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Poésie libre
fanny : Couleurs de l'Atlas
 Publié le 22/10/22  -  10 commentaires  -  1929 caractères  -  188 lectures    Autres textes du même auteur

Haut Atlas marocain ; années 80.


Couleurs de l'Atlas



Du Dadès au Todra,
dans une saisissante harmonie de couleurs jouant moins des nuances que de la douceur
De Skoura jusqu'au Drâa,
l'aurore des vallées, jaune en apesanteur, embrasse à mi-journée des roses enjôleurs
Caillouteuses et chaotiques, des pistes somptueuses déroulent les ksour
Les djebels veillent

Dévoilant ses atours, la terre conciliante :
broderie et dentelle au cou des citadelles,
subtiles tours greniers face à l'aube naissante,
villages accroupis dans l'ombre des venelles,
aucune construction qui ne soit ton sur ton, elles sont crénelées, ajoutées, travaillées par les mains d'un orfèvre, de fine architecture en singuliers chefs-d'œuvre

Le pisé est un art pratiqué sous l'azur
Il offre la grandeur, jamais la démesure

Ocre, avec un peu de vert pour le thé à la menthe dans son petit verre

Témoin d'une grâce éphémère,
dans un décor propice aux fables,
s'écoule une vie familière
face aux vents et à la poussière
Elle nous conte, insaisissable,
l'histoire et ses jeux de lumière
en des palais qui font mystère
d'une apparence inaltérable
Oubliés, suspendus à quelques briques crues
Implorant la clémence du temps en latence

Ocre, avec un peu de vert pour le thé à la menthe qui sera offert

Un oued inlassablement serpente aux pieds des palmiers, les palmiers dans le soleil couchant sont fiers d'être dattiers,
dattiers langoureusement s'étirent dans les potagers, les potagers et les hommes célèbrent leur amitié

Le crépuscule est à peine tombé que l'agadir s'ensommeille
Des astres dévoyés, une lune arrogante
La voûte est surexcitée mais la kasbah s'endort
Les djebels veillent

L'ocre demain matin, un petit thé versé dans le quotidien et la normalité
Du vert dans un verre, de la menthe et de l'or


 
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   Anonyme   
22/10/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Eh bien, j'ai voyagé et cela m'a fait plaisir. Je pourrais chipoter sur un côté un peu trop guide touristique à mon goût, notamment dans la strophe commençant par
Témoin d'une grâce éphémère
dont en outre les rimes m'ont paru trop insistantes et déséquilibrer l'ensemble ; je préfère de beaucoup quand vous jouez sur les assonances à l'intérieur des vers, cela me semble mieux correspondre à l'harmonie des paysages décrits.

Je pourrais, mais j'ai été séduite par
l'aurore des vallées, jaune en apesanteur,
et l'impression de douceur et de grandeur que m'a laissée le début de votre poème persiste. Une mention aussi pour le thé à la menthe, écho domestique éphémère à la beauté sempiternelle, je trouve cette idée élégamment amenée (mieux que par l'association au bord du cliché, à mes yeux, « grâce éphémère »).

   Anonyme   
11/10/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Il y a du plaisir à prendre dans la lecture et de la poésie à savourer en retrouvant à chaque carrefour important du poème ce jeu de répétition entre l'ocre, l'or, le petit thé et le vert de la menthe dans un verre.

La balade parmi les < Broderie et dentelle au cou des citadelles > est plaisante !

Privilégié on devient le < témoin d'une grâce éphémère dans une fable propice aux fables >. Il n'y a rien à rajouter !

Une visite agréable au milieu des couleurs de l'Atlas !


Zoé en E.L.

   Mokhtar   
15/10/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Beau voyage dans ces contrées où la nature et l’humain ont trouvé l’harmonie.

Pour qui a un peu connu cette région, ces montagnes entaillées de rivières , ce qui reste en souvenir est l’extraordinaire variété des lumières, avec ce soleil qui décline sa palette quand évoluent ses angles d’attaque des reliefs. Et l’extraordinaire clarté, dans les jaunes et les roses de l’aurore, et dans les nuits sans nuages (voute surexcitée) de cette région à l’atmosphère non polluée.

L’homme n’a pas trahi le décor. Il s’y est mêlé, s’y est fondu, en modelant la terre sans violer l’univers naturel. Très bien vue, cette harmonie entre les constructions, parfois très élaborées, et le milieu. À tel point que le temps s’abstient d’altérer les œuvres en pisé, « grandes mais non démesurées ».

L’ocre et le vert. Le minéral et le végétal. La terre et le palmier. La menthe et le thé. L’auteur a tout capté, avec un œil de peintre impressionniste.

Merci pour le voyage. Merci pour le rêve. Merci pour la nostalgie.

Merci d’avoir trouvé les mots pour recueillir l’essentiel, et l’offrir avec beaucoup de finesse et de poésie.

Merci pour ce texte somptueux.

Mokhtar, en EL

   papipoete   
22/10/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
bonjour fanny
L'auteure, un laser à la plume enfoncé sur une carte Michelin, nous promène dans ces paysages de l'Atlas, qu'à l'école primaire nous voyions sur une grande cartonnée, un atlas...Trop jeunes, nous ne savions pas que la France jusque là-bas s'avançait ; que nos ancêtres les gaulois purent y guerroyer...
NB sans vouloir être méchant, semblant parler à mon image, je trouve votre texte un brin prosaïque ( mais ça me plaît ) alors que nous allons avec plaisir, dans votre sillage par monts et par vaux, dans ce pays aux ocres qu'un oued traverse inlassablement.
Je connais dans la maison, des lecteurs ayant pris le bateau, Kérouan ou El Mansour pour ce voyage sans retour, qui vous liront avec force nostalgie...

   senglar   
22/10/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Fanny,


J'ai rarement lu un poème aussi délicat. Dans ces "Couleurs de l'Atlas" je retrouve la sobriété paisible de l'architecture arabe, la douceur hospitalière de ses traditions, un amour inconditionnel de ses paysages, de sa végétation où les arbres finalement ont une humanité. Tout cela en un subtil filigrane.

Je ne vois aucune fausse note dans ce palpable à l'impalpable suggéré et le pisé ici m'a fait rêver.

"Le pisé est un art pratiqué sous l'azur
Il offre la grandeur, jamais a démesure"

Ô le plaisant caméléon !
Ô la belle philosophie !

Et tenir ainsi sur la longueur... C'est pas du timbre poste ça, pas un mini texte sur une carte postale, c'est toute une lettre d'amour.

Quand la dentelle du Haut Atlas marocain égale la dentelle de Calais j'ouvre des yeux émerveillés...

Merci

   Lotier   
22/10/2022
J'ai ouvert ce poème comme on ouvre un dépliant touristique dans une agence de voyage, sans conviction.
Et puis, par quelque enchantement (lampe, tapis ?), porté par un rythme varié (certains alexandrins, octosyllabes…), je me suis transporté dans l'Atlas, dans un souffle de vie au rythme plus lent, mené par la construction des strophes et des répétitions.
Je suis très touché par ce poème, par sa beauté artisane, de terre et de mains…

   Damy   
23/10/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Oh combien j’ai aimé ce voyage dans une poésie toute en délicatesse, à mots soyeux, subtils, enjôleurs, envoûtants, que je verrais bien chantés accompagnés d’un ud et d’une darbouka.
Je souhaiterais que vous trouviez un traducteur, l’arabe ajouterait au suave.

J’ai voyagé pour ma part dans le désert algérien (années 75) et votre poésie m’a remis en mémoire le souvenir des oasis de Timimoun, Taghit, El Oued, Ghardaïa la sublime et bien d’autres dont je suis tombé profondément amoureux.

Votre poème est un chant d’amour voluptueux, murmuré à voix douce et j’ai beaucoup aimé l’inspir du thé vert à la menthe ponctuant les profonds expirs de vos sensations respectueusement admiratives.

Merci beaucoup, j’en redemande.

   Eki   
23/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
J'avais déjà lu ce texte sans le commenter...

Au mois de mai, j'ai passé un mois au Maroc dans cette région que vous avez si bien décrite.
Malheureusement, je suis arrivée trop tard pour les roses.

Vous peignez avec vos mots l'extraordinaire paysage qu'offre cette partie du Maroc (couleurs, lumière).

Beaucoup d'humilité, de générosité et de beauté dans votre poème...Le reflet du Maroc !

Je suis contente, ce jour, de revenir sur votre texte, et de retrouver par vos mots ce que m'inspire ce beau pays accueillant.
Je pense bien sûr à ceux qui se débattent dans leur tragédie après ce tremblement de terre.

   Cyrill   
24/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
C’est en suivant le fil des commentaires que j’ai retrouvé ces couleurs d’Atlas. Je m’en souviens bien pour en avoir apprécié cette invitation au voyage. Voilà l’occasion de réparer mon non-commentaire de l’époque.
Le poème échappe très largement au dépliant touristique, j’ai senti cette grande promiscuité entre ta narratrice et ce coin de monde, une fine connaissance par le sensible qu’on ne peut restituer sans y avoir vécu ou voyagé.
J’ai l’impression d’accompagner une promeneuse infatigable, jamais assouvie des couleurs, senteurs, goûts… tous les sens sont convoqués.
Si je devais citer un passage, ce serait :
« Un oued inlassablement serpente aux pieds des palmiers, les palmiers dans le soleil couchant sont fiers d'être dattiers,
dattiers langoureusement s'étirent dans les potagers, les potagers et les hommes célèbrent leur amitié ».
Ces deux lignes où chaque proposition reprend le dernier mot de la précédente ( quelle est cette figue de style ? ) sont l’exemple parfait du lien que tu tisses tout au long du poème entre les éléments du paysage et les hommes qui l’habitent. C’est comme un chemin que tu traces et que l’on suit avec, dois-je dire, une bonne dose d’émerveillement, et en partageant l’amour porté au lieu.
Merci pour le partage, Fanny.

   Dimou   
12/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Un poème qui vous propulse dans ses rebonds, temporels ou géographiques, où les senteurs se mêlent aux couleurs, dressant un paysage aux mille détours tous plus chamarrés les uns que les autres.

La poétesse pioche dans ses souvenirs et pose le trait avec brio, nous évitant d'avoir à nous fendre d'un billet d'avion ; bien qu'après la lecture on a qu'une envie : voir par nous-même ces fameux "palais qui font mystère"… et gouter à ce thé à la menthe !!

Merci pour ce périple Fanny.

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Illustration du poème :

http://www.oniris.be/modules/myalbum/photo.php?lid=1714&cid=9


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