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Poésie libre
Gilles : J'suis amoureux !
 Publié le 05/03/07  -  9 commentaires  -  3268 caractères  -  155 lectures    Autres textes du même auteur

J'suis amoureux !


J'suis amoureux !



J’suis amoureux !

Qu’il chiale, qu’il vente,
Qu’il rote, qu’il grêle,
Qu’il tombe des chiens, qu’il tombe des seps,
Des clams, des cénobites, des périophthalmes ou des athous,
Des œufs d’autruches ou des cadavres,
Voire des Albuginées acoquinées à des hymens,
Qu’il neige des pellicules épidermiques ou du fromage blanc…

Moi j’sors tout l’temps et par n’importe quel foutu temps !
Pour l’aller voir ma belle, ma douce, ma dulcinée,
Ma mie de rien,
Ma mie de chien,
Marie-pisse-trois-gouttes - mais quelles gouttes !
Ma donzelle, celle qu’a l’amour au cul et le feu au cœur,
Ma dévergondée d’en dessous,
Mon p’tit cul ferme dans un slip de velours,
Ma p’tit’ culott’ de pot sur d’la peau douc’ et rose.

J’vais suivre son p’tit triangle noir, sa p’tit’ flèch’ directionnelle.
J’vais cueillir entre ses draps la fleur de vie et de vigueur,
Cueillir sur ses lèvres du bas, les mots d’amour qu’elle n’ose dire cette pudique,
Avec ses lèvres de haut lieu ;
Cueillir sur son cul rond : des promesses de lune,
Et sur ses seins tendus… Ah ! sur ses tendres seins : des melons de tendresse.

Qu’il pète, tempête,
Qu’il gesticule ou neige blanc,
Qu’il pisse du lait, qu’il coule dru,
Qu’il dégringole des négresses blondes
Ou des géraniums vivipares,
Que le ciel mette bas des tégestologues ou pire, des scripophiles,
Que se décrochent des tâte-poules,
S’affaissent des poules tartes,
S’écrasent des concordes,
Débarquent des GI ;
Il peut pleuvoir des bouts de ficelles,
Flotter des mousquetons…

J’y vais moi, j’y cours, j’y vole
Pour y voler un brin d’amour
À ma doudoune, ma doudounette ;
À ses doudounes rondes de sève.
Tout plein, tout plein !

Elle me tend tous ses bras et ce qui va avec :
Je me roule dans tout…

Mais ce soir, je sens ses os craquer.
Par en dessous, par en dedans.
Ces os qui dégringolent comme des jonchets de mikado
Et frottent contre sa peau.
Par en dessous, par en dedans.
Et sa vie qui glisse par en dessus…

Qu’il fasse froid, guerre ou séisme,
Qu’il fasse mort, grêle ou désastre,
Que valdinguent des arbres, des mémés ou des sabres,
Que s’épanchent, des diables, du pus, du goudron…

Moi j’sors tout l’temps, et par n’importe quel foutu temps !
Pour l’aller voir ma belle, ma douce, ma dulcinée…
Ma mie qu’est plus rien,
Ma mie-tas-d’os pour chien
Marie- pisse-trois-gouttes-de-sang - mais quel sang !
Ma donzelle, celle qu’a la mort au cul et la peur au cœur,
Ma déglinguée d’en dessous,
Mon p’tit cul mou, dans un slip de linceul,
Ma p’tite culott’ d’peau sèche sur des os en désordre…

J’vais bientôt suivre son p’tit cortège noir,
Sa p’tit’ chenille processionnaire
Pour faire éclore le sphinx de ma mort
Et cueillir entre les tombes les orties de mon désespoir…

Mais toujours, malgré le temps,
Bleu, rose ou vert,
Droit ou bossu,
J’irai tomber au pied d’sa tombe !
Et chialerai plus que mon soûl,
Par en dessus, par en dessous.


 
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   Maëlle   
10/3/2007
Ca me plait bien... pas seulement parce que je viens de croiser quelques mots que je ne connaissais pas.

   tigerlineh   
22/3/2007
c'est bien, c'est beau... Heureuse est celle qui t'a inspiré... Au début, c'est magique, le début d'une belle histoire... Puis on vois qu'elle meurt, on croit (j'ai cru...) que tu l'avais tué mais on découvre que sa vieillesse y est pour quelque chose et on s'aperçoit que votre amour sera plus fort que le temps qui passe...
J'en veux un autre!! lol

   jensairien   
15/10/2007
franchement pas mal à mon goût mais je trouve un peu long
j'ai adoré la première moitié et moins l'autre
mais bon plutôt jubilatoire ....

   Absolue   
15/10/2007
Drôlissime!!

   Pattie   
12/5/2008
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
L'auteur nous accroche avec sa gouaille amusante, et puis nous cloue avec la tristesse cruelle de la fin. Superbe, j'aime vraiment beaucoup !

   clementine   
12/5/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il y a des trésors qui dorment inconnus de tous, abimés dans les oubliettes d'Oniris et que c'est dommage, car que de folie, de rythme, de talent au coeur de l'ensemble des poèmes de Gilles qui hélas ne vient plus depuis longtemps dans le "chateau".
Magnifique délire des mots.
EDIT:Merci Pattie d'avoir ramené "à l'air libre" ce texte.

   aldenor   
30/12/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je découvre le premier poème publié par Gilles sur Oniris.
Le rythme et l’inventivité dans les énumérations « météorologiques » sont superbes. Une préfiguration de « Je suis ».
Les autres passages, plus précipités, ne me font pas le même effet ; je ne trouve plus tout à fait le rythme, les envolées.
L’idée et la construction du poème sont cependant fortes et originales.

   Raoul   
27/1/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ô joie!
De la poésie vivante!

Voilà un texte en logorrhée pulsionnelle qui a du mordant, du bagout et de la gouaille, de la créativité! Du ton, du rythme à s'en époumoner.
Il trucule en folie douce… puis en désespoir! Vivant, moderne, avec des expressions et détournements inventifs, c'est un réel et vif plaisir que cette découverte!
Très chouette lecture!
;-)

   monlokiana   
18/6/2011
Commentaire modéré

   tchouang   
8/4/2013
Commentaire modéré

   Anonyme   
28/5/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Autrefois ce texte m'aurait fait dresser les cheveux sur la tête. Mais voilà on évolue avec le temps, j'ai appris à mieux lire, surtout lorsque je me trouve face à ce genre de texte.

Dans cette gouaille qui virevolte, se lit une sensibilité à fleur de peau, et c'est ce qui infiniment touchant. J'ai même relu ce texte plusieurs fois, superbe dernière phrase :

" Mais toujours, malgré le temps,
Bleu, rose ou vert,
Droit ou bossu,
J’irai tomber au pied d’sa tombe !
Et chialerai plus que mon soûl,
Par en dessus, par en dessous. "

" J’suis amoureux ! " ce sont ces mots-là qui donnent à ce texte toute sa puissance et le rend fort bouleversant.


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