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Poésie en prose
Eskisse : Vanishing point
 Publié le 12/11/22  -  15 commentaires  -  680 caractères  -  294 lectures    Autres textes du même auteur

Poème inspiré du tableau d'Edvard Munch, Neige fraîche sur l'avenue


Vanishing point



Les voix des fantômes se sont tues dans l’allée au triangle de neige.
Le chemin cotonneux s’enfuit vers le point de nulle part. Un passé disparaît dans le cortège des arbres mangeurs de ciel.
Happés par leur avenir, les enfants sortent du cadre. Ils ont quitté les branches de l’incertain, se dirigeant, décidés, vers les traits de leurs visages.
Là où s’effacent les îles d’angoisse. Là où surgissent les armes de l’intime.
Ils sont deux, quand les arbres sont seuls, enroulant leurs chevelures violettes sur leur propre procession.
Dans le rythme tranquille, ils ont des pas amnésiques qui se dérobent au hasard.
Un silence rosé baigne leur marche.


 
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   Anonyme   
31/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'ai eu l'impression au tout début de ma lecture que votre poème se limitait à décrire le tableau de Munch, mais ai rapidement changé d'avis ; j'ai lu
les enfants sortent du cadre. Ils ont quitté les branches de l’incertain, se dirigeant, décidés, vers les traits de leurs visages.
et ce fut comme une modeste illumination. Les enfants qui sortent du cadre pour se diriger vers les traits de leurs visages, pour moi c'est puissant et représente le cœur du poème. La suite me semble prolonger cette idée, en accompagner les échos qui vont s'affaiblissant. Cela me plaît, je me dis que votre bref texte va plutôt loin.
Je relis le début et persiste à penser les deux premières phrases en dessous du reste, assez plates. Peut-être fallait-il commencer ainsi pour la montée en puissance, je n'en sais rien.

   Queribus   
1/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Un texte relativement court , qui se lit donc facilement avec des phrases courtes comportant de très belles images poétiques;:"Les voix se sont tues dans l'allée au triangle de neige", "le chemin cotonneux s'enfuit vers le point de nulle part", et c'est comme ça tout le long. J'ai plus particulièrement aimé la dernière phrase en guise de conclusion mais j'ai beaucoup apprécié l'ensemble. De la poésie en prose habilement et intelligemment conduite. La journée commence bien.

Bien à vous.

   Pouet   
2/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Salut,

autant le tableau me parle moyennement, autant le poème me convainc pleinement.

Entre autres choses, j'ai été très sensible à l'image des enfants quittant les branches de l'incertain et marchant vers les traits de leurs visages. Une quête initiatique finement esquissée.

Rien de très pertinent à ajouter si ce n'est que l'ensemble, nimbé d'un surréalisme délicat, fut pour moi fort agréable à lire.

Pouet

   Corto   
12/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime bien votre manière de pénétrer ce tableau et d'en interpréter des éléments signifiants.
Je n'ai pas remarqué les fantômes mais ils peuvent servir d'invite ou d'introduction.

J'apprécie par contre ce passage: "Là où s’effacent les îles d’angoisse. Là où surgissent les armes de l’intime" qui donne une dimension supérieure à ce que l'on voit.

Belle démarche.
Merci

   Provencao   
12/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Eskisse,


Passionnée des peintures de Munch...vous m'avez gâtée. Merci.

"Là où s’effacent les îles d’angoisse. Là où surgissent les armes de l’intime.
Ils sont deux, quand les arbres sont seuls, enroulant leurs chevelures violettes sur leur propre procession.
Dans le rythme tranquille, ils ont des pas amnésiques qui se dérobent au hasard.
Un silence rosé baigne leur marche."

J'aime beaucoup ce sacré, ce surnaturel dans son épaisseur engendrant à la fois l'imagination et l’angoisse et c’est précisément cette aporie d’une attirance qui est aussi chimère qui se revêt d'une complétude tranquille où l'équilibre est retrouvée.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Anonyme   
12/11/2022
CE QUE J’AI AIMÉ :
Bien qu’il soit très court, ce texte arrive parfaitement à nous faire ressortir l’émotion du tableau qui l’inspire. On ressent la sensibilité et l’aisance de l’auteur à nous baigner d’une ambiance silencieuse et colorée comme l’est la toile de Munch.

CE QUE J’AI MOINS AIMÉ :
Rien. Si ce n’est ce titre superfétatoire en anglais qui sacrifie à une mode assez pénible. Neige fraîche sur l’avenue est tellement plus joli et éloquent. Surtout que ce n’est la ligne de fuite de l’avenue qu’il faut regarder dans le tableau mais imaginer ce qu’il y a au-devant des deux enfants.

CONCLUSION :
Une très belle réussite, un ravissement délicat.

   Quistero   
12/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
L'écriture semblant presque prisonnière dans un premier temps entame le tour du tableau, y découvrant une atmosphère plutôt inhumaine, plutôt alarmante puisqu'elle parle de 'fantômes', de 'mangeurs de ciel' avant de trouver finalement une porte de sortie avec ces deux enfants sans visage mais à demi-sauvés, tout au moins picturalement, de cette scène glaciale. Merci.

   Atom   
12/11/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Une lecture intéressante du tableau de E. Munch.
Ce n'est pas personnellement l'interprétation que j'aurais émise mais j'apprécie la divagation poétique qui émane de cette toile.
Pas fan en revanche du titre en anglais dès lors que - Point de fuite -
aurait eu plus d'impact, à mon sens.
"Triangle de neige" également qui me semble une description un peu basique d'un détail du tableau.
J'aime par ailleurs beaucoup l'idée des enfants quittant le cadre ainsi que celle des pas amnésiques (puisqu' effectivement aucunes traces de ces deux personnages ne figurent dans la neige).

   Stephane   
12/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Eskisse,

Une atmosphère à la fois "sobre" et poignante sublimée par un texte talentueux.

Vraiment très beau, bravo.

Stéphane

   Anonyme   
12/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Holà Eskisse,

Ton titre m'attire, en bonne artiste picturale que je suis, je prends le point où tout converge comme une invitation.

Tu arrives parfaitement à retracer ces lignes parallèles pour converger vers ce point, le silence rosé ...

Je pourrais t'écrire une thèse sur ton regard (et le mien à te lire, le tableau de Munsch en fond d'écran) et la manière dont je vois quelque chose de totalement différent... mais c'est toute la beauté de l'exercice.

Je te remercie, pour le clin d'oeil technique d'abord, j'aime c'est mon côté Asperger...et puis pour la parcimonie dans l'évocation poétique, qui comme souvent chez toi, se suffit à elle-même.

Au plaisir, toujours, de te relire

   Donaldo75   
13/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Salut Eskisse,

J’aime beaucoup le tableau de Munch référencé en exergue. Par ailleurs, je trouve difficile de composer un poème en accrochant une référence picturale et j’applaudis les personnes qui réussissent dans ce sens.

Bravo, clap clap.

Parce que – je suppose que tu l’as compris – j’ai beaucoup aimé ce poème. La prose, ce n’est pas le genre le plus simple en poésie et dans le cas présent non seulement tu as transformé le pictural en littéraire, en poétique, en différent d’une simple description ou interprétation littérale de ce que le spectateur voit de la toile mais tu l’as exposé. Du coup, mon cerveau repousse le simple analytique, part dans le ressenti et se dit « merde, je n’avais pas vu ça comme ça » ou toute autre remarque qu’un collège de neurones pourrait amener à formuler (je précise pour les fanatiques du premier degré que c’est une image, je sais bien que les neurones ne font pas ça, ils ont d’autres occupations) suite à cette exposition. Et la poésie, ça permet de voir le monde différemment et ici le monde c’est cette toile et cette toile c’est le monde et tout ça ne sent pas la réflexion bazardée chez Maxi-Poésie SA ou dans l’Almanach des Poètes en Robe de Chambre mais la sensibilité artistique d’une poétesse qui ne fait pas semblant de poétiser.

Re-bravo !

   Louis   
14/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
« Les voix des fantômes se sont tues dans l’allée au triangle de neige »
Le tableau donne à voir, mais dans un visible associé à de l’invisible, avec des apparences sur fond d'inapparent, des apparitions à partir de disparitions, ici des fantômes et des voix.

Les voix se sont tues, les voix d’une hantise, d’une peur, d’une angoisse ; devenues silencieuses, mais pour laisser place à une voie, une allée. Elles sont mortes, "tues’’, pour laisser aller. Pour permettre une délivrance.
Voix de fantômes, voix des apparitions disparues, évanouies.
Leurs tons et leurs formes indistinctes ne sont plus ; s’impose une géométrie, des contours plus nets, des formes plus précises : un grand triangle blanc, un « triangle de neige ».

La scène évoquée prend place dans une épaisseur temporelle. Elle n’est pas pure spatialité. Les enfants au premier plan constituent la ligne du présent. Derrière eux s’étend le passé, trajet d’un parcours, tracé d’un « chemin cotonneux qui s’enfuit vers le point de nulle part », en un chemin qui se perd où se perd l’espace et se perd le temps aux confins de la mémoire.
À l’avant des enfants, « leur avenir », dynamique, en mouvement lui aussi, comme le passé qui « fuit », mais lui, il tire, attire, les appelle, « Happés par leur avenir ».

Ces enfants sans visage ne se tiennent pas, figés, dans un présent immobile, ils avancent, et, irrésistiblement « happés », « ils sortent du cadre ».
Le futur vers lequel ils sortent se confond avec la place des spectateurs, situés devant le tableau, hors cadre. Ils avancent vers nous, humains spectateurs, constituants de la société humaine. Ils seront là bientôt, parmi nous, nous qui ne sommes pas des fantômes, eux venus de si loin.
Bientôt ils seront là d’où part le regard, du côté du sujet de la scène, et non plus de son objet.

Ils se dirigent, ces enfants, « décidés », résolument, « vers les traits de leurs visages ».
On donne au visage une fonction d’individuation et de socialisation.
Bientôt ils gagneront, parmi nous, une individualité, un ensemble de traits distinctifs, des traits de caractère personnels, traits qui n’existent que par le regard, tracés dans l’interrelation humaine et par elle.
Ils n’avaient pas de visage, ou l’avaient perdu.
Leur visage s’était enfui du corps, il s’étale dans le paysage sur la toile. Paysage-visage. Paysage blanc, blafard, livide, mort d’angoisse, vide d’humanité, froid, si froid, sans chaleur humaine, solitaire « quand les arbres sont seuls ».
« Pas un visage qui n'enveloppe un paysage inconnu, inexploré, pas de paysage qui ne se peuple d'un visage aimé ou rêvé, qui ne développe un visage à venir ou déjà passé. Quel visage n'a pas appelé les paysages qu'il amalgamait, la neige et la montagne, quel paysage n'a pas évoqué le visage qui l'aurait complété, qui lui aurait fourni le complément inattendu de ses lignes et de ses traits ? » écrivaient Deleuze et Guattari dans Mille Plateaux.
Mais le visage des enfants sort de la toile et du paysage. De paysage-visage, il se fera visage-paysage, au sein de l’humanité, paysage souriant, paysage printanier.

Les pas « tranquilles » qui mènent les enfants hors de la toile ne laissent pas de traces dans la neige, « ils ont des pas amnésiques ». La neige efface leur passé, la neige leur assure une virginité, une renaissance hors du cadre hivernal, et vont ainsi acquérir un visage-paysage neuf, un visage vivant, parmi nous, libérés du poids et des marques d’un passé douloureux.

C’est un très beau texte, Eskisse, celui de la sortie hors du monde de l’angoisse.

   Raoul   
14/11/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonsoir,
Tiens, Munch est à la mode, ces tps-ci... ;)
J'aime bien l'idée, et elle est difficile à réaliser, de transcrire une œuvre picturale en exercice littéraire, sans tomber dans une psychologie de l'angoisse "Munchienne", c'est à dire en se fiant à sa "fraîcheur" de regardeur.
Je trouve l'ensemble assez réussi.
J'ai trouvé très bien vu, ces enfants qui, sortant du cadre, et sans laisser traces de leur passage, viennent se réfugier dans nos bras de spectateur/voyeur.
Bien aimé le travail couleur/silence.
"L''étoile a pleuré rose au cœur de tes oreilles" comme dit l'autre si l'on n'a pas peur de l'anachronisme.
J'ai été gêné par le "cotonneux" trop évidemment lié à la neige – quand dans la toile même, elle me semble plus être une soupe gluante.
Idem avec les double pluriel des "fantômes" et de leurs "voix", un peu trop plat à mon goût.
Merci pour cette 'vision' sensible et la lecture que vous nous permettez.

   Skender   
19/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

J'ai particulièrement apprécié ce poème dont on pense au départ qu'il sera une simple description du tableau de Munch, tableau que je suis allé consulter d'ailleurs car je ne le connaissais pas. Puis, à partir du moment où "les enfants sortent du cadre", le texte aussi s'émancipe de la toile et commence à vivre par lui-même. On enchaîne alors les jolies images (les trois dernières strophes en sont remplies, comme "les îles d'angoisse" et "les armes de l'intime" par exemple) le tout baigné dans cette atmosphère de pâle clarté hivernale qui tisse un dernier lien avec le tableau dont le poème s'inspire. Vraiment très beau.

   Cyrill   
3/10/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Je me renseigne pour traduire « vanishing point » et j’apprends à l’occasion que c’est le titre d’un film catalogué road-movie, que je ne connais pas.
Qu’importe, je lis désormais ce poème tel qu’un road-movie, un parcours initiatique et hors cadre. Car si l’entame me parle du tableau de Munch, que je vais consulter également, il devient évident que ce qui t’a guidé se situe ailleurs, au-delà, et plus précisément à la rencontre des lignes de fuite des visages triangulaires des enfants, pointant à l’opposé du triangle de neige… une pointe qui creuse l’intime pour aller, dans une sorte d’état de conscience automatique, vers l’avenir : « des pas amnésiques qui se dérobent au hasard ».
Un « point de nulle part », un inconnu tentant, tandis que le passé s’enroule sur lui-même, comme infertile, jugé sans intérêt ou peut-être non traduisible pour un être en construction qui regarde devant lui.
L’atmosphère qui se dégage tient à la fois de l’inquiétude et de la sérénité.
De belles images, précises et ciselées, qui disent de façon profonde et également succincte – et c’est une prouesse - toute la richesse d’un chemin de vie.


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