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Poésie libre
Feuille : Visite
 Publié le 08/01/23  -  11 commentaires  -  1791 caractères  -  175 lectures    Autres textes du même auteur

Le fait de se rendre (dans un lieu), le fait de se rendre (rendre les armes).


Visite



Un mouvement
du silence des forêts
ouvrit la voie
d’un monde
du déluge.

Mon chemin
s’y interrompit
dans une nuit
où s’amalgamaient
les heures indistinctes.

Un hôtel
habillé de tant d’anonymats
fut l’obscur dévot
de mes nuits
délaissées.

Dans la boîte
de la chambre
les boîtes du lit
et des tables de nuit
s’offraient
en chiens épuisés.

Dans le lit
où j’ai cherché ta main
a répondu
la seule rugosité des draps
habituée des repos harassés.

À la fenêtre de l’hôtel
des rideaux ordinaires
osaient polluer
de leurs hideux motifs
un sobre toit de chaumière
qui résistait tout l’hiver
à la neige.

Vers le ciel
déserté du noir mat
des corbeaux
mon regard s’engluait
dans la dérive
des brumes froides.

Un sapin stupide
s’enivrait des confusions
des lampes qui clignotent
il se croyait à une fête
qui était son sacrifice.

Des traces dans la neige
perçaient de minces trous d’ombre
où avait passé
une chose inconnue
alors que je retournais au sommeil
autodidacte de mon rêve.

Les mamelons laiteux
de deux éminences de neige
sous les ombres des branches nues
doigts enchevêtrés de l’hiver
opposaient à mon désir
une tendresse de lait.

Nu et cloué
sur la croix
sa peau de cuivre
offerte à la neige
voilà le crucifix
où jadis
s’appuyaient mes prières.

Chez les morts
du cimetière
où tu étais
les massifs de pierre
caressés de flocons
faisaient aux vents des forêts
des sortes de soupirs.


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Anonyme   
25/11/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
À mes yeux la strophe du sapin stupide représente le cœur du poème, son sort de dupe utilisée pour fêter son propre sacrifice m'évoque l'aliénation consumériste quotidienne.

Tout le reste du poème, trouvé-je, décline ce thème de l'aliénation, d'une absence au monde, sous différents aspects (notamment le deuil) ; je pense que, un peu plus court, l'ensemble aurait davantage d'impact sur moi, d'un autre côté vous êtes souverain(e) auteur ou autrice, et moi lectrice je dois reconnaître que la tension de votre poème se maintient de bout en bout, que tout m'apparaît fort cohérent. Alors, même pour moi qui suis facilement impatiente, votre choix se défend tout à fait. Au final, j'ai trouvé votre opus intense et bien conçu.

   Robot   
27/11/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce texte est intéressant par le thème développé. Le choix a été fait d'une forme de grisaille qui a su se maintenir sans tomber dans la sinistrose. Un regard, des sensations plus qu'un état d'esprit pour exprimer ce lieu où le narrateur apparaît comme vaincu d'avance par l'environnement.

Un petit reproche sur une utilisation excessive des articles "de du des d'" dont il doit être possible de réduire la fréquence par une tournure différente des phrases puisque le libre le permet.
"Des" pourrait parfois être remplacer par "les" ou "aux".
Exemple:
La seule rugosité des draps
habituée (des) aux repos harassés.

Ou bien un adjectif descriptif éviterait l'article "de"
... opposaient à mon désir
une tendresse (de lait) lactée.

   Eskisse   
8/1/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Bonjour Feuille,

J'ai bien aimé ce parcours en fantôme ( le narrateur tait ses sentiments ) dans ce paysage hivernal.
Le poème est écrit comme une antienne: la forme des phrases dans chaque strophe est presque identique et amène une sorte de constat brut.
Les images charrient une solitude, cette personnification :
" Un hôtel
habillé de tant d'anonymats" en est l'exemple.

J'aime beaucoup ces vers :
" Les mamelons laiteux
de deux éminences de neige (...)
opposaient à mon désir
une tendresse de lait."
Comme un refuge dans le rêve.

J'ai donc apprécié ce parti pris d'effacer les sentiments du narrateur et de les laisser paraître dans la description du paysage.

Pour l'écriture, on aurait pu briser le rythme répétitif des strophes mais en l'état, ce choix dit bien la monotonie et la lassitude.

   Malitorne   
8/1/2023
trouve l'écriture
très perfectible
et
aime un peu
Exemple type de poésie où je trouve le découpage des phrases complètement artificiel :
« Mon chemin
s’y interrompit
dans une nuit
où s’amalgamaient
les heures indistinctes ».
Pourquoi ne pas écrire : « Mon chemin s’y interrompit dans une nuit où s’amalgamaient les heures indistinctes » ?
Ce n’est pas en tronçonnant des phrases par petits bouts que l’on peut prétendre à l’expression poétique, ce serait trop simple. Tout le poème est basé sur cette construction qui finit par me donner le hoquet, où la longueur pourrait être réduite de moitié par un assemblage correct. Une manière de faire qui brise la fluidité. Vous n’êtes pas la seule à utiliser ce procédé que je qualifierais – excusez ma rudesse - sinon d’imposture du moins de facilité. Du coup je n’ai pu me pencher sur le fond tant ma lecture fut hachée.

   papipoete   
8/1/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
bonjour Feuille
De la fenêtre de ma chambre d'hôtel, ne trouvant pas le sommeil ( la rugosité des draps faisait place à le douceur de ton corps ), j'écoutais le silence de la nuit, et mon regard se cognait à des formes obscures, par delà ce cimetière où désormais tu vivais...
NB une façon romantique de poétiser sur ce grand " dortoir ", où l'on s'endort pour ne jamais se réveiller... à part pour qui croit, dans un merveilleux paradis blanc ou au contraire dans les flammes de l'enfer.
L'avant dernière strophe a ma préférence, mais l'ensemble me parait quelque peu brouillé d'emphase.
D'autre part, l'emploi du participe passé me gêne, quand le passé simple put faire l'affaire...
Dans la 9e strophe, " où avait passé une chose inconnue " me parait incongru.

   Cyrill   
8/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Feuille,

Je me suis raconté ma petite histoire en lisant ce poème. Le narrateur, devant se rendre sur la tombe d’un être cher, prend une chambre à l’hôtel. Il note ses impressions. Les objets font comme un miroir à sa tristesse. J’ai bien aimé ce va et vient entre le vivant et l’inerte. L’émotion transpire des choses vues ou interprétées dans une tonalité de froid et de gris. Devant la mort, la reddition semble être le chemin.
J’ai trouvé à ces vers une atmosphère bien rendu d’étouffement, seuls les derniers évoquent un léger soulagement.
Voilà de quelle façon j’ai vu ce texte, je me fourvoie peut-être à vouloir trop préciser les choses, mais ce sont les images qui me sont venues à la lecture.
Merci pour le partage.

   Jemabi   
8/1/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Voilà un poème "habité" qui crée avec brio un monde mystérieux et irréel, proche du cauchemar. La forêt, la nuit, un hôtel perdu au milieu de nulle part, la neige, le deuil... Chaque strophe ajoute sa touche d'angoisse à cet édifice de solitude tourmentée. J'ai trouvé l'ambiance vraiment prenante. Rien à redire non plus sur la forme, toutes les expressions poétiques étant d'une grande force et, selon moi, de toute beauté. Un petit bémol sur l'abus d'adjectifs, mais ce n'est qu'un petit bémol.

   Lebarde   
8/1/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
n'aime pas
Ben oui Feuille, il ne suffit pas de saucissonner un texte en “vers”, d’enlever les majuscules et la ponctuation pour faire de la poésie, même en libre . C’est mon avis et je le partage.
Heureux qu’il y a les règles du classique pour tenir la barre….mais….
Dommage qu’il y ait de moins en moins d’auteurs et peut-être de lecteurs pour écrire et défendre la poésie classique qui a pourtant fait ses preuves.
Et j’essaie de suivre et je suis sûr qu’il y a quelque chose à comprendre derrière cette poésie..
Désolé
Lebarde

   Pouet   
8/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Slt,

mon "interprétation " ou mon extrapolation s'oriente bien évidemment vers le deuil, la douleur, la solitude qui prennent forme en cette évanescence d'hôtel sur fond d'hiver polysémique...
Alors deuil de qui, un être cher me semble-t-il. Une femme probablement, évoquée à la dixième strophe je crois , "les mamelons laiteux , ou alors l'absence d'un enfant...

Tout cela n'étant que l'impression que je me suis forgée à la lecture, peut-être à côté des intentions du narrateur.

Je vois le narrateur dans son hôtel où il a posé ses bagages de perte et de regret, venu - peut-être de loin ou d'à côté- tout proche du cimetière, venu se parer de mémoire, où le hasard aura produit sa suite... La plaie semble à vif, le deuil ancien qui sait, mais le titre est suffisamment parlant.


J'ai apprécié le style à mi-chemin entre surréalisme et réalité nue. J'ai aimé que tout ne soit pas dit, que règne une certaine forme d'incertitude.

J'ai trouvé ce moment à la fois hors du temps et ancré dans la geôle du quotidien où de nos intérieurs. Un peu d'ironie désespérée aussi.

En tout cas pour moi ce fut une lecture agréable.

   Marite   
15/1/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
n'aime pas
Le découpage excessif et parfois malvenu des vers dans les strophes m'a beaucoup gênée à la lecture. Par réflexe j'ai plusieurs fois modifié ce tronçonnage si bien que je n'ai pas pu être pleinement sensible à la poésie qui peut-être s'y cachait. La profusion de descriptions m'a semblé neutraliser ce qui était sans doute important à transmettre : l'émotion profonde liée à la visite de la tombe d'un proche défunt.

   Catelena   
10/1/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
Votre poème est émaillé de jolies pépites poétiques, « tendresse de lait », « peau de cuivre », et plus particulièrement la dernière strophe en entier. Dommage que le rythme que vous lui insufflez avec vos vers découpés au petit bonheur la chance ne m'emporte pas dans son sillage.

Je ne pense pas qu'il suffise de découper les vers d'une façon qui peut sembler aléatoire pour servir la poésie dite libre. Au contraire, à mon sens, cela la prive de son essence.

C'est l'impression qui se dégage de ma lecture.

Du coup cela nuit à ma compréhension de l'histoire, et même à la possibilité de me faire ma propre histoire. Ce qui est plus dommageable encore.

Une prochaine fois sans doute...
Merci, Feuille, pour le partage.

Elena


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