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Poésie libre
Hiraeth : L'évangile de la chair
 Publié le 26/08/25  -  7 commentaires  -  1910 caractères  -  88 lectures    Autres textes du même auteur


L'évangile de la chair



Au commencement était le cri,
Et le cri venait de la chair,
Et la mort ne l'a pas reçu,
Même si elle était invitée elle aussi,
Comme tous les autres dieux
Autour de cette table.
Puis les yeux se sont ouverts,
Et par eux brillait la lumière du monde,
Et les ténèbres ne l'ont pas saisie.

Le monde est né lors d'une nuit d'été :
Il était amour,
Et l'amour s'est fait songe,
Et le songe s'est fait singe,
Avec ses membres flasques, étrangement toniques,
Et son crâne élastique,
Et sa tête recroquevillée sur sa poitrine,
Et son corps nu, bizarre, rouge pâle, qui semblait léviter
Au-dessus du cordon,
Trempé comme un météore surgi de la mer :
Un petit singe-fakir,
Un tout petit singe
Qui apportait avec lui sa faiblesse adorable
Sur cette table où se mêlaient le sang et les étoiles.

Des anges bleus amenèrent le monde
Auprès de la mère,
Et la mère en silence reconnut qu'il était beau.
Et l'on annonça la nouvelle au père,
Et le père dit : « Du sud du 14e arrondissement
Peut-il sortir quelque chose de bon ? »
Et l'un des anges lui répondit : « Attends, et vois. »
Et il attendit,
Et vit.
On déposa le monde dans ses bras,
Dans ses bras nus on le déposa.
Alors le père le reconnut et pleura.
Il dit : « Cet enfant qui vient après moi
Est passé devant moi.
Ne dites pas : “le fils tient sa gloire de son père”,
Mais plutôt : “le père tient sa force de son fils”,
Car à présent, tout n’existe que par lui. »
La mère alors arriva sur son lit de miracle,
Et dans sa belle fatigue voulut prendre le monde :
Le père le lui tendit,
Et ils restèrent ainsi dans le silence,
Mère, père et fils,
Et parlèrent doucement,
Et leurs paroles aussi étaient du silence.


 
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   Damy   
14/8/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
D’où venons-nous ! Où allons-nous ?? Tout passe-t-il inévitablement ?
Rester muet ici et maintenant est un acte complice.
« Du sud du 14e arrondissement
Peut-il sortir quelque chose de bon ? »
Peut-être bien…
Le père, la mère, le fils…et la fille ? Le sain d’esprit ?… ^^

Je partage avec vous la crainte lucide d’une probable fin du monde, mais aucune probabilité n’est certitude (c’est comme les sondages ^^).

Sur la forme, puisqu’il faut en dire un mot, vous maniez bien l’humour et la poésie. Agréable moment de lecture. J’aime beaucoup le titre.

Merci
Damy en espace lecture.

   Ornicar   
20/8/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Très beau texte, aux accents bibliques, que cet enfantement-enchantement du monde qui se superpose et se confond avec celui d'un petit bout d'homme tout fragile. La métaphore de l'accouchement et le parrallélisme de mise entre ces deux dimensions - l'humaine et la planétaire - nous rappelle, sans insistance mais avec un mélange de force et de douceur, que notre monde, justement, demeure fragile. Aussi fragile qu'une vie humaine a son début quand, inversement, l'horizon, le "monde" des parents se limite à l'enfant qui vient de paraître.

Les répétitions, volontaires, ("monde", "et", "silence") confèrent à cette écriture les résonances et le rythme d'une litanie qui apaise et élève l'âme du lecteur.
L'interrogation quasi métaphysique du père ("Du sud du 14e arrondissement / Peut-il sortir quelque chose de bon ?") introduit une rupture et par contraste une petite note surprenante et incongrue dans le cours de ce poème sans que je puisse dire si elle obéit à une nécessité ou pas.

   Provencao   
26/8/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Hiraeth,

Avec et dans la poésie, l'humour se place dans la où précisément la fonction de la lumière du monde vient séduire ou inquiéter la parole et le silence.

Très beau et fort texte.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   ALDO   
26/8/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Bonjour Hiraeth,

On se souvient de "L’amour, la mer", où vous naissiez « au désir d’être père ».

Ici, une Nativité d’été.
De Béthléem à l’hôpital-crèche du 14ᵉ.

Pas à pas, l’apparition du « divin enfant »,
du premier cri jusqu’au repos recueilli.

Transposition ironique,
mais sans doute aussi le besoin d’écrire ce qui a été vécu comme quand même un miracle (la mort et les ténèbres menaçaient).

L’équilibre du texte, émotion étrange, est fragile,
entre parodie biblique, sincérité, magie désamorcée par des réflexions désabusées.

L’Évangile était une bonne nouvelle,
mais ici :

le Verbe devient cri,
l’homme un songe devenu singe,
les anges, des sages-femmes,

et la Trinité sainte, une famille.

Le mystère n’est pas totalement absent,
mais il est trivial,

et les étoiles baignent dans le sang.

Il n’y a pas de rois mages.

   Ramana   
26/8/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Belle idée, ce parallèle entre la Genèse, naissance de l'univers (le macrocosme), et la naissance de l'enfant, sachant que chaque être humain est un microcosme si l'on considère sa constitution et son potentiel. C'est pourquoi il est dit, en langage religieux, que Dieu à créé l'homme (et le monde) à son image. D'où la formule : "l'homme est un petit monde, et le monde est un grand homme". Votre poème commence par un cri (le Verbe), et se termine par le silence, ce qui est judicieux, car le silence est le principe de la parole, comme le point est le principe de l'espace, et l'instant le principe du temps.

   Zeste   
26/8/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
D'une pièce hermétique, sur et autour de cette table, nous étions cinq âmes, puis soudain un cri, des yeux se sont ouverts, pour eux brillait la lumière du monde. On comptait désormais six âmes , un lit de miracle, la porte toujours close!!! (Comme un météore surgi de la mer)
Magnifique!!!

   Cristale   
26/8/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Hiraeth,

Je ne ferai pas un grand commentaire tout a déjà été dit mais je tombée sous le charme de ce poème écrit avec beaucoup de finesse.

La naissance de la Vie, des origines à aujourd'hui, est développée avec beaucoup de poésie.

"La mère alors arriva sur son lit de miracle,
Et dans sa belle fatigue voulut prendre le monde :
Le père le lui tendit,
Et ils restèrent ainsi dans le silence,
Mère, père et fils,
Et parlèrent doucement,
Et leurs paroles aussi étaient du silence."

Pfff... j'aimerais savoir écrire comme ça.


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