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Poésie classique
Graoully : Vivre sans lui
 Publié le 19/02/24  -  11 commentaires  -  1216 caractères  -  305 lectures    Autres textes du même auteur

« L’absence est à l’amour ce que la diète est au corps. »

Mirabeau


Vivre sans lui



Je plains l’homme orphelin dont le mal ineffable
Consiste à demeurer pour Éros étranger.
Respirer sans amour, c’est la lugubre fable
Du cloporte jaloux du papillon léger.

C’est rester sur son seuil quand, l’hiver, on frissonne
En recherchant sa clé, transi, n’en pouvant mais*,
Jouer les pickpockets sur sa propre personne
Et toujours la chercher sans la trouver jamais.

Respirer sans amour, c’est exister sans vivre.
C’est être ce buveur qui, dans un long banquet,
Vide tous les flacons en n’étant jamais ivre.
C’est contempler des fleurs sans songer au bouquet.

C’est voir sur son cadran s’éterniser décembre
Quand d’autres plus hardis sont passés à juillet.
C’est être un pâle enfant devant garder la chambre,
Abandonné par un ami qui s’ennuyait.

Papillon au sortir d’un sommeil de cloporte,
Sous tes yeux je recouvre, aussi beau qu’hébété,
L’ivresse et la santé, le trousseau pour ma porte,
Un bouquet pour mon vase et pour mes cieux l’été.


* N'en pouvoir mais : « Être impuissant à faire quelque chose ; ne rien pouvoir ; ne plus être capable. » (expressio.fr)


 
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   Lebarde   
8/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
"Vivre sans lui"...Vivre sans amour...Respirer sans amour...

C'est un sujet éternel, sans âge, tellement galvaudé et rabâché qui est abordé ici, une fois de plus avec de paroles, des images ou des métaphores parfois originales, (soyons bon public,):
"Respirer sans amour, c’est la lugubre fable
Du cloporte jaloux du papillon léger."
ou
"Respirer sans amour, c’est exister sans vivre."
ou
"C’est voir sur son cadran s’éterniser décembre
Quand d’autres plus hardis sont passés à juillet"

ou encore, mais en plus obscur..
"C’est contempler des fleurs sans songer au bouquet."

mais qui a donné lieu à tellement de citations, de poèmes, de chansons ( Brel, Piaf, Céline Dion, Bourvil, Marie Laforêt, Mireille Mathieu ...et tant d'autres...) qu'il est bien difficile de se renouveler.

Pour autant j'ai pris plaisir à lire ce poème sans ambition dont l'écriture parfois gauche (notamment dans la formule que vous avez jugez bon d'expliciter ) ne manque pourtant pas de poésie avec ses alexandrins souvent élégants et bien rythmés et qui aurait pu prétendre à la catégorie classique que curieusement l'auteur(e) ne revendique pas.
Merci d'avoir tenter de surprendre sur un tel sujet.

Pour moi vous avez réussi.

En EL

Lebarde

   Robot   
19/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Des métaphores originales parsèment ce poème et lui apporte une force évocatrice intéressante.
Les quatrains 2 et 3 sont ceux qui ont le plus marqué ma lecture.
J'ai buté sur le vers 4 du quatrain 4 dont la césure sur un article m'a paru déséquilibrée :
"Abandonné par un / ami qui s’ennuyait."
Globalement un poème agréable que j'ai déclamé avec plaisir.

   jfmoods   
19/2/2024
Le chiasme à distance (vers 4/vers 17) offre subtilement au lecteur le point de bascule du poème. La déclinaison des thèmes au fil des strophes 2 à 4 (la clé, la fleur, la saison) est efficacement reprise (en élément de résolution) par la chute en triptyque.

Merci pour ce partage !

   Cristale   
19/2/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Vers 4 et 17 excellentissime figure de style : "chiasme" a écrit mon prédécesseur.
Vers 16 un trimètre pour marquer l'évènement douloureux.
Un ensemble résolument poétique sur des vers tressés d'une mélancolie qui plaît à mon penser romantique.
Il serait prudent désormais de ne point égarer cette précieuse clé.
De la belle poésie, une versification impeccable d'un auteur aguerri me semble-t-il.

   Ercel   
19/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

Un poème lyrique de facture classique tout à fait réussi, même si je ne suis pas fan, comme je l'ai dit par ailleurs, de ce genre un peu trop convenu à mon goût.

J'ai moi aussi beaucoup apprécié les chiasmes, les antithèses et les autres petites subtilités qu'on décèle ça et là. L'ensemble est harmonieux et se lit avec plaisir.

Quelques petites remarques tout de même. Au second quatrain, "Son seuil... sa clé" aurait peut-être été plus agréable à lire avec le premier des deux adjectifs possessifs remplacé par un article défini. Le mot "pickpockets" contient selon moi trop de phonèmes occlusifs (j'aurais peut-être choisi "jouer les détrousseurs" ou "se montrer scélérat" même si l'allitération en [s] deviendrait un peu lourde... comme celle en [p] d'ailleurs). Je n'aime pas trop non plus l'hémistiche "devant garder la chambre" (enfant... devant...chambre) ... peut-être "confiné dans sa chambre" ou autre. Enfin, l'énumération de la dernière phrase me paraît lourde, l'effet du chiasme final étant un peu amoindri par la place assez artificielle de "l'été".

Pour le reste, c'est franchement très bien mené. Le trimètre du vers 17 me paraît tout à fait correct .

   papipoete   
19/2/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Graoully
Vivre sans amour, c'est se priver de tout ce qui vit ; un autre coeur, l'oxygène au-dehors, la beauté des fleurs, un décor dans le Ciel...et ne point être aimé.
Etre pour cela prédestiné, ou ne pas le vouloir, vivre en ascète ou ne même pas s'aimer soi-même ?
Des affirmations, des questions, peut-être aussi des suppositions, auxquelles il faudrait rétorquer ?
NB voir, n'est pas Regarder
sentir n'est pas Humer
goûter n'est pas Savourer
et ainsi de suite ; il faut sûrement aussi oser parfois, et surpris penser :
- je n'aurais jamais cru que je pourrais Aimer !
par ma fenêtre de chambre/bureau, je vois poindre les jacinthes que bientôt j'admirerai humerai
ma mie pour quelques jours est partie...à son retour, je lui dirai intimidé combien elle est belle, combien je suis heureux d'avoir osé la chercher, la trouver et vivre à nouveau.
Il y a un peu de tout dans votre poème, de la timidité maladive et jalousie envers l'heureux : cette gaucherie de ne pas savoir ; cet ennui qui colle aux chaussures ; et en conclusion cette renaissance , ou simplement découverte de l'Amour.
J'ai bien aimé cette dissertation poétique, dont la 3e strophe a ma préférence.
techniquement, vous semblez maîtriser l'Alexandrin de belle façon, et les vôtres ici ruissellent avec bonheur dans cette forme classique, sans faute.

   Geigei   
19/2/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
La Métamorphose des cloportes.

Le 1e vers : "Je plains l’homme orphelin dont le mal ineffable"
Lorsqu'un un texte commence avec le mot ineffable, je me dis que rien ne peut suivre.
Or, il y a une suite. Je traduis cela par : Le commun des mortels ne saurait décrire un tel mal. Mais je suis un génie. Je vais le décrire.

L'écriture est élégante.
Je compte les métaphores, pour m'occuper. Un texte sur l'amour est vite ennuyeux.

Grâce à l'amour, le cloporte retrouve ses clés.

J'ai un doute sur la validité de la rime mais/jamais.
Le mais de jamais a la même origine que le mais simple. D'ailleurs, dans la Chanson de Roland, on lit ja mais en deux mots :
Ne jerreiez ja mais entre sa brace [Olivier à Roland en parlant d'Aude], ce qui signifie : Vous ne coucherez jamais entre ses bras.

   Damy   
19/2/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bien sûr, le thème est rebattu mais pas par vous (d'ailleurs quel thème ne l'est-il pas ? On a déjà tout écrit sur tout).

Moi, je suis sorti ravi de ma lecture, le style est frais, limpide et la prosodie parfaitement maîtrisée. C'est un peu comme si c'était la 1° fois que je lisais un beau poème d'amour.

Merci Graoully.

   Miguel   
19/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
La métaphore de la clé me semble un peu prosaïque et incongrue, le reste est de fort bonne tenue, avec des images charmantes et des vers mélodieux, à part le rugueux "pour Eros".
Le rime "mais-jamais" est aussi acceptable que "jours-toujours", par exemple. Une étymologie commune à la rime est une chose fréquente.

J'ai une petite préférence pour votre facétieux poème de présentation.

   jfmoods   
20/2/2024
Le chiasme à distance (vers 4/vers 17) offre subtilement au lecteur le point de bascule du poème. La déclinaison des thèmes au fil des strophes 2 à 4 (la clé, la fleur, la saison) est efficacement reprise (en élément de résolution) par la chute en triptyque. C'est ce que l'on écrirait si on voulait schématiser le propos.

Le texte est à caractère argumentatif. Il s'agit d'obtenir l'assentiment du lecteur. Cela explique le recours à la fable, l'abondance - qui pourra paraître pesante - des présentatifs ("c'est" x 7), la présence de marqueurs d'absolu ("toujours"/ "jamais" x 2), la vérité générale du vers 9 (où "aimer" serait préferable à "amour" pour mieux fixer le parallélisme), la construction ternaire de la chute (avec ce jeu d'inversion, réussi, du dernier hémistiche).

Les deux premiers vers posent la problématique et contribuent à dévoiler l'énigme du titre. On croit deviner que le "pour" du vers 2 n'a d'autre fonction que d'éviter la répétition de "à". Cette répétition serait malgré tout préférable, je crois.

Le jeu métaphorique qui suit (au fil des vers 3 à 16) vise à emporter l'adhésion. La strophe finale, qui se cristallise sur la métamorphose enchantée du locuteur, constitue la preuve de la démonstration.

Le thème de la clé traverse clairement toute la seconde strophe avec, en point d'orgue, le chiasme du vers 8. Le doublon "recherchant"/"chercher" fixe le point d'achoppement d'une quête obsessionnelle et vaine.

Pour la troisième strophe, on passe de l'alcool à la fleur sans vraiment bien saisir le rapport. Évidemment, il y a le double sens du mot "bouquet"... mais j'éprouve quelques difficultés à appréhender ce passage. Ça glisse mal.

Pour la quatrième strophe, on comprend bien que c'est la saison froide (ce monde intérieur frigorifié) et l'état maladif qui en résulte qui obligent à "garder la chambre" et, ainsi, à se refermer au monde.

En conclusion, quelques ajustements me paraissent indispensables pour donner à ce poème sa pleine mesure.

Merci pour ce partage !

   Vincendix   
23/2/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Quel texte magnifique et dense dans lequel je me retrouve en changeant le titre "Vivre sans elle". j'en ai les larmes aux yeux.
Votre pseudo me "parle", il évoque, il me semble, une ville que je connais bien !


Oniris Copyright © 2007-2023