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Poésie classique
inconnu1 : Peut-être eût-il fallu ne jamais dire toujours…
 Publié le 10/09/22  -  12 commentaires  -  2699 caractères  -  210 lectures    Autres textes du même auteur

Tromperie.


Peut-être eût-il fallu ne jamais dire toujours…



Il est vain de chercher de l'espoir dans « Peut-être ».
Je n'entends dans ce mot qu'assujettissement.
« Peut-être… s'il me plaît de pouvoir te soumettre
Car de mon bon vouloir dépend le dénouement. »

***

Dans le brouillard feutré d'un caveau de Florence,
Où les corps s'étreignaient autour d'une sono,
Elsa laissait flotter, sur des rythmes techno,
Sa silhouette frêle et sa blondeur intense.

Au soir, elle infusait des zestes d'insolence
Dans sa chambre de bonne au-delà de l'Arno
Quand le drapé léger d'un soyeux kimono
Renonçait à bannir tout excès d'indécence.

Quand juillet s'acheva, qu'il fallut repartir,
Quand fut évanoui l'espoir d'un repentir,
Je désirai savoir avant de disparaître :

Saura-t-elle en octobre attendre mon retour,
Maudire mon absence un peu plus chaque jour ?
Mais l'automne était loin. Elle verrait… Peut-être !

***

Il souffle sur « Toujours » un vent de vanité.
Le savant sait combien prédire est illusoire.
Qui peut avoir, dès lors, la faiblesse de croire
Que les choses seront comme il l'a décrété ?

***

Les cors de Lohengrin, quand la Marche commence,
S'éteignent lentement devant le piano
Et quand enfin résonne une voix soprano
“Treulich Geführt” s'élève. Alors Elsa s'avance…*

Les chants de l'acte trois baignaient en abondance
Les murs de la chapelle en haut de l'Oltrarno,
Imprégnant ses piliers, ceux que Masolino
Ornait de cheveux blonds et d'un serpent qui danse.**

Hélas ! Je garde encor l’entêtant souvenir
Du prêtre, poings tendus, qui s'apprête à bénir
Nos deux fronts inclinés près d'un autel en hêtre.

En retirant l'anneau de l'écrin de velours,
En couronnant son doigt, je lui faisais promettre
Une fidélité qui durerait… toujours !

***

Mais « Jamais » ne contient que traîtrise et mensonge.
Son regard indigné, mon air suspicieux,
Puis comme une blessure, un aveu qui me ronge :
« Je m'endors chaque nuit dans le gris de ses yeux. »


________________________________________
* La Marche “Treulich Geführt” est tirée de l'opéra Lohengrin de Wagner et sert de marche nuptiale au même titre que celle de Mendelssohn. Il raconte les amours d'Elsa et de Lohengrin.

** La chapelle Brancacci est considérée comme un chef-d'œuvre de la Renaissance italienne. Sur les piliers sont peintes deux scènes du Jugement dernier, dont celle de Masolino qui représente le serpent avec une tête blonde, symbole de la duplicité.


 
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   Jemabi   
31/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une construction originale (en flash-back) pour ce poème dont la narration est truffée d'images sensuelles et colorées, de références artistiques, même si le tout est teinté d'amertume. C'est comme si on avait droit à deux, voire trois poèmes en un seul, mais l'ensemble tient bien la route et forme une belle cohérence. Les histoires d'amour se résument en effet à quelques mots importants, parfois ambigus, et d'autant plus importants qu'ils sont ambigus. Cela devient encore plus compliqué quand ceux, ou celles, qui les prononcent en sous-entendent d'autres...

   Anonyme   
10/9/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour

Une poésie à références historiques et musicales. Je salue l’auteur de les avoir mises en notes de bas de page, ce qui aide beaucoup à la compréhension. C’est une poésie amoureuse qui se lit très bien et qui évoque Florence, une ville que j’aime beaucoup. Peut-être aurait-elle été plus puissante sans ces rimes incongrues qui m’ont sortie du romantisme soyeux où les vers me portaient (sono-techno-kimono).

Ca n’a peut-être pas grand-chose à voir avec la choucroute, mais je me souviens d’une réplique d’un vieux film dont j’ai oublié le nom où une dame à l’Opera demandait à son voisin : « Vous ne trouvez pas que Wagner est exquis ? » Et celui-ci de lui répondre : « Chère amie, Wagner est inécoutable pour certains, divin pour d’autres, mais certainement pas exquis… »

Merci pour cette lecture galante

Anna de Médicis

   papipoete   
10/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour inconnu
Je crois qu'il va falloir absolument changer de pseudonyme, avec ce poème qui nous montre l'étendue de votre talent ! Un sonnet déjà, n'est pas chose facile alors deux !
Une étude poétique sur l'avant épousaille, puis le présent qui remet les pendules à une heure pleine de regrets !
Je t'aimerai toute la vie ; pour toujours, avec le souvenir du prêtre qui prend acte, et bénit ce couple que rien ne pourra séparer...
Je note l'érudition de l'auteur, qui se promène avec tant de facilité, dans la musique techno comme dans cet opéra de Wagner... bleufé je suis !
Tout est très beau, ( le 3e quatrain ! ) mais ma préférence va au tout dernier quatrain !
Non, cher poète, vous ne pouvez demeurer " inconnu ! "

   Miguel   
10/9/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Une superbe lecture; des vers d'une grande beauté, des références culturelles de haut vol (j'ai une préférence pour cette marche de Wagner, je la trouve moins "bling bling" que celle de Mendelssohn), et cette méditation sur trois adverbes si fréquents dans notre langue, un peu "fourre-tout" et qui prennent ici un sens renouvelé. La tonalité élégiaque de l'ensemble, soutenue par des résonances comme les corps qui s'étreignent et les cors qui s'éteignent, crée chez le lecteur un vrai "vague à l'âme". En même temps, par certains aspects, le poème garde une étrange dimension mystérieuse. Bravo et merci.

   Lebarde   
10/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Inconnu

En ce moment sur Oniris, c’est la quinzaine ou j’espère le mois et peut être l’automne du Classique? Comment ne pas s’en réjouir surtout quand est présenté un texte de cette qualité qui allie l’écriture élégante, la poésie délicate et subtile, la culture musicale et littéraire que vous avez pris soin d’éclairer par des informations bienvenues pour aider les lecteurs à la compréhension.
Un poème qui comme son auteur, gagne c’est sûr à sortir de « l’anonymat « .
D’abord rebuté en EL par la longueur, je ne regrette pas d’y être revenu pour apprécier à sa juste valeur ce magnifique poème.
Bravo et merci,

Lebarde

   GiL   
10/9/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Remarquable !
Par la qualité de la narration dans un style recherché voire un peu rétro, mais toujours clair et fluide, par la richesse des images et des références florentines qui l’ancrent dans le vécu.
Par la construction, qui entremêle aux rebondissements du récit une réflexion sur les trois adverbes qui l’argumentent.
Par la prouesse que constitue l’enchaînement de deux sonnets construits sur les même rimes.
Par la qualité prosodique des alexandrins et des rimes (dont « peut-être » et « toujours », dans les tercets).

Bref, je suis enthousiaste, j’aimerais savoir en écrire d’aussi remarquables !
Merci, inconnu1.

PS : comme je suis jaloux et mesquin, je me suis demandé si l’essence de l’autel (le hêtre) ne serait pas là pour la rime : eh bien non ! Google m’apprend que le mobilier liturgique est souvent fait en hêtre… Pardon!

   Lotier   
10/9/2022
Je me suis perdu une fois dans Florence. Je m'en suis sorti en tournant une fois à gauche, une fois à droite, toujours dans cet ordre : mais peut-être ai-je eu de la chance… on ne sait jamais !
Conclusion : se méfier des anneaux, ça tourne en rond !
Bon désolé, mises à part ces divagations, le poème a de la tenue (j'aurais mis toutefois « saurait-elle » plutôt que « saura-t-elle »), j'aime bien son amertume sous-jacente.

   Cristale   
10/9/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Inconnu1,

Rimes en écho pour ce double sonnet augmenté de quatrains embrassants dont un en ceinturon.
Quel travail !

L'histoire avant, sur des musiques folles, l'histoire après et la messe est dite sur la fabuleuse marche nuptiale de Wagner, l'histoire de fin et son lot de désillusions.

J'aime les auteurs qui peaufinent leur création jusqu'à obtenir le résultat le plus abouti qui soit...comme avec ce poème.

Bravo et merci Inconnu1
Cristale

   Myo   
11/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Inconnu,

L'histoire d'un amour qui se rêve, qui se vit et qui se meurt.
Un regard sur ces 2 amants dans une ambiance historique et musicale qui nourrit le propos.

Un travail époustouflant d'une technique irréprochable, un vocabulaire riche et des références instructives.

Un grand bravo pour tout cela.
Pourtant, personnellement, je trouve à ce poème un côté un peu "guindé" , comme un manque de naturel qui m'empêche une émotion sincère.... et m'éloigne ( mais si peu) du passionnément.

Myo

   Anonyme   
11/9/2022
Bonjour,

Avec mes excuses par avance, de dénoter dans le flot de notes positives, mais tout en reconnaissant bien évidemment les qualités indéniables de la maitrise de la contrainte classique, et les références diverses qui rendent le tout assez visuel, je n'ai pas aimé ma lecture.

Mais c'est certainement parce que j'attends d'une poésie qu'elle me parle et là, je ne me sens pas du tout concernée, ni dans la manière de poser le contexte, ni dans la façon de parler d'amour et d'infidélité.

Si j'aime l'élégance de certains vers, aucun ne m'a vraiment emporté au point de laisser une trace dans ma rétine de lecteur un peu trop moderne, mais pour moi ça manque de simplicité dans l'évocation tout en manquant d'originalité dans l'image.

Je suis donc incapable de poser un avis sur votre oeuvre qui me laisse si pas indifférente, sans opinion favorable sorti de la remarquable maitrise de la versification, bien entendu.

Pardon, donc, je réessaierai une prochaine fois.

   inconnu1   
12/9/2022

   Anonyme   
12/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Vos rimes embrassées font danser. La danse de l'amour et de la vie que ce soit à Florence ou au bord de la Seine est toujours la même ! Elle mène soit à Wagner soit à Mendelssohn, puis presque fatalement à la duplicité.
N'empêche, vous offrez un poème élégant et parfaitement ciselé qui se marie en grande pompe avec vos inspirations classiques.


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