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Poésie néo-classique
Ioledane : Ornières
 Publié le 28/05/14  -  17 commentaires  -  803 caractères  -  372 lectures    Autres textes du même auteur


Ornières



Je t’ai suivi dans ton sillon d’impermanence
Où le temps se cabosse en alibis rugueux,
Pathétique tapis d’amphigouris fougueux
Hérissé çà et là de lambeaux de silence.

Embrigadé dans ton faisceau de certitudes,
Briguant un idéal que jamais tu n’atteins,
Tu t’aveugles, rageur, de rêves enfantins
Érigés en remparts meurtriers d’habitudes.

Dans ce combat où ton cœur gronde et s’enchevêtre,
Encerclé d’ennemis ligués vers ton malheur,
Tu ne vois même plus quelle ornière de peur
T’a mené vers la bourbe où ton destin s’empêtre.

Si j’avais pu te libérer de ce cloaque,
Si j’avais su t’aider, si j’avais réussi !
Mais ton ciel torturé s’abîme et s’obscurcit,
Ne nous laissant pour deuil qu’une ultime aube opaque.


 
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   Anonyme   
12/5/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Je trouve une belle énergie à ce poème, quelque chose de débordant, de "chien fou", qui se manifeste dans l'irrégularité du rythme : plusieurs vers sont à prononcer en 4/4/4, disloqués à la Hugo (premier, cinquième, neuvième, treizième, et pour ce dernier l'hémistiche se situe au milieu du mot, ce qui accentue l'effet ; le retour régulier de cette entorse au rythme classique à chaque début de quatrain me donne à penser que c'est volontaire...).

Ce qui m'a accrochée très vite, et m'a donné envie de poursuivre ma lecture malgré le sujet qui ne m'attirait pas plus que ça, c'est le troisième vers dont j'adore les sonorités et le balancement !
Le poème me paraît comme serein dans sa véhémence ; le propos se déroule, net, chargé de mots sans concession et expressifs (les lambeaux de silence, le faisceau de certitudes un peu facile mais bien éclairé à mes yeux par le "embrigadé" qui le précède, les remparts meurtriers, la bourbe où s'empêtre le destin, enfin l'aube opaque, jolie expression de clôture !).

Je trouve remarquable l'intensité de ces vers, gardée intacte du début à la fin ; les mots sont bien choisis et pesés, les rimes bien pensées (une mention pour "atteins"/"enfantins" ! en revanche, "s'enchevêtre"/"s'empêtre", quasi synonymes, me déçoit un peu car l'association d'idées me paraît trop facile).

Voilà un exemple criant, selon moi, de l'existence de la catégorie de "Poésie néo-classique" comme justifiée en soi, non comme un "sous-classique" : les irrégularités de rythme, inadmissibles en classique, apportent à l'expressivité du poème, je trouve. Sa forme est très maîtrisée et intelligente à mon avis. Je l'ai vraiment appréciée, elle est parvenue à m'attacher à un sujet qui, par ailleurs, me laisse plutôt froide dans la mesure où le poème n'apporte aucun éclairage sur le narrateur ou la narratrice et son ami ? frère ? père ? amant ? fils ? perdu pour des raisons nébuleuses. (J'oscille entre la paranoïa pathologique, une toxicomanie, une maladie neuro-dégénérative ou un simple repli sur soi façon poète tourmenté.)

   Anonyme   
13/5/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour

Le thème abordé est des plus délicats.Rempli de pièges en tout
genre comme de tomber dans les clichés ou les poncifs du genre.
Malgré quelques lourdeurs par ci par là, je pense que l'auteur s'en
tire honorablement.
Quelques remarques cependant :
Même si le verbe cabosser est, je pense, bien adapté au lieu, je ne le trouve guère poétique.
Embrigadé et briguant l'un en dessous de l'autre ne sont pas
harmonieux.
Je trouve que lors du dernier quatrain l'auteur culpabilise à tort
mais c'est peut-être l'impression que laisse ce genre de lieu
lorsque l'on s'en va :

Se sauver de la chambre en abaissant la tête !

Quelques belles choses cependant :
Hérissé ça et là de lambeaux de silence.
Tu t’aveugles, rageur, de rêves enfantins

La troisième strophe en son entier me plait bien.

   Anonyme   
28/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je vois bien, que dis-je, je lis bien ce texte plein de très bonnes intentions.

Sans vouloir entrer dans la discussion "classique/libre", j'ai - et c'est vraiment tout à fait subjectif- l'impression d'une emphase excessive à cause du format, du style.
On ne dirait pas cela comme ça à un ami ou un amour de cette façon aujourd'hui.

Alors, en lisant, je ne discerne que le côté "exercice de style" et ne perçois que difficilement le contenu du poème et ses excellentes intentions.

Mais c'est bien "fait". Et tant pis pour moi si je commente un poème en néo-classique....

Vous savez composer en tout cas. Bravo.

{EDIT : pile 3 mois plus tard... suite d'ailleurs à votre intervention "incipit" dans le forum... je relis votre texte, après en avoir lu de très nombreux dans cette forme qu'au début de ma présence sur Oniris, je dois vous avouer que j'abominais... et bien, le vôtre ne me paraît absolument plus du tout "artificiel" comparativement à d'autres. Je ne suis toujours pas partisan, en ce qui concerne mon écriture, de l'emploi de cette forme mais je commence à la respecter. Et ce texte-ci aurait mérité une toute autre lecture de ma part. On évolue et c'est bien. J'ai apprécié votre sincérité d'ici dans ce carcan que vous vous êtes imposée.}

   Lulu   
14/5/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime beaucoup ce poème fluide, très agréable à lire.
Très bien sur la forme.
Sur le fond, il n'est pas toujours aisé de porter secours ; ce texte le dit bien. Doit-on pour autant rester sur une note pessimiste, ne peut-on pas notamment en poésie apporter un petit rayon de lumière ?
C'est une question que je me pose aussi à moi-même.
Bien cordialement,
Lulu

   Robot   
28/5/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Même si je n'ai pas su percer le mystère de cette adresse et de son destinataire qui nous reste cachés - volontairement ? -, j'ai apprécié beaucoup des locutions trouvées dans ce néo classique qui sied bien à l'expression de cette impuissance ressentie et criée.
Je n'irai pas chercher quels vers m'ont plu et ceux qui m'ont moins parlé ou qui ont moins de "qualité" car c'est pris dans son ensemble que ce poème tragique a fait surgir des émotions et des sentiments.

   LeopoldPartisan   
28/5/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Comment dire ? voilà un texte qui se voudrait être un encouragement à quelqu'un qui sombre et s'enfonce. A cela rien à dire et surtout à redire. Toutefois, à contrario de mes collègues commentateurs, je n'y ai hélas pas cru une seconde.

Comme certains le remarquent, c'est littéraire et classique comme expression et c'est là que pour moi le bat blesse. On ne s'exprime plus ainsi, désolé. Enfin c'est mon avis. Peut être suis-je trop dans mon époque.

Le sujet m'a fait penser à une anecdote, où un ami sans trop pouvoir exprimer son ressenti, voulut faire part d'encouragement à quelqu'un dans la gadoue... N'étant pas du genre beau parleur ni poète dans l'âme, il arriva chez celui-ci avec un disque 33 tours sous bras. Il le posa sur la platine et déposa l'aiguille sur le sion. Un voix se fit entendre, que dis-je retentit dans nos oreilles au point que jamais je ne l'ai oubliée, cette voix disait ceci

"Non, Jef, t´es pas tout seul
Mais arrête de pleurer
Comme ça devant tout l’monde
Parce qu´une demi-vieille
Parce qu´une fausse blonde
T´a relaissé tomber
Non, Jef, t´es pas tout seul
Mais tu sais qu’tu m’fais honte
A sangloter comme ça
Bêtement devant tout l’monde
Parce qu´une trois quarts putain
T´a claqué dans les mains
Non, Jef, t´es pas tout seul
Mais tu fais honte à voir
Les gens se paient not’ tête
Foutons l’camp de c’trottoir
Viens, Jef, viens, viens, viens!"

Chacun s'exprime avec ses mots, moi j'apprécie plutôt ceux-là. Bonne continuation.

   Anonyme   
28/5/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Iolédane,

Vous venez de poétiser la « paranoïa », qui atteint les auteurs et quelquefois aussi les commentateurs du site...

Tout y est :
La fausseté du jugement, la surestimation de soi, la méfiance, la psychorigidité qui les empêche de remettre en question leurs propres systèmes de valeurs, le délire d'interprétation de la réalité, le déni, la projection de leurs échecs sur les autres.

Merci à vous de nous avoir si bien dit cette vérité sur nous-mêmes. J’aurai plaisir à recopier votre poème à tous ceux qui auront la paranoïa de noter mes textes en-dessous de Exceptionnel.
Ne faisant qu’entrevoir le chemin de la guérison, vous me pardonnerez de commencer par un TB.

Ludi
en convalescence

   Eclisse   
28/5/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Ioledane

Brrr, c'est noir!

J'aime beaucoup la manière dont les sonorités viennentt illustrer le propos :
"Je t'ai suivi dans ton sillon d'impermanence" : ça strie!
"Pathétique tapis d'amphigouris fougueux" : ça pique!
"Tu t'aveugles, rageur, de rêves enfantins": ça grogne!

Que le poème ne contiennent pas de "lueur d'espoir" ne me gêne pas, au contraire. A mon sens, cela aurait édulcoré l'ensemble.

Je me demande par contre pourquoi, dans le titre, on trouve "Ornières", alors que le mot est utilisé au singulier dans le texte avec "ornière de peur". Un mot d'explication de l'auteur?

   Miguel   
29/5/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
On a pu relever ici ou là une faiblesse, une chose qui aurait été mieux autrement ... peut-être, mais l'ensemble de ce poème, son souffle, lui confèrent une grande beauté. Les alexandrins ternaires, déjà signalés, y contribuent, ainsi qu'à la tonalité lyrique dont il est porteur. Rares sont les poèmes, même chez nos plus grands auteurs, qui ne présentent pas un point sur lequel peut porter une réserve ; mais c'est l'ensemble qui compte, l'impression générale que le lecteur en retire, ce que le texte dit à notre coeur. Et ici, c'est magistral. Cette deuxième personne du singulier, ce destinataire aimé et si compliqué, donnent au discours une grande intensité. Comme la locutrice, on souffre avec celui qui souffre, tandis que lui souffre seul, sans nous. On est avec lui et il n'est pas avec nous ; summum de l'impuissance à aider, et tout cela est rendu avec beaucoup d'émotion. Les temps du passé expriment un échec qui aboutit au désespoir présent, "s'abîme et s'obscurcit".
Je vois les aspects de ce poème qui le font figurer en néo, les rimes féminines qui se touchent d'une strophe à l'autre, l'hiatus de "çà et là", la rime "réussi/obscurci", mais pour moi il est classique, car ce système de rime est celui de Malherbe, "çà et là" est une locution adverbiale donc l'équivalent d'un mot, et ""réussi/obscurcit" ... S'il y avait un "s", non ; mais un "t"... Certes on ne trouve pas cela chez Racine mais on le trouve chez Rostand, chez Marie Noël, qui sont les classiques du XXe siècle.

   placebo   
29/5/2014
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Le fond me parle beaucoup, il retranscrit certaines réalités.
Le rempart meurtrier, ici et pour moi, c'est le ton et le vocabulaire utilisé ^^ désolé mais je suis resté insensible à l'émotion potentielle du texte.

Je lis les quatrain comme un 4+8 suivi de trois 6+6, mais je peux me tromper. Ça donne un mouvement difficile à suivre en première lecture je trouve. "Je t'ai suivi embrigadé dans ce combat" est un vers à lui seul, d'ailleurs :)

Bonne continuation,
placebo

   Louis   
29/5/2014
Le poème exprime, de très belle façon, les regrets, les déceptions, de n'avoir pu, de n'avoir su, sortir un homme des ornières dans lesquelles il s'est embourbé.
Le poème insiste sur la réalité du désir sincère d'accompagner cet homme dans ses errances et de lui venir en aide.
Dés le premier vers est indiquée cette volonté d'accompagnement, cette intention de ne pas laisser cet homme se démener seul dans ses égarements et ses divagations :

« Je t'ai suivi dans un sillon d'impermanence ».

L'homme est un instable, il inscrit sa vie dans l'instabilité ; il trace des marques d'inconstance qui creusent son chemin d'existence, il trace un « sillon ». Par ce sillon, il « s'enfonce », il ne s'élève pas. Cette image spatiale est associée à celle, temporelle, de « l'impermanence ». Dans le temps, la vie de cet homme est faite de discontinuités, de changements soudains, de multiples variations, dans ses intentions, dans ses projets, dans son action. L'image spatiale qui lui correspond, le sillon, ne peut être alors qu'un sinueux sillon, jamais rectiligne, qu'un chemin tortueux et chaotique.
« Je t'ai suivi » : c'est dire que l'on s'est placé dans le sillage de ses pas divergents : image d'un sillage du sinueux sillon.
Ce qui est indiqué aussi par ce « suivi », c'est que l'on n'a pas pris les devants, on n'a pas montré une voie à suivre. L'accompagnement s'est voulu un soutien, un partage compréhensif sur les chemins traversés, sinueux et accidentés, chemins dont l'homme est toujours à l'initiative, voies dans lesquelles il « fonce » et s'enfonce, obéissant obstinément à ses impulsions.

Là, dans ce chemin d'impermanence, «  le temps se cabosse en alibis rugueux ».
l'image est belle d'un temps cabossé, en ce qu'elle montre bien, dans le registre spatial, les irrégularités du temps, ses renflements et ses creux, ses gonflements et vallonnements, ses boursouflures. Boursouflures des « alibis », de ces moments de justifications enflées, mais creuses, ampoulées et embrouillées. Alibis « rugueux », rudes, péremptoires, tranchants, en plus de leur caractère emphatique.
Ils constituent un :

« pathétique tapis d'amphigouris fougueux »

Superbe vers, très riche de sens. Allitération et assonance, en plus de la musicalité qu'elles introduisent, apportent un supplément de sens à celui délivré par la sémantique des mots, et se combinent avec des termes à multiples ententes.
Une allitération en t « pathétique tapis » : un t qui frappe, qui tape, « tapis », et laisse entendre un tapage, un incompréhensible tapage, pas thétique, non thétique.
Une assonance en i, pleine de cris, pleine de « fougue » : i de la vivacité, de la frénésie, de la furie.
« Amphigouris », en plus du fatras et de l'emphase, laisse entendre un « gouri » par lequel il évoque que l'on se « goure », que l'on se trompe et s'égare. On est dans un brouillamini des justifications d'un être « fougueux », qui fait entendre et le « fou », et le « gueux », égaré sur des chemins tortueux.

Le pathétique tapis bavard laisse place à des périodes de silence, qui pourtant ne l'adoucissent en rien, il reste rugueux :

« hérissé ça et là de lambeaux de silence » :

Les fragments silencieux ne sont pas des plages de silence, ils sont « hérissés », ils se dressent, piquants et irritants, produisant blessures et démangeaisons.

Si dans la première strophe, l'homme est caractérisé par son instabilité, dans la deuxième il apparaît un rêveur idéaliste.

Il est à la poursuite d'idéaux hors d'atteinte, d'inaccessibles étoiles :

« briguant un idéal que jamais tu n'atteins »

Enfermé dans ses « certitudes » , il reste imperméable au doute, et donc aussi au dialogue qui pourrait le contredire. Fermé sur lui-même et ses lubies, intolérant, il habite le monde des chimères, un monde de rêves « enfantins », et semble manquer de maturité.

Il dresse « des remparts meurtriers d'habitudes ». Les habitudes, ces répétitions du même, ces régularités sont vécues comme des menaces, un danger dont il faudrait se protéger en dressant des remparts qui les tuent, dans l'irruption de la nouveauté, dans la discontinuité et le désordonné. L'habitude ne doit pas être « habitée », d'où cette errance toujours, cette absence d'une demeure, cet échappement vers les horizons toujours nouveaux, cette fuite en avant.

L'homme alors « s'aveugle » : il perd contact avec la réalité qui n'est plus vue. Il n'est pas pourtant un doux rêveur, il se détourne du réel « avec rage ». Toujours en lui cette fougue, cet emportement qui le transporte ailleurs dans un monde idéalisé. Sous l'emprise de ses passions, il est ballotté par elles en tous sens, incapable d'une maîtrise de soi, incapable de suivre une ligne directrice.

Instable dans la première strophe, rêveur idéaliste dans la deuxième, l'homme apparaît de tendance paranoïaque dans la troisième.

« encerclés d'ennemis ligués vers ton malheur ».

Les échecs successifs à ce qui est tenté, irréalisable, l'homme les interprète comme un complot visant à lui nuire. Il verse ainsi dans une « ornière de peur », et il n'en a pas même conscience.
Ornière supplémentaire qui vient s'ajouter à d'autres. Le « sillon » du premier vers était déjà une ornière. Les habitudes aussi sont souvent désignées par ce mot « ornières », mais l'homme cherche à les « tuer ». Il détruit les ornières de la routine par d'autres ornières, boueuses, fangeuses.
Ses rêves et idéaux, loin de l'élever vers les étoiles, le font sombrer dans les creux de la terre où il s'embourbe. « Ornière » : lieu sans or, l'or nié. Chercheur d'or, il ne trouve que boue. Boue collante, glu, dont il ne réussit pas à se dépêtrer.

La dernière strophe comporte des tournures au conditionnel : «  si j'avais... », qui sont en réalité des exclamations, indiquant un souhait dans le passé. Le souhait ne s'est pas réalisé. Amertume. Regrets.
Il y a avait ce souhait de le sortir de l'ornière, de lui tendre la main pour le sortir de là, il y avait ce désir sincère de le libérer, de lui apporter une aide, mais désormais domine ce constat lucide et douloureux de l'échec et de l'impuissance.
Le dernier vers n'est pas optimiste. L'aube sera « opaque », les lendemains ne brilleront pas, clairs et lumineux, la lumière ne transpercera pas l'épaisseur de la boue ; le jour n'aura pas l'éclat de l'or, mais se traînera dans l'ornière.

Oui, un beau poème.

   KIE   
29/5/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Si c'est inventé : très fort !
Si c'est du vécu : très dur !

L'exercice de style doit être retenu en priorité car le libre permettrait de conférer encore plus d'intensité à l'expression de ce type de sentiments. "Encore" car ce texte n'en manque pas. Tout y est très bien conduit. Les vers deux et trois me bloquent un peu. Il fallait, me semble-t-il, y aller carrément avec le trivial, ici on a l'impression d'être dans la demi-mesure. La volonté de faire bien "propre" bride la formulation. Mais il est vrai que c'est une question de point de vue.

Une belle écriture en tout cas.

   Anonyme   
30/5/2014
Merci pour ce partage,
Que vous sachiez que je vous ai lu.
Je n'ai pas été captivée par ce périple, à moins que ma condition actuelle ne me permette pas d'être très réceptive.

Bonne continuation et qui sait, je reviendrais peut être vous re-lire...

   troupi   
30/5/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Iolédane.

J'hésite toujours à venir déposer un commentaire quand de nombreux lecteurs en ont déjà laissé un pourtant ce poème empreint de regrets de n'avoir pu ou su sortir de "l'ornière" un être auquel manifestement on tenait m'a troublé.
L'écriture que je n'ai pas trouvée facile de prime abord confère au poème la lourdeur nécessaire. Un tel sujet ne peut être traité avec légèreté. Les images se suivent avec un rythme haletant, on passe de l'une à l'autre sans avoir le temps de respirer comme si le narrateur devait absolument se libérer d'un fardeau invivable.
Le seul bémol que je pourrais trouver, mais ce n'est qu'un détail,
c'est le mot ornière accolé à peur. Non que je considère que les deux ne puissent être associés mais "ornières" étant le titre j'aurais plutôt pensé qu'il ne puisse figurer à côté d'une seule situation décrite.

   Ioledane   
30/5/2014

   Anonyme   
1/7/2014
A la première lecture ce poème de forme traditionnelle m'apparaît comme un tantinet laborieux. Je le relis plusieurs fois et ô miracle la fluidité et le rythme que l'oreille attend de l'alexandrin font leur effet et me portent comme la musique, la mer...ou l'aile. Ce vers, sans doute le plus souvent utilisé depuis la Pléiade, lorsque la césure y est respectée, acquiert et transmet sa monotonie. A forte dose il passe pour être lancinant. On aime ou on n'aime pas être bercé. La rime agit également dans ce sens (l'alexandrin blanc produit une impression analogue). Dans "Ornières" le vocabulaire est riche, recherché (sans être précieux). Les strophes sont solides. Le thème accroche d'autant plus que le lecteur, s'il imagine que l'auteur s'adresse à lui, interroge sa conscience. Cette composition appelle la lecture à haute voix, par un acteur dont on dirait aujourd'hui qu'il "en fait un peu trop". On la réciterait, ou plutôt on la déclamerait comme il y a plus d'un demi-siècle devant un public sachant apprécier notre théâtre classique à sa juste valeur.

   jfmoods   
17/11/2014
Le paradoxe initial, remarquable ("sillon d'impermanence"), met en avant la complexité de la relation à l'autre. Un nombre important de verbes pronominaux associés à l'allocutaire ("t'aveugles", "s'enchevêtre", "s'empêtre", "s'abîme", "s'obscurcit") définit un rapport à soi mortifère. Quatre champs lexicaux croisés balisent une situation pour le moins inextricable entre enfoncement ("ornière", "bourbe", "cloaque") et envol souhaité ("idéal", "rêves enfantins", "ciel"), état de guerre généralisé ("se cabosse", "Hérissé", "Embrigadé", ""Érigés", "rempart", "combat", "gronde", "Encerclé d'ennemis ligués", "peur", "torturé") et perspective de mort symbolique en point de mire ("malheur", "destin", "deuil", "ultime aube"). La psychologie du partenaire s'avère difficile à cerner. Le placement en incise de l'adjectif "rageur", au vers 7, les métaphores ("Pathétique tapis d'amphigouris fougueux/Hérissé ça et là de lambeaux de silence", "faisceau de certitudes") et la métonymie ("ton cœur gronde et s'enchevêtre") illustrent l'extrême difficulté à entrer dans une situation d'échange constructif. Les deux passés composés, le second marquant la passivité ("t'ai suivi", "t'as mené"), fixent l'itinéraire jusque-là emprunté par l'un... et subi par l'autre. Le conditionnel passé, construit en gradation ("Si j'avais pu", "Si j'avais su", "si j'avais réussi") rend compte on ne peut plus clairement de l'échec patent de la vie commune. Il prépare l'étape décisive de la relation, celle qui mettra un terme à une vie à deux qui ne fut pas une vie de couple.

Merci pour ce partage !


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