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Poésie classique
Ioledane : Le grand lustre
 Publié le 10/06/15  -  16 commentaires  -  1056 caractères  -  312 lectures    Autres textes du même auteur

Incursion furtive en ce pays-ci, le temps d'une rêverie.


Le grand lustre



Qu'attendez-vous, beau gentilhomme,
Sous ce grand lustre fatigué
Et cette voûte immense comme
Un firmament mal endigué ?

Les grands miroirs vous indiffèrent,
Vous ne leur jetez pas un œil ;
Où les frivolités prospèrent,
Vous paraissez toujours en deuil.

Le jabot de votre chemise
Semble pâtir du poids des ans ;
La vétusté de votre mise
Tranche au milieu des courtisans.

Bien après le départ de l'Astre,
Vous demeurez figé, rêveur,
Tel le survivant d'un désastre
Empreint d'une étrange ferveur.

Il faut qu'au soir un garde suisse
Vienne importun vous bousculer,
Pour que, voyant l'heure impropice,
Vous songiez à vous en aller.

Vous êtes pour tous un mystère.
Le Roi seul sait votre secret,
Dit-on ; amoureux solitaire,
Pauvre fol, quémandeur discret ?

Je ne sais comment on vous nomme,
Ni quel titre on vous a légué ;
M'attendiez-vous, beau gentilhomme,
Sous ce grand lustre fatigué ?


 
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   Vincent   
17/5/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Vous êtes pour tous un mystère.
Le Roi seul sait votre secret,
Dit-on ; amoureux solitaire,
Pauvre fol, quémandeur discret ?

Je ne sais comment on vous nomme,
Ni quel titre on vous a légué ;
M'attendiez-vous, beau gentilhomme,
Sous ce grand lustre fatigué ?

votre texte reste bien mystérieux

également pour moi

et empesé et emprunté

je ne suis pas très attiré par ce style de poésie

mais votre texte est très bien écrit

j'ai bien aimé sans plus

   Anonyme   
10/6/2015
Bonjour Iolédane

"Qu'attendez-vous, beau gentilhomme,
Sous ce grand lustre fatigué"

Ces deux vers, repris à la chute avec une légère modification, mettent tout de suite dans l'ambiance.
On change de siècle et j'apprécie vivement cet exotisme temporel. J'ai la délicieuse impression d'emprunter "les couloirs du temps".

Élégant et distancié, le ton du poème est celui de l'époque et l'écriture est impeccable.

Ces octosyllabes n'auraient pas déparé les "Émaux et camées" de tonton Théophile.

Merci Iolédane, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire et relire ce joli poème.

   Francis   
10/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai aimé ma rencontre avec ce personnage taciturne, mystérieux. Différent par sa silhouette, son attitude, il semble s'être échappé d'un roman. Mais quel est donc ce secret que seul le roi connaît ?
Avec talent, la plume éveille la curiosité.

   Anonyme   
10/6/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour

L'écriture est irréprochable, peut-être un peu trop même car
quelques rimes sont vraiment sans surprises.
La réponse à la question de ce poème : m'attendiez-vous ?
me laisse perplexe, il y a trop ou pas assez d'explications.
Quelques belles choses :

Le jabot de votre chemise
Semble pâtir du poids des ans ;
La vétusté de votre mise
Tranche au milieu des courtisans.

Au final un bon texte mais où il manque un brin de folie,
une gerbe d'étincelles : le mystère de chaque strophe
semble être la grande préoccupation du poème.

   Gemini   
10/6/2015
J'ai cru, un court instant, que le "beau gentilhomme" cachait peut-être celui de Picasso, avec sa femme à barbe.
Bien évidemment non. Ce texte est trop soigné, élégant, et trop classique pour cela.
J'ai admiré la première rime où "comme" rentre en jeu, huilé comme une belle mécanique. Bravo aussi pour la majuscule à Astre qui, sans doute, évite la fâcheuse interdiction de faire rimer un mot avec un mot dérivé.
Sur la construction, seul, me semble-t-il, l'avant-dernier quatrain est mal ajusté : vous avez dû vous battre avec la ponctuation, difficile en octo.
Et pour encore un peu chipoter, peut-être un peu trop de rimes en é à la fin.
Mais la grâce de l'ensemble emporte tout. Et de loin.

   papipoete   
10/6/2015
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Ioledane; que fait-il là ce gentilhomme, à la cour où tous s'amusent, où " les frivolités prospèrent ", alors que lui semble porter le deuil? Il est un mystère, planté sous " le lustre fatigué ", à l'image de " sa mise vétuste " au milieu des courtisans.
Ce poème semble un " arrêt sur image ", avec une faute à relever, en devinette.
La rime de " suisse/impropice " est un peu juste, car je ne lis pas " su/isse

   Anonyme   
10/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'espérais que la chute me donnerait la clé pour définir l'identité de ce mystérieux personnage, impersonnel dans ce décor " Où les frivolités prospèrent,
Vous paraissez toujours en deuil. "
Mais peu importe ! L'intrigue est présente tout au long de ce poème à l'écriture délicate.

   Robot   
10/6/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Nous voici transporté à Versailles peut-être ? Comme au grand siècle. Une attente dans la galerie des glaces, après le bal ? Mais un garde suisse à Versailles, ça ne colle pas ? Et ça ne peut pas être au Vatican puisqu'il y a un roi. Et un lustre fatigué non plus ?
Une évocation qui reste dans le mystère. Qui est-elle cette narratrice qui s'adresse au gentilhomme. Est-ce vraiment un gentilhomme celui dont le roi connaît le secret. Est-ce une favorite éconduite. Ou bien le chevalier d'Éon pour une fois en tenue virile ? Nous ne le saurons pas.
Question, que faisait donc la narratrice dans ce lieu car si elle s'interroge c'est qu'elle était présente? Le garde suisse va-t-il aussi la chasser ?
Que des questions ? sans réponse puisque le but du poème est d'entretenir le doute et l'interrogation.
Pas trop apprécié le 4ème quatrain et sa lourdeur (à mon goût) par rapport aux autres. Il coupe le cheminement fluide de la lecture jusque là et ensuite.

   Anonyme   
10/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Ioledane... Poème énigmatique... J'ai cherché, mais en vain, à qui pouvait correspondre ce gentilhomme qui faisait le pied de grue sans aucun doute (le garde suisse m'a aidé) auprès d'une Cour royale que je situe entre environ 1600 et la chute de Louis XVI
Peut-être est-il né tout simplement de votre imagination...
Peu importe, j'aime cette ambiance, le vocabulaire suranné et le mystère qui reste entier jusqu'au dernier vers...
Autre mystère, pourquoi un lustre fatigué ?
Nous aurons peut-être, avec un peu de patience, les réponses à ces questions...
Merci pour cette balade à la Cour.

   jfmoods   
11/6/2015
J'aurais ajouté deux virgules au vers 18...

« Vienne, importun, vous bousculer, »

L'effet de gradation entre les deux premiers et les deux derniers vers, assorti du glissement de la question ouverte à la question fermée, du présent à l'imparfait et du surgissement impromptu, fantasmé, de la locutrice elle-même dans la perspective décrite (« Qu'attendez-vous, beau gentilhomme... », « M'attendiez-vous, beau gentilhomme... »), entérine l'image d'une patience passablement désuète, inlassable, infinie, d'une patience de bénédictin. De fait, l'absence de vanité du personnage (« Les grands miroirs vous indiffèrent »), un retour introuvable sur sa propre image (« Le jabot de votre chemise / Semble pâtir... », « La vétusté de votre mise »), ainsi que le rejet permanent de toute forme de divertissement (jeu antithétique : « Où les frivolités prospèrent, / Vous paraissez toujours en deuil ») détonnent dans le contexte d'une vie de cour, ce que confirme, plus loin, le marqueur catégorique (« pour tous un mystère »). Le champ lexical de l'usure du temps (« fatigué », « deuil », « poids des ans », « vétusté », « figé », « survivant », « désastre ») jalonne le propos. Les périphrases (« amoureux solitaire, / Pauvre fol, quémandeur discret ») ébauchent trois pistes d'interprétation qui nourrissent fertilement le questionnement qui irrigue le texte. Cependant, la dernière de ces pistes, celle de l'intérêt personnel, de la recherche d'une faveur, même modeste, semble s'éteindre au regard de deux indices (marqueur temporel : « bien après le départ de l'Astre », modalisation agrémentée d'un complément de temps : « Il faut qu'au soir »). Sans compter que l'expression « quémandeur discret » relève pour ainsi dire du paradoxe. Du reste, les deux premières pistes pourraient bien n'en constituer qu'une seule, la perte d'un amour étant susceptible, sous certaines conditions, de conduire à la folie. En vérité, il est bien difficile au lecteur de ne pas interpréter le groupe nominal à visée méliorative présent deux fois dans le texte et qui donne son titre au poème (« Le grand lustre ») à la fois sous son sens propre de luminaire (qui illuminerait de toute sa clarté un couple idéal dansant divinement dans une salle de bal) et sous son sens figuré d'éclat... ici amoureux... et aujourd'hui disparu. Les assonances en « an » et en « ou » appuient sur la sensation de douleur. L'allitération en « s », relayée, ça-et-là, par celle en « z », suggère la fuite inaltérable du temps.

Merci pour ce partage !

   Anonyme   
11/6/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Je dis oui !

Du très grand art, et pas du 7ème, non, du 1er !

Mais quel est donc ce grand lustre ? Pour le Roi je pensais au grand lustre, mais alors...

Un Roi au Vatican, comme l'a si bien dit Robot, ce n'est pas le Vatican. A moins que le Roi ne représente symboliquement le Pape, sauf qu'il n'y a aucun rapport avec un lustre, même grand.

Je mise donc sur le lustre, sauf qu'un gentilhomme - beau de surcroît - attend juste au-dessous. Du coup je m'y perd. Et puis ce garde Suisse est bien un garde du Vatican, non ?!?

Donc c'est le garde Suisse le fameux gentilhomme, qui se trouve sous le grand lustre, le vrai Roi ici.

Je me suis permis un petit peu d'humour car j'ai vraiment apprécié ce poème, du début à la fin, aussi bien sur le fond que sur la forme.

Belle technique (dans le sens d'irréprochable), belle histoire...

Poétiquement vôtre,

Wall-E

   Pussicat   
12/6/2015
Le dessin d'un personnage, une scène, un tableau... le personnage, ce « beau gentilhomme » ne semble pas à sa place... il n'est pas à sa place... son costume semble d'un autre âge, d'un autre temps... il lui pèse... et le soir tombé ( Bien après le départ de l'Astre) ce « beau gentilhomme » semble figure fantomatique ( Tel le survivant d'un désastre )... « Il faut qu'un soir.. » : il faut une action extérieure pour le réveiller, que ce « garde suisse » le bouscule, le dérange dans son pied.
Puis vient ce « mystère » que seul le « Roi » connaît, reconnaît... le lecteur même l'ignore, enfin moi, et cet autre, une femme, un homme, une « chose », qui sait ?

J'ai pris plaisir à vous lire... une écriture maîtrisée, des rimes riches qui font sens, un exemple parmi : mystère/secret/solitaire/discret
J'aime le mystère, le lâcher prise, j'aime quand l'auteur ne sème pas ses petits cailloux et laisse place à l'imaginaire... une belle réussite !
À bientôt de vous lire

Petits bémols sur la ponctuation, ou questionnement : pourquoi ce point virgule après : « Vous ne leur jetez pas un œil » ?
Et puis, ce vers : « Tel le survivant d'un désastre ». Comment le lire sans prononcer « -astre », ce qui fait 9 pieds... mais je peux me tromper

EDITION : j'aime !

   Ioledane   
14/6/2015

   Anonyme   
16/6/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Magnifique poème — dont l’évocation est la pièce maitresse — porté par une écriture magistrale.

Bravo.

   boudune   
22/7/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Après une longue absence, je reviens et découvre ceci. J'aime le chanté de l'octosyllabe, le visuel de ce qu'il évoque, cette ombre au milieu de sors, âme perdue attendant quoi, qui ? Belle variation sur la solitude.

   Mauron   
22/7/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Curieusement, ce poème m'évoque plutôt Albert Samain et le Symbolisme que le Grand Siècle! J'entends des accents assez similaires à ce beau texte assez connu du dit Samain: "Mon âme est une infante en robe de parade", qui parle aussi du Grand Siècle espagnol, celui de Philippe II et Charles Quint. Charmant et bien tourné. Mais à quoi bon, au fond? N'a-t-on pas déjà épuisé le charme désuet des vers réguliers? Un joli moment de lecture néanmoins. Et j'adhère tout à fait à vos partis pris et vos explications développées dans vos remerciements.


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