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Poésie en prose
Eylia : Tu es né un matin
 Publié le 30/06/15  -  6 commentaires  -  5161 caractères  -  54 lectures    Autres textes du même auteur

« Vivre, c’est la chose la plus rare dans ce monde. La plupart des gens ne font qu’exister. » – Oscar Wilde


Tu es né un matin



Tu es né un matin, tu as atterri sur ce monde qui avait déjà oublié de tourner rond depuis bien longtemps. Tu es né, et tu as poussé un cri. Je crois que tu avais déjà tout compris.

Le cri du nourrisson, le cri de la vie. Le cri d’incompréhension et de colère : « Pourquoi m’imposer votre Terre, vos guerres ? Pourquoi tant d’obstacles dans ce miracle ? Pourquoi la Vie ? »
Le cri de détermination et d’espoir. « Puisque je suis là, je me battrai. »

Tu es né, et tu as levé les yeux. Tu cherchais déjà la lumière à travers tes paupières fermées. Tu étais bien dans la chaleur et l’obscurité du ventre de ta maman. Tu étais en sécurité. Mais tu faisais désormais partie de ce monde, et la lumière était l’ultime phénomène qui saurait te permettre de rester debout. Alors, à peine né, tu as cherché la lumière.

Tu t’es levé un jour. Oui, tu y as mis toute ta force et ta volonté, et tu t’es levé. Il me semble que ce geste, cette action, est une de celles où tu as montré le plus de détermination et de courage que tout autre. Car depuis ce jour, tu es toujours resté debout. Ou plutôt, tu as toujours su te relever.

Je t’ai vu tomber, après quelques pas hésitants. Je t’ai vu tomber après avoir couru à perdre haleine, jusqu’à n’en plus pouvoir. Je t’ai vu tomber en essayant de te relever. Mais toujours, toujours, je t’ai vu t’écorcher les mains au sol pour te remettre debout.

Tu as souri. Tu as souri, et quelque chose a grandi en moi. Tu as souri, et ce simple sourire m’a fait comprendre le but de mon passage ici. Tu as souri, et c’est un peu ma victoire à moi aussi. Mon existence n’aura à présent plus d’autre but que de te faire garder ce sourire au visage.

Tu as parlé. Tu as dit de belles choses, tu aimais la sensibilité et la subtilité des mots. Mais très vite, tu es devenu un être plutôt silencieux. Tu avais découvert le pouvoir du langage, une nouvelle arme sur ce monde enflammé. Entre temps, le silence t’avait appris à écouter les cœurs. Et tu as appris à aimer sa sensibilité et sa subtilité. Le silence est devenu ce qu'étaient pour toi les mots.

Tu as rêvé. Quand ton regard se perdait dans un horizon invisible, je savais que l’immensité du ciel t’ouvrait les bras. Tu savais voler, tu avais appris. Tes ailes t’emportaient loin d’ici, loin de ces lieux qui ne te ressemblaient pas. Et cela semblait si beau… mais n’appartenait qu’à toi.

On a voulu détruire tes rêves, les briser en te brisant. J’ai eu peur en voyant une première fissure se dessiner sur la coupole en verre de tes songes. Mais tu as su te montrer fort, et la fissure est devenue la preuve de ta résistance. Tu as continué de rêver…

Tu as espéré. L’étincelle qui crépitait en toi ne s’est jamais éteinte. Tantôt flamme hésitante, tantôt feu d’artifice, tu l’as toujours préservée. L’espoir gonflait ton cœur et tes poumons. Il était ton air. L’espoir te faisait lever les yeux…

Tu as cru. Quand tout semblait perdu, quand il n’y avait plus de solution. Tu as cru, et tu as toujours su t’en sortir. Quand l’espoir se mourait, venait la croyance. Et avec la croyance, venait la solution…

Tu as aimé. Tu as libéré et ouvert ton cœur, donné tout ce que tu avais, tout ce que tu pouvais. Tu as aimé sans limite, sans frontière, sans barrière. Tu as aimé, et comme une force de la Nature, rien ne put jamais endiguer cette vague d’Amour. Tu as aimé, partagé ou donné sans retour. Tu as aimé si fort que je t’ai vu t’élever sans avoir à utiliser les ailes de tes rêves. Pas besoin d’ailes lorsque la réalité dépasse le rêve…

Tu as haï… On t’a souvent blessé, touché, rabaissé. On t’a souvent donné des coups qui t’ont ouvert des plaies inguérissables. Mais toi, hors du commun, hors des Hommes, tu as toujours pardonné. Mais oui, il fut un jour où tu as haï. Qui donc ? La personne qui t’a fait le plus mal au monde. Tu t’es haï. J’aurais voulu te préserver, mais ce jour-là, tu as grandi.

Tu as ouvert les yeux et cherché la lumière. Oui, pour la seconde fois de ta vie. En réalité, tu as ouvert les yeux et cherché la lumière chaque jour de ta vie. Chaque nouvelle aube, chaque lever du soleil t’ont fait ouvrir les yeux sur un monde différent.

Tu as vu. La lumière et le Noir absolu. Le bonheur et son contraire. La joie, les rires et les pleurs. L’enfant qui joue et l’Homme âgé qui observe ses pairs aux portes de l’au-delà.

Tu as prié. Pour ceux que tu aimes, pour toi, pour ce qui est et ce qui n’est pas. Tu as prié le Ciel, la Terre, la Vie. Tu as prié le Monde…

Tu as vécu. Vraiment. Tu étais vivant. Chaque jour, chaque minute, chaque seconde de ta vie, t’apportaient des trésors d’une valeur inestimable. Tu as su ce que tant d’autres n’ont pas su faire.
Tu as su vivre.

Tu es parti. Mais pas vraiment. Tu es là. Dans l’air, dans l’eau, dans le feu et la terre. Dans ces sentiments humains, dans ces corps. Dans tout ce qui vit et aime. Dans le cri du nourrisson… dans ce par quoi tout a commencé…

Tu es là. Et tes ailes brillent enfin à la lumière…


 
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   Vincent   
7/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Tu as vécu. Vraiment. Tu étais vivant. Chaque jour, chaque minute, chaque seconde de ta vie t’apportait des trésors d’une valeur inestimable. Tu as su ce que tant d’autre n’ont pas su faire.
Tu as su vivre.

Tu es partit. Mais pas vraiment. Tu es là. Dans l’air, dans l’eau, dans le feu et la terre. Dans ces sentiments humains, dans ces corps. Dans tout ce qui vit et aime. Dans le cri du nourrisson…dans ce par quoi tout a commencé…

Tu es là. Et tes ailes brillent enfin à la lumière…

quoi dire sur votre texte dense

toute cette progression de l'humain

l'importance de la vie

qui est une chance incroyable

qui nous est donnée

oui il faut prendre des coups et savoir se relever

elle est si précieuse notre vie

j'aime beaucoup votre conclusion

il reste quelque chose de la vie de chacun

j'ai beaucoup aimé votre texte

   Francis   
30/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
La plume retrace le chemin d'un être qui a beaucoup compté. Du berceau jusqu'au grand départ, il a grandi, aimé, souffert mais son envie de vivre, de se battre pour un monde meilleur ne l'a jamais quitté. Oui, il y a ceux qui ont existé et ceux qui ont vécu. Ces derniers laissent quelque chose quand ils disparaissent, souvent un grand vide ! J'aime l'homme qui cherche la lumière du berceau à la tombe.
Merci pour ce partage.

   papipoete   
30/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Eylia; Mais tu n'es plus là...Ta vie est ailleurs, tout près ou si loin, maintenant que je sais la belle personne que tu es. Tu rêvas, on te brisa; tu tombas, mais te relevas toujours; tu parlas, on t'écouta; tu haïs, mais plus tard pardonnas. Tu prias beaucoup pour autrui, un peu pour toi, t-entendit-on?
Le parcours d'une vie riche et admirable pour cet enfant qui est parti; mais je crains de mal interpréter le vers final; cet homme est-il simplement ailleurs, ou malheureusement là d'où l'on ne revient pas?

   Anonyme   
30/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Depuis le premier cri, les premiers pas sur le sol et puis tous ceux dans l'existence, l'histoire d'une vie relatée avec beaucoup d'émotion et tendresse, mais sans pathos.
De fort beaux passages comme :<< Tu as souri, et ce simple sourire m’a fait comprendre le but de mon passage ici. >>
<< Tu as vu. La lumière et le Noir absolu. Le bonheur et son contraire. La joie, les rires et les pleurs. L’enfant qui joue et l’Homme âgé qui observe ses pairs aux portes de l’au-delà. >>

   Robot   
30/6/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une bonne idée de n'avoir pas versifié car la prose se prête bien à ce poème.
Un cheminement d'une vie relaté avec talent.

   Anonyme   
25/11/2016
 a aimé ce texte 
Un peu
Ce "Tu", martèle, impressionne et impose, un silence pour écouter ce qu'il a dire.

Vous avez su parler de sa vie, parce qu'elle vous est dès plus importante, vous avez été attentive à tout ce qui l'a fait et défait. Une relation très étroite vous unie, c'est un peu ce qui m'a tenu à l'égard. Vous pourriez sans doute parler de ce "Tu" indéfiniment, sans vous lasser, mais je dois dire que je n'arrive pas vraiment à me faire une petite place au sein de ce lien si fort, je me sens exclus.

Il émane de la tendresse, teintée d'une certaine admiration, c'est touchant.

Mais dans son ensemble le texte m'a paru long, et sans vraiment de partage, c'est le tracé d'une vie, vu par un seul regard restreint, exclusif.


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