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Poésie en prose
gage : Cheshire
 Publié le 09/12/21  -  7 commentaires  -  1688 caractères  -  113 lectures    Autres textes du même auteur

Songerie légère, souvenir intime, et réciproquement…


Cheshire



Mon chat.
Sur le balcon, un souvenir qui te ressemble fume une cigarette. Je ferme les yeux pour mieux te distinguer. C'est bien ta silhouette, cambrée parce que tes bras reposent sur la rambarde. Ton catogan caresse ton dos. Tu rentres la tête dans tes épaules nues.
Quand tu aspires, tes doigts brasillent, un rougeoiement éclaire ton front dégagé.
Quand tu souffles la fumée, elle s'envole en écharpe au-dessus du parking. J'entends comme un soupir.

Je garde les yeux clos, je te vois bien mieux.

Un souvenir qui te ressemble s'est agenouillé sur le bord de mon lit. Ton regard vert intense d'animal nocturne me fixe sans ménagement. Ferme les yeux, je t'en prie.
Si tu t'allonges rien qu'un instant près de moi, je ne pourrai m'empêcher de caresser ton pelage sombre. D'habitude dans ces cas-là je sentais distinctement ton cœur battre un peu plus vite. Mais ma main se pose sur un oreiller frais, bombé et vide.

Un souvenir qui te ressemble bien trop est parti pieds nus dans la cuisine. Je vois ton torse luire à la lumière du frigo ouvert, pendant que tu hésites entre coca et jus d'orange. Si j'imagine tes tétons durcis par la fraîcheur, je suis perdu. Dans l'obscurité je te convoque à mon côté. Adossé à ton oreiller, une jambe allongée, l'autre repliée met ton pied lisse à portée de ma paume.
Je ne devrais surtout pas.

Ton profil commence à s'estomper, ma main repose à plat sur le drap, je regarde une dernière fois ton visage qui s'est tourné vers moi comme un songe.

Chat du Cheshire, quand je recommence à t'oublier, c'est toujours le souvenir de ton sourire qui disparaît en dernier.


 
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   EtienneNorvins   
21/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Entre Caroll et Baudelaire, une jolie rêverie, nostalgique, avec ce qu'il faut de troublante équivoque... Très agréable à lire, comme un pelage 'puissant et doux', 'plein d'étincelles magiques'...
[en EL]

   papipoete   
26/11/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
prose
sur le balcon, une autre que toi, fume une cigarette, fais presque tout comme toi ; fermant les yeux " mon chat ", je te revois t'étendre sur notre couche, tout-à-côté de moi.
je pourrais, songeant à toi, caresser cet autre mais si je succombe, je serai si malheureux... non, je résiste ! ta place est toujours vide à côté de moi, " mon chat "
NB c'est ce que j'interprète, à vous lire ; comme le héros de Ghost qui revient voir sa tendre Molly ( elle le sent, mais ne le voit pas )
Ce chat Cheschire au sourire humain, fut sûrement l'image associée à ce compagnon, qui n'est plus...
l'avant-dernier vers est celui qui me fait voir la scène que j'imagine
papipoète

   Cyrill   
1/12/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↓
L’idée de représenter l’aimée perdue par le chat du Cheshire est intéressante, je me suis imaginé celui d’Alice dans le filme de Walt Disney.
Malheureusement, la diablerie a du mal à prendre. Les apparitions/disparitions me semblent assez brutales et je peine à me les représenter. Le passage du personnage regretté au chat me parait forcé.

J’ai toutefois noté des belles formules comme l’anaphore « Un souvenir qui te ressemble », « Je ne devrais surtout pas.», ainsi que la dernière phrase.
J’ai l’impression que ce texte pourrait être revu en exploitant mieux le phénomène.

   Vincente   
9/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Séduisante intrication où cette prose poétique parvient à révéler le plaisant trouble mental dans lequel se complait la narratrice.
Ce trouble est bien rendu, les sur-impressions de l'amant au chat, "et réciproquement" se fondent et se justifient l'une l'autre dans un jeu de rôle que la locutrice favorise et rançonne ; elle y gagnera de retrouver par bribes songeuses le "disparu" (du paysage, rien ne signale sa disparition entière), le survivre ainsi ravivé au travers de la présence chaleureuse du chat.
Tout ça est bien écrit, original, et je dirais, crédible… pas facile à rendre possible la survivance du souvenir depuis les attitudes félines du compagnon animal au sourire adhérent (très bien vu ce sourire du final qui perdure son "attachement" puissant à chaque fois) ; mais le croisement des animalités respectives transporte avec un relatif bonheur cette histoire. J'ai bien aimé.

PS : cette phrase "Adossé à ton oreiller, une jambe allongée, l'autre repliée met ton pied lisse à portée de ma paume." présente une structure ou fautive ou ambiguë, car ainsi, l'on peut comprendre que c'est l'amant qui est "adossé à l'oreiller", or par sa construction, ce serait plutôt la narratrice… (un "je" devrait alors précéder "ton pied") il y a une bizarreté donc qui me questionne.

   Robot   
9/12/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Souvenir du compagnon - parti ? disparu ?
Les images qui reviennent sur des moments cruciaux du couple sont bien exprimées si on excepte quelques approximations qui m'ont un peu surpris:
"bien trop" c'est un peu trivial au 4ème alinéa. "Le torse qui luit" m'a éloigné de l'image du chat.

On imagine la peine qui se renouvelle à la disparition de ce sourire.

   Ombhre   
10/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Gage,

j'ai bien aimé ce texte, oscillant avec fragilité entre souvenir, rêves et réalité nostalgique. Ce poème est plein de belles et douces images "un souvenir qui te ressemble", la fumée qui s'envole et "j'entends comme un soupir", "je garde les yeux clos, je te vois bien mieux"... Les reflets sensuels entre ce chat et l'être aimé sont discrets et suggestifs, l'ambiance prend le lecteur dans un narratif intime, feutré.

Et le parallèle avec le chat d'Alice est un final original et savoureux.

Merci pour ce beau partage.

Ombhre

   gage   
12/12/2021


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