Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie néo-classique
Eskisse : Mon ours ne sourit plus
 Publié le 09/01/24  -  14 commentaires  -  629 caractères  -  307 lectures    Autres textes du même auteur


Mon ours ne sourit plus



Mon ours ne sourit plus, il souffre de la bile.
J’ai essayé parfois de rayer son tourment.
Ne reste qu’un trou noir sur son museau aimant ;
La faute au stylo-bille à l’encre indélébile.

Maman ne saura plus ce qui me rend heureuse.
Ma voix s’est effacée, mes mots se sont perdus
Dans les couloirs cireux que mon père a tordus.
Personne n’entendra mon grand chœur de pleureuse.

Je regarde la pluie depuis que papa ment
En espérant trouver la lueur d’une goutte.
Ce moment me détend. La nuit, je la redoute :
Chaque soir est un puits au fond duquel je pends.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Gemini   
31/12/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Je ne serais guère surpris qu'il y ait une histoire de père Noël là-dedans.
Désillusion d'enfant qui voit son monde s'écrouler et doit en rebâtir un neuf. C'est un peu donner raison aux nouvelles théories du darwinisme qui jugent que l'évolution n'est pas forcément graduelle, mais peut arriver par à-coups : sortie de l'enfance brutale avec réaction de rejet envers son symbole (ours) et les fautifs (parents), doublée d’une volonté de vengeance (v8, je me suis demandé si ce "chœur" était voulu et si cette "pleureuse" cachait une enfant gâtée), ainsi qu’une mise à l’écart ("nuit", "puits") pour cacher sa peine (sa honte ?).
Plus rien ne sera comme avant. Alors, à quelles branches ("lueur d’une goutte") peut-on se raccrocher quand on a été trompé de la sorte ?
La clé de l’évolution, c’est l’adaptation.

   Donaldo75   
4/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
J’ai vraiment aimé ce poème ; de par l’émotion qu’il véhicule sans en faire des tonnes, il éclaire ma lecture et me donne envie de me plonger dans sa musique certes un peu triste mais réellement poétique. J’entends la voix de la poésie et en même temps, grâce au dernier vers qui sonne comme un point d’orgue magistral, je ressens le désespoir. La composition est finement ciselée, rien n’est laissé au hasard et les images tapent exactement là où il faut.

   Cyrill   
9/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Salut Eskisse,

J’ai trouvé ici la saveur spéciale des paroles enfantines, avec son prosaïsme particulier dans la métaphore, par exemple dans ces deux vers : « J’ai essayé parfois de rayer son tourment », « Dans les couloirs cireux que mon père a tordus ». Ils font naître mon empathie, sans retenue. La pensée de la locutrice s’accroche à des repères connus et un vocabulaire concret pour contrer le chaos d’une famille, de parents qui semblent se déchirer « depuis que papa ment »… encore une perle. Car oui, ce sont bien des perles, comme ces gouttes d’eau qu’elle guette, que l’enfant tâche d’enfiler sur le fil de sa vie pour y retrouver l’ordre perdu. Le fil au bout duquel elle pend, mais qui lui permet – peut-être – de remonter à la surface chaque matin et d’affronter le jour et son cortège d’angoisses.
L’enfant est malmenée mais par son rationalisme poétique elle trouve des pis-allers à sa détresse.

C’est vraiment un beau poème, sensible. Sous son apparente simplicité, je me dis que chaque mot est pensé et pesé. Jusqu’à ce « grand chœur de pleureuse » ô combien lyrique d’une protagoniste qui semble ici se consoler dans et avec ses pleurs.

Merci pour le partage.

   M-arjolaine   
9/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
J'ai été touchée par ce poème et les images qu'il m'évoque, notamment la deuxième strophe avec ces "couloirs cireux que mon père a tordu" et le "grand chœur de pleureuse" (j'aime beaucoup cette idée !). La fin me fait penser à ces nuits interminables où toutes les angoisses qu'on essaie de nier nous remontent à la gorge. Je suis peut-être un peu moins sensible par contre à la "lueur d'une goutte" (j'ai l'impression de n'avoir pas su quoi mettre derrière cette image).
Le titre m'a interpellée aussi, il me plaît bien !

   papipoete   
9/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
bonjour Eskisse
La petite fille est bien triste, alors que même son ours ne la console plus. Depuis que papa " a tordu des couloirs cireux... " quand vient la nuit, elle voudrait en finir, se laisser tomber au fond de ce puits...
NB peut-être me trompé-je ? mais c'est le propre d'un commentaire, que de dire son ressenti ; pour que cette enfant en arrive à se voir " pendue au-dessus d'un puits ", faut-il que le pourquoi soit grave !
" espérer voir son père pleurer " pourrait estomper sa peine.
sujet terrible que celui de mon interprétation, mais j'espère me tromper !
malgré quelques hiatus, la technique me semble convenir à la forme " néo-classique "
la 3e strophe a ma préférence

   EtienneNorvins   
9/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
J'avoue avoir une lecture beaucoup plus dure de ce poème, au point d'avoir été sidéré en EL et incapable de commenter alors... - et je suis presque heureux d'en découvrir ce matin d'autres interprétations, moins douloureuses.

Car je lis des mots simples - qui vont leur chemin, suggérant pudiquement sans dire, comme un nœud coulant qui se resserre sur le lecteur ; et quand celui-ci réalise où ils mènent, il est trop tard - mais comment exprimer mieux l'horreur du crime qui (pour moi) est ici décrit ?

S'y ajoute le décalage - comme une fêlure - entre les verbes au présent et un vocabulaire qui n'est pas celui d'une enfant jouant avec un nounours ("couloirs cireux" / "grand chœur de pleureuse"). Je lis donc aussi en filigrane le témoignage d'une adulte, aux prises avec un trauma aussi indélébile que l'encre du vers 4.

Dire que "j'aime" ce texte est donc excessif - je note donc en fonction de l'intensité du ressenti (bouleversante, pour moi) ce texte très déroutant.

Bravo Eskisse.

   Myndie   
9/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Eskisse,

franchement j'ai adoré découvrir ce poème en EL sans pourtant trop regretter de ne pas avoir eu le temps de m'y arrêter car j'étais sûre qu'il ne serait pas refusé. C'est chose faite !
J'y ai trouvé l'expression directe et simple d'une sensibilité profonde, une décharge d'émotions fortes, partagées avec cette enfant, chagrin, peur, désespoir.
J'y ai trouvé une vraie finesse de plume capable de poétiser l'innocence d'un langage enfantin.
J'y ai aussi trouvé des images très fortes, infiniment dures :
« Ma voix s’est effacée, mes mots se sont perdus
Dans les couloirs cireux que mon père a tordus. »
« La nuit, je la redoute :
Chaque soir est un puits au fond duquel je pends. »
qui sonnent pour moi comme  l'évocation de quelque chose de bien plus grave qu'un divorce des parents: cette violence intrafamiliale qu'on nomme l'inceste.
Avec les effets destructeurs que l'on sait.
Tu me diras si mon interprétation est erronée ; c'est en tout cas ce que je perçois en filigrane dans ces vers qui me semblent résumer toute la souffrance de l'indicible .

Bravo et merci pour ce poème à la tendresse touchante et aux vibrations qui prennent à la gorge.

Myndie

   poldutor   
9/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Eskisse
Comme Myndie je pressens un drame familial comme les médias nous en raconte. À la première lecture, j'ai ressenti un malaise, non je ne pense pas que c'est parce qu'on lui a dit que le père noël n'existe pas (l'idée n'est pas invraisemblable), c'est hélas plus grave que ça. La narratrice insiste trop sur son père présenté comme un briseur de rêves.
Votre poème m'évoque la chanson de Barbara "l'aigle noir", bien sûr ce n'est qu'un ressenti...
Bravo.
Cordialement.
poldutor

   Provencao   
9/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Eskisse,


Belle sensibilité, émotivité et tendresse en vos mots usités. J'ai beaucoup aimé cette illusion que produit "cette voix qui s'est effacée, ces mots perdus... "

Belle expression de la vision et des tribulations de la réalité humaine.
Elle ne s’exprime pas par des onomatopées et n’est pas conditionnée par les moyens expressifs ; elle a, en elle-même, un lien qui lui permet de s’unir à la vérité et par laquelle on comprend, parfois de façon plus approfondie, les lacérations de l’âme humaine:

"Maman ne saura plus ce qui me rend heureuse.
Ma voix s’est effacée, mes mots se sont perdus
Dans les couloirs cireux que mon père a tordus.
Personne n’entendra mon grand chœur de pleureuse."

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Cristale   
9/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Et si je disais que le titre représente à lui seul tout le poème ?
L'ours, ce doudou qui partage tous les secrets est souvent l'unique tremplin affectif entre la douleur et la douceur quand les adultes sont aveugles et sourds et pire encore, maltraitants, sadiques, pédophiles.
J'entends que l'enfant a essayé de tracer un sourire avec un feutre sur le museau de l'ours mais a sans doute appuyé un peu trop fort, dans l'émotion d'une colère refoulée. J'entends aussi un transfert d'un acte reproduit mais j'entends peut-être plus que la narratrice n'a voulu en dire.
La scène reste dans le domaine de l'intimité d'un foyer : l'ours témoin - la mère impuissante - le père (!!!) et la fillette plongée dans un tourment indicible.

La langage est charmant, très poétique, une façon de dire des choses affreuses avec des associations de mots et de verbes d'une grande douceur.
À quatre petits détails près, le néo se faisait classique.
Merci Eskisse.

   Skender   
10/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Eskisse,
Et merci pour le partage de ce texte que j'ai trouvé très réussi. Je tiens à souligner d'abord la perfection rythmique qu'on ressent à la lecture, il n'y a aucun accroc, bravo. Le contenu est quant à lui assez sombre, j'imagine une enfant emprisonnée dans une famille à la merci d'un père au choix violent, absent, menteur ou bien tout cela à la fois et qui perd peu à peu l'espoir d'échapper à cette situation. J'ai adoré cette image : "Dans les couloirs cireux que mon père a tordus.", et le jeu de mots autour du choeur/coeur. Le tout dernier vers, loin d'apporter une lueur d'espoir, parachève ce tableau morose d'une ultime touche particulièrement sombre.
Merci, Skender.

   Eki   
10/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Un poème trouble qui se dévoile avec pudeur.
Ici, l'ours est témoin d'une double tragédie, n'est-il pas le confident de cette petite fille qui tait le secret. Il voit et il sait...
La plume à double tranchant dévoile la douleur dans la douceur...
On ressent comme l'ombre d'un fantôme hideux...
L'enfant brise sa part prisonnière qui la retient à cette histoire douloureuse.
Ce thème est perturbant, il touche à l'innocence. J'avais lu ce texte sans le commenter...peut-être, me fallait-il du recul ?
Je me suis posée des questions "Papa ment"...s'agit-il d'une mésalliance de parents...le reste m'indique qu'on parle de ce vilain acte qu'est l'inceste...est-ce que quelqu'un ici a prononcé ce gros mot ? je ne sais pas...

La lueur d'une goutte....comme une forme de désespoir qui permettrait de noyer ce qui est moche une bonne fois pour toutes...une goutte pour faire déborder le vase, éventrer l'outre des secrets ?

Le dernier vers saisit, âpre, rageur et noir...
comme une trace indélébile, une image forte...

   Louis   
10/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Le sujet de ce poème est émouvant, mais le texte ne s’efface pas devant le pathos du sujet. Par ses images, par sa construction, par sa musique si belle si triste, par le choix de ses mots, c’est lui aussi qui suscite l’émotion.

C’est une sensation de perte qui s’exprime dans un premier temps :
perte du sourire : « mon ours ne sourit plus ».
« L’ours » est bien sûr un double de la fillette, miroir et compagnon sur lequel elle projette ses pensées les plus secrètes.
Il ne sourit plus parce qu’elle ne sourit plus.

La perte s’exprime encore en terme d’« effacement » :
« Ma voix s’est effacée, mes mots se sont perdus »
Une perte essentielle est indiquée, une véritable "aliénation" est subie. L’enfant vit un bouleversement, dans lequel prennent fin sa candeur infantile, et toute joie de vivre.

À cette perte est opposé ce qui ne s’efface pas, un « indélébile » porté par l’ourson : « un trou noir sur son museau aimant ». Une trace noire ineffaçable.
L’ours « aimant » souffre avec la petite fille, porte sa souffrance ; il souffre de la « bile ». Il se fait de la bile ; triste ourson, tourmenté, anxieux.
Le remède à la bile s’avère un échec ; il laisse un trou noir, il laisse un trait noir. Une rayure. La rayure-suppression s’est transformée en rayure- trait indélébile. Et le sourire s’est mué en coupure, en entaille, en déchirure.

Le bouleversement du monde de l’enfant s’exprime avec force dans ce vers :
« couloirs cireux que mon père a tordus »
Une véritable "distorsion" du monde s’est opérée, un ébranlement qui a tout changé.
Le "si-heureux" s’est mué en « cireux » : teint qui indique un état anémique, étiolé, affaibli. Flétrissement prématuré de la jeune fille ; un étiolement, et plus d’épanouissement.

On ne sait pas quel événement a provoqué le séisme que vit la jeune fille et son état si douloureux.
Il est tu, par pudeur sans doute, mais pas seulement.
Un événement grave s’est produit, la jeune fille ne souffre pas d’une simple désillusion ; mais en le taisant l’auteure indique que l’important ne tient pas au jugement sur sa gravité suscité par la morale ou les bonnes mœurs, mais que la gravité de l’acte, quel qu’il soit, se mesure aux seuls effets et conséquences, ravageurs sur l’enfant.

On sait seulement que la cause de l’état de la jeune fille est liée au comportement du père ; on sait que la mère est ignorante et impuissante ; on sait que le père « ment ».
Les mensonges paternels provoquent une saison des pluies dans l’enfance de la jeune fille, le soleil ne brille plus pour elle.
Il reste l’espoir de trouver une « lueur », une goutte de lueur dans toute cette saison grise.

La nuit est particulièrement redoutée par l’enfant.
On peut imaginer le pire de ces nuits suspendues dans « un puits » sans fond.
On peut surtout éprouver avec elle un frisson d’horreur.

Bravo Eskisse pour ce texte si poignant.

   Eskisse   
12/1/2024


Oniris Copyright © 2007-2023