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| A2L9
15/10/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
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La vie n'est pas un long fleuve tranquille.
Si la Terre est une arche, elle balade les âmes qui jamais ne naquirent et sous l'eau le bois se conserve mais doit y rester et j'y cache mes douleurs, ne serait-ce pas là un aquarium que je vois alors avec son poisson rouge qui tourne sans connaître ni centre ni ligne droite, éternel trou noir, vivre sans vivre. Un poème réflexion qui vadrouille de l'automne à l'hiver en regardant le manteau chaud. |
| Vadim
16/10/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Fuite en avant ? Récit d'un clown qui a le cafard ??
À la fois quelqu'un de mesuré, de conscient de son "moi" profond, et quelque peu pessimiste. Ça na me dérange pas, étant d'humeur mélancolique la plupart du temps. Mélancolie ça y convient tiens. Les "chaussures" qui "en disent long" : c'est la fuite d'une existence vivant en ce poème Le corps du texte est de mysticisme et d'introspection. Je trouve ce poème très intéressant. Un clown qui divertit les gens sans obtenir la reconnaissance qu'il mérite, donc il sombre et se fuit lui-même, pour ne pas avaler la vérité. Le maquillage coule dû à ses larmes. Vadim en EL |
| Cyrill
21/10/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Encore un poème dont le sens ne se laisse pas apprivoiser d’emblée, j’aime ça. Il y a de la matière à malaxer dans l’imaginaire. Des images qui s’imposent sur l’écran onirique de mes petits matins blafards. Je ne sais pourquoi, j’ai transformé « manche de l’hiver » en manche à air ( le lecteur est roi ! ), et je vois le locuteur en entier sortir de celle-ci comme un diable de sa boîte. Pied-de-nez à soi-même pour chasser les « humeurs élimées », les vagues à l’âme et autres « trous noirs effrayants de la survie ».
Merci pour la lecture, je me suis volontiers laissé mener au fil de l’eau sur le bateau surréaliste de ce morceau mélancocasse. |
| Donaldo75
21/10/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Je ne sais pas pourquoi mais le titre m’a bien plu. Et le reste du poème confirme cette première impression.
« Amène, je me mène en bateau tout au long de mes songes ma main sort de la manche de l’hiver et je croise des destinées électriques aux éraflures de sang » Marrant, le premier vers est presque musical. La suite me fait penser à des images de Foulon dans des génériques d’émissions de télévision, au temps où il y avait peu de chaines hexagonales. « Je suis un rire irradiant dans un bocal le miroir de vos impasses mes chaussures en disent long sur le pied-de-nez que je me fais à moi-même » Ce poème termine en beauté par ce quatrain que je trouve surréaliste. Il me fait penser dans l’esprit au clip de la chanson de Queen intitulée « I am going slightly mad » dont Freddy Mercury ancien étudiant en arts graphiques avait fait un testament surréaliste. Bravo ! |
| Ornicar
21/10/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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D'emblée, le titre m'a séduit et intrigué. La suite ne m'a pas déçu. De chouettes images et/ou formules percutantes animent ce libre à la tonalité désenchantée qui fleure bon son mal de vivre et traîne son âme en peine : "abonné aux absences du fil de l’eau", "trous noirs effrayants de la survie", "destinées électriques aux éraflures de sang", "le miroir de vos impasses".
Sous les faux-semblants de la comédie humaine et/ou de la représentation (voir le "costume" du premier vers et un peu plus loin : "Amène, je me mène en bateau" puis : "Sous mon visage de crème / personne ne lit mes humeurs élimées") le narrateur, ou la narratrice, semble ne pouvoir étreindre que le vide de son existence et la perte de sens dans un monde qui lui semble bien laid ("la grimace du jour"). Le poème se clot sur ce qui s'apparente à une dernière pirouette quand tout demeure vain et se dérobe : "mes chaussures en disent long / sur le pied-de-nez que je me fais à moi-même". Moralité : la vie n'est qu'un cirque et le cirque, lieu du spectacle par excellence avec sa "fanfare" et sa "piste" (voir strophe 4) est une métaphore de la vie et de sa comédie humaine. Clown triste ! Définitivement. J'aime beaucoup. |
| Provencao
29/10/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour Eskisse,
"Je suis un rire irradiant dans un bocal le miroir de vos impasses mes chaussures en disent long sur le pied-de-nez que je me fais à moi-même" Mon quatrain préféré où le sombre et le spleen sont véritablement cette émotion qui résulte de "cette grimace du jour", elle, est le frisson d'un pur sentir. J'aime en vos vers cette mélancolie presque inexpressive, en ce sens qu’elle n’agit pas par le biais de l'origine, mais par le seul mot usité. Au plaisir de vous lire, Cordialement |
| papipoete
29/10/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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bonjour Eskisse
Il me faut ici chercher le sens de ce poème, bien éloigné du conte merveilleux, avec princesse et carrosse flamboyant. Je ne crois pas me tromper, en avançant l'idée que joie et gaieté ne sont pas maître-mots, à travers ces lignes ? Je verrais même bien un héros de Couleur, noire comme ce pauvre Rafael Padilla, alias clown Chocolat dont le métier était de faire rire le public, en prenant des claques à longueur de spectacle...et le soir venu ôtant " son visage de crème " voyait dans son miroir son véritable personnage. NB je ne sais analyser vos phrases où le sens est caché, derrière par exemple " abonné... aux trous noirs effrayants de la survie " Sans aller plus loin, je trouve que le titre " ma main sort de la manche de l'Hiver " est fort original et bien des images en disent long sur la force de ce héros " je n'aurai pas de fracture, mon bois veille durement " La 3e strophe qui se rapproche de mon idée, est mon passage préféré. Ceci n'est que le fruit de mon interprétation... |
| Ascar
29/10/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
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Bonjour Eskisse,
C'est bien écrit et j'aime vraiment votre vocabulaire. Le hic c'est que je ne comprends pas ce que ça raconte. Je pense comprendre qu'il s'agit de l'étal d'un état d'âme Par rapport à quoi, un évènement , un mal être ? Vous empruntez votre titre à u autre texte en ayant la franchise de le dire Ce qui pour moi diminue tout de même le sens de la création |
| EtienneNorvins
30/10/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Un poème qui regorge de trouvailles poétiques et qui donne à entendre une voix mélancolique et ironique, à la fois douloureuse et distanciée : on sent une lutte intérieure entre le paraître et l’être, la survie et la dissolution.
Le rythme libre favorise un souffle intérieur et une impression de parole spontanée, presque onirique, qui travaille la musicalité de la langue, avec de fréquentes assonances ou allitérations (« main/marche/manche », « rire irradiant »). Les motifs du costume, du visage, du rire et du miroir se répondent subtilement : ils construisent un fil conducteur autour de la dissimulation, de la représentation et du rapport à soi, très centré sur le « je », ce qui donne un effet de clôture, d’enfermement dans le mental. Toutefois, le poème fonctionne comme une suite d’images associatives dont il est vrai que certaines basculent dans une abstraction qui peut plaire ou perdre selon les sensibilités : « Abonné aux absences du fil de l’eau / aux trous noirs effrayants de la survie »… "Je voulais franchir la barrière / Quelque chose me retenait"... Il faut accepter de rester dans une impression plus que dans une compréhension… |
| Bodelere
1/11/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Je crois que je vais le relire maintes fois car ce poème a quelque chose de magique, impossible à décrire.
En fait j’ai cru y reconnaître la pensée et l'écriture d’un Yves Bonnefoy. C’est tout simplement sublime quand on connaît la difficulté de l'exercice dans ce style de poème |
| Louis
11/11/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Dans ce poème s’exprime une figurine de bois, qui émerge de traits disséminés dans le poème, marionnette clownesque disposée dans un bocal en verre, sorte de bibelot dérisoire, qui se fait pourtant locutrice dans le but de faire comprendre, à ceux qui la contemplent, qu’elle est leur miroir.
Qu’on la regarde en face, et que l’on prête attention à son accoutrement, on y trouvera une grimace, on y reconnaîtra, dans un reflet, la « grimace du jour », qui « emplit mon costume », explique-t-elle. Son affublement n’est ainsi qu’une grimace, l’expression du jour s’y reflète en lui. Elle ne veut pas signifier qu’elle s’habille au goût variable du jour, selon la mode du moment, non, car elle a revêtu son habit pour toujours : « le retirer, je ne peux » ; mais ce qui l’habille, son « costume », exprime, reflète, de façon permanente et grimaçante, la réalité du « jour ». Quel est ce « jour » reflété dans une grimace qui « emplit » et imprègne toute la tenue de la figurine parlante, sinon le présent, un présent vécu par les humains dans sa face invariable au cours du temps, cette face inchangée quand s’enchaînent les unes aux autres les diverses journées ? La figurine en miroir renvoie la figure grimaçante du jour, mais à son tour, qu’exprime donc cette grimace ? Un rictus de douleur, de dégoût, de mépris ? Ou bien un rire ? Une esclaffade bouffonne ? La suite du poème semble indiquer qu’il s’agit d’un « rire », mais non pas d’un rire pur et gai, d’un rire plutôt où se mêle la tristesse, plus encore, d’un rire aux nuances multiples, d’un rire "coloré" donc et bariolé, comme l’est le costume de clown tout plein de plis grimaçants ; d’un rire aussi mal ajusté, comme son affublement, bouffant ou trop étriqué dans un pathétique et ridicule excès. Cette mine, à la fois rieuse et tragique, la marionnette ne peut s’en départir. Elle reste figée pour "l’éternité". Ce n’est pas une moue à perpétuité, elle n’offre ni mépris ni haine, mais une manière de « l’amour », pour la vie et pour les vivants, dans le rapport auxquels son être reste « coincé » jusqu’à « l’éternité ». La locutrice ne peut pas changer, et ne peut pas se changer. Son habit, et toute son apparence, possèdent le caractère invariable d’une essence, si bien que son paraître semble s’identifier à son être. Elle se définit pourtant de façon négative, par des absences, par ce qu’elle n’est pas, par un "en dehors" : « abonné aux absences du fil de l’eau » Sa présence manque au « fil de l’eau », c’est-à-dire au cours du temps. Elle n’est pas de passage. L’idée d’immobilité se trouve renforcée dans cet immuable, dans ce qui se tient sur une rive invariable, près du courant, à côté de ce qui passe. Une angoisse semble sourdre de ces propos : elle, pauvre marionnette, ne passe pas, et la vie passe sans elle ; figée sur les bords, sur les marges du courant vital, elle laisse échapper la vie. « Abonnée » absente à ce qui se fait dans le cours des choses, invisible est-elle là où la vie s’écoule. « Abonnée », elle l’est aussi aux « trous noirs » de la « survie ». Un trou noir est un espace sans lumière, mais aussi le lieu d’où ne ressort nul rayon lumineux, il est donc un lieu d’invisibilité, le lieu d’une disparition pour qui pénètre dans son intérieur. La figurine qui exprime « le jour » n’est plus rien dans le trou noir. Quand elle n’est plus sous le regard, quand elle n’est plus aperçue, elle ne "survit" pas. Le clown n’existe que d’être vu. Elle manque déjà à la vie, alors au fond du trou noir, sans un regard pour elle, c’est à la « survie » qu’elle manque. Enfermée dans un bocal, la marionnette-clown ne peut en sortir. Pourtant, elle voyage : « Amène, je me mène en bateau tout au long de mes songes » Mais c’est un voyage immobile. Une aventure sur la mer des songes. Absente « au fil de l’eau », - cette eau qui subit les courants, celle qui ondule dans les vagues, elle ne parvient à trouver une présence que dans la matière liquide très fluide d’un imaginaire. Elle « se mène en bateau », dans ce sens encore de "se faire des illusions". Elle se nourrit de chimères, s’évade dans le monde des fantasmes. Elle ne vit pas la vie, elle la rêve. C’est dans ce contexte d’illusion et de fantasmagorie qu’apparaît pourtant une main salvatrice. Coup de main d’un destin : « ma main sort de la manche de l’hiver » Il y a donc un « hiver », et l’immobilité de la marionnette-clown est assimilée à un gel, un manteau de froidure sous lequel elle se trouve figée. La main connote le toucher, qui est contact direct avec les choses du réel dans leur être concret ; cette main donc, en sortant de la « manche de l’hiver » sort aussi du monde impalpable des songes pour aborder le côté tangible du réel. Elle retrouve la chaleur de la vie. L’action aussi se trouve connotée par la main, et l’activité manuelle est enveloppée dans l’image d’une main. La main, hors du froid, agit et s’agite. Une volonté sous-jacente se manifeste : donner enfin la main à la vie, l’épouser, la prendre pour la tenir fermement sans la laisser échapper. S’arrimer à la vie authentique, active, concrète, dans son mouvement naturel, et non avec le secours d’éventuelles « destinées électriques », ou d’artificielles motorisations. Mais aussi, ne pas « devenir femme sous le choc électrique de la passion », comme écrivait G. Sand ; plutôt sans agitation ni violence, ces « éraflures de sang ». La marionnette-clown tente donc de prendre vie, par l’activité qui en elle lui fait sortir une main d’un hiver d’inertie. Elle se cherche une « âme ». Par quel prodige ? « On ne sait où naissent les âmes… » Une marionnette donc semblable au Pinocchio de Collodi, le pantin qui cherche à devenir humain en évitant et le pur mécanisme et l’animalité. En bois, comme lui : « je n’aurai pas de fracture Mon bois veille durement » La mise en mouvement, la sortie hors de l’état figé, ne provoquera pas de fêlure, pas de « fracture ». Sa constitution est solide ; en bois dur, elle doit pouvoir s’adapter à la vie et ses difficultés. La voilà, dans la 4ème strophe, en piste, au milieu du grand cirque de la vie. La marionnette devient un clown vivant sous la multitude des regards, mais, déception, elle n’est pas pleinement visible. Elle a gagné en humanité, elle a gagné en sensibilité, acquis de l’âme et du cœur, mais on ne les voit pas : « sous mon visage de crème personne ne lit mes humeurs élimées » Ainsi perd-elle ce qu’elle croyait avoir gagné : elles « vont s’évaporant ». Les regards ne suffisent pas pour être vu, et pour exister. Encore faut-il savoir « lire ». Lire les signes du visage. Lire sous le fard d’une apparence les lignes sensibles de la vie. Est-elle sortie de son bocal ? A-t ’elle trouvé une issue ? Pas vraiment, non, si l’on en croit le dernier quatrain. Il semble seulement que le bocal se soit dilaté aux dimensions d’un chapiteau de cirque, et même à celles d’un cirque universel, sa piste ne se veut-elle pas jusqu’aux étoiles ? Non, elle n’en sort pas. Et nous n’en sortons pas : « Je suis le miroir de vos impasses » Tous, nous qui la contemplons, nous trouvons en pleine aporie ; tous nous ne savons nous en sortir. Comme elle, nous laissons la vie s’échapper, prisonniers de nos songes insensés, de nos "absences", de notre incapacité à voir au-delà des apparences, de notre manque d’humanité. Nous savons si peu donner la main à la vie. Elle en rit, le clown en elle en rit. D’un rire « rayonnant » partout diffus. Une fois encore, ce n’est pas un rire de moquerie, ce n’est pas de l’ironie. Nous rions du clown, il rit de nous : c’est le même rire. Un rire dans lequel nous nous reconnaissons. Un rire d’humour, qui consiste d’abord à rire de soi avant de rire des autres, par un « pied-de-nez » fait à soi-même. La clown-poète joue avec les mots : « mes chaussures en disent long / sur le pied de nez... », comme plus haut : « Amène, je me mène... », il jongle avec eux et les images, sans céder au poids du sérieux, sans céder aux larmes. Peut-être introduit-il aussi une ambiguïté avec la dernière jonglerie finale, si l’on pense à sa parenté avec le personnage de Pinocchio : ses propos comme son apparence ne seraient-ils que risibles mensonges ? Au point de n’y accorder pas trop de foi ? Quoiqu’il en soit, le rire communicatif du clown garde une légèreté, qui permet de ne pas sombrer ; il reste une « politesse du désespoir », en un tragique qui refuse de se prendre au sérieux. Merci Eskisse |





