Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie libre
hersen : Les cailloux du désert
 Publié le 31/07/21  -  14 commentaires  -  1040 caractères  -  198 lectures    Autres textes du même auteur


Les cailloux du désert



il a dans ses mains calleuses aux ongles écornés
tous les diamants gris du monde

il les tient un instant
puis les joint au butin du jour
jamais assez
sous le bâton preste

le soleil est mort dès l’aurore
comme chaque matin
au fond de la mine
il s’acharne décharné
enchaînant les coups

la lumière du diamant n’est pas encore née
il n’en verra pas briller les facettes
seule la farce est vivace
avec pour frontière une gangue
et ses bandits

quand harassé il feint de rentrer au logis
tout au fond de sa carapace minéralisée
il rêve
depuis que le vent du soir
courant sur le désert trop chaud dont il ne voit plus la beauté depuis longtemps
a apporté une feuille glacée de magazine déchiré
sur son seuil délabré

une jolie dame
des brillants au cou
des diamants aux doigts
il se dit…

il rêve et quelque chose se soulève
dans sa poitrine qui ne respire que la mine


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   ANIMAL   
20/7/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime bien ce poème qui parle de l'exploitation des hommes et des diamants. La fracture est bien exprimée entre le travail ingrat et épuisant des mineurs quasi esclaves et perdant parfois leur vie dans la mine et le précieux produit fini qui, une fois taillé, symbolise la richesse et l'éternité.

Cet homme harassé n'avait même jamais vu ce que devient le caillou extrait par sa pioche et sa sueur. Il voit, il rêve un court moment puis retourne à sa réalité : creuser et respirer la poussière.

Un témoignage réaliste sur un sujet rarement évoqué.

   Robot   
25/7/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte qui possède un esprit à la fois pour son thème et par son écriture.
Le thème est bien exposé. Le mineur qui touche la richesse avec la sueur de ses mains mais n'en bénéficie que par un maigre salaire alors que les propriétaires des mines profitent de son exploitation pour le plaisir de quelques uns.
C'est le mauvais partage qui est condamnable comme pour tout accaparement du travail des autres par une minorité.

Du point de vue de la construction littéraire, j'ai bien aimé la vers "il s'acharne décharné" qui par son allitération montre la difficulté des travailleurs des mines de pierres précieuses.
L'astuce du magazine apporté par le vent me paraît par contre plutôt téléphonée et donne un effet d'artifice.

   papipoete   
31/7/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
bonjour hersen
il n'a dans les mains, que des cailloux qu'il cherche sans trêve au fond de la mine ; là, où sa journée commence par l'extinction du soleil, pour ne connaître que la nuit de ses galeries. De ses pierres sans valeur, naîtront des diamants portés par des " Belles " de la ville ; la grande où roulent autant d'autos, que de grains de sable ici... et les yeux ouverts, quand il a fini, il rêve, rêve à l'une de ces dames " emdiamantées ", venue déposer sur son seuil un présent...
NB ce poème me plaît, un peu parce que j'en versifiai le thème voici quelques années, mais surtout parce que l'on est dans les pas du chercheur, qui trime comme un bagnard ; celui qui trouve certes que des cailloux et deviendront " sautoir, collier, bracelets étincelants ", mais sans lui, rien de tout cela, si non que des " faux " usinés par des machines savantes !
la 3e strophe et le distique final sont mes passages préférés !

   Yannblev   
31/7/2021
Bonjour Hersen,

Le Diamant est hautement symbolique. Le fossé entre les mains usées du mineur qui le cherche dans la boue et le cou parfumé de celle qui l‘exhibe en joyau est tellement profond qu’il échapperait à la réflexion de l’une comme de l’autre… une page de magazine échouée dans le désert ne suffira pas à changer les choses. Le mineur se contentera de rêver, il retournera au fond du puits et « la jolie dame » ne saura jamais qu’il existe.

Le diamant est hautement symbolique… mais la situation est omniprésente dans un monde sans partage : des éthiopiens cachectiques cousent quinze heures par jour nos fringues à la mode, des enfants du bengladesh foulent à pieds nus les cuirs de nos chaussures de sport. Etc. etc.

Si poétiquement « il faut être absolument moderne », autrement dit être de ce monde moderne, alors il est plus que légitime que la poésie, oubliant un instant la Nature, l’Amour-toujours et les p’tits oiseaux, dénonce aussi les infamies de ce monde-là.

A cette aune, votre texte est précieux
Merci du moment.

   dream   
31/7/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Ce poème est décidément une mine d’or pour la poésie… Et l’on descend jusqu’au fond sur un terrain autant réaliste que poétique ; et l’on imagine des scènes exposant des épreuves et des rites obsédants autour d’un trou obscur qu’est le puits de la mine. C’est une vision désespérante et désespérée de vies gâchées pour tous les déshérités d’un système corrompu fait de vices et de sévices. Aux larmes de sueurs et de sang versées par ces malheureux se mêle souvent le pouvoir fallacieusement libérateur de l’alcool, de la drogue et des trafics en tout genre.

Ce passage me bouleverse tout particulièrement :

« il rêve et quelque chose se soulève
dans sa poitrine qui ne respire que la mine »

Un grand Bravo !
dream

   Cyrill   
31/7/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour hersen,

un beau texte qui dénonce l'exploitation de l'homme par l'homme pour un butin bien dérisoire.
Côté mineur, rien ne brille, ni le soleil ni le diamant. Celui-ci ne brille qu'au doigt de la dame qui brille elle-même sur papier glacé. Cette opposition est bien vue.
Un poème efficace, qui laisse un goût amer comme la poussière qui colle au palais.
Merci !

   Anonyme   
1/8/2021
Ce poème me fait assez penser à l'Alchimiste (texte que j'ai détesté, mais lu, car la dame me l'ayant offert portait un très beau regard vert, dragonné d'un pourtour bleu), mais à l'alchimiste sans alchimie, ce qui donne à ces vers une poigne sur le réel bien plus puissante que la main lâche d'un roman lâche. Sans lyrisme (c'est pourtant la voix qui m'achève), un monde désertique est peint, à petits coups évocateurs vaguement impressionnistes malgré une distanciation tierce, tristement et sans larme, rempli de la douleur de vivre et de vivre laborieusement. J'aime cette sincérité sobre portée sur un homme seul, marchant dans des sables où ses diamants ne peuvent luire, où tout est trop terne, et où — dernier refuge — le rêve emporte, disqualifie les choses, uniquement le rêve propose son chemin d'ailleurs, consolateur peut-être, mais merveilleux de par ce qu'il n'est pas. Sans doute aurais-je aimé voir ce rêve un peu plus, mais ce n'est pas votre poème. Et votre poème invite à ce rêve, et n'est-ce pas suffisant ?

Merci pour ces mots tendres de fraternité.

   Pouet   
1/8/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Slt,

j'ai trouvé très forte la troisième strophe, ce soleil mort dès l'aurore au fond de la mine me semble parfaitement convenir au propos développé; le voile du labeur recouvrant la clarté de l'espoir. Et puis évidemment le sens premier de passer sa journée dans l'obscurité, en attendant l'étincelle du diamant...
J'ai ensuite particulièrement goûté aux deux vers de fin.
Mais l'ensemble est de belle facture, bien sûr.

Il faut de la sueur, des larmes et de la mort d'un côté du monde pour que l'autre côté puisse croire palper la vie au travers du paraître.

   Lariviere   
1/8/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
"la lumière du diamant n’est pas encore née
il n’en verra pas briller les facettes
seule la farce est vivace
avec pour frontière une gangue
et ses bandits"

Salut Hersen

J'ai beaucoup aimé ce poème. Les vers libres donnent du rythme et de belles images de ces damnés de la terre qui ne profitent pas de leur dur labeur, comme beaucoup d'autres mineurs qu'ils cherchent des diamants de l'or ou de l'argent... je trouve ca bien de leur rendre hommage de la sorte...

Merci pour cette lecture et bonne continuation.

   Myo   
2/8/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Tout le contraste du travail harassant pour gagner juste de quoi se nourrir ( et encore ) et ces apparats, signe extérieur d'une richesse outrancière.

Toute la triste réalité de notre monde qui depuis la nuit des temps, creuse des fossés d'inégalités.

Selon mon ressenti, je lis ici plus un récit poétique qu'un poème. La mise en page ne suffit pas.

Mais le sujet est courageux et touchant.

Merci du partage

Myo

   hersen   
3/8/2021

   Anonyme   
8/8/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Face à l'horreur que nous inspire cette hétérotopie, où le diamant décore les cous des femmes au prix d'une descente en enfer, on se demande sur la position rationnelle à laquelle nous invite implicitement le poème: faut-il instruire ces misérables travailleurs, comme le fait le vent en apportant une feuille de magazine, pour qu'ils s'insurgent contre leur inhumaine exploitation? Ou bien exhorter les gens instruits à lutter pour la promulgation de lois interdisant le travail dans les mines (travail qui peut être désormais relégué à la machine)? Ou encore solliciter les femmes de "boycotter" des joyaux ou des vêtements (ferrure de tigre par exemple) produits dans des mines ou des usines ne respectant pas la dignité humaine? Ce poème émanant des profondeurs de l'âme est un collier de mots si précieux brillant au cou de son auteure mieux que celui que porte la jolie femme du magazine!

   Cristale   
8/8/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Comment peut-on écrire si bellement sur un sujet si révoltant ?
Ici les diamants sont les mots, la mine est la poésie de l'auteure où j'ai aimé m'engouffrer.
Les commentateurs ont déjà tout dit, je suis juste revenue cueillir quelques autres éclats de ces vers qui me cristallisent l'âme, entre-autres :

"il a dans ses mains calleuses aux ongles écornés
tous les diamants gris du monde"

"le soleil est mort dès l’aurore
comme chaque matin
au fond de la mine
..."

Un poème libre comme une lucarne ouverte sur le ciel pour un homme de l'ombre.

C'est vraiment très beau, visuel, rythme, sonorités et tout et tout, merci hersen.

   Eki   
26/8/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Un poème qui dénonce la condition inhumaine...

Combien sont-ils adultes et enfants à être dépossédés de leurs "substances", de leur raison de vivre ? Vaste sujet souffreteux...

Le mot qui me vient à l'esprit en lisant ce texte est :

Aliénation...

Lorsque l'exploité est asservi, utilisé comme moyen, outil de production contre le pouvoir du capital pour engendrer des bénéfices toujours plus importants...

La valeur humaine est gommée...

Ne reste t-il que du rêve pour s'extirper de la fange ?

Un poème touchant


Oniris Copyright © 2007-2023