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Poésie en prose
AlexisGarcia : Le printemps dans les villes
 Publié le 01/08/21  -  4 commentaires  -  2471 caractères  -  77 lectures    Autres textes du même auteur

Ce texte est présenté volontairement en bloc pour qu'il soit lu d'un trait, comme on boit une potion. L'inspiration est venue d'une vieille photo des années soixante de la ville d'Avignon.


Le printemps dans les villes



Les fleurs de la ville, autour de la fontaine qui rit sous le ciel bleu, guettent les gentils vents des automobiles, qui ne sont pas encore électriques. Elles se mettent joliment en rond ou en quatre, et elles font au printemps catalytique la fête citadine, ce qui n’est pas imbécile. Des cyclistes faciles, accidentés ou pas de la vie, incidemment ou ainsi soit-il, comme on cueille la baie du chemin, s’attardent, un pied sur l’asphalte, devant tant de couleurs sympathiques. Elles disent justement, les couleurs et les fleurs, « salut » continûment, dans une frénésie qui n’est plus tout à fait administrative, ce qui peut-être est poétique. Ils les emportent, les cyclistes, mais aussi les motocyclistes, les fleurs et les couleurs, ou elles les emportent, mutatis mutandis, à travers les âges, sur des porte-bagages invisibles, ce qui n’est pas fantaisiste, ou peut-être l’est. Ils passent, à moteur ou pas, donc, entre des tours crénelées, pas trop hautes, pas trop droites, comme les jeux de construction de l’enfance, où trônaient les reines, où siégeaient les rois, et ils bondissent en avant, chevaliers à bicyclette, Don Quichotte en solex, corsaires en scooter, écuyers en trottinette, quidams en salopette, une moulinette dans la tête. Les poètes, toujours à pied, prennent des escalators, qui s’ouvrent devant eux, dans toutes les directions, y compris quelques verticales, vertigineuses, ce qui est athlétique. Les moteurs, agiles ou asthmatiques, pétaradent un peu, il est encore loin le mois de juillet, et le bal, et les pompiers, et les sirènes à tue-trompette. Les heures d’avril, qui sont fragiles, n’aiment pas tant les Rolex, les montres-silex des exils brutaux, qui enflamment les cigarettes longues, et que graissent les papiers gras, elles sont puériles et elles ne le sont pas. La Lune est dans le ciel comme le Soleil, elle est sa pareille et elle ne l’est pas, et des abeilles butinent l’eau comme le miel, comme les Pâques redisent la Noël. Les fleurs de la ville sont un peu tristes, autour de la fontaine qui rit et qui pleure, qui pleure et qui rit les jours anciens, les jours anciens des photographies, les photographies des amours perdus, les amours perdus revenus, mais déjà le chagrin, qui pourtant a jailli, se tarit. Les cieux, un moment complice, un moment délice, en terre infinie promise, se recomposent une contenance de nuées, dans des nuances blanc bleuté, comme on s’engage dans la marine, le bonnet en fantaisie autorisée.


 
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   Cyrill   
1/8/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour,

Un texte qui laisse toute possibilité au lecteur de se faire sa propre vision.
De ce qui est, ce qui n'est pas, peut ou pourrait être, et même tout cela à la fois. Ainsi soit-il ou incidemment.
Ici ou là on se joue des mots avec des anagrammes comme silex/exils, et des proximités de sons.
Le tableau est fantaisiste, s'engage dans toutes les directions. Parfois gai, parfois en demi-teintes.
Le temps semble passer sans passer, avec ces amours perdus revenus et le chagrin jailli qui se tarit. Tout a une fin, tout recommence, c'est le printemps et ça laisse une impression de bouillonnement résolument sympathique.
Un vrai souffle dans cette prose, originale qui plus est.

Merci !

   papipoete   
1/8/2021
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour AlexisGarcia
Prose, la catégorie est si rarement publiée ici, qu'elle mérite de s'y arrêter, et si possible la commenter...
On dirait Devos ou De Groot en goguette, à vélo ou solex, qui pédaleraient dans la ville, saluant au passage la fontaine qui rit ou pleure, selon la couleur du ciel.
NB des mots en ribambelle, qui jouent avec les couleurs, qui se jouent des pots d'échappement et de ces quidams avec ou sans Rolex.
On passe du bicycle au bateau de corsaire, dans un tourbillon de jeux de mots... faut s'accrocher !

   Anonyme   
1/8/2021
J'aime assez ces doutes interprétatifs énoncés d'une photographie pleine de fausses pistes et d'erreurs par tentatives de faire dire à ce qui ne dit rien ; cul sec à boire ça pique un peu d'être potache petitement quand même, un peu trop rigolo pour la joliesse élancée en laquelle fontaine aimerait à me boire, crois-je, me semble-t-il, mais peut-être pas, mais ces fantaisies souveraines de modernité m'entraînent en des colimaçons fort étranges où quelque lanterne verte (on me l'a dit) rit d'absurde à la raison des fables ; c'est tantôt tintinnabulant contre les sonorités sourdes de mon cœur lancé vers les ténèbres, et, si la lecture de ces mots m'est sympathique et que j'y sens le plaisir du jeu, je n'y reviendrai sans doute pas, m'étant distrait quelques minutes sans réponse à ma soif prétentieuse et grandiose d'infinis.

   Lariviere   
2/8/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

J'ai bien aimé ce poème. Le rythme est bien imprimé par la ponctuation et par les virgules... La poésie et la fantaisie sont présentes et font bon ménage... C'est un texte entrainant.

Merci pour la lecture et bonne continuation.


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