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Poésie libre
Emmanuel : Ce qui reste de mon enfance
 Publié le 09/04/16  -  7 commentaires  -  3197 caractères  -  84 lectures    Autres textes du même auteur


Ce qui reste de mon enfance



Ce qui reste de mon enfance
Dort en moi, au creux d'une douleur fidèle.

Ce qui reste de mon enfance,
Dans son endormissement tangue,
Frémit comme des paupières closes.

Et je vois de lentes fumées se dérouler dans un ciel bas et lourd
Et des prairies criblées de givre,
Et des préaux déserts comme l'ombre,
Et des arbres aux flancs tristes
Porteurs de cœurs saignants et de baisers figés.

Une verte saveur parfois vient rôder sur mes lèvres,
Je tente alors, et désespérément, d'entonner le rire frais de mon enfance,
Mais il s'écroule, lamentablement s'affale, se fendille
Tombe en copeaux sur le sol avec les feuilles brûlées
Et les insectes qui rampent dans l'humus,

Ce qui reste de mon enfance est désir d'azur
Aisance de visions, habileté du rêve,
Remembrance d'extases et ferveur enveloppante,
Animalité douce, sacré embrasement de l'instinct,
Cœur ailé qu'épanouissait la lumière et l'air bleu,
Cœur logeant une ivresse douce,
Cœur où venait boire le ciel,
Cœur cependant oppressé par les digues
Soyeuses et tremblantes de l'horizon :

Et tout alors resplendissait sans possibilité de ténèbres,
Tout était miracle puisqu'il rutilait :
Les graviers des routes, les fleurs, que déchiraient les doigts des filles,
La cour de mon école, l'oiseau semblant penser,
Seul sur le fil sous un ciel gros de foudres…

J'ai vu, crois-je me souvenir, la neige luisante et bleue
Étendue comme un corps plein d'un sage sommeil
Sous les pâles et froides dentelles de la lune,
J'ai vu l'eau menue et verte des flaques remuée d'un souffle
Et mon visage tremblant et défait s'y poser comme une buée,
Et j'ai vu les moineaux,
Dont la nuée criarde s'écartelait, semée par les mains des vents,
Dans le ciel pur ainsi que des grains de joyeux délire !

J'ai vu tant de choses, tant de choses m'ont désigné,
Ont penché vers le petit garçon pensif leur humble et cosmique mystère,
Le cœur d'ombre des pierres me hélait
Par l'éclat de quartz qui y régnait ainsi que le luisant d'un œil,
J'étais épié par les roses sauvages qui paraissaient sommeiller en troupeaux
Sur les muettes ruines ou les rondes des trembles,
Je pressentais le langage des enfants de la terre, j'étais attentif aux brises.

Ce qui reste de mon enfance
Repose en moi, en l'intime province
Plongée dans la suie de l'ubac,
À sa lisière,
Là où sont contenus les informes chagrins,
Où les effrois et les regrets
Et tout un peuple de soupirs
Meuglent, poisseux de larmes,
Dans le silence des âges morts.

Me reste d'elle l'écorchure,
Le sel répandu (douleur d'où jaillit le chant),
Le regard que harponne l'indécise lueur,
L'imperceptible levain du mal dans l'escarboucle du soleil,
Le fuyant absolu dans l'instant qui s'éboule,
La douleur dans les prémices d'un sourire,
Et cette tristesse qui souffle ses brumes en moi
Devant la fleur mutilée
Et la désespérante solitude amoureuse des chiens.


 
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   StayinOliv   
16/3/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Poème nostalgique emplie d'images poétiques qui nous décrivent le désarroi et la solitude du narrateur, à travers ses métaphores à la nature. Beau texte mais un peu trop long pour ma part, tant dans la longueur générale que dans la longueur des vers dont certains auraient pu être raccourci pour donner plus de rythme.

   Lulu   
21/3/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

je me suis d'abord dit : "Tiens, un bien long texte"... mais a priori, car durant et après lecture, je n'ai pu être que satisfaite de cette ensemble à la fois dense et riche.

Ce qui reste de l'enfance est propre à chacun, et il est vrai, ici, qu'on pourrait sans doute encore ajouter nombre de vers de cette même étoffe.

Ce qui reste de votre enfance est pour moi très beau, même si tout ce que vous évoquez ne l'est pas. C'est éminemment bien dit, sensible au possible.

Je n'ai pas toujours tout compris, mais j'ai gardé le goût cher de cette enfance qui fait parler d'elle des années plus tard. Peut-être que cette "douleur fidèle" s'estompera... de par le fait de l'écriture qui permet, bien souvent, d'exorciser ce qui se trame au fond de soi. Cela a marché pour moi, qui ai eu une enfance difficile ; je vous le souhaite donc, en connaissance de cause.

Mes encouragements.

   Anonyme   
23/3/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Belle évocation de l'enfance et des souvenirs qui s'y rattachent. Je trouve simplement qu'il y a trop d'adjectifs dans ce poéme, ce qui par moment l'alourdit considérablement et lui fait perdre de la fluidité:

"Le regard que harponne l'indécise lueur,
L'imperceptible levain du mal dans l'escarboucle du soleil,
Le fuyant absolu dans l'instant qui s'éboule,"

Par exemple: imperceptible et indécise en deux vers ça n'est pas fluide.

Mais je ne cache pas mon plaisir.

   Anonyme   
9/4/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Les souvenirs de l'enfance sont différents pour les êtres. Pour certains ils sont heureux, pour d'autres ils le sont moins, et parfois sombres.

"Ce qui reste de mon enfance
Repose en moi, en l'intime province
Plongée dans la suie de l'ubac,"

Une grande nostalgie émane de ce texte aux très belles images.
" les fleurs, que déchiraient les doigts des filles,
La cour de mon école, l'oiseau semblant penser,
Seul sur le fil sous un ciel gros de foudres… "
" J'étais épié par les roses sauvages qui paraissaient sommeiller en troupeaux
Sur les muettes ruines ou les rondes des trembles,"

Je n'ai pas saisi le sens de ce vers :
" Et la désespérante solitude amoureuse des chiens."

   Arielle   
10/4/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une ode à l'enfance et ses multiples facettes tantôt lumineuses, tantôt sombres. De fort belles images qui nous emportent sans s'imposer trop précisément. Les termes généraux qui les constituent nous permettent d'y substituer sans peine notre propre enfance, ce qui est un atout certain dans ce genre de poésie.
Le vers libre convient parfaitement au sujet qui s'apparente à une rêverie.
Je remarque un peu trop de "et" qui pourraient facilement être évités, surtout au début du poème qu'ils alourdissent sans raison valable à mon avis.
"J'ai vu l'eau menue et verte des flaques remuée d'un souffle
Et mon visage tremblant et défait s'y poser comme une buée,
Et j'ai vu les moineaux..."
Pourquoi ne pas choisir une virgule puis un point après souffle et buée qui permettraient au lecteur de reprendre son souffle ?

   Alcirion   
12/4/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Exactement ce que j'aime en poésie libre, un vrai rythme, un ton mélancolique, une réflexion sur la longueur des vers, des strophes... et de l'ensemble. Il est difficile de réussir de longues pièces introspectives comme celle-ci, on risque de trop délayer ou de se répéter donc j'admire le résultat obtenu.

   FABIO   
16/4/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour

pour moi c'est une poésie libre qui tourne a l'anarchie.
le sens y est, les images sont jolies, les mots bien choisis.
Toutefois c'est votre choix mais pourquoi ne pas condenser,respecter un minimum d'équilibre, j'ai eu parfois l'impression de lire un inventaire de vos sentiments sur l'enfance qui ont finis par me lasser.
des phrases longues, courtes.je ne suis pas du genre a compter en alexandrins mais la je dois bien dire que mon sentiment est partagé.
Bravo tout de même il ya de très belles images.


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