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Chansons et Slams
FrancoisT : Méfions-nous des lavabos
 Publié le 23/02/14  -  12 commentaires  -  2803 caractères  -  143 lectures    Autres textes du même auteur

Il n'est guère en ce monde de trahison plus grande que celle d'un miroir qui en réfléchit un autre, offrant à notre vue ce que lui soustrait la nature.


Méfions-nous des lavabos



Assis au bord de ma baignoire
Attendant que coule mon bain
Je remuais des idées noires
Comm' j'en ai souvent le matin.
Et voilà-t-y pas, nom d'un chien,
Que ma tête vient d'apparoir
Sur le miroir du lavabo,
Et bon sang ! C'est pas rigolo
Parc'qu'on dirait un' têt' de veau !

Ah méfions-nous des lavabos
Des rétroviseurs, des psychés
Qui nous renvoient des faux reflets…
J'invoque ici Michel Foucault,
Un philosoph' qu'avait du chou
Et qui savait river son clou ;
Voilà c'qu'il m'a dit en deux mots :
« Étant donné qu't'es assis là
Tu ne peux pas être là-bas
De l'autre côté de la glace.
Chacun doit rester à sa place :
Le miroir est une utopie.
Et toi tu n'es qu'un' vieill' toupie
Qui bientôt ne tournera mie ! »

Il était comm'ça mon ami ;
Il disait pas « pas », y disait « mie »
Comm' ça, rien que pour rigoler…
Mais cette négation suave
N'estompe pas la vérité,
Car cette tête triste et hâve
C'était bien ma propriété.
J'en conviens, c'est vrai… et puis zut !
Puisqu'elle est à moi ; qu'elle est mienne
Je la regarde, je la scrute
Et vous la peins ma gueul' d'empeigne !

C'est un gros œuf que ce visage
Dont mes épaules font le nid ;
Or cet œuf recèle un message,
Quelques mots sur lui sont écrits :
« Menton de pie,
Bouche de suie
Dents de charpie,
Lèvres qui nient
Tourte fessue,
Croûton charnu,
Gros nez narinant, nariné,
Œil qui guigne,
Œil qui cligne,
Front qui crâne
Malgré le drame ! »

Quand je relève mon menton
D'oblongue, le croirait-on,
Ma tête devient toute ronde,
Lisse et rose, sans qu'on la tonde
Quasi tous cheveux sont tombés,
Lors mon front s'est développé :
Un point flamboyant l'illumine
Ce feu sur ma peau ivoirine
Fait savoir à toute présence
Qu'ici l'on pense !

Pour achever ce cri d'alarme
Je décrirai sans trop de larmes
La crapulerie des coiffeurs :
Dès qu'ils ont rempli leur office,
Cachant un miroir sous leur blouse
Ils vont de façon subreptice
Sans même compter jusqu'à douze
Passer derrière leur client.

Ils élèvent leur instrument
De telle sorte qu'ils projettent
L'image arrièr', l'image intime
De leur malheureuse victime
Qui voyait déjà, sans lunettes
L'image de son avant.
Pauvre être voulant, nolant,
Contraint par une ignoble audace
De comparer sa double face.

J'ai découvert ce dur tableau
Qui m'a révélé mes arrières
J'avais jamais vu mon derrière
C'est à tort que j' le croyais beau.
Ah ! Méfions-nous des lavabos


 
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   David   
9/2/2014
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

L'humour me touche un peu, mais j'ai eu un sentiment de longueur, le passage chez le coiffeur l'a un peu atténué, mais il reste assez présent au final, il y a plus de mots que de choses à lire à mon sens.

Je pense que "Lavabos" désigne le lieu, comme parfois dans le langage courant, notamment au pluriel, plutôt que la faïence proprement dite. J'ai eu une petite hésitation mais pas vraiment jusqu'à ne pas comprendre, j'attendais un gaga sur l'objet lui-même.

Pour un slam, un fichier audio en lien m'aurait intéressé.

   Robot   
13/2/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Voila comme j'ai toujours apprécié la philosophie, celle du sourire qui nous moque, et s'empare de notre narcissisme pour en retirer un sujet d'auto dérision.
La poésie peut être joyeuse et même rigolarde, ça ne l'empêche pas de conserver sa respectabilité de vieille dame de l'art qui sait qu'on ne poète pas plus haut que son cru pour exprimer de vrais sentiments.
J'ai n'ai pas vu dans ce texte une pochade, mais un véritable moment de réflexion !

   Anonyme   
15/2/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C'est drôle, burlesque même. L'auto-dérision y côtoie l'absurde dans une langue alerte où les élision n'excluent nullement une forme rigoureuse et un vocabulaire soutenu qui emprunte parfois au vieux français sans que le mélange qui en résulte ne détone. C'est iconoclaste et ça fait du bien. C'est quand la poésie ne se prend pas au sérieux qu'elle est la plus sérieuse.

   Anonyme   
23/2/2014
Salut FrançoisT

Je n'irai pas par quatre chemins
Votre slam m'a durablement impressionné
Comme un visage impressionnait une pellicule au bon vieux temps de l'argentique.

J'adore cette langue à la fois familière et soutenue, propre aux humoristes de talent. A cet égard, la digression psychanalytique est de très haut niveau

"Le miroir est une utopie.
Et toi tu n'es qu'un' vieill' toupie
Qui bientôt ne tournera mie ! »

Il était comm'ça mon ami ;
Il disait pas « pas », y disait « mie »
Comm' ça, rien que pour rigoler…"

Le dernier quintil clôt en beauté ce slam qui vient d'enchanter ce dimanche matin.

Mille fois merci FrançoisT et chapeau bas

   Charivari   
23/2/2014
J'ai beaucoup aimé.

Autodérision, langue qui oscille entre vulgos chic et littéraire. "il disait pas "pas", faut oser ! Même remarque pour le nez "nariné"...

Sinon, évidemment, on attend que vous postiez votre tronche sur le diaponiris, hein... Ou alors, au moins, qu'un interprète de talent chante la complainte.

   leni   
23/2/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Salut François T
Ce slam est un texte qui pratique l'autodérision et la"fausse" naïveté
j'ai aimé d'emblée La relecture m'a fait apparaitre de belles sonorités
Un sonnet est souvent écrit pour placer son dernier vers Ce slam pour placer;" J'avais jamais vu mon derrière" Chacun doit faire avec
son oeuf On plaide chacun sa cause! Et non coupable Pierre Perret suggère :"de demander à ta mère qu'elle te refasse "Mais on n'en est pas là!
Excellent moment Merci Leni

   Anonyme   
23/2/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le moins que l'on puisse dire de ce texte c'est qu'il n'est pas narcissique... Il est vrai que le matin la tronche n'est pas très présentable. Sacré miroir !
L'autodérision un peu poussée est amusante.
Ce thème original et sa métrique en font une aubaine pour un compositeur.

   senglar   
23/2/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour FrançoisT,


Ô miroirs ennemis ! Déjà qu'on a la tête qu'on peut. Et avec Michel Foucault pour vous la faire perdre où le lavabo devient prison et non échappatoire, de quoi finir à l'asile ; mais qu'un coiffeur se prenne pour Janus, de quoi fuir à jamais les lavabi.

Pas beaux mais sidérants.

Décoiffant !

Hilarant :)))

brabant

   Sansonnet   
24/2/2014
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai eu pas mal d'accrocs pendant la lecture, à cause de mots ou de syllabes qui mâchent la fluidité.
Pour le reste, c'est imagé, c'est accessible, et c'est fort divertissant.

Merci

   Anonyme   
24/2/2014
 a aimé ce texte 
Bien
On compatit de suite avec ce "pauvre homme" surpris par son miroir dans cet instant morose qu'est pour lui le matin.
On pense bien sûr, lors de la description détaillée, criante de vérité, au texte de Géo Koger "Je ne suis pas bien portant" chanté par Gaston Ouvrard.
Par contre, la partie du texte évoquant le coiffeur me semble un peu "de trop" et l'effet de surprise et l'humour sont un peu atténués à mon avis. Sans les paragraphes 5 et 6, le texte avait tout son sens sans lasser.
De bonnes trouvailles, un ton qui sied bien au propos.

   Anonyme   
24/2/2014
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour

Le sujet est clair mais le propos me semble un peu traîner en longueur pour atteindre le sens qui somme toute est reste amusant
Ludique certes mais l'humour en perspective reste confus .
J'ai essayé de m'imaginer ce slam en musique et du coup il m'a paru moins intéressant.

   Anonyme   
27/1/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
L'idée m'a paru bonne, mais hélas bien vite, c'est devenu moins plaisant, trop de détails qui noient si je puis dire le poisson, je suis allée jusqu'au bout de ma lecture, mon ressenti s'accentuant au fil de celle-ci, il y a cependant de bonnes choses, des passage amusants, d'autres d'une vérité criante.


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