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Poésie classique
Famineur : Coup de théâtre
 Publié le 10/03/24  -  15 commentaires  -  810 caractères  -  211 lectures    Autres textes du même auteur

Dans la peau d'un géant…


Coup de théâtre



Au lever de rideau la salle est intriguée,
Car gît comme un tapis ma défroque d’acteur
Que le cours de mes sens a jadis irriguée
Et dont la chute au sol a dénudé mon cœur.

Pour vaincre la critique il m’a fallu combattre
En mâchant chaque mot comme si j’avais faim.
Dans la peau d’un géant, j’ai vécu comme quatre
Et le pas de ses vers a résonné sans fin.

J’ai donc ainsi cent fois joué son répertoire
Et mené chaque scène au moyen de mon sang,
Avant que de tomber dans un trou de mémoire
En dépit du souffleur assis au premier rang.

Tandis que l’on me lance un bouquet d’aubépine
Et que nombre de mains m’applaudissent encor,
Le rideau tombe au ras comme une guillotine
Entre la salle obscure et l’ultime décor.


 
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   Eki   
25/2/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
C'est presque une plainte avec le pied en coulisse...
J'ai aimé ce texte pour sa fantaisie, cette mise en scène de la poésie...Du coup, je ferai bien un rappel avec le tomber de rideau...

Coup de théâtre est vraiment un bon choix de titre, il amorce parfaitement le sujet du texte. C'est une entrée remarquée si je puis dire...un petit coup d'oeil !
Vous menez avec brio la petite troupe de mots sans tour de force.

Comment ne pas applaudir au jeu de l'acteur, de l'auteur ?
Tomber dans un trou de mémoire en dépit du souffleur assis au premier rang...

Il y a de la subtilité d'esprit là.

   Gemini   
27/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J'aime bien l'expression "Coup de théâtre", c'est attractif à souhait. Inutile de s'étaler sur son utilité dans la littérature, et de rappeler que l’expression a deux sens.

Agrégeant ces deux sens, le jeu de mots, ici, m'a paru délicieux.
On a presque une mise en abyme de cet acteur qui joue les coups de théâtre pour en être un jour atteint.
Manquent peut-être quelques coups de brigadier pour donner du relief à la scène, mais la narration de cette vie d'artiste qui se termine en déchéance abrupte, rappelle la citation de Shakespeare : « Le monde entier… ».
Ces planches sont une métaphore de la vie, où chacun agit, se meut, se bat, aime et tient son rôle jusqu’à là la fin (souvent subite et inattendue), qui mène à la mise au rebut. Le dernier quatrain prend des airs de convoi funéraire ; mise en terre avec hommages inclus. On pense à la fausse légende de la mort de Molière.

C'est très bien écrit avec la profonde finesse de la double lecture, et la "guillotine" du V15 fait penser à un « cou de théâtre ».

Petits détails tout de même sur ; "au moyen de mon sang" v10, dont le "au moyen" ne coule pas de source, et la position du souffleur "assis au premier rang" v12 (avec les spectateurs ?)
Enfin, j'aurais changé l'exergue pour qqchose comme : "Aller au bout de soi".

Mais vraiment, bravo.

   Miguel   
28/2/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Je crois comprendre, grâce au dernier quatrain, que l'acteur vieillissant, victime d'un trou de mémoire, mesure soudain en lui les ravages de l'âge et se perçoit d'autant plus comme mort qu'il n'a vécu que pour son art. Mais les autres strophes sont un peu hermétiques. La beauté des vers, leurs rythmes et sonorités, toutefois, donnent toute sa qualité au poème.

   Donaldo75   
3/3/2024
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très aboutie
et
aime beaucoup
Je ne vais pas me lancer dans un long commentaire composé même si ce poème très réussi le mériterait ; en effet, je lui trouve tout ce qui rend la poésie évocatrice, de la métaphore bien tournée, de quoi susciter mon imagination et un champ lexical en phase avec le titre et le thème. J’ai particulièrement aimé les deux dernier vers qui concluent avec ce quatrain le thème, son exposition et ma lecture. Un régal ! Bravo !

   Ornicar   
3/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Que j'aime ce "coup de théâtre" aux accents de tragédie intime ! C'est fort bien écrit et bien amené. J'ai tout de suite aimé ce poème, dès ma première lecture, comme une évidence qui s'impose à moi, "comme un seul homme", suis-je tenté de dire, épousant sans plus de questions la "défroque de l'acteur" qui gît au sol "comme un tapis".

Le vers 11 avec son "trou de mémoire" qui, sous les pieds de l'acteur-narrateur, s'ouvre immensément béant comme un trou noir est excellent. De même, dans les deux derniers vers, l'image tranchante et haute en couleurs du "rideau-guillotine" : rouge du sang qui coule sur la place et rouge du rideau qui tombe sur la scène. Mort physique du condamné, mort symbolique de l'acteur finissant.
De même encore, le portrait rapidement brossé qu'en fait l'auteur ("j'ai vécu comme quatre" - "en mâchant chaque mot comme si j'avais faim") m'a transporté et je me suis plu à imaginer un colosse des planches, boulimique des mots, fier et tonitruant que rien n'arrête sauf un méprisable "trou de mémoire."

La scène est remarquablement condensée dans un laps de temps très court comme une pièce "classique" soumise à la règle des trois unités. Tout va très vite. Des débuts, où il fallait "vaincre la critique", à la gloire puis à la déchéance, il n'aura fallu que 16 vers. L'ensemble est très visuel, tient le rythme et rend palpable le tulmute des émotions qui traversent le malheureux héros, perdant magnifique. Son effroi est le notre.

   Provencao   
10/3/2024
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très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Famineur,


"Pour vaincre la critique il m’a fallu combattre
En mâchant chaque mot comme si j’avais faim.
Dans la peau d’un géant, j’ai vécu comme quatre
Et le pas de ses vers a résonné sans fin"

J'ai beaucoup aimé ce délicat ballet de l'allegorie qui s'offre avec des mots, et non les mots usités avec des figures et rien de plus.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Robot   
10/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Un texte évocateur de la prise de conscience de la chute dans un trou de mémoire survenue aprés avoir atteint une certaine gloire. Le comédien semble brisé et ne retrouve pas les forces nécessaires pour lutter contre une déchéance qu'il perçoit peut être exagérément en raison de son égo.
Le récit imagé et métaphorique nous présente selon ma lecture un vieil acteur (J’ai donc ainsi cent fois joué son répertoire) dans un vieux théâtre (En dépit du souffleur assis au premier rang.)
Le poème rend avec émotion le désespoir et le renoncement du comédien finissant.

   papipoete   
10/3/2024
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très aboutie
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bonjour Famineur
le trou de mémoire ; celui qui nous écrase au fond d'une tranchée, et dont les bords détrempés par la suée, empêchent coûte que coûte de reprendre pied.
ce ne sont point ennemis dans la salle, ( pas tous... ) et malgré des applaudissements, des bouquets aux épines noires viennent étrangler l'acteur, le piquer comme taureau dans l'arène.
NB chaque instant de cette agonie scénique, fait mal dans notre coeur de spectateur, lui hurler en silence... le vers qui est resté coincé dans la gorge, tandis que la panique enfonce sa dague, achève l'acteur défait et que tombe le rideau, le fer d'une guillotine...
ainsi va la gloire tout-en-haut de l'affiche...
me souvenir de mon amie Eglantine, déclamant un de ses poèmes mille fois interprétés, quand à côté de moi, le " trou de mémoire "...
lui souffler la suite... rien n'y fit !
la dernière strophe assassine, est mon passage préféré.
alexandrins classiques sans faute !

   EtienneNorvins   
10/3/2024
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très aboutie
et
aime bien
Une mise en abyme permettant un double hommage à Molière, celui du locuteur en scène et celui de l'auteur de ces vers.
Avec une distanciation ironique, puisqu'au drame de la mort réelle sur les planches semble ne succéder que la mort symbolique du trou de mémoire... Ce qui évoque en écho la scène finale d'Alceste à bicyclette par exemple.
La chute est très réussie, également à 'double tranchant'.

   Cristale   
10/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Un poème d'excellente composition en ce qui concerne la versification. La fluidité des vers permet une lecture agréable.
Un peu trop de "en" de "au" de "comme" et de verbes avoir. Quelques autres répétions évitables : "tomber" "tombe" sur deux quatrains qui se suivent.
Mais du bon travail et une jolie mise en scène du regard du personnage sur son rôle d'acteur avec ses qualités mais aussi ses failles.

   Cornelius   
10/3/2024
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aboutie
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aime bien
Bonjour,

Apparemment le souffleur était aussi défaillant que cet acteur vieillissant. Peut-être que celui-ci lassé d'attendre un trou de mémoire de l'acteur s'était endormi au fond de son trou.

Au cours de sa carrière l'acteur a dû en jouer des pièces avec des coups de théâtre, il a dû aussi souvent entendre le brigadier frapper les trois coups. Jusqu' à ce coup du sort qui est pour lui comme un coup de grâce et ce n'est sans doute pas le bouquet d'aubépine qui va lui redonner du baume au coeur.

Le rideau qui tombe comme une guillotine annonce pour lui une douloureuse fin de carrière.

Merci pour cette poésie théâtrale.

   Damy   
10/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Que dire après tant de commentaires élogieux si ce n'est que ce poème anthologique parle à mon âme et à mon corps ?
Souffrant personnellement de troubles mémoriels, je suis parfaitement dans la peau et les émotions de l'acteur (et peut-être de l'auteur).

Bravo et merci beaucoup.

   Vincendix   
13/3/2024
Modéré : Commentaire trop peu argumenté.

   Lebarde   
15/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Famineur

J'ai lu plusieurs fois en EL ce touchant poème remettant mon commentaire à plus tard pour finalement l'oublier dans un coin.
J'y viens aujourd'hui.

Tout a été dit: Molière bien sûr , comme d'autres j'y ai pensé, mais surtout j'ai spontanément eu à l'esprit cet acteur vieillissant, omniprésent à la télé et théâtre, dont je ne donnerai pas le nom mais que chacun reconnaitra sans doute, qui dans l'actualité récente a dû interrompre, à la suite de malaises sur scène, puis de suspendre et reporter des représentations, dans l'incapacité qu'il était de donner la réplique et dire son texte: Le fatigue, le surmenage, l'âge...

" Avant que de tomber dans un trou de mémoire
En dépit du souffleur assis au premier rang."

Dans ces situations
"Le rideau tombe au ras comme une guillotine
Entre la salle obscure et l’ultime décor"

le spectateur, dans la salle, d'abord surpris, puis gêné, exprime son admiration mais aussi sa compassion, quoi de plus triste et cruel pour l'acteur fatigué et diminué, en l'applaudissant encore ...
"Tandis que l’on me lance un bouquet d’aubépine
Et que nombre de mains m’applaudissent encor,"

Je suis séduit par ce superbe poème classique, sans faille, sur un sujet émouvant, écrit avec une touchante simplicité et vérité.
Bravo.
Lebarde

   Famineur   
23/3/2024


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