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Poésie contemporaine
Ithaque : L'écoute est un soleil
 Publié le 12/09/17  -  12 commentaires  -  2165 caractères  -  155 lectures    Autres textes du même auteur

Port d'Ajaccio. Croisiéristes, plaisanciers à quai. Un homme m'interpelle…


L'écoute est un soleil



J’ai rencontré Lucas dans le port d’Ajaccio,
« Baroudeur ! disait-il, et ancien légionnaire ! »
Je rentrais d’un séjour aux îles Sanguinaires,
Il cherchait un ferry jusqu’à Bonifacio.

Sans âge, sans abri, mâchant l’herbe des fous
Sombres ruminations des grandes solitudes,
Il affichait des airs d’altière plénitude
Pour ne point laisser voir ses frêles garde-fous.

Des paquebots à quai fumaient tranquillement,
Navires somptueux à coques futuristes,
Lui, désintéressé, raillait les croisiéristes
S’amusant de les voir le toiser durement.

Quand il a refusé mon pain et mes billets,
Las des gens compassés et de leur bienfaisance,
Malgré sa sympathie pour moi, sans défiance,
J’ai vu dans son regard tourner un barillet.

Dès lors, assis tous deux sur le banc d’à côté,
Nous avons rapproché nos rires, nos frontières,
Fredonné des chansons, bu quelques cafetières,
Contemplé le couchant sur l’île de Beauté.

Juste après « Yesterday », Lucas m’a déclaré
« Parle-leur de ma vie dans l’un de tes poèmes,
Dis qu’en dépit du masque gris de ma bohème,
J’ai donné de l’espoir à des cœurs éplorés !

Sois ma plume fantôme et retrace mes jours,
Sois mon témoin écrit, mon passeur de mémoire,
Grave dans tes cahiers jusqu’au plus dérisoire
De ce que je contiens en moi depuis toujours !

Mon silence a détruit tout atome d’émoi
Mon âme s’est ternie dans l’absence d’écoute
Transmets à ceux qui me croient mort en cours de route,
Mes proches, mes copains, s’ils s’inquiètent de moi,

Transmets-leur mes secrets au milieu de tes vers :
Que j’héberge un trésor sans avoir su leur dire
Que je fis de mon mieux mais ne pouvais prédire
Les tristes coups du sort mauvais et les revers ! »…

°°°°°°°°°°°°°

Lucas est reparti vers d’autres horizons,
Bien avant d’avoir lu mes tout premiers passages,
Laissant au bois du banc cet étrange message :
« L’écoute est un soleil, le manque une prison ! »


 
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   Ramana   
23/8/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il est dommage qu'un seul alexandrin ne marque pas la césure médiane, même si c'est autorisé en néo-classique :
"Dis, qu’en dépit du masque gris de ma bohème,"
Et aussi que seulement deux césures ne soient pas bien orthodoxes, même si là aussi nous sommes en néo-classique :
"Transmets à ceux qui me croient mort en cours de route,"
"Les tristes coups du sort mauvais et les revers ! » … "
Ce texte affiche néanmoins une bonne maitrise de la versification, présente un côté humainement touchant, est parfaitement explicite et relate un vécu affectif qui ressort bien des lignes.

   Louison   
28/8/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime beaucoup l'histoire racontée dans ces vers, sans fioriture inutile, sans pathos, avec comme une joie derrière cette vie sans doute difficile.

"Transmets leur mes secrets au milieu de tes vers :
Que j’héberge un trésor sans avoir su leur dire
Que je fis de mon mieux mais ne pouvais prédire
Les tristes coups du sort mauvais et les revers ! » …

J'aime l'idée de la transmission de l'histoire de cette vie où tout ne s'est pas déroulé de la meilleure façon.

   Marite   
12/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le titre de ce poème est à lui seul un poème. Pour arriver ainsi à transcrire l'histoire d'une rencontre aussi particulière, il faut, je pense, avoir été très "remué" intérieurement par l'échange avec ce personnage hors du commun. L'impact de cette rencontre est évidente et se traduit par la forme poétique choisie par l'auteur. Les trois derniers quatrains portent le message :
" Sois ma plume fantôme et retrace mes jours,
Sois mon témoin écrit, mon passeur de mémoire,
Grave dans tes cahiers jusqu’au plus dérisoire
De ce que je contiens en moi depuis toujours !
... etc"
J'imagine même que les mots de ce texte se sont posés sur le papier sans grande difficulté tant l'émotion a été forte. Le genre d'émotion qui traverse les consciences et les âmes.

   Anonyme   
12/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Ithaque... Jolie plume, Lucas a eu raison de vous choisir comme porte paroles... Hormis deux, trois vers qui accrochent un peu à la lecture, exemple (Transmets à ceux qui me croient mort en cours de route), ce texte coule agréablement et semble avoir été écrit sans effort. L'histoire d'une rencontre peut-être pas si imaginaire qu'on le pense.
Mon quatrain préféré...

Sois ma plume fantôme et retrace mes jours,
Sois mon témoin écrit, mon passeur de mémoire,
Grave dans tes cahiers jusqu’au plus dérisoire
De ce que je contiens en moi depuis toujours !

Bien aimé aussi le vers final...

« L’écoute est un soleil, le manque une prison ! »

A méditer mais c'est tellement vrai...

Bravo et merci...

   Michel64   
12/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Ithaque,

J'ai beaucoup aimé votre poème.

Grâce aux rimes impeccables et aux alexandrins que j'affectionne tant, sa lecture fut vraiment un plaisir.

Toutefois 3 vers, a mon avis, accrochent un peu à la diction à cause de césures mal placées :

"Dis qu’en dépit du masque gris de ma bohème,"
"Transmets à ceux qui me croient mort en cours de route,"
"Les tristes coups du sort mauvais et les revers ! »… "

Pour ce dernier il me parait facile de le transformer en :
"Les mauvais coups du sort et les tristes revers"

Pour le tout dernier vers, si le manque est celui de l'écoute, j'aurais préféré :
"« L’écoute est un soleil, son manque une prison ! »

Mais l'ensemble est très agréable et je crois qu'en le laissant reposer un peu pour le revoir encore avant de l'envoyer, ses petites imperfections auraient pu être facilement levées.

Merci pour ce moment
Michel

   papipoete   
12/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Ithaque,
j'ai rencontré un fameux personnage sur un quai, raillant les passagers d'un paquebot ; il me raconta son histoire, eut confiance en moi au point de la transmettre à ceux qui de moi s'inquiéteraient .
NB on est bien loin de ces gens soudés à leur smartphone, qui ne parlent qu'aux " amis " au bout de l'écran, et ne voient pas cet homme qui voudrait qu'on lui tendit une oreille attentive . Il parle, du temps où c'était lui qui écoutait le cœur éploré, le las de la vie et chantait " yesterday " à l'unisson .
Des vers forts tel " j'ai vu dans son regard tourner un barillet ", " l'écoute est un soleil, le manque une prison " .
A partir du 4e quatrain, le passé-simple ne put-il pas remplacer le passé-composé ?
Une fois encore, je ne vois pas ce qui s'oppose à la forme " néo-classique " ; les mots en io/ié/iè sont tous dits en synérèse , les alexandrins ont 12 pieds, les césures libres ; j'aimerais qu'un lecteur me montrât où est la faute ?

   Anonyme   
12/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une rencontre marquante pour l'auteur, relatée avec simplicité et vérité ; un titre très expressif.
Nonobstant les vers déjà cités, ce poème offre une belle musicalité à la lecture.

Comme c'est souvent le cas pour ces maltraités par la vie, Lucas rejette la compassion et l'apitoiement.
" Las des gens compassés et de leur bienfaisance "
" J’ai vu dans son regard tourner un barillet "

« Parle-leur de ma vie dans l’un de tes poèmes,
Dis qu’en dépit du masque gris de ma bohème,
J’ai donné de l’espoir à des cœurs éplorés ! >> Très beau passage.

   Anonyme   
12/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour

C'est un beau roman, c'est une belle histoire. On pourrait faire de ce texte une adaptation de la chanson de Fugain.

Le poème est sans surprises mais la magie opère et l'on sort
bienheureux de cette lecture, plein de bonnes et nouvelles attentions
comme un matin de premier janvier, du genre : écoutons-nous les uns les autres.

Le problème c'est que le genre de message salutaire que contient
cet écrit est par trop vite oublié.

Mais bon, ne boudons pas cet instant, ce n'est pas tous les jours
que nous avons une aussi bonne lecture.

   Anonyme   
12/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Le poème est plaisant, fluide (bien que certains vers accrochent un peu), des rimes originales (billet/barillet, futuristes/croisiéristes), bref, un néo-classissisme plutôt bien maîtrisé.
On sent que le poète a longuement mûri et travaillé ce texte.

Peut-être que l'auteur aurait pu développer un peu plus la vie de ce vieil homme, quel était son métier, les déboires qu'il a rencontrés ?

Et n'aurait-il pas fallu écrire :
"Bien avant d’avoir lu mes tous premiers passages"

Merci pour cette belle évocation !

   plumette   
13/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime ce poème qui commence comme une nouvelle!
J'ai été attirée par le très beau titre.
J'aime le rythme donné par les alexandrins .
Lucas m'est devenu familier sous votre plume, vous lui rendez un bel hommage et avec lui à tous ces cabossés de la vie qui ont des choses à nous apprendre.
Merci pour cette lecture

Plumette

   Anonyme   
13/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
L'écoute est un soleil, la plume est son lumineux rayon. Et votre plume ici a su conquérir un cœur sceptique. Pour cela je vous en félicite. La structure du poème, les vers en alexandrins et les rimes intéressantes et originales, font que l'on ne peut ignorer la justesse de vos mots.

Petite mention spéciale pour les quatres strophes allant de :" Juste après yesterday" à "les revers". Ce sont pour moi les plus belles.

Quoi qu'il en soit, je vous félicite.

   FABIO   
14/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Les premiers vers m'ont parus un peu maladroits ou un peu trop recherchés pour introduire l'histoire mais c'est pas toujours évident de commencer un texte.
Toutefois je vous rassure les reste est écris avec des images tellement parlantes, des mots tellement justes que il est difficile pour moi de faire le capricieux.
Très belle inspiration.et le vers avec le barillet j'ai bien aimé.

Salut Fabio


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