Quand vous serez bien vieille, le soir, à la télé,
Vautrée dans le fauteuil, paupières se fermant,
Direz, chantant mes vers en cliquetant des dents,
Papa me célébrait de par les temps passés.

Lors vous n’aurez jamais, en vous, qu’un seul regret,
Celui de n’être plus, encor’ comme autrefois,
La petite espérée, celle que l’on festoie
Une fois l’an, s’entend… Il n’y faut point d’excès.

Vous serez, c’est heureux, la plus choyée du home,
Suçotant vos bonbons, comprimés ou cachets.
Je serai dispersé, engrais pour les bleuets
Plutôt que feu follet, ectoplasme ou fantôme.

Oui mais, pour le présent, vous avez le teint clair,
Vous ne pouvez que plaire avec un tel atout !
Vivez si m’en croyez, riez tout votre saoul,
Évitez les orages, cachez-vous des éclairs.

Et c’est pourquoi, ma mie, vous qui avez trente ans,
N’attendez pas demain, car on est vite au double.
Profitez de ce temps, avant d’avoir les troubles
Et tous les embarras qu’attendent les croulants.