustement ?
Il en garda au cœur une amertume intense,
Et passa toute une heure à mâcher sa vengeance.
Aux rives du sentier qui menait à l’école
Et qu’empruntaient le soir les petits prisonniers,
La neige s’amoncelle en congères qu’Éole,
Maître des vents glacés, a, par jeu, édifiées.

Bien… L’enfant grave ici, de sa belle écriture,
Sur la neige complice ces mots de déchirure :
« Madame Papillon est une saloppe ». Le message
Venge chacun, sans risque de multiples outrages.
Il met en joie les cœurs, triomphe, libre, éclatant ;
Le petit peuple rit – sous cape évidemment –
Apprécie le courage et fête le mutin !
Le faible se libère-t-il ainsi de son tyran ?
La neige effacera toute trace demain,
Ou le vent se levant, ou la neige fondant…

L’avenir parfois se dérobe. Il n’en fut rien !
La baffe qui cueillit Bicalin, au matin,
Lui fit voir tant d’étoiles, des dorées, des carmin,
Myriades voyageant au plafond, sur les bancs…
Nul astrologue, au long des temps, n’en vit autant.
Madame Papillon, pédagogue accomplie,
L’emmena par l’oreille jusqu’au lieu du fléau.
Dans le creux d’autres lobes certains disaient bien pire,
Peut-être ils n’avaient pas le talent pour l’écrire…
On l’avait dénoncé. Sans doute un bon ami.
(Il faut bien, quelque jour, qu’on découvre la vie.)
Et le gel sur la neige avait figé les mots !

Étrange ce qui suit ? Croyez ce que j’en dis :
Aujourd’hui Bicalin, épris d’astronomie,
Sait bien que les étoiles sont là en plein midi
Bien qu’on ne les voie pas, et que d’autres ont péri
Tout en brillant encore. Bicalin tient aussi
De madame Papillon cette maxime d’or,
Que l’ancien écolier parfois se remémore :
« Les paroles s’en vont, persistent les écrits ».
De l’Art du grand Ésope, que nous resterait-il
Si l’on se contentait d’éphémères babils ?
Clore efficacement l’ultime paragraphe ?
Elle corsa le tout d’un zeste d’orthographe :
« Salope n’a qu’un P. Souviens-toi de ceci :
On peut juger des mots, mais qu’ils soient bien écrits ! »

Est-ce bien là l’essence de la pédagogie ?
Expliquer avec art exige d’épurer.
Bicalin simplifie depuis ce jour béni,
Il devint professeur, l’aviez-vous deviné ?

Jamais il n’en voulut aux caprices du temps
Que l’« effet papillon » peut rendre un peu changeant !
Il aurait bien aimé, ici, développer,
Concept intéressant, mais un peu… compliqué.


(1) Jérôme Bosch


 
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   Robot   
14/10/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Amusante et édifiante cette fable, peut-être un peu longue.
Je laisse à l'auteur le soin de voir ce qu'il pourrait "éventuellement" élaguer. Jean de Lafontaine, en bon forestier élaguait. Ses fables sont rarement de longueur excessive. Je m'interroge sur l'utilité du dernier quatrain par exemple, le précédent me semblant une bonne conclusion.
Je n'aime pas trop les citations entre parenthèses qui semblent placée pour mener à la rime.
Pour le reste, je me suis laissé mené par le bout du nez jusqu'au final.
J'ai tellement hésité pour l'appréciation ! Bien étant insuffisant et très bien - trop ? - élogieux. J'ai opté pour une cote mal taillée. Le moins n'ayant pas à mes yeux la valeur négative (paradoxe) qu'on lui attribue généralement.

   troupi   
18/10/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
La seule chose que je pourrais reprocher à ce texte c'est sa longueur, près de 80 vers ça fait beaucoup et je pense vraiment qu'en essayant de le condenser un peu il ne gagnerait qu'en intensité. Pour cette fable je trouve le titre impeccable avec sa faute d'orthographe bien sûr. c'est une belle idée. La manière d'écrire non dénuée d'humour accroche un sourire au lecteur.
"La baffe qui cueillit Bicalin, au matin,
Lui fit voir tant d’étoiles, des dorées, des carmin,
Myriades voyageant au plafond, sur les bancs…
Nul astrologue, au long des temps, n’en vit autant."
cette description d'une baffe vaut à elle seule un" très bien"
Les deux derniers quatrains sont eux aussi assez agréables et closent bien l'histoire.

   Anonyme   
21/10/2013
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Le titre est très mignon, il m'intriguait et j'étais curieuse de lire le texte qu'il coiffait.

Grande déception. Je l'ai trouvé très ennuyeux, ce texte, allongeant cruellement une anecdote qui, certes, s'est révélée porteuse de sens pour Bicalin, ainsi que sentencieux dans la morale qu'il en tire.
Et surtout, à mes yeux, mal ficelé. J'aurais, je crois, mieux supporté l'ensemble s'il ne s'était présenté sous la forme de dodécasyllabes parlés qui, en l'occurrence, m'ont laissé une impression d'écrits à la va-vite (impression peut-être trompeuse, je ne dis pas le contraire ; mais c'est bien celle que j'ai eue).

Je me dis qu'il pourrait être intéressant de reprendre l'ensemble pour le rythmer de façon moins amorphe, moins monotone (pourquoi ne pas varier la longueur des vers ?), et pour le resserrer. Mon avis seulement, bien sûr : tel quel, ce poème peine beaucoup à éveiller mon intérêt.

   Lhirondelle   
21/10/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Quelle jolie fable, croquignolette à souhait...
J'ai aimé suivre la facétie vengeresse de Bicalin et ses déboires.

Quelques bémols cependant...

A partir de la quatrième strophe "Or c'était en janvier...." L'on retrouve trois fois l'auxiliaire "être" sur les quatre premiers vers... de plus le deuxième au présent me semble une erreur de concordance de temps... Pas trop difficile pour en éliminer deux… par ex :
En ce mois de janvier, de froidure et de blanc
Bicalin admirait, dehors, les noirs nuages
Alors qu’à l’intérieur, éclata un orage
Puni pour rêverie fut-il injustement ?

Je ne vais pas décortiquer tout le poème, chose que je n’aime pas faire…

A part cela, toujours à partir de cette strophe, j’ai parfois été heurtée par une cassure du rythme qui semble mieux soutenu les strophes précédentes…

Tout cela n’empêche pas que j’ai apprécié cette fable sympathique pleine de fraîcheur.

Elle ne demanderait pas trop de réécriture pour qu’elle soit parfaite.

Au plaisir de vous relire

   cottington   
2/11/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Edgard,

Je trouve votre fable très réussie, et je l'aime aussi parce qu'elle n'est pas parfaite, comme la naïveté du début qui finit par apprendre la vie...

J'aime l'ennui du fond de classe décrit comme un art!

Les images sont justes, pertinentes, elles touchent directement la petite prisonnière que j'ai été:

"Aux rives du sentier qui menait à l’école
Et qu’empruntaient le soir les petits prisonniers,"


Votre texte et surtout sa fin, m'ont rappelé "Chagrin d'école" de Daniel Pennac...


Cottington

   Anonyme   
2/11/2013
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Edgard,

Bon, c'est décidé, je fais sauter mes repas jusqu'à mardi. Cette lecture m'a calé l'estomac d'une force!
Pour me débarrasser, je vais dire tout de suite une évidence, c'est que l'auteur a beaucoup de talent, et que les mots lui tombent comme d'une machine à sous. Chaque vers pris séparément pourrait servir de modèle à un aspirant poète. Mais abondance de biens nuit, c'est bien connu. Ici on a droit à un pâté fabriqué avec du caviar, du foie gras, des ortolans et des gambas Black Tiger. Le tout consolidé par une gélatine abondante, avec une durée de cuisson de quatre jours.

La versification uniforme en alexandrins et le manque de dialogues ajoutent du plomb à la recette. Personnellement, quitte à perpétuer la forme classique, j'aurais préféré un travail plus abouti sur l'alternance des rimes féminines / masculines, question de mieux rendre hommage à ce cher La Fontaine. Mais, bon, ce n'est pas mon principal grief.

Une fable, c'est un récit vivant qui raconte une histoire simple sensée nous édifier par une morale. Tout ce qui ne fait pas avancer l'histoire est inutile. Exemple, cette 3e strophe descriptive et interminable : " Blouse grise....des églantiers en fleurs ". Et beaucoup de vers des strophes suivantes. L'auteur s'autorise même un renvoi vers Jérome Bosch. C'est pas un peu too much? On sent un peu trop d'assurance de sa part, il croit pouvoir nous endormir avec ses belles paroles. Et ben c'est réussi, je me suis endormi pour de bon. Il a du mal à nous quitter, la fin est laborieuse, on sent qu'il y serait resté un moment encore...
De plus, l'argument est très banal pour mériter autant de mousse.
L'avantage, quand on écrit bien, c'est qu'il est facile de corriger si on en a envie.

Ludi, qui va aller se coucher.

   Anonyme   
2/11/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une fable amusante qui fait percevoir, en fligrane, des travers de la société.
" On l’avait dénoncé. Sans doute un bon ami.
(Il faut bien, quelque jour, qu’on découvre la vie.) "
Deux vers qui, à eux seuls, résument le fond de l'histoire.
Un peu longue, c'est mon avis aussi.
Il n'en reste pas moins que j'ai bien aimé, y compris la subtilité du titre.

   funambule   
2/11/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aurais eu tort de ne pas résister à la facilité qui me conseillait un chemin aisé contournant cet amoncellement de mots... finalement ils étaient plutôt bien agencés... ils avaient le bon goût de faire des phrases... de me raconter une histoire (vaguement une fable mais je ne l'ai pas perçue ainsi).

En gros (et en vrai), j'ai simplement passé un excellent moment, aimé l'ambiance, l'esprit de cette pétillante et réjouissante eau de baignade... et comme je ne demande rien d'autre ici que passer quelques bons moments...

   Anonyme   
2/11/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Edgard... C'est peut-être un peu long mais La Fontaine ayant fait pire j'aurais mauvaise grâce à vous le reprocher...
Il est évident que cette fable écrite en respectant l'écriture classique,(alternance des rimes et parfois métrique approximative comme dans ce vers : De madame Papillon cette maxime d’or),aurait eu une autre "gueule" mais ne soyons point trop exigeants ; il y a ici de très beaux vers et un esprit de fabuliste qui ne se dément pas jusqu'à la fin. A propos de cette fin j'aurais peut-être évité le dernier quatrain, lequel à mon avis ne se justifie pas.
Bien aimé ces deux vers parmi tant d'autres :

« Les paroles s’en vont, persistent les écrits ».

On peut juger des mots, mais qu’ils soient bien écrits ! »

Un texte bien tourné et très intéressant en conclusion.

   David   
8/11/2013
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Bonjour Edgard,

Ce que je trouve dommage, c'est la rupture de rythme au moment même où le titre apparait dans le poème :

"« Madame Papillon est une saloppe ». Le message
Venge chacun, sans risque de multiples outrages."

Il fallait plier le fond à la forme, c'est primordial, je venais d'avaler 36 alexandrins et je mange 15 syllabes d'un coup ! Un petit "madame papillon, tu es une salope" suivi d'un blablabla en "ope" et c'était réglé, la rime en "age" n'aurait manqué à personne.

C'est aussi une rupture dans le poème, ce qui suit sera moins fluide, dans la présentation des idées, que ce qui précédaient. Ça devient complexe. L'intéressant, à mon avis, est la double correction de l'institutrice, la gifle et la fôte, alors que les étoiles et les faux amis noient le poisson, la chute qui révèle que le héros devient à son tour instituteur est très bien aussi.

Bref, il y a matière à un poème mais son expression trahit vraiment son message.


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